lundi 17 octobre 2016

La scierie Epaillard du “Passage“ à Glénac

A l'origine de la scierie Epaillard située à côté du pont du “Passage“ à Glénac, il y avait l’activité bois-débardage que Joseph Epaillard né le 8 septembre 1883 à la Juberde en Cournon (frère aîné de Pierre né, lui, le 8 janvier 1900 à la Juberde en Cournon). La scierie a commencée à la fin de la guerre 14-18 et est devenue ensuite la scierie Coyac dans le bourg de Cournon.

Pierre Epaillard fait son apprentissage (entre 1918 et 1920) chez son frère Joseph. Vers 18-20 ans, il part en forêt pour couper et débarder avec une scierie mobile dans le secteur de Malestroit.
Conscrit de la classe 1920, il part à l'armée et est affecté au 62e régiment d'infanterie le 18 mars 1920. Sur le registre matricule d'incorporation, il est décrit comme ayant les cheveux châtains, les yeux bleus, d'une taille de 1,54m. Soldat de 1ere classe le 18 mars 1920. Il est renvoyé dans ses foyers le 4 mars 1922.


Jean-Pierre Epaillard au pied d'un amoncellement de grumes sur la quai de Cheviré à Nantes
Ascendance Jean-Pierre Epaillard
en jaune : Joseph et Pierre Epaillard
la famille Pistiaux
rangée du haut, de gauche à droite
1Jean Pistiaux (père de Bernadette), 2, 3, 4, 5, 6, 7 jean Pistiaux

rangée du milieu, de gauche à droite
8 Bernadette Pistiaux (épouse de Pierre Epaillard), 9 Jeanne Sébillet(mère de Bernadette), 10 Hélène Pistiaux

rangée du bas, de gauche à droite
11 Germaine Pistiaux, 12 Jean Pistiaux, 13 Marie Pistiaux

Le timon du diable qui servait à transporter les grumes. Attelé à une paire de bœufs

Par la suite, Il achète une scierie forestière : un banc de sciage équipé de roues, qu’on déplace à l’aide d’une paire de bœufs ou d’un cheval. La force motrice est fournie par une locomobile nourrie aux écorces et déchets de bois qui abondent dans les coupes.

Pierre Epaillard en 1932, s’établit à son compte à Glénac, au Passage, sur le bord de l’Aff.

La mairie de Glénac dont Alain de Foucher est alors maire, lui concède un bail de location. Il bénéficie également de l'estacade construite 30 ans plus tôt par Aymar de Tonquedec pour faciliter l'embarquement du minerai de fer extrait de la mine de Sourdéac.
(Commerçants et artisans en Pays Gallo - p. 149)

A la déclaration de guerre contre l'Allemagne en 1939, il est rappelé à l’activité militaire le 27/08/1939 au 111e régiment régional, classé dans l’affectation spéciale pour une durée indéterminée comme scieur à ruban aux Etablissements Pillard à Nantes par décision du Général Commandant la 11e Région en date du 17/01/1940.



Pierre Epaillard et quelques-uns des ouvriers de la scierie sur le plateau du GMC.
(le deuxième en partant de la droite, debout, avec chemise claire et “bleu“ de travail)
de gauche à droite, au 1er rang :
1 ....., 2 Eugène Noël de La Bouie (dit Lantier) père de Simone Noël épouse de René Sébillet, 3 Étienne Chesnais, 4 ....., 5 ....., 6 ....., 7 .....,
de gauche à droite au dessus :
8  ...., 9 ....., 10 ...., 11 ...., 12 ...., 13 Pierre Epaillart, 14 ...., 15 Auguste Vincent (dans la cabine)
Une grume prête à être débité sur le banc de sciage
1 .....
2 .....
3 .....
4 Alphonse Danet (foncette)
5 Étienne Chesnais
6 Robert Méaude des Rues Nevoux (blessé lors de l'explosion de la chaudière à vapeur)
Banc de sciage
Banc de sciage
Banc de sciage
Banc de sciage
à droite : Alphonse Danet
La chanson des scieurs de long

(texte retranscrit à partir d'une chanson de Denise NOËL)
Eugène NOËL(Vantier) de la Bouie marié à ........... MEAUDE la chantait

Il y'a rien d'plus chouette congra fouchtra 

Tonnerre de bougra 

Il y'a rien d'plus chouette que les scieurs de long (bis) 



Quand ils sont sur la bille congra fouchtra 

Tonnerre de bougra 
Il y'a rien d'plus chouette que les scieurs de long (bis) 

Le maître s'en va les voir congra fouchtra 
Tonnerre de bougra 

Le maître s'en va les voir, courage les enfants 
Vous gagnerez de l'argent 

Quand nos campagnes s'ront faite congra fouchtra 
Tonnerre de bougra 
Là nous nous en irons, là nous nous en irons 

Nous irons voir nos femmes congra fouchtra 
Tonnerre de bougra 
Et nos petits enfants, et nos petits enfants 

Si nos femmes sont mortes congra fouchtra 
Tonnerre de bougra 
Nous nous remarierons, nous nous remarierons 

Avec la Gabrielle congra fouchtra 
Tonnerre de bougra 
La fille de la maison, la fille de la maison




L'entreprise Latil et ses fondateurs


Georges LATIL (et Lazare LATIL).

Auguste Joseph Frédéric Georges LATIL.
Fils de Charles Alphonse LATIL (notaire à Marseille) et Aimée Rosine BELLANDE. souvent nommé Georges LATIL. Ingénieur marseillais. 1878-1961. Il dépose le brevet, en 1897, du principe de transmission articulée permettant d'actionner les roues d'un essieu avant d'un véhicule. Les deux jeunes frères, Auguste Georges LATIL et Lazare LATIL, eurent l'idée de perfectionner la voiture à cheval. Ils enlevèrent le cheval et construisirent une voiture à traction avant avec essieu brisé en 1898.En 1897, Auguste Georges LATIL découvrit le cardan à rotule et déposa un brevet pour l'invention d'un avant train parfaitement autonome (embrayage, direction et freinage) qu'il compléta par la suite d'un châssis.C'était un succès technique et commercial, mais l'affaire, qui manquait de capitaux et de rigueur de gestion, périclitait.

Charles BLUM, polytechnicien, né en 1885 à Charmes dans les Vosges, est chargé de la liquidation des "Avant-trains LATIL". Pour lui, l'industrie automobile est promise à un grand avenir et les frères sont de bons techniciens et de bons vendeurs. Il crée la société "Charles BLUM & Cie".

Ils fabriquent des avant-trains qui sont vendus pour équiper des charrettes. Celles-ci deviennent ainsi des camions à roues avant motrices et directrices.C'est à cette époque que la société LATIL commence à fabriquer des tracteurs à quatre roues motrices et directrices qui intéressent beaucoup l'armée pour la traction des canons (Latil TAR, TH, TI). C'est le premier véhicule à être primé par le ministère de la Guerre en 1913. Ayant la capacité de se déplacer dans la boue, sur le sable ou la neige, il trouve immédiatement un marché, qui ne fait que s'amplifier après la Première Guerre mondiale, pour la traction des charrues, le débardage dans les forêts, les transports coloniaux, l'agriculture.
La Libération a cependant marqué la fin de la Société LATIL. 
En 1955, les Automobiles Industriels LATIL et la branche Poids Lourds de plus de 5 tonnes de la Régie Nationale des Usines Renault fusionnaient avec la SOMUA (Société d'outillage mécanique et d'usinage d'artillerie) donnant naissance à la SAVIEM LRS (Société Anonyme de Véhicules Industriels et d'Equipements Mécaniques Latil-Renault-Somua) avec pour premier PDG (Président-Directeur-Général) M. Pierre Lemaigre, dernier PDG de LATIL, et celà en vue de grouper la production et la vente des véhicules utilitaires et des autocars de 5 tonnes et plus. En 1959, la SAVIEM devient la division Poids Lourds de RENAULT. Fin 1963, la SAVIEM et la "Société des Forges et Ateliers du Creusot - Usine Schneider" s'allient pour fonder la "Société LATIL BATIGNOLLES". [...]
Le 5 septembre 1974, la société LATIL-BATIGNOLLES rétrocède la fabrication et la commercialisation des tracteurs LATIL à la société BRIMONT Société anonyme, fondée en 1960 par Monsieur Marcel BRIMONT, une société jeune et dynamique spécialisée dans les matériels de transports agricoles et de travaux publics. [...] En 1978, c'est la fusion de BERLIET et de SAVIEM pour devenir RVI (RENAULT VEHICULES INDUSTRIELS. En 1980, les marques BERLIET et SAVIEM disparaissent du catalogue. En 1993, la société "BRIMONT" arrête l'activité de construction des tracteurs forestiers. (www.avant-train-latil.com)

Le tracteur forestier Latil
Du tracteur Latil et du diable chargé de grumes qu'il remorquait, il me reste une “image“ à jamais gravée d'un engin extraordinaire que, rétrospectivement, l'on pourrait comparer aux véhicules de tôle et de rouille que l'on voyait dans les films “Madmax“ avec Mel Gibson.

Le tracteur était composé de l'avant-train à 4 roues directrices sur lequel venait s'atteler le “diable“ où était accroché les grumes ayant été préalablement débardées en forêt.
Celui utilisé par l'entreprise de scierie Epaillard semble être un Latil H14 TL10.

Tracteur forestier Latil et son mât de chargement de billes

débardage forestier avec un Latil H4 TL10

Cliquer sur le lien  ci-dessus pour visualiser une video du chargeur Latil H4 TL10 pendant une opération de débardage. Et surtout, écoutez la sonorité du moteur de ce Tracteur Latil. 

tracteur forestier Latil qu'utilisait l'entreprise Epaillard
Avant-train forestier Latil H14 TL10 à 4 roues motrices et directrices (1948-1958
avec moteur de 65 cv à huile lourde. Il possède un treuil PAN et une bêche d'ancrage arrière
de même type que celui de la scierie Epaillard

Tableau de bord du Latil H14 TL10
Sur fond gris, le modèle Latil acheté par Pierre Epaillard au début des années cinquante.


Page du manuel d'entretien du Latil
(la marque est devenue Saviem 
Page du manuel d'entretien du Latil
fonctionnement du treuil de 5 tonnes

Pierre Epaillard entre les années 30 et 60, travaille presque exclusivement le pin maritime et expédie poteaux de mines, cotrets, voliges. 

l’activité des péniches qui viennent accoster à l’estacade du pont du Passage concerne principalement les pommes, la chaux, le sable. Les cargaisons partent essentiellement vers Nantes.


Afin d’améliorer le travail de ses ouvriers, Pierre Epaillard innove :
• un camion GMC remplace l’attelage (charette/cheval ou bœufs)
• Il s’inspire des mâts de charge de la batellerie et crée avec émile Mainguet un “chargeur et déchargeur de grumes“. Un brevet d’invention lui est concédé en 1961.
• utilisation de tracteurs forestiers pour le débardage en forêt, marque Latil, après la guerre 14. Tracteurs qui, auparavant, étaient utilisés pour tracter les canons…


Jean-Pierre Epaillard et les ouvriers de la scierie Epaillard
1 Henri Le Goux 2 Alphonse Danet x Ernestine Royer 3 Robert Méaude (des rues Nevoux) 4 Patrick Genouel 
5 François Orève (du Binon) 6 Henri Duchêne (de Bains s/Oust) 7 André Debray 8 Marcel debray 9 Louis Jan 10 André Gicquel 11 Jean-Pierre Epaillard (époux de 15) 12 Etienne Chenais x georgette Nevoux 13 Jeanne Sébillet (épouse de 17) 14 André Sorel 15 Michèle Maheux (épouse de 11) 16 Bertrand Epaillard (fils de 11 et 15) 17 Jean Pistiaux (époux de 13)


Quelques anecdotes à propos de bûcherons de Glénac

... Pour affûter les outils, ils ramassaient les pierres appropriées. Ils savaient les choisir. Bien sûr ils avaient des limes pour les scies et les passe-partout. Chez les Noël, c'était le père qui faisait ça, et après lui, Auguste. Baptiste ne savait pas. Il maniait la hache, c'est tout. Dans une scierie l'affûtage, c'est essentiel.


Baptiste Noël (né 14 septembre 1895 à Glénac et marié à Marie madeleine Chevalier) est scieur de long et il habite aux villages des Forêts. Il a un frère Eugène, scieur de long. Leur père Pierre-Marie Noël est aussi Scieur de long et habite le village de Choisel à Glénac.Il se marie à marie-Joseph Monnier.

Robert Brien (installé à la Croix Elven puis à la Gacilly en 1938): “...je suis allé d'abord apprendre l'affûtage chez Epaillard à Cournon avec Baptiste Hervé. C'est le fondement du métier. Il faut faire avec une scie ce que tu dois faire avec un rabot, c'est à dire donner un angle selon ce que tu coupes. Pour affûter, tu règles ta meule, tu lui donne l'angle que tu as choisi et c'est elle qui se charge du coupant. Tous les bois ne se scient pas de la même façon. Le pin ça se coupe comme du beurre. Pour le chêne, il ne faut pas le même angle sinon la scie ne tient pas le coup.“

“...venaient à pied tous les jours à travers bois, avec leurs gamelles. Ils prenaient par le pin-rond, les Taillis et Mabio pour tomber directement au chêne. Il y avait des manœuvres aussi, des gars qui déplaçaient et équarrissaient les arbres avant de les attacher au chevalet de sciage.“

(Artisans et commerçants en Pays Gallo p. 138)


L’entreprise Epaillard fonctionnait sur une base d’environ 18 ouvriers tous issus des alentours de Glénac et Bains-sur-Oust (mi-paysans et mi-ouvriers. Leurs activité était partagée entre les travaux des champs : fenaison, moisson et leur emploi dans la scierie).

Explosion de de la chaudière de la locomobile en 1957 (la chaudière en explosant a traversé l’Aff près du pont du Passage et s’est retrouvée projetée sur les prés de marais côté Bains-sur-Oust). Trois ouvriers sont blessés : Robert Méaude des Rues Nevoux, Jean Pistiaux (beau-frère) et Auguste Jan (des Rues Nevoux)


Un des ateliers de la scierie Epaillard. photo prise vers 1969-70

Un des bâtiments en bois de la scierie Epaillard laissée à l'abandon
après son transfert en 1964 vers la Ferme neuve. photo prise vers 1969-70

Un des ateliers de la scierie Epaillard. photo prise vers 1969-70

Un des ateliers de la scierie Epaillard. photo prise vers 1969-70

Dans les années 62-64, une négociation d’achat des terrains nécessaires à l'activité de la scierie près de l’estacade n’ayant pas abouti, de plus, les crues hivernales venant submerger l’estacade et atteignant parfois le four de la chaudière, l’entreprise Epaillard décide alors en 1964 de transférer son activité sur le site de la Ferme Neuve, commune de Bains-sur-Oust, à proximité de la route qui relie La Gacilly à Redon. Le réseau électrique ayant été amélioré, Pierre Epaillard abandonne définitivement la locomobile à vapeur. Jean-Pierre Epaillard prend la direction de l’entreprise. Il la cèdera plus tard à son fils Bertrand en 1998.

Brevet d'invention d'un “chargeur et déchargeur de grumes“
délivré le 5 septembre 1960 à Pierre Epaillard

Le GMC à la gare de Redon

Le GMC à la gare de Redon

Le GMC à la gare de Redon

Le GMC à la gare de Redon

Le GMC à la gare de Redon

Le GMC sur un site de débardage


Quelques faits marquants : 

• Pierre Epaillard emploie pendant la guerre 39-45 des réfractaires au STO.
• abbatage à Cournon à la Ville Janvier d’un séquioa de 200 ans avec Eugène Noël (Vantié)
• lors des opérations de remembrement dans la région, l’entreprise emploie des tâcherons 
venus d’Espagne (région de Madrid) pour l’abattage. Actuellement en 2016, Jean Pierre et Michèle son épouse sont toujours en relations avec les familles de ces Espagnols. 
• retraite de Jean-Pierre et Michèle en 1998. Leur fils Bertrand reprend pendant 5 années l’activité de l’entreprise
• l’entreprise Epaillard est devenue dans les années 2005 “Woodstone“ puis“Tout Faire Bois“

(exemple de fourniture de bois) : L’entreprise Epaillard a dans les années 1960 !!! fourni les poteaux en pin pour stabiliser le sol avant la construction du bâtiment de la Banque de France (rue des Douves à Redon)


Une page de publi-info sur l'entreprise Epaillard dans le Journal de Redon en 1986


(extrait de l’hebdomadaire “Les Nouvelles de Redon“ en 1986 

En 1965, sur la route de Redon à la Gacilly, s’èlèvent les nouveaux bâtiments de l’entreprise Epaillard. L’entreprise de Jean-Pierre Epaillard réalise l’exploitation forestière et le sciage de ces bois. Les années passant, l’entreprise se modernise et devient une PME modèle de dynamisme et de technicité.
En 1965, l’entreprise Epaillard produisait quelques centaines de m3 par an. En 1986, elle commercialise plus de 20000 m3 de bois. (Les Nouvelles de Bretagne)

L’exploitation forestière
L’entreprise se charge de l’achat des bois sur pied chez des propriétaires ou dans les forêts domaniales. Puis, ces bois sont abattus et débardés sous contrôle par des entreprises indépendantes sous-traitantes.
Enfin, le transport des grumes jusqu’à la scierie est réalisé par nos soins à l’aide d’un grumier.

La scierie
Les grumes provenant de l’exploitation forestière sont alors écorcées et sciées à la demande du client. Des pièces de menuiseries ou de charpentes sont débitées aux dimensions standards (ou sur mesure).
Les produits sont attestés par la SOCOTEC (organisme indépendant contrôlant la quantité des produits destinés au bâtiment)

Le négoce
Dans un souci de service, l’entreprise a adjoint à la scierie un négoce de bois et de ses dérivés. Le négoce Epaillard, c’est aussi les dérivés : panneaux, portes, agglomérés, parquets, plinthes, lambris, etc…
L’entreprise Epaillard met ainsi à la disposition de ses clients toute une gamme de bois de pays et d’importation (bois du Nord, bois exotiques, bois des Vosges, bois de pays.






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