Les pierres parlent
La chapelle Saint-Léon construite à partir d'avril 1925, (architecte Guillaume de Lorient et entreprise Le Chêne de La Gacilly), la croix et l'entrée du cimetière (avant son agrandissement) |
L'église menace ruine en 1838
L’an 1838 le dix février à deux heures après midi le conseil municipal de la commune de Glénac se réunit ce jour à la salle de la mairie en séance ordinaire où étaient présents messieurs Méaude maire, président, Chevalier adjoint, pierre Sébilet, léon Pilgent, noël Hubert, mathurin Cancouet, thomas Marchand et Guillaume Jagut membres du conseil
Par le maire a été exposé que l’église de la commune menace une ruine prochaine et imminente, que la voute qui sépare le creux de la nef est crevé et lézardé de manière à compromettre la sureté du public, que la longère au midi de la nef surplombe d’environ quinze pouce sur toute la longueur, que cet auvent a pour cause la vétusté du bâtiment et le peu de solidité de fondation, que la pente de cette longère a entraîné celle de la couverture et de la longère du nord à peu près dans les mêmes proportions que cette dernière, c’est à dire la longère du nord est lézardée dans la partie qui correspond à la voute ci-dessus mentionnée, ce qui rend encore le danger plus éminent et la réparation plus urgente.
Le maire a fait visiter l’église par le Sr Hallier architecte maçon demeurant commune de Saint Vincent sur Oust. Il est résulté de son examen et du devis qu’il a dressé que les réparations s’élèveraient à une somme de 4000 francs sans y comprendre le transport des matériaux au pied de l’œuvre.
Monsieur Gicquauix desservant de la commune de Glénac a proposé un autre plan qui aurait pour but de construire une église neuve sur l’emplacement de l’ancienne chapelle Saint-Michel, cette nouvelle église aurait les avantages d’être bâtie sur un terrain plus solide et en même temps plus sain que l’église actuelle, qui étant située au bord du marais est humide et malsaine. Il estime que cette construction pourrait s’élever à une somme de 15 à 18000 francs se réservant de faire dresser un devis si les propositions sont agrées par le conseil. Pour couvrir cette dépense de Sr Gicqueaux, propose et s’engage à faire faire à ses frais, risques et périls sans aucune répétition vers la commune, toute la maçonne de la nouvelle église, pourvu que la pierre, la terre et l’eau soit conduits au près de l’œuvre. Il estime que la dépense dont il se charge s’élèvera à la somme de 2500 francs. Il observe que la commune possède à une distance peu éloignée du bourg des carrières en granit rouge, dans une très bonne qualité, qu’elle possède aussi à une distance plus rapprochée des carrières de moëlon ou pierre verte. De plus, différents propriétaires proposent de donner différentes sommes dont le chiffre s’élèverait à celle de 1650 francs.
sçavoir :
Monsieur le comte de Foucher, propriétaire de la commune 1000 francs
Monsieur duchesne du Tay, propriétaire de la commune 200 francs
Ursulle Lebreton, femme Méaude à Sourdéac 200 francs
Méaude maire, à Sourdéac 50 francs
Monsieur de Guériff propriétaire à Redon 150 francs
Monsieur de La Giraudière à Redon 50 francs
Total : 1650 francs
Le contexte de la construction de la chapelle en 1923
1° - un plan de la chapelle St-Léon
2° - un devis pour la construction de cette chapelle
3° - un rapport sur cette chapelle le tout (mené) par monsieur Guillaume architecte à Lorient.
Le conseil après avoir délibéré accepte le devis, le plan et le rapport de monsieur Guillaume. Toutefois il désire que la voûte soit en châtaignier et non en sapin. Il fait la même observation pour la v…… : la chapelle n’étant pas très grande la différence de prix sera pas …… .. ……. que l’autel soit soutenu par deux petites colonnes se …………. et pour les fonds baptismaux qui sont le …….. le plus ………. à l’endroit où ils feront le meilleur office dans la chapelle
… en outre le conseil considérant
1° - qu’en faisant ce travail on sauve l’assemblée de St-Léon qui est suivie régulièrement et qui date d’une époque très reculée.
2° - que cette assemblée est la seule ressource importante pour la commune de Glénac
3° - que l’on conserve des statues, des pierres, fonds baptismaux et caetera qui ont un caractère artistique et ancien.
4° - que cette conservation a été demandé à la commune par lettre de Mr le Préfet du Morbihan datée du 28 octobre 1921
5° - que l’exécution de ces travaux permettra d’arranger convenablement le cimetière
6° - que ce sera un souvenir pour les enfants de Glénac morts pour la France. leurs noms devant être gravés sur une plaque qui sera encadré précisément dans des pierres anciennes.
7° - que les habitants de Glénac n’ont reculé devant aucun sacrifice tant au conseil municipal que dans la commune qui a souscrit généreusement ; qu’ils incitent beaucoup pour la reconstruction de la dite chapelle et sont en communion f….. entièrement avec les communes voisines
a l’honneur de prier monsieur le Préfet d’accorder un secours aussi important que possible à la commune de Glénac pour mener à bonne fin la reconstruction de la chapelle St-Léon et se souvenir des morts de la grande guerre.
Le Conseil se terminant prie monsieur le Préfet d’agréer des remerciements anticipés. Il charge monsieur le maire de Glénac de joindre au dossier des photographies afin que l’administration puisse en outre des secours du département faire accorder des secours par les Beaux Arts.
Effectivement la commune de Glénac conservera ainsi d’g……. un mobilier artistique. La photographie des fonds baptismaux objet le plus important sera ..r….. ultérieurement des difficultés constant pour prendre les clichés.
Par contre il est joint aux photographies celle du vieux layai du cimetière pour montrer combien, une fois la chapelle réédifiée, un cachet sera donné à ce champ de repos.
Le conseil se conformera aux instructions préfectorales pour ce qui concerne cahier des charges et autres formalités.
La situation financière pour cet objet est la suivante
- votre du conseil municipal = 7000 francs
- souscription = 4199,35 Francs
Total = 11199,35 francs.
Soit onze mille cent quatre vingt dix neufs francs trente cinq centimes.
il paraît nécessaire de faire remarquer :
1° - l’effort de la commune
2° - le rapport de Mr Guillaume architecte signataire l’utilité du travail d’une part et de l’autre qu’il s’est efforcé à faire les travaux le plus simplement possible
À Glénac le 30 septembre 1923
de Foucher
ont signé : Debray, Chevalier, Piljean, Guillemot, Piljean, Sebillet, Lainé
Le montant du préjudice subit par ce vol de pierres dans le cimetière de Glénac est estimé entre 1500 et 2000 francs. La gendarmerie a été prévenu le 2 avril 1925 par Mr de Foucher. Lui-même en avait été informé le 1er avril par Mr Le Chêne, l'entrepreneur chargé de la construction de la chapelle.
plan du cimetière tel qu'il se situait en 1925 au moment de la construction de la chapelle Saint-Léon La croix du cimetière + située près de la petite entrée |
1ere enquête du 3 et 29 avril 1925
Mr de Foucher ayant rencontré et parlé à louis Cheval, maçon au village de la Bouie à propos de la réfection de la chapelle lui avait dit : “Le Chêne ne reconstruira jamais la chapelle, les pierres sont au fond de l'eau“. Par ailleurs,
jeanne Debray, vachère chez Mme de Foucher, avait tenu des propos analogues. Ceci il y avait plusieurs semaines soit vers courant février 1925.
Les pierres soustraites sont anciennes et de grande valeur. Elles étaient classées et cataloguées par la préfecture du Morbihan qui y tenait beaucoup.
Mr de Foucher, maire, porte plainte pour vol contre inconnu et ne saurais dire depuis quand ce méfait a été commis, ni le montant du vol.
0 la suite de cette déposition, les gendarmes commencent l'enquête auprès d'une douzaine de personnes
1° - Marie Cheval, 43 ans, ménagère à la Bouie déclare : “mon mari louis Cheval travaille actuellement en qualité de maçon à proximité du bourg de Ruffiac. Il ne rentrera que samedi soir à la maison“ ...a signé
2° - jeanne Debray, 42 ans, vachère au château de la Forêt Neuve : “Il est exact que j'ai dit à Mme de Foucher, que des pierres de la chapelle du cimetière de Glénac, avaient été volées, mais je ne me souviens pas qui m'avait dit cela. Cependant, je me souviens que j'ai du apprendre ce vol, un dimanche en revenant de la messe de Glénac. Il m'est impossible de dire qui m'a tenu ce propos, et quand“ ...a signé
Madame de Foucher, absente pour plusieurs semaines, n'a pu être entendue sur la conversation qu'elle a eue avec jeanne Debray.
3° - mathurin Marquet, 47 ans, secrétaire de mairie et garde-champêtre à Glénac : “Je me souviens qu'au cours d'une conversation que j'eus avec Mr le maire de Glénac, il y a plusieurs mois, au sujet de la réfection de la chapelle du cimetière, je lui fis connaître que deux pierres, sculptées avaient disparu du cimetière où elles se trouvaient. J'avais appris cette disparition par l'un des frères Dréan, du village de la Chaussée en Glénac, tailleurs de pierres. J'ignore si d'autres pierres sculptées ou autres ont été soustraites depuis cette époque, et, aucun écho quelconque de la disparition de ces pierres, ne m'est parvenu. J'ignore qui et quand a été commis ce vol, et, je ne peux donner aucun renseignement à ce sujet“ ... a signé
4° - monsieur Le Chêne (jean), 58 ans, entrepreneur en maçonnerie à La Gacilly, déclare : “hier 1er avril 1925, lorsque je me suis rendu avec mes ouvriers au cimetière de Glénac, pour faire commencer les travaux de la chapelle, moi et mon personnel, avons constaté que 6 pierres sculptées destinées à l'arcade de la chapelle, manquaient. D'après ce que j'ai pu recueillir, ces pierre auraient été enlevées par des gens de Bains ou de St-Vincent sur Oust. Ces pierres qui sont d'une valeur de 1500 ou 2000 francs, n'ont pas été soustraites dans le simple but de les faire disparaître, mais plutôt par des personnes de la construction, (charpentiers ou menuisiers), car elles peuvent utilement être employées pour l'affûtage des outils. Elles sont même recherchées à ce sujet. Il y a plus de 2 mois que je n'étais venu au cimetière de Glénac, aussi j'ignore depuis quelle date, les pierres qui manquaient, ont pu être soustraites“ ... a signé
5° - alexandre Dréan, 35 ans, tailleur de pierres à la Chaussée en Glénac, déclare : “Il y a deux mois environ, je me souviens avoir dit au garde-champêtre Marquet, qu'il manquait deux pierres non sculptées, de même origine que les 6 pierres sculptées destinées à la réfection de la chapelle du cimetière de Glénac. À aucun moment, il n'a été question des 6 pierre sculptées dont la disparition a été constatée hier matin par monsieur Le Chêne“ ... a signé
6° - jean Orève 56 ans, menuisier au bourg de Glénac, déclare : “C'est monsieur Le Chêne, entrepreneur à La Gacilly, qui m'a appris que des pierres sculptées, destinées à la réfection de la chapelle du cimetière et, qui se trouvaient dans ce dernier, avaient été soustraites. Je n'ai pas dit à monsieur Le Chêne, que ces pierres pouvaient avoir été enlevées par des gens de Bains ou de St-Vincent, c'est une supposition que nous avons fait ensemble. Je ne connais rien autre au sujet de la disparition de ces pierres“ ... a signé
7° - pierre Noël, 60 ans, fossoyeur à Glénac, déclare : “Je n'ai jamais eu connaissance de la disparition des pierres sculptées du cimetière de Glénac, et, je n'ai jamais entendu parler en quoi que ce soit de cette disparition. Il est exact qu'il y a quelques mois, j'ai eu avec Mr de Foucher, maire de Glénac, une conversation au cous de laquelle j'ai dit “il y en a qui font des bêtises“ mais je voulais dire au maire qui me faisait des remarques au sujet de la mauvaise tenue du cimetière, que je n'en étais pas la cause, car des pierres étaient éparses ça et là dans le cimetière. Voilà pourquoi j'ai dit “il y en a qui font des bêtises“. Mais je n'ai jamais fait allusion à la disparition des pierres, puisque j'ignorais cette disparition“ ... a signé
8° - jean-marie Allanic, 61 ans, curé à Glénac, déclare : “J'ai eu connaissance du second vol de pierres sculptées destinées à l'arcade de la chapelle du cimetière, hier 1er avril. La personne qui m'a annoncé ce méfait, m'a laissé supposer que les pierres auraient pu être enlevées par des individus de Bains ou de St-Vincent sur Oust, mais ceci était une supposition. D'autre part, le fossoyeur, pierre Noël, auquel je parlais de la disparition des pierres, m'a dit “oh ! elles ont du être enlevées par bateau“ ... a signé
Interrogé à nouveau à 13 heures, pierre Noël, a déclaré : “Il est exact que j'ai dit à Mr le curé de Glénac, en parlant des pierres disparues “Oh ! elles ont du être enlevées par bateau“. J'ai dit cela sans penser à mal. Je certifie que la déclaration que j'ai fait précédemment est l'expression de la vérité et je ne connais rien au sujet des pierres soustraites“ ... a signé
Continuant notre enquête, nous avons entendu louis Cheval, maçon au village de la Bouie en Glénac, travaillant au bourg de Ruffiac, à 17h45 ; lequel nous a déclaré : “Il est exact que j'ai dit à monsieur de Foucher, en parlant de la chapelle St-Léon, du cimetière de Glénac “Le Chêne, ne construira jamais la chapelle, les pierres sont au fond de l'eau“. Dans ce que j'avançais à Mr de Foucher, et, cela il y a au moins deux mois, je voulais parler de 2 pierres de l'arcade de la Chapelle, qui avaient été soustraites du cimetière, où elles se trouvaient. J'ai dit “qu'elles sont au fond de l'eau“ comme si j'aurais dit elles sont ailleurs. Je certifie que je ne connais rien autre au sujet de la disparition de ces deux pierres. J'ignorais que depuis le vol des 2 pierres, d'autres pierres de la chapelle, avaient également été soustraites. Lorsque j'ai eu cette conversation avec Mr de Foucher, il n(ignorait pas lui même qu'un vol avait été commis“ ... a signé
2° - auguste Debray, 62 ans, cordonnier au bourg de Glénac, déclare : “J'ai su par les frères Dréan, tailleurs de pierres au village de la Chaussée en Glénac; il y a deux ou trois mois environ, que 2 pierres de la chapelle du cimetière, actuellement en réfection, avaient été soustraites. Le 1er avril courant, en parlant à Mr Le Chêne, entrepreneur à La Gacilly, cet homme m'a fait connaître que d'autres pierres de la chapelle, manquaient également. Je ne peux vous donner aucun renseignement, ni indication sur ces vols ; mais il se pourrait que les pierres qui manquent, aient été transportées par bateau dans la direction de Bains ou de St-Vincent. Ceci est une supposition de ma part ; néanmoins je ne vois pas dans la commune qui aurait pu commettre ces vols“ ... a signé
3° - Monsieur de Rouffignac maurice, 51 ans, propriétaire à Glénac, déclare : “J'ai appris le 1er avril 1925, par Mr Le Chêne, qu'un vol de pierres sculptées, destinées à la réfection de la chapelle du cimetière, avait eu lieu. Je ne peux vous donner aucun renseignement au sujet de ce vol et, j'ignore si antérieurement à ce vol, une autre vol de pierres, avait été commis. Néanmoins je suppose que ces pierres ne sont pas restées dans la commune et qu'elles ont pu être transportées par bateau dans la direction de Bains ou de St-Vincent, par des individus venus de ce côté“ ... a signé
4° - monsieur de Foucher de Careil, maire de Glénac, interrogé à nouveau à 12 heures : “Le vol de ces deux pierres, est parvenu à ma connaissance par Mr Le Chêne, au moment où il faisait commencer les fondations de la chapelle, ce qui remonte à la deuxième quinzaine d'octobre 1924. J'ai cru que c'était un individu quelconque qui avait pris ces deux pierres, machinalement sans se rendre compte de leur valeur, pour en faire des grès pour affuter des outils. Mr Le Chêne m'ayant dit à cette époque que ces deux pierres, qui n'étaient pas sculptées, pouvaient être remplacées. Je n'ai pas porté plainte ; du reste, il me déclara que cela n'en valait pas la peine“ ... a signé
5° - jean Le Chêne, 58 ans, entrepreneur à La Gacilly, interrogé au sujet du 1er vol, a déclaré : “Il est exact que j'ai dit à Mr de Foucher, que les 2 pierres soustraites lesquelles n'étaient pas sculptées, pouvaient être remplacées par d'autres qui se trouvaient au cimetière. Il se peut que j'ai dit “cela ne vaut pas la peine de porter plainte“ ... a signé
Malgré d'actives recherches, nous n'avons pu recueillir de plus amples renseignements sur ces vols, ni savoir à quelle date ils avaient pu être commis.
De ces vols deux hypothèses sont permises
1° - les pièces soustraites, de couleur ardoise, anciennes et de valeur peuvent avoir été enlevées par quelqu'un de connaisseur.
2° - très recherchées pour l'affûtage d'outils par les ouvriers en bois, elles peuvent aussi avoir été prises par des ouvriers des environs de Bains ou de St-Vincent qui savaient où elles se trouvaient et l'utilité qu'ils peuvent en tirer. Il y a tout lieu de croire qu'elles n'ont pas été transportées en voiture, ce qui aurait attiré l'attention des habitants des maisons situées près du cimetière.
Par bateau, il en est autrement : en effet, le cimetière se trouve en bordure des marais de Glénac, dont l'eau arrive à quelques mètres du cimetière. Il était facile de transporter et d'enlever les pierre la nuit, sans attirer l'attention d'aucun habitant des environs, dont les maisons sont du reste du côté opposé.
Par note n° 24 en date de ce jour, nous informons de ce vol notre commandant d'arrondissement, les brigades limitrophes et la 13e brigade de police mobile.
Nos recherches seront continuées et tout renseignement recueilli fera l'objet d'un nouveau procès-verbal.
En raison du volume des pierres enlevées, il y a tout lieu de croire que les vols ont été commis par plusieurs personnes.
Dans l'expression sculptée, il faut entendre, pierre taillée, travaillée prête à être mise en place ; voilà ce que veulent dire Mr le maire de Glénac et Mr Le Chêne.
croquis des pierres ardoisées soustraites 1 et 2 pierres de l'arcade 3, 4, 5 et 6 pierres d'encadrement et colonnettes du mémorial 1914-1918 |
2eme enquête du 2 mai 1925
...rapportons (....) nous avons appris par la rumeur publique, qu'une femme du village de Pen-L'heure, en Bains s/Oust (Ille et Vilaine), venue à Glénac assister à un enterrement, avait dit, devant plusieurs personnes, qu'elle connaissait quelqu'un dans son village, qui avait détenu chez lui pendant longtemps une des pierres anciennes soustraites au cimetière de Glénac.
Après avoir interrogé verbalement plusieurs personnes ayant assisté eux-mêmes au dit enterrement, nous avons réussi à connaître que cette femme s'appelait Morain (jeanne) domestique à Pen-L'heure en Bains sur Oust (Ille-et-Vilaine)
Ce village étant limitrophe de notre circonscription, nous nous y sommes rendus et nous avons entendu
1° - jeanne Morain 37 ans, domestique de ferme au village de Pen-L'heure en Bains sur Oust (Ille et Vilaine) laquelle nous a déclaré à 15h35 : “ Je reconnais avoir dit, un jour que j'assistais à un enterrement au village du Roussimel en Glénac, devant plusieurs personnes, notamment devant ma sœur, que monsieur Joubeau, cultivateur au village de Pen-L'heure en Bains sur Oust, détenait chez lui une pierre ancienne provenant de la chapelle Saint-Léon à Glénac.. Cette pierre, de couleur ardoisée et mesurant 40 cm de longueur environ sur O,25 cm d'épaisseur, je l'ai vue devant la maison de monsieur Joubaud. Marie Paty, du même village, m'a dit avoir affûté son couteau sur cette pierre. Je ne puis vous dire autre chose“ ... a signé
2° - madame Pinot, née Paty marie, 44 ans, cultivatrice au même lieu, qui nous a déclaré à 17 h. : “Il est exact que j'ai affûté, un jour, mon couteau sur une pierre de grès qui se trouvait sous le hangar de monsieur Joubaud, de mon village. J'ignorais que cette pierre travaillée sur trois côtés, provenait de celles volées au cimetière de Glénac. C'est mon mari, revenant de la messe à Glénac, qui m'a fait connaître, qu'un vol de pierres anciennes avait été commis dans le cimetière de cette commune, et, que celle que détenait Mr Joubaud, pouvait bien être l'une d'elles. Je ne puis vous donner d'autres renseignements“ ... a signé
Lorsque nous nous sommes présentés au domicile de monsieur Joubaud (joseph), la femme de ce dernier nous a fait savoir que son mari s'était rendu dans l'après-midi à La Gacilly avec un chargement de bois, destinée à une scierie, et qu'il ne rentrerait probablement que tard dans la soirée.
Madame Joubaud, interrogée au sujet due cette pierre, nous a dit qu'à aucun moment, son mari n'avait apporté à la maison, une pierre ancienne quelconque. Lui ayant également demandé si son marie possédait un canot, elle nous a répondu négativement.
À 20h30, rentrant de tournée, nous avons, rencontré à 200m de La Gacilly un individu qui conduisait un chargement de planches, se dirigeant dans la direction de Bains sur Oust. Nous lui avons demandé s'il ne se nommait pas Joubeaud (joseph) ; il nous a répondu affirmativement. Lui ayant demandé à brûle pourpoint s'il n'avait pas rapporté nuitamment une des pierres anciennes en question, au bord du marais à Glénac, Joubeaud a hésité à nous répondre.
Nous lui avons déclaré que sa femme, nous avait avoué qu'il avait détenu chez lui, une des pierres précitées, puis pressé de questions, il nous a déclaré :
“Je me nomme Joubeaud joseph 41 ans, cultivateur au village de Pen)L'heur en Bains sur Oust (Ille et Vilaine), né au même lieu la 31 janvier 1884 de feu joseph et de marie Collet, marié sans enfant, sait lire et écrire, sans condamnation, élève par mes parents jusqu'à ma majorité. J'ai fait toute la campagne de 1914-1918, cinq fois blessé, une citation à l'ordre du régiment, croix de guerre, classe 1904, recrutement de Rennes, affecté au 41ème tirailleurs coloniaux à Rennes : service auxiliaire.
Dans le courant de novembre 1924, je ne puis préciser la date, je me suis rendu seul, en canot, à la messe au bourg de Glénac. Après la messe, au moment d'embarquer dans mon canot, pour le retour, j'ai aperçu au bord du marais, à proximité de l'endroit où je me trouvais une pierre de grès, couleur ardoisée, de 0,40 m de longueur sur 0,20 m d'épaisseur, taillée au ciseau sur trois faces. Cette pierre, était écornée d'une extrémité de la largeur de la main d'un homme. Ne pensant pas mal faire, et ignorant sa provenance, j'ai mis cette pierre dans mon canot et j'ai traversé le marais. Comme elle était assez lourde, je l'ai laissée au fond du canot jusqu'au lendemain.
Etant venu le jour suivant avec ma charrette au bord du marais prendre un chargement de bois, j'ai mis la pierre dedans et l'ai ensuite déposée sous mon hangar. Le dimanche 19 avril 1925, j'ai appris par des voisins de retour de la messe à Glénac, que le curé de cette commune avait dit en chaire, que ceux qui détenaient des pierres anciennes provenant de la chapelle St-Léon, de les rapporter parce que ce vol causait un grand préjudice à la commune.
Je me suis alors décidé à me défaire de celle que je détenais chez moi. Et, dans la nuit du vendredi 24 au samedi 25 avril dernier, j'ai rapporté par canot la pierre ancienne en question, que j'ai déposée au pied d'un arbre, contre le mur du cimetière.
J'affirme avoir pris cette pierre au bord du marais et dans le but de m'en servir pour l'affûtage des outils. Je ne sais pas autre chose“ ... a signé
Monsieur Le Chêne, entrepreneur de travaux publics à La Gacilly, absent jusqu'au lundi, n'a pu être entendu et l'enquête n'a pu être terminée.
Aujourd'hui, à la date et heure portées en tête du présent P. Verbal nous avons entendu Monsieur Le Chêne, qui nous a déclaré : “Toutes les pierres qui ont été soustraites se trouvaient dans le cimetière de Glénac et aucune n'était au bord du marais. J'estime le préjudice qui m'a été causé tant pour la perte de temps que pour le sculptage de certaines pierres qui ont été détériorées, à la somme de 450 à 500 francs“ ... a signé
Les recherches effectuées dans les villages de Pen-L'heure et Port-Corbin, pour découvrir d'autres complices, sont restées jusqu'à présent vaines. Elles seront continuées et feront le cas échéant l'objet d'un autre procès-verbal. Joubeaud, étant cultivateur au village de Pen-L'heure en Bains sur Oust (Ille et Vilaine), aucun renseignement de moralité, ni de fortune, n'a put-être recueilli sur lui.
Trois expéditions :
- la première à monsieur le procureur de la République à Vannes
- la deuxième à monsieur le Préfet du Morbihan à Vannes
- la troisième à nos chefs
Calvez
Mens
Plan sommaire du vieux bourg de Glénac, de l'emplacement du cimetière, du marais |
le vieux bourg et sa rue (numéroté 1) sur le plan des gendarmes |
Les recensements de la commune de Bains-sur-Oust ne sont pas mis en ligne. Il pourraient permettre de situer la maison de Penlheur où habitait le couple Joubeau.
Enquête à poursuivre...
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