Au front comme en arrière les soldats sont confrontés a des aléas de toutes sortes : le froid, la faim, la peur, l'attente, les privations, la maladie, les blessures, la crainte de ne pas revenir vivants de cet “enfer“. Les “poilus“ s'inquiètent pour eux, mais également pour ceux et celles de leurs proches restés au “pays“ et qui doivent vaille que vaille continuer dans leurs champs, à labourer, semer, récolter et faire face aux soucis quotidiens qu'ils rencontrent dans l'exploitation de leurs terres, semailles, vergers, de leurs bétails...
Loin du “pays“, ils attendent "la lettre" qui va leur donner des nouvelles de leur mère, père ou sœur, des nouvelles des autres conscrits, des nouvelles de la fiancée...
Ils écrivent, aussi, au crayon de bois, pour donner de "leurs nouvelles", pour rassurer, pour demander qu'on leur tricote un bonnet ou des chaussettes chaudes en laine, pour faire part de leurs états d'âme, de leur santé.
Ils informent succinctement de leurs changements d'affectation, de régiment, de compagnie, de leur secteur postal, ils écrivent sur tout et sur rien... Ils s'en remettent à la sainte protection du bon Dieu et de la Sainte Vierge pour que cette terrible guerre cesse au plus vite et qu'ils puissent avoir le bonheur de revoir, un jour, leurs familles...
La lettre est le seul lien qui les relie à leurs familles
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Lettre 1 du 31 juillet 1910Chronologiquement, la première de ces lettres a été écrite en juillet 1910
par Joseph Sébillet de Tréhat. La guerre n'est pas encore déclarée. C'est encore la “belle époque“ et le seul souci de Joseph Sébillet, c'est d'inviter une demoiselle à la foire de Saint-Laurent-sur-Oust.
Lettre du 31 juillet 1910 de Joseph Sébillet |
petit instant pour m’entretenir
un peu avec toi et pour te
dire que je suis toujours en
parfaite santé et je désire que
ma présente lettre te trouve
dans la même disposition donc
elle va me quitter.
Chère amie
Voilà huit jours qu’on parlait
de la Saint-Laurent alors c’est
pour savoir si tu veux y venir
car je serai très content d’
aller faire un petit voyage avec
toi mais chère amie je ne sais pas
bien sûr si c’est dimanche en huit
ou dimanche en quinze ; mais enfin
tu doit peut-être bien toi le savoir
alors tu n’auras qu’à me faire une
petite réponse ; et tu me diras à quelle
heure que tu te rendras ou bien
si tu veux ma tendre au passage
on boiera un ver, ça fait que ça nous
donnera des jambes pour faire
la route de Saint-Laurent
Enfin chère amie
Tâche d'y venir je serai très
content. Rien autre chose
pour autourd’hui je
fini ma lettre en t’embrassant
de loin. Ton ami toujours
dévoué.
Tréhat
pour savoir si tu veux
y venir oui ou non
ascendance et descendance simplifiée de Joseph Sébillet |
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Lettre 2 du 24 mars 1911
écrite par François Méaude qui devait avoir environ vingt ans (donc né vers 1891). Il devait travailler chez Colineaux à La Gacilly. Qui est cette “Jeanne“ à qui il déclare sa flamme !
Lettre de François Méaude du 24 mars 1911 |
ou trois mots pour te prouver mes plus
sincères amitiés
Et je serais très content de recevoir
un petit mot de toi de manière que
je saurais à quoi m’en tenir
Quand (chant !) qu’à moi je ne peux trouver autre
à mon goût que toi
Dans l’attente de recevoir ce petit mot
je t’embrasse de tout mon cœur
chez Colineaux à La gacilly
Morbihan
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Lettre 3 du 22 janvier 1915
elle est envoyée à sa femme Jeanne Lainé à la Pichardais, par François Chevalier de Sainte-Menehould dans la Marne (situé au sud de la forêt d'Argonne), sans doute de l'hôpital de cette ville où il est en convalescence, suite à des problèmes cervicaux. Il vient d'y passer 26 jours. Il y est rentré le mardi 29 décembre 1914. Une semaine après lui, c'est Mathurin Marquet qui entre également à l'hôpital de Sainte-Menehould le lundi 4 janvier 1915.
La commune est occupée par l'armée allemande juste avant la bataille de la Marne, le 4 septembre 1914. Le 15 septembre 1914, à la suite d'une contre-offensive, les Allemands quittent la ville qui devient “ville de guerre“. À partir du mois de janvier 1915, Sainte-Menehould est le poste de commandement de la 3e Armée du Général Sarrail. La ville subit son premier bombardement au canon le 26 avril 1915.
François Chevalier, né en 1877, fait partie de la classe 1897. il fait son service militaire au 15e bataillon de chasseurs où il est incorporé le 15 septembre 1898 comme chasseur de 2e classe. Il termine son service le 24 septembre 1901, et passe dans la réserve.
En août 1914, il est rappelé à l'activité. C'est dans ce contexte qu'il se retrouve à Sainte-Menehould.
Plus tard, en juin 1915, il enverra une lettre d'Auray, où il est affecté au 85e régiment territorial, 26e compagnie.
Lettre 4 du 19 mars 1915
elle est envoyée par Joseph Chevalier. Il a été à son incorporation en 1908, affecté au régiment d'infanterie de Vitré puis libéré le 25 octobre 1912. Rappelé à l'activité en août 1914, au 6e régiment de Génie d'Angers comme soldat détaché.
Sa compagnie de sapeurs-mineurs a dû être employée à creuser des boyaux et des tranchées à proximité des premières lignes et participer dans le secteur Écuries-Roclincourt en Artois, à une guerre de mines très pénible. Il écrit en parlant de ce secteur "ce sale coin“ où il craint que ce soit “sa dernière demeure“ où il faut veiller chaque nuit “si on ne veut pas que les boches viennent nous rendre visite“.Début 1915, partout on s’enterre. C’est la première période des tranchées. C’est une guerre d’usure. Les fantassins sont transformés en terrassiers et manient plus souvent la pelle que le fusil. Le matériel pour creuser les tranchées est primitif et insuffisant. La nuit, tout le monde est sur pied pour parer à toute attaque et pour exécuter les travaux de terrassement qui exigent un très nombreux personnel. À cela il faut ajouter un temps affreux, une pluie continuelle. La guerre de mines se définit par l’exécution de sapes qui permettent d’avancer à couvert vers l’ennemi. Les sapes sont reliées par des parallèles. Lorsqu’elles sont suffisamment près de l’ennemi, les sapeurs amorçent une entrée de galerie de mine pour conduire à un fourneau qui sera chargé d’explosif (cheddite) et dont la charge varie. Ces fourneaux sont placés en général sous des points particulièrement exposés et fortifiés de la ligne ennemie. L’explosion des fourneaux produit d’énormes entonnoirs qui détruisent les organes de défense et ouvrent dans les réseaux de fil de fer, de vastes brèches permettant à l’assaillant de pénétrer dans les tranchées de l’adversaire. Souvent, l’ennemi, éventait ces travaux souterrains et faisait alors des contre-mines (camouflet) au-dessous de celles de l’adversaire, y installait des fourneaux et s’efforçait de la faire sauter avant de sauter lui-même. chacun devient à la fois, le chat et la souris.
Les galeries sont en général infestées par les gaz délétères venant des explosions. Les accidents sont nombreux au début, le nombre des sapeurs indisponibles à la suite de commencement d’asphyxie est assez élevé. Tout ce que demande Joseph Chevalier c'est que “Dieu le conserve en vie“ et lui permette de revoir ce “beau petit pays de Glénac“.
Lettre de Joseph Chevalier envoyée le 19 mars 1915. Il doit être avec le 6e régiment du Génie en Artois pendant les épisodes de la “guerre des mines“ |
le 19 mars 1915 (vendredi)
Bien chère amie
Je profite aujourd’hui d’un
moment pour t’envoyer de mes
nouvelles. Je te dirai que
je suis toujours en bonne
santé et je désire que cette
lettre te trouve ainsi qu’elle me
quitte. Je te dirai que je
travaille tous les jours à faire
des mines. On travaille en dessous
des boches. Je te l’assure que
c’est du travail qui n’est
pas trop agréable. On ne sait pas
l’heure ou le moment ou
on le fait sauter les uns
les autres tous les jours.
Ils y en reste qui sont
engloutis sous les décombres.
On est à 20 mètres des boches
dans les tranchées.Alors, il
faut ouvrir l’œil et le bon,
sinon on serait surpris au
moment ou on ne s’attend
le moins. Alors il faut veiller
jours et nuits si ne veut pas que
les boches viennent nous rendre
visite. Je te l’assure que c’est
un sale coin. Je crois que
ça sera la dernière demeure
pour beaucoup d’entre nous,
car il y en a déjà des
mille qui reposent au repos
éternel sans compter ceux
qui y seront d’ici la fin
de cette horrible guerre.
Je te l’assure que quand
(on !) voit autant de
victimes comme il y en a,
sans le croire, on se fait
des cheveux. On met toutes
les peines, les souffrances et
le chagrin sous les (pioches !)
si non on ne vivrait pas.
Alors espérons que Dieu nous
conserve jusqu’à la fin.
Ce serait une grande joie,
mais en attendant ce jour,
il y a encore beaucoup de
traverses qui seront dure et
terrible. Mais tout ce que
je demande la fin et le
jour de revoir ce beau
petit pays de Glénac que
j’y pense si souvent.
Chère amie, je ne t’en met
pas davantage pour aujourd’hui.
je pars au travail voir les
C.té…… dans les galeries souter
raines. je te l’assure que les rencontres
ne seront pas agréables. je termine
en t’envoyant mes meilleurs
baisers et amitiés. Reçois d’un
ami …. sincères les meilleures
salutations. Au revoir en attendant
de tes nouvelles, beaucoup de
nouvelles du pays.
Monsieur Chevalier Joseph
soldat détaché au 6e Génie - compagnie
secteur postal 74 : 5e/1
de François Chevalier qui est alors au 85e Régiment Territorial, 26e compagnie, 5e escouade.
Cette lettre est envoyée d'Auray à son épouse Jeanne-Marie Lainé qui est cultivatrice à la Chaussée. Ils se sont mariés en octobre 1908 et ont déjà deux enfants : Dominique né en août 1909 et Jean-Louis né en juin 1912. Étant à Auray, sa femme a dû venir le voir car, dans la lettre, il lui demande si son voyage de retour s'est bien passé. Il évoque un certain “Berdingais“ : sans doute un soldat de Glénac de La Chaussée, Roussimel, le Pommeret, le Pâtis, ou du Haut-Sourdeac, puisqu'il demande de faire “passer le bonjour“ à sa femme. François Chevalier s'en remet à “notre bonne mère“ : Sainte Anne d'Auray et lui demande de la garder des horreurs de cette triste guerre, de passer encore “des jours heureux ensemble“. Il embrasse ses “deux petits garçons“ qui ont 6 et 3 ans.
Dans le JMO du 85e RIT, 4e Btn, (26N 791/17) à la date du 1er décembre 1914 : “départ, par voie de fer, d'un détachement de 300 hommes des classes 1899-1898-1897, pour rejoindre le dépôt commun de Vannes“. Sachant qu'il était à Auray en juin 1915, il n'est pas impossible que François Chevalier ait fait parti de ce transport pour rejoindre Vannes et puis Auray.
Lettre de François Chevalier envoyée d'Auray le 5 juin 1915. |
ascendance et descendance simplifiée de François Chevalier et Jean-Louis Lainé (beaux-frères) |
pour te donner de mes nouve
lles qui sont toujours très
bonnes et je désire que ma
présente lettre te trouve
de même ainsi que les enfants
et Alphon(sine !) tous en bonne
santé. Enfin ma chère amie
je te dirais que je n’ai pas
encore reçu des nouvelles de
ton retour, mais faut espérer
que tu aurais fait un bon
voyage à t’en retourner ainsi
que Jeannette. Hier soir j’ai
été voir au bureau de la 27e
compagnie si je n’avais pas
de lettre et il y a des camarades
qui m’ont dit que j’en avais
une, mais comme j’ai changé
de compagnie, je ne l’ai pas
encore touché. peut-être que
je la recevrais aujourd’hui.
Je te dirais que je ne connais
pas grand camarade à la
compagnie où je suis. Il n’y avait
que mon lièvre que je t’avais
montré dimanche mais il était
trop courageux pour sauter
les fossés.Il s’est fait une
entorse au pied et il est parti
à l’infirmerie.Berdingais
est à la même compagnie
que moi mais on est pas dans
le même cantonnement, alors
on ne se voit que quand
on va à l’exercice sur les
lande d’Auray à moins qu’on
se rencontrent le soir en ville.
Je l’ai vu hier soir. Il m’a dit
que si j’écrivais, que fallait
te dire de bien souhaiter le
bonjour à sa femme et qu’il
se porte bien. Aujourd’hui,
je suis de service à la gare.
On se dit qu’il devait passer
plusieurs trains de prisonnier
et de blessés. Rien de nouveau
à te raconter. Je suis très bien
mais j’ai resté 3 jours de repos
encore cette semaine.
Et toi, chère et bien aimée
épouse, j’espère que tu dois
être bien rétablie de ton
voyage auquel j’ai été heureux
de te voir en la compagne à faire
(ce !) voyage à notre bonne mère
auquel je la prie tous les jours
de nous conserver la santé et de nous
protéger contre les horreurs de cette
triste guerre pour qu’un jour on
aurait le bonheur de nous rejoindre
en pleine santé et passer encore
de longs jours heureux ensemble.
Donc, en attendant le plaisir de te revoir,
je termine en t’embrassant bien tendre
ment et de tous mon cœur ainsi que
mes chers petits garçons.Ton mari
qui t’aime et pense toujours à vous
85e Territorial
26e compagnie au Mané-Guen
5e escouade
Demain dimanche si tu reçois cette petite lettre, l’après-midi fais moi
une petite lettre Vero…… que tu ferai bien
et … … ……….. bien p..la ……..
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Lettre 6 du 12 août 1915
envoyée par Jean-Louis Lainé à sa sœur (sans doute Jeanne Marie épouse de François Chevalier).
Il est encore au 79e régiment d'infanterie puisqu'il donne cette adresse en fin de lettre mais il a changé de compagnie. Il est à la 35e compagnie, 1ere section, 9e bataillon mobile.
Il souhaite : “un très grand bonjour de ma part à François Morice ainsi qu’à Louis Jagut ainsi qu’à mon cousin Jean Louis ainsi qu’à mes tantes et à marie“.Lettre de Jean-Louis Lainé du 12 août 1915, adressée à sa sœur |
lettre que je viens de recevoir
à lainent (l'instant) qui m’a fait plaisir
en apprenant que vous étiez tous
en bonne santé tan que moi
Je suis toujours en bonne
santé aussi et je désire que
ma présente lettre vous trouve
dans la même disposition
qu’elle me quitte. je te dirais
que j’étais bien en peine
de vous depuis huit jours
que je ne recevais pas
de vos nouvelles. cela me
tenait bien en peine. je
pensais que vous avez an…
eut d’autres malheurs. J’avais
ch…….. quand j’ai reçu la
lettre, je pensais pas très
la ………té Je croyais
avoir renvoyer l’autre …….
enfin que vous aviez été
d’a tan sans me rendre
réponse sitôt ….. ma fait
bien plaisir que de recevoir
de vos nouvelles surtout
dans la position que
nous nous trouvons, je
suis toujours en peine
de ce qui se passe si…
tu souhaitera un très grand
bonjour de ma part à
François Morice ainsi
qu’à Louis Jagut ainsi
qu’à mon cousin Jean
Louis ainsi qu’à mes tantes
et à marie. Vous m’envierez
un peu d’argent
beau tant (temps) par chez nous
par là-bas.mais il paraît qu’il fait
de l’orage presque tous les
jours, je vois que vous n’avez
pas quitté tout de suite de si…
il doit pas to… commencer à
sizé. Il doit être tous tombé
aux tant qui a fait. Rien autre
à vous dire. Bien le bonjour
à François Chevalier s’il est
de retour. je finis en vous
embrassant tous de loin.
jean Louis Lainé
79e d’infanterie
35e compagnie1ere section
9e bataillon mobile
secteur postal 176 ……….
au revoir
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de François Chevalier à sa belle-sœur (sans doute Marie-Françoise Cheval marié à Louis Chevalier, son frère aîné, le 2 décembre 1900). Il évoque au début de cette lettre : Adrienne qui n'est autre que Adrienne Lainé, la plus jeune sœur de sa femme Jeanne-Marie. Il a l'air d'être en attente de permission, car il a reçu un certificat pour labour et semailles. Par contre, il n'a pas encore de date pour cette permission.
Il évoque également le battage du blé noir et le ramassage des pommes de terre que sa mère et sa sœur ont dû faire ainsi que les fatigues engendrées et leur rappelle qu'elles auraient dû utiliser la batterie si toutefois cette dernière venait au village du Haut-Sourdéac. Il conseille également à sa mère et à sa sœur d'acheter “un panier de vin“ chez Duval : cela leur redonnerait des forces. Il parle de Jean-louis (Lainé) son beau-frère, qui lui a écrit et enfin il attend avec impatience le jour où la paix reviendra pour vivre heureux
Lettre de François Chevalier envoyée d'Auray le 16 septembre 1915. |
Auray 16 septembre 1915 (jeudi)
te donner de mes nouvelles qui
sont toujours très bonnes pour
le moment et je désire que
ma présente lettre te trouve
de même ainsi que ma mère
et Adrienne. Des nouvelles d’Auray
je n’en connais plus beaucoup.
pour le moment ils nous ont encore
dit hier de faire venir des certificats
de labour et de semailles. Moi,j’ai
reçu le mien, mais ils nous disent
pas quand ils commenceront à
nous faire avoir ces permissions.
Ce serait cependant le moment
de nous faire envoyer pour vous aider à
finir de battre le blé noir et
à tirer les pommes de terre car
il fait toujours beau temps et
si vous êtes obligé de battre avec
les fléaux, vous allez encore avoir
bien des fatigues. J’avais dit à
Marie de faire son possible pour
battre avec la batterie si elle
vient à Sourdéac. Ce sera bien moins
de train pour elle et toi. Ma chère
Jeanne je pense que tu doit
être bien maintenant car les
jours que j’étais en permission,
tu n’étais pas très bien. Ce ne doit
être que la fatigue de ces travaux
si pénible que vous avez eu
cet été. Marie est la même
chose que vous. Vous êtes trop
courageuse pour travailler et
vous ne vous soignez pas assez.
Te font dire à ma mère
et à Marie qu’il achète un
panier de vin chez Duval (pour)
eux deux et dans des moments
de fatigue vous en prendriez et
cela vous donnerait des forces et vous
remettrait un peu des travaux
si durs que vous avez enduré
pendant la moisson. Tu dira
cela à Marie car je ne mettrais pas
cela sur ces lettres car les autres n’ont
pas besoin de le savoir. Je lui
avais déjà dit cela quand j’avais été
en permission et il faut le faire
puisque vous travaillez si dur.
Il faut vous soigner aussi, et
mon beau-frère et moi nous
serons heureux de vous trouver tous
en bonne santé à la fin de
cette triste et dure campagne.
Et je vas te dire que j’ai
reçu des nouvelles de Jean Louis
les premiers jours de la semaine,
et toutes ces nouvelles sont très
bonnes. Il me dit qu’il venait
de recevoir de vos nouvelles
et il dit qu’il se porte très bien
et qu’il se trouve encore un peu
en arrière. Il me dit qu’il en avait
déjà envoyé une autre lettre,
il y a quelque temps, mais comme
les lettres nous sont si mal distribuées
à la compagnie, il se peut très
bien que je ne l’aurais pas touché.
Alors chère belle-sœur, je ne vois
plus grand chose à te dire pour
le moment. Ne vous faites pas
trop d’inquiétudes. Il faut espérer
que cela changera sans trop
tarder et qu’on aurait le
bonheur de se revoir heureux
et vivre en paix comme par le
passé. En attendant ce beau
jour de Paix et de liberté, je te
souhaite une bonne santé ainsi
qu’à ma mère et Adrienne
et je vous embrasse de tout mon
cœur. Bien le bonjour à Marie
et aux enfants. Ton beau-frère qui
pense toujours à toi et te serre cordialement
la main
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Lettre 8 du 1er octobre 1915
Il est alors au 79e régiment d'infanterie. Ce régiment à cette date attaque Maricourt (somme) après avoir enlevé à l'ennemi le plateau de Cappy, Dompierre, Becquincourt. Pendant ce mois d'octobre, ce sont des combats sanglants devant Maricourt, à Carnoy (somme), puis plus au nord, à Monchy (Pas de Calais), à Foncquevillers (Pas de Calais), Gommecourt (Pas de Calais).
Au commencement de novembre 1914, le régiment est jeté dans les Flandres, sur l'ennemi qui a repris l'offensive en direction de Calais, pour refouler la gauche du 79e et la séparer de l'armée belge. C'est alors la fameuse campagne de Belgique, du 12 novembre 1914 au 22 avril 1915, devant Saint-Julien, au Il Bonnet d'Evêque ", devant le gazomètre de Langemarck (belgique), à l'écluse d'Het-Sas, au pont de Steenstraate, au "Bois Triangulaire".
Il évoque son beau-frère, François Chevalier qui lui, se retrouve avec plusieurs conscrits de Glénac : “Le gars à Jean Danet du Pommerais, Chenais de Roussimel Le pelot de la Planchette et Jean Chevalier du Verger“. Il ajoute : "Moi, je suis tout seul de Glénac. Morice du Brelan était avec moi auparavant“.
Il écrit aussi : “il y a le beau-frère à Marchand de Sourdéac qui est toujours
…………… moi depuis de ……….cement on sait jamais ……. sait suis qui est avec moi sur mes photographies“.Il a dû envoyer des photos !
Il s'inquiète également pour sa mère et sa sœur. Comment vont-elles faire pour “piller le cidre“. Il termine en espérant que tout “cela en finisse au plus vite“.
Lettre de Jean-Louis Lainé envoyée le 1er octobre 1915. |
lettre qui m’a fait plaisir d’apprendre
votre bonne santé et pour vous
que je suis toujours en bonne
santé moi aussi pour le moment.
Et je désire que ma présente
lettre vous trouve de même qu’elle
me quitte. Chère sœur, tu me
demande s’il faut m’envoyer
des chaussettes de laine de brebis
avec mon tricot. Tu m’envoiera
une paire s’il me gêne
pas dans mes souliers. Tu
m’envoiera une autre paire
plus tard.je te dirais que
………voire de no………..
François Chevalier il …………
en bonne santé d’après ce qu’il
m’a dit, il est comme nous.
il est toujours en première
ligne de tranchée ils ont
beaucoup de camarades de Glénac
ensemble. Le gars à Jean Danet
du Pommerais, Chenais de Roussimel
Le pelot de la Planchette
et Jean Chevalier du Verger. Ils
sont tous ensemble. Moi, je suis
tout seul de Glénac. Morice
du Brelan était avec moi
auparavant. On n’est plus à
la même compagnie, on
se voit encore quelquefois.
Il y a le beau-frère à Marchand
de Sourdéac qui est toujours
…………… moi depuis de
……….cement on sait jamais
……. sait suis qui est avec
moi sur mes photographies.
Je ne vois plus grand chose à vous
dire. Vous souhaiterez bien le bonjour
à Marie de ma part ainsi qu’à
Tante et cousine surtout à Jean
Louis du bourg ainsi qu’à tous
les voisins du village. je te dirai
que j’ai trouvé le beurre
très bon. Tu me dis que vous
avez ramassé des pommes pour
faire du cidre. je ne sais pas
comment que vous allez faire
pour le piller rien que vous.
Vous devez encore en avoir du
rien ! Je ne sais pas si vous
en avez vendu, moi ça ne s’était
être bien faible …………..
en de moment si il doit ………
grand monde pour le …………
si vous pouvez encore trouver
du monde pour raccommoder
les barriques il doivent pourtant
en avoir da faire ………. que
voulez-vous. Vous ferez comme
vous pourrez, espérons que
cela finisse au plus vite.
Prions ce Bon Dieu qui nous
garde jusqu’à la fin et que
nous aurions le bonheur de nous
revoir. Je finis en vous embrassant
tous de loin en attendant
le plaisir de le faire de plus près.
7e compagnie
1ere section
secteur postal 17 6 au revoir
Ascendance et descendance simplifiée de Jean-Louis Lainé |
Ascendance et descendance simplifié de Alexix jean Danet “le gars à Jean Danet du Pommerais“ dont parle Jean-Louis Lainé dans sa lettre. Alexis Danet se retrouve visiblement affecté au même endroit que François Chevalier.
“Chenais de Roussimel, Le pelot de la Planchette et Jean Chevalier du Verger. Ils
sont tous ensemble.“
Alexis Danet est blessé à Maney en 1915.
Il est dirigé sur le fort de Vaujours le 18 février 1918. Il est “mineur métallique“
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Lettre incomplète, envoyée par Jean-Louis Lainé à sa sœur (sans doute Jeanne Marie épouse de François Chevalier). Le début de la lettre a disparu.
Il est encore au 79e régiment d'infanterie puisqu'il donne cette adresse en fin de lettre. Il ne passera au 175e régiment d'infanterie que le 10 septembre 1917.
Il veut se rassurer ou du moins rassurer sa famille quand il dit "Tu vois qu’on est heureux à la guerre enfin que veux tu, si on serait encore sûr de remporter sa peut, mais ce n’est point sûr“. Mais il est lucide "on est toujours sur le bord du précipice, on ne peut savoir l’heure et le moment qu’on peut y tomber“.
Lettre de Jean-Louis Lainé (non datée mais de 1915 ou 1916) |
bidon d’eau. Tu vois qu’on
est heureux à la guerre
enfin que veux tu, si
on serait encore sûr de
remporter sa peut, mais ce
n’est point sûr. C’est comme
je te l’ait déjà dit, on est
toujours sur le bord
du précipice, on ne peut
savoir l’heure et le moment
qu’on peut y tomber.
Alors il faut prier
le Bon Dieu et la sainte
vierge qu’ils nous protègent
pendant cette terrible
guerre et que nous aurons
le bonheur de nous
revoir (sans !) la guerre
que je demande à Dieu
tous les jours alors
Ma chère sœur je ne
vois vois plus grand chose
à te dire pour le moment.
Je finis en vous embrassant
tous de loin en attendant
le plaisir de le faire
de plus près, ton frère
qui pense toujours à
vous. jean Louis lainé
79e d’infanterie, 7e compagnie
1ere section secteur postal
1……. Donc au revoir
Tu me rendra réponse
aussitôt. Rien me fait tant
plaisir que de recevoir
des nouvelles de ses parents
cela désennuis
________________________________________________________________________________
Jeanne évoque la mort de Joseph Marchand des vaux et la permission de 6 jours de Alphonse Marchand.
Il y a deux hypothèses pour Alphonse Marchand :
• le premier, né le 5/10/1895 à la Chaussée de Haut, fils de Jean (tisserand) et de Françoise Marchand. Cet Alphonse était maçon. En octobre 1915, il était au 147e régiment d'infanterie
• le second, né le 17 mars 1887 aux Rues garel, fils de Guillaume et de Julienne Méaude. En 1914, réaffecté au 241e régiment d'infanterie.
La première hypothèse semble la bonne.
Glénac 28 octobre 1915 (jeudi)
ta lettre qui nous a fait
grand plaisir de savoir de tes
nouvelles que tu es toujours
en bonne santé. Tant qu’à nous,
nous sommes tous en bonne
santé aussi et pour te (dire !)
que je t’envoie un colis.
Un peu de beurre et un
peu de saucisson. Je t’avais
écris dimanche, je ne sais
pas si tu as reçu ma lettre.
Tu m’avais dit de t’envoyer
pour chasser les poux, je ne
sais pas quoi t’envoyer. Je
ne trouve rien. Je ne va pas
t’en mettre plus long pour
aujourd’hui car l’heure
s’avance pour porter ton
colis à la poste. Je te dirai
que Joseph Marchand des
Vaux est mort. L’enterrement
est aujourd’hui. Rien autre
chose. Alphonse Marchand
(est !) arrivé pour 6 jours.
…….. Au revoir, je termine
ma petite lettre en
t’embrassant tous de loin
en attendant le plaisir de
te revoir. Tes sœurs et ta
mère qui pensent toujours
à toi.Ta sœur
_________________________________________________________________________________
Lettre 10 du 22 octobre 1915
Lettre de Jean-Louis Lainé à sa mère et à sa sœur. Il confirme qu'il a bien reçu le tricot et la chaussettes, et voudrait bien recevoir “un petit colis de beurre“. Il retourne à nouveau dans les tranchées et espère n'en avoir “que pour 10 jours“. Le canon tonne nuit et jour. Il déplore avec tristesse le grand nombre de cimetières et invoque “le bon dieu et la sainte vierge“ pour le protéger afin qu'il puisse revenir travailler au pays. Il évoque également la vente de pommes “au prix que sont les pommes, ça ne paye pas le temps de les ramasser“. “faites comme vous pouvez“ dit-il à sa mère et à sa sœur.
Lettre de Jean-Louis Lainé du 22 octobre 1915 |
22 octobre (1915 ?)
Chère mère et sœur
Je rends réponse à
votre aimable lettre qui m’a
rendu heureux de savoir que
vous étiez tous en bonne
santé. Je vous dirais que je
suis en bonne santé mais aussi
(que !) pour le moment (é !) je
……… que ma lettre vous
(trouve !) tous de même qu’elle
me quitte. Chère sœur, tu me
demande si j’ai reçu mon tricot
et les chaussettes ? Oui, je te l’ai écris.
Ma (…….) lettre. Tu dois le
savoir maintenant. Tu m’as ………..
pas d….. ton..crite. J’en …….
touché une autre par ces
jours-çi. Tu m’enverra un
petit colis de beurre si tu
peu. chère sœur, je vois que
vous (êtes !) encore bien …….. ……..
(sans beurre !) ces jours-ci.
C’est bien malheureux d’être ici
loin de loin. Ici je serai
encore là mais cela vous aurait
pas tant donné d’occupation mais
que ………. on n’au pas près
de se voir si ça continue.
Je te dirais que je suis
encore entré dans les ….
tranchées hier soir. On (espère !)
qu’on n’a pour (10 !) jours.
Je voudrais bien le
dernier jour arrivé pour
en sortir de ces tranchées.
Il faut espérer que
j’aurais encore le bonheur
de m’en sortir cette fois-çi. Je
te dirais qu’il ne fait pas
bon. Le canon tonne jour
et nuit sans jamais arrêter
une minute. Il faut croire
que (…..) des permissions d…
bon dieu pour qu’il ne
sa…. pas plus d’accident que
cela encore. Si vous voyez
les cimetières qu’il….. parla.
C’est terrible à voir tout cela.
C’est bien triste espérant que
cela finisse au plus vite.
…. ant le bon Dieu et la sainte
vierge qu’il nous protègent
et nous gardent jusqu’à
la fin de la guerre et que
vous aurez le bonheur
de nous revoir après cette
dure campagne pour
travailler tous ensemble
comme auparavant sans
la guerre que je demande
à Dieu tous les jours. Je
ne vois plus grand chose
à vous dire pour le moment.
J’ai reçu des nouvelles de
François (Chevalier) ces jours-çi. Il est
toujours en bonne santé. Tu
me dis que vous avez
vendu du (…….) à la femme
de co..d… .. sait à celle d’en
bas vous n’avez pas près
d’avoir des sous. c’est comme tu
me dis si vous pouviez trouver
un homme pour raccommoder ………
barriques. Vous auriez encore plus
d’avantages à (rien !) vendre quelques barriques
parce que, au prix que sont les pommes,
ça ne paye pas le temps de les ramasser.
Enfin, faites comme comme vous pouvez. Vous ne
pouvez faire comme vous voulez. Rien autre
chose à nous dire. je finis en vous
embrassant tous de loin en attendant
le faire (heureux !) de le faire de plus près.
Ton frère,
J.L. Lainé aura (bien !)
_________________________________________________________________________________
Lettre 11 du 31 octobre 1915
Lettre, envoyée par Jean-Louis Lainé à sa mère (Marie Joseph Jagut) et à sœur (sans doute Jeanne Marie épouse de François Chevalier).
Il évoque une “gore“ qu'ont (sa mère et sa sœur) bien fait d'abattre, car il doit y avoir des risques de maladie dans leur ferme déplore-t-il : “je ne sais pas d'où que ça ... qui sont toujours malade comme ça ...“
Petits problèmes de barriques à régler avec “Marie Morin“ et “Matoux“ .
Dans une lettre précédente, sa sœur a dû lui faire part qu'il boit de l'eau alors que “c’est malheureux de boire de l’eau et avoir tant de cidre à perdre“
Enfin il parle de la triste mort du “pauvre Bertrait“ ! Qui est ce bertrait ?
Il évoque une “gore“ qu'ont (sa mère et sa sœur) bien fait d'abattre, car il doit y avoir des risques de maladie dans leur ferme déplore-t-il : “je ne sais pas d'où que ça ... qui sont toujours malade comme ça ...“
Petits problèmes de barriques à régler avec “Marie Morin“ et “Matoux“ .
Dans une lettre précédente, sa sœur a dû lui faire part qu'il boit de l'eau alors que “c’est malheureux de boire de l’eau et avoir tant de cidre à perdre“
Enfin il parle de la triste mort du “pauvre Bertrait“ ! Qui est ce bertrait ?
Lettre de Jean-Louis Lainé du 31 octobre 1915 |
dimanche 31 octobre (1915)
Chère mère et sœur
Je rends réponse à votre lettre qui fait grand
plaisir d’apprendre de vos nouvelles, surtout
d’apprendre que vous étiez tous en bonne
santé, tant qu’à moi, je suis toujours en
bonne santé. Mais pour le moment
je désire que ma présente lettre vous
trouve de même qu’elle me quitte. Je vois par
ta lettre que vous n’avez pas eut de force
avec votre gore. vous avez bien fait
de la tuer. Vous auriez encore put la
perdre. Ça n’aurait pas été une petite
perte. Je ne sait pas d’où que ça ……..
qui sont toujours Malade comme ce …
Je te dirais que j’ai reçu des nouvelles
de François. Il m’a dit qu’il était en
repos pour 20 jours. Il est bien content.
Il m’a dit aussi que mon filleul était
malade. Je ne sais pas s’il est guérit.
Chère sœur tu me dit ainsi que tu as
été en …….. J’.. … à Bertrait.Il
doit être bien chagrin le pauvre
Bertrait. C’est bien triste de mourir
comme cela aussi. Enfin que veux-tu, il
sont m(ort !) bien santé si ça continue
… ….. pour tous comme … …. …. Il
meurent tous les jours. Je te dirais qu’on
a été relevé de tranchée d’hier mais
… ….. …….. longtemps on doit
…. très .. …. ça va vite être passé
… aujourd’hui dimanche je vais allé à
la messe et a confesse pour faire
ma fête demain matin tant que
j’y suis en mai…. Chère sœur tu me
dis que Matoux dit qu’il m’a prêtée
des barriques à moi. Je n’ai jamais
eut ma connaissance de ses barriques. Il
doit se tromper ce n’est pas à moi qu’il
avait prêtée ces barriques. Tu peux
lui dire cela à Marie Morin que je n’ait
pas vut ces barriques. Chère sœur tu me
dis que vous m’avez envoyé un colis
dans la semaine. je ne sais pas. Rien
ne vous me paraît envoyé. je dois le
recevoir ces jours-çi. Je vous écrirais
sitôt que je l’aurait reçu. Chère sœur
tu me dis que c’est malheureux de
boire de l’eau et avoir tant de cidre
à perdre. Oui, c’est bien malheureux
bien sûr. Dans mes huit jours
que j’ai passé en tranchée la
dernière fois j’ai peut tr……. ..
_______________________________________________________________________________
Lettre 12 du 1er novembre 1915
Lettre envoyée par Jean-Louis Lainé à sa mère et à sa sœur à qui il dit qu'il a “trouvé les noueix très bonne“ et ça lui apporte du réconfort avant de retourner avec de l'appréhension en tranchée, car son secteur est un des plus mauvais. Il est toujours au 79e régiment d'infanterie, 7e compagnie.
Chère mère et sœur
Sitôt je rends réponse à votre lettre
dont elle m’a fait plaisir
en apprenant que vous étiez tous
en bonne santé. Tant qu’à moi
………. en bonne santé aussi pour
……..mant à je désire que
ma présente lettre vous trouve
de même qu’elle me quitte. je te
dirai que j’ai reçu mon
colis en même temps que la lettre.
je vous dirait que j’ai trouvé
les noix (noueix) très bonne. Je vous
remercie beaucoup cela va me
ramener un peu avant de
retourner en tranchée. On doit
retourner demain ou après-demain.
Il faut espérer que j’aurai
encore le bonheur de revenir
cette fois-çi encore. Mais si on doit
encore attaquer comme on veut
dire, il ne fera pas très bon.
Le secteur n’est pas très bon
à avancer, mais un des plus mauvais
secteurs. Je vous dirai que j’ai
été faire ma (faite !) ce matin….
dont je me suis trouvé ………….
de pouvoir faire cette f…………
Je vous ai envoyé une autre
lettre hier. Vous avez dû la
recevoir. Alors ma chère mère,
je ne vois plus grand chose à
nous dire pour le moment. je
finis en vous embrassant tous
de loin en attendant le plaisir de
le faire de plus près. Ton frère
qui pense toujours à vous
Jean Louis Lainé
79e d’infanterie - 7e compagnie - 1ere section
secteur postal ……..
Bien le bonjour à Marie, à
ses enfants et à Jean Louis et à tous
les voisins rue Nevoux
_______________________________________________________________________________
lettre 14 du 29 décembre 1916
Lettre pour les vœux, envoyée par François Chevalier de Berck-Plage à sa belle-sœur (Marie-Françoise Cheval, épouse de son frère aîné Louis).
Il évoque qu'il vient d'avoir une perfusion au bras et il “trouve que les douleurs sont moins violentes qu'il y a quelque temps“. Est-ce à cause de ses problèmes de raideur à la colonne cervicale ?
Sa fiche matricule dit ceci : "mal de Pott sous occipital, état général déficient, nécessité du port d'un corset et incapable d'aucun travail.Pas d’abcès, dysphargie intermittente invoquée, parésie du membre supérieur droit avec fourmillement, parésie du membre inférieur gauche, marche douloureuse et pénible, port d’un appareil prothétique“
cheveux châtains, yeux gris, front ordinaire, nez fort, bouche moyenne, menton rond, visage ovale, taille1.61m
Il signe : votre gendre et beau-frère.
Lettre de François Chevalier du 29 décembre 1916 |
Berck Plage 29 décembre 1916
ainsi que de ma mère et ma
belle-sœur Adrienne pour vous
offrir mes vœux les meilleurs et
les plus sincères pour l’année
nouvelle qui va commencer, faut
espérer qu’elle serait meilleure que
celle qui vient de finir et es(pérer)
que le bon Dieu met fin à
accorde une Paix victorieuse que
nous attendons et que nous
désirons tous. Enfin chère belle-
sœur je désire que ma lettre
vous trouve toute en bonne santé
à la maison. Tant qu’à moi
ça va un peu mieux ces jours-
ci aussi les dernières perfusion
qu’il m’on fait ces temps-ci
(à)mon bras m’ont bien soulagé
(Je) trouve que les douleurs sont
moin(s) violente(s) qu’il y a quelque temps
Jean-Louis se porte bien? Il y a
déjà un peut que je n’ai pas
reçu de ces nouvelles. je va lui
écrire en même temps qu’à toi.
je pense qu’il doit bientôt
pensé à aller en permission.
Enfin chère belle-sœur je ne vois
plus rien à te dire pour aujourd’hui.
Je va terminer ma lettre en
vous souhaitant une bonne santé
et une bonne et heureuse année
accompagné de vient d’autre et le Paradis
à la fin de mes jours. Votre gendre
et beau-frère qui vous embrasse et pense
bien à vous
_________________________________________________________________________________________________
lettre 15 du 4 avril 1918 (jeudi)
Lettre de François Chevalier à sa belle-sœur (Marie-Françoise Cheval, épouse de son frère aîné Louis).
Il envoie cette lettre alors qu'il est à Berck-plage sur la côte d'opale (Pas-de-calais).
Il évoque son beau-frère Jean-Louis Lainé : “Je crois qu’il est mieux là-bas qu’en France“. Effectivement, Jean-Louis a été affecté en renfort pour l'armée d'Orient. Il est au 45e régiment d'infanterie le 10 novembre 1917.Il envoie cette lettre alors qu'il est à Berck-plage sur la côte d'opale (Pas-de-calais).
Il parle de Marie (sa soeur Jeanne Marie mariée à Joseph Cheval) qui souhaitait aller le voir à paris, mais il l'en dissuade car “ce n'est pas très prudent de voyager sur les lignes par ici depuis l'attaque“. Marie et son époux Joseph Cheval décident “d'affermer leur maison à Joseph Riot“.
En avril 1918, les Allemands profitent du cessez-le-feu et de la paix à l'est avec les russes pour redéployer leurs troupes à l'ouest (60 divisions) et porter leurs ultimes efforts sur le front français. 4 offensives de mars à juillet qui seront toutes bloquées. Celle du 21 mars 1918, l'opération “Michaël“ frappe par surprise et avec violence les troupes britanniques qui y sont exposées. Utilisant à plein leur supériorité numérique (58 divisions contre 16), les Allemands réalisent en quelques heures une large trouée dans le front britannique. Plusieurs divisions sont littéralement détruites, comme la 16e (irlandaise), la 36e et la 66e. Les unités qui n'ont pas été disloquées se replient en combattant, dans un contexte de panique ; les routes sont encombrées, l'artillerie allemande sème le chaos. Amiens se trouve rapidement menacé, ce qui oblige les Britanniques à envoyer massivement des réserves pour tenter de combler la brèche.
La seconde phase de l’offensive allemande (opération “Georgette“, également connue sous le nom de “bataille de la Lys“), est lancée en Flandre française le 9 avril. Pour Ludendorff, elle fait figure de “quitte ou double“. Le scénario se révèle identique au premier épisode : une percée spectaculaire sur la Lys, la prise rapide d’Estaires (9-10 avril, accompagnée de l’incendie de la ville) et de la crête de Messines(10-11 avril), une avance vers Hazebrouck qui vient mourir à proximité de ce carrefour ferroviaire de grande importance (12-15 avril), la destruction et la capture de Bailleul (12-15 avril), une première bataille sur le Mont Kemmel (17_19 avril), un nouvel échec pour atteindre Béthune qui entraîne le bombardement massif de tout le centre de la ville.
Pour venir en aide à son allié en péril, Foch décide d’envoyer des troupes françaises en renfort. Ce sont des unités françaises qui subissent le bombardement apocalyptique de la “seconde bataille du Kemmel“, les 25 et 26 avril. Malgré l’ampleur de leurs pertes, les Alliés parviennent à stabiliser le front. Le 29 avril, la Kaiserschlacht s’achève par un constat d’échec.
En mai, les Allemands percent les lignes françaises au Chemin des Dames, atteignent la Marne et bombardent Paris avec la “grosse bertha“. Ce sont à ces épisodes que pense François Chevalier quand il dissuade Marie de venir le voir à Paris.
En mai, les Allemands percent les lignes françaises au Chemin des Dames, atteignent la Marne et bombardent Paris avec la “grosse bertha“. Ce sont à ces épisodes que pense François Chevalier quand il dissuade Marie de venir le voir à Paris.
(en fait, ce sont des tubes de canons de marine à longue portée montés sur rail, d'un calibre de 380mm, appelés “Pariser Kanonen“.La longueur du tube faisait 36m. La portée de tir alla jusqu'à 126 km. Les obus tirés atteignaient 42 km à l'apogée de leur trajectoire).Cachés dans la forêt de Saint-Gobain, près de Crépy-en-Laonnois, au nord-est de Paris, deux “bertha“ commencent à pilonner Paris le 23 mars 1918. Les canons sont réglés sur le Palais de Justice sur l'île de la Cité pour une distance de 121 km. Un premier obus tombe sur la place de la République. Un second projectile tombe rue Charles V, puis un troisième éclate boulevard de Strasbourg. 21 impacts sont dénombrés sur Paris au soir du 23 mars. 185 obus seront tirés. les canons sont transférés à Beaumont-en-Beine dans le bois de Corbie à 109 km de Paris. Du 27 mai au 11 juin 1918, ils tireront 104 obus avant d'être retransférés à 15 km au nord de Château-Thierry situé à 91 km de la capitale. Seulement 14 obus furent tirés de cette position entre le 16 et 17 juillet. Re-trnasfert à Beaumont-en Beine où 64 obus furent encore tirés entre le 5 et 9 août 1918. Au total 400 obus furent tirés dont 351 atteignirent la ville de paris pendant plus de quatre mois, causant la mort de 256 personnes et en blésant 620 autres. Aucun des canons de paris ne tomba entre les mains des Alliés).
On comprend mieux la remarque de François Chevalier pour dissuader Marie de venir le voir à Paris.
Le 15 juillet, une dernière attaque, en Champagne, se heurte à la contre-offensive de Foch, qui à partir du 8 août, lance depuis la forêt de Villers-Cotterêts une grande offensive franco-anglaise, appuyée par 500 chars.
La “bataille de France“ est engagée. Elle implique 171 divisions alliées. Le 26 août près de Lille, les Britanniques parviennent à percer la ligne Hindenburg derrière laquelle les Allemands avaient fini par se replier. En septembre, Français et Américains font de même dans la région de Verdun. Une offensive franco-belge dans les Flandres repousse, peu après, les lignes derrière l'Escaut et la Meuse. Enfin, du 13 octobre au 11 novembre, une dernière grande offensive contraint les Allemands à demander la fin des combats.
La “bataille de France“ est engagée. Elle implique 171 divisions alliées. Le 26 août près de Lille, les Britanniques parviennent à percer la ligne Hindenburg derrière laquelle les Allemands avaient fini par se replier. En septembre, Français et Américains font de même dans la région de Verdun. Une offensive franco-belge dans les Flandres repousse, peu après, les lignes derrière l'Escaut et la Meuse. Enfin, du 13 octobre au 11 novembre, une dernière grande offensive contraint les Allemands à demander la fin des combats.
Lettre de François Chevalier du 4 avril 1918 |
Berck Plage 4 avril 1918 (jeudi) - (lettre de François Chevalier)
Qui sont toujours bonnes pour
le moment jet e désire
que ma présente lettre te
trouve en bonne santé ainsi
que ma mère et ma belle
soeur. Adrienne. J'ai reçu
une lettre de Marie le jour
de Pâques et j'ai été très
heureux de voir que vous
êtes tous en bonne santé
par là. J'ai reçu
des nouvelles aussi de mon beau-
frère Jean-Louis, Il me dit
porte toujours bien pour
le moment. Je crois qu’il
est mieux là-bas qu’en France.
Marie ne me parle pas
si elle reçoit toujours bien
mes lettres. Il y a des camarades
qui disent que depuis que
cette grande attaque est
….. en….. leur P…net disent
qu’ils ne reçoivent pas bien
leurs lettres ou quand ils les
reçoivent, c’est avec un
long retard. Donc, s’il en
est de même pour les miennes
il ne faut pas s’en étonner,
c’est que les communications
ne marche (nt) pas très bien
en ce moment-ci. Donc
il ne faut pas faire attention
à cela.
une longue lettre lundi.
Si elle ne les reçoit pas
elle va être bien en peine
Nous autree(s) on les reçoit qu’avec
une journée ou deux de retard.
je pense qu’elle a reçue mes
lettres de la semainee dernière
ou je lui disais que je ne
comptais plus qu’elle viendrais
me voir car ce n’est pas
très priudent de voyager sur
les lignes par ici depuis
l’attaque. Je lui avais dit
de venir mais c’étais dans
l’intention de faire des arrange-
ment(s) avec Joseph Cheval
pour leur maison mais
pour le moment ils se sont
décidé de l’affermer à Joseph Riot
me voir. Vous pourrez à
Marie d’être tranquille. Plus
tard si je serais encore longtemps
ici, tu viendrais avec Marie.
Ça te ferais une occasion de
voir Paris mais vous devez
voir par les journaux ce qui
se passe à paris en ce moment.
Alors ce n’est pas le moment
de visiter cette ville. Autrement
les nouvelles du front ne sont
pas mauvaises ce(s) jours-ci
l’ennemi est arrêté partout.
Alors chère Belle-sœur je ne
voie plus rien à te dire pour
aujourd’hui. je termine ma
lettre en te souhaitant une
très bonne santé ainsi qu’à ma
mère et ma belle-sœur Adrienne
et en vous embrassant de tout cœur
avec ma femme et mes chers enfants
__________________________________________________________________________________________
Enveloppe
enveloppe verso (tampon du 28/01/1915 - la F…… Morbihan)
C'est l'hôpital complémentaire n°28 situé au 108 rue de Dun à Bourges,dans l'asile départemental d'incurables. Il possède 560 lits en décembre 1914.
L'adresse au verso de l'enveloppe a été écrite à l'encre violette. C'est sans doute Jeanne Lainé qui a dû l'écrire après avoir reçu la lettre.
l'adresse écrite à la plume, l'a été par Jeanne Lainé |
Chevalier François
à l’hôpital temporire
numéro 28 - salle le
Bourges (Cher)
enveloppe recto (tampon : ambulance - le médecin-chef)
Mademoiselle Jeanne lainé
village de la Pichardais
en Glénac par la Gacilly
Morbihan
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Si, des familles, enfants ou petits-enfants de “poilus“ de Glénac, possèdent dans leurs archives familiales, des documents, lettres, cartes postales, photos... liés aux évènements de 14-18, pourraient-elles me joindre au 06 88 83 23 50 afin, le cas échéant, d'évoquer ces souvenirs de la grande guerre et ainsi les faire partager dans une page de ce blog.
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