vendredi 27 février 2015

Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac (1620-1695) : audience de 1687 au Parlement de Paris

Dans un recueil de Pierre Clairambault (1651-1740), Généalogiste des Ordres du Roi sous les règnes de Louis XIV et Louis XV, où il a réuni des notes manuscrites, gravures,  à propos entre autres de personnages qui ont été décoré de l'Ordre de Saint-Michel et de Saint-Esprit, se trouve deux documents imprimés concernant pour le premier : Jean de Rieux défendeur, contre Claude Marie, Receveur des domaines en Picardie, demandeur, à propos de l'usage fait par jean de Rieux de l'usage de son Privilège de Secrétaire du Roy. Pour le second : Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac à propos d'une audience au parlement de paris le 11 août 1687.

C'est ce deuxième document de 31 pages imprimées qui nous intéresse, et qui relate une audience présidée par Claude Guillard, et assignant à comparaître Alexandre de Rieux marquis de Sourdéac et son épouse Hélène de Clère afin qu'il répondent aux requêtes de nombreux créanciers. 
première des 31 pages du “Factum“ de l'audience du 11 août 1687 où Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac et son épouse Hélène de Clère, sont assignés pour répondre aux requêtes de nombreux créanciers.
en signature : Bataillon est le procureur des sieurs Bougard et du vaux, créanciers
Portrait d'Alexandre de Rieux
Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac, d'Ouessant, baron de Neufbourg, né vers 1620, est l'un des sept enfants de Guy de Rieux premier écuyer de la reine Marie de Médicis (1597-1640) et de Louise de Vieuxpont,dame de Neufbourg, dame d'honneur de la reine marie de Médicis (1597-1646). Son grand-père est René de Rieux, seigneur de Sourdéac, marquis d'Ouessant, chevalier des ordres du roi, lieutenant général en Bretagne, gouverneur de Brest (1548-1628) marié à Suzanne de Saint-Melaine, dame de Bourg l'Evesque ( -1616).

Alexandre de Rieux, se marie le 10 avril 1641 (il est âgé d'une vingtaine d'années) à Hélène de Clère, dame d'un fort grand mérite, qui s'est toujours distinguée par son esprit et sa vertu (1620-1703), fille de Louis de Clère et de Louise des Courtils.

Alexandre et Hélène auront six enfants : Paul Hercule 1645-1709 non marié. Ses titres passeront à son cousin Jean-Sèvère de Rieux de la branche d'Assérac. Louise, religieuse, dame chanoinesse à Remiremont, morte après 1686, qui deviendra propriétaire d'Ouessant vers 1701, par suite de l'abandon que lui fera de ses droits René-Louis, son frère. Anne Hélène dame chanoinesse à Remiremont, morte après 1686, René Louis, comte de Rieux marié à Elisabeth de Nivelle, mort sans enfant en février 1713. Henri, officier dans le régiment des gardes, 1658-4/12/1693. Charlotte, évoquée au même titre que ses sœurs Louise et Hélène, dans une requête des créanciers contre leur père Alexandre en 1687.
Peu d'informations sur les années entre 1640 et 1650.
On sait qu'il achète le 17 septembre 1645, le fief de La Gacilly en Cournon à Jean du Houx et Charles de la Bourdonnais pour 11.000 livres.

Vers 1650, les terres de Sourdéac lui échoient, et à la même époque il est dit : posséder l'hôtel Sourdéac, rue Garancière à Paris.

Il est réputé pour être assez adroit et “serrurier à ses heures“ au point d'être un inventeur de “machines“ pour des spectacles.

En gris, les familles royales
en bleu, la famille Rieux
en jaune, musiciens et librettistes

Par ailleurs, il est décrit comme étant un personnage original. Tallemand des réaux a dit de lui : “Il se fait courir par ses paysans comme on court un cerf et dit que c'est pour faire exercice“. Il n'y a pas de meilleur serrurier au monde, ajoute également Tallemand, il travaille de la main admirablement. Il travaillait si bien que, de serrurier et de mécanicien, il devint machiniste et entrepreneur de spectacles. Il fit construire dans son hôtel à Paris, une salle de spectacle où il représentait gratis les œuvres de Corneille.

Vers 1645, le cardinal Mazarin, introduit l'Opéra à Paris et fit représenter au Petit Bourbon devant le roi Louis XIV et la reine-mère Anne d'Autriche, une pièce italienne avec décors et machines de Torelli, intitulée “La festa teatrale de la finta Pazza" de Strozzi. La nouveauté étant dans les changements de scène jusqu'à présents inconnus en France.
“On y était impressionné par les décors, s'émerveillant que dedans le même temps nous voions mille lieux, des ports, des ponts, des tours, des jardins spacieux, et dans le messe lieu, des scènes différentes“ selon certains commentateurs.
Torelli représenta le Pont Neuf, avec la statue de henri IV, l'entrée de la place dauphine avec les tours de Notre-Dame et la Sainte-Chapelle dans le lointain.
La “Finta Pazza“ tait une comédie lyrique, un opéra bouffon, une parade musicale, un mélodrame où le noble se mêlait au comique, et dont les intermèdes présentaient un ballet de singes et d'ours, une danse d'autruches, une entrée de perroquet.
Cette représentation de 1645, a été en quelque sorte un prélude, à celles qui apparaîtront dans les années suivantes et qui seront précurseurs de ce qu'on appellera l'Opera français.

Alexandre de Rieux du fait qu'il demeure à Paris dans son hôtel de la rue Garancière, du fait de sa position au sein de la noblesse, n'a pas pu ne pas être informé de cette première représentation de 1645, d'autant que sensible à l'aspect décor et machinerie de ces représentations, il a dû vouloir mettre son talent de serrurier et s'exercer à construire ces fameuses machineries.

le marquis de Sourdéac "s'était fait connaître comme pirate sur les côtes bretonnes, faux monnayeur, assassin, usurier, voleur, rapportant du marché sous son justaucorps du gibier ou de la morue. Il ne cessait de jurer et de blasphémer. Il fréquentait les cabarets, les lieux infâmes, et aurait entretenu publiquement plusieurs femmes (...) Ces faits, rapportés dans un manuscrit conservé dans les archives de la Comédie Française, sont confirmés par d'autres sources. Dans son testament olographe, ce singulier aristocrate, ne reconnut-il pas  “avoir une fille naturelle nommée Anne (appelée également Manon) qu'il avait dû mettre en pension ?“
* L'opéra à Paris au temps de Louis XIV de Jérôme de La Gorce

S'agissant de l'allégation de “piraterie sur les côtes bretonnes“ : sans doute avant 1645 ! Peut-être avant son mariage en 1641 ! Il était alors âgé d'une vingtaine d'année. Peut-être est-ce lié à ce que sa grand-mère maternelle : Renée-Lucrèce de Tournemine, marquise de Coëtmur ainsi que son arrière grand-père Jacques de Tournemine, marquis de Coëtmur,  avaient des terres dans l'évêché de Léon en Landivisiau, à Pommelvez, entre Brest et Morlaix, donc pas très éloignées des côtes bretonnes. À moins que ce ne soit lié au statut de son grand-père maternel : Alexandre de Vieuxpont qui était vice-amiral de Bretagne en 1593.
Le 20 octobre 1662, le marquis de Sourdéac (Alexandre de Rieux) donne son accord pour l'agrandissement de l'église Saint-Thuriau de Landivisiau (elle remplaçait un ancien édifice datant de 1544 dont seulement le clocher et le porche ont été conservés).
Par ailleurs, un autre épisode le concerne dans cette région en 1688. Il s'agit d'un procès* des chapelains de l'église tréviale de Landivisiau à propos de dîmes perçues dans la paroisse de Pommelvez dont une chapellenie avait été fondée le 4 janvier 1555, par François de Tournemine et Renée de Saint-Amadour (les trisaïeuls d'Alexandre de Rieux). Alexandre de Rieux : défendeur, contre Messire Grimault chapelain  et Messire Guy d'Alloiguy de Boismorant, chevalier de Jérusalem et commandeur de Pommelvez : demandeur. La question soulevée l'était à propos de dîmes inféodées et de dîmes ecclésiastiques. Sur la requête de Grimault, Alexandre de dieux est condamné par sentence, à libérer les dîmes et autres droits pour l'entretien de la chapellenie. 
*Consultation et observations sur la coutume de Bretagne par Pierre Hevin



Alexandre des Rieux, marquis de Sourdéac, entrepreneur bien peu scrupuleux flanqué de son double patibulaire, toujours inspiré à s'approprier et exploiter les idées d'autrui..., 
http://operabaroque.fr/Cadre_baroque.htm

Un jour, il (Alexandre de Rieux) était monté sur le cheval de bronze du pont Neuf, afin de mieux voir les exploits des jeunes seigneurs de sa bande, qui détroussaient les passants. Le guet le surprit lorsqu'il était posté sur le cou du quadrupède avec le comte de Rochefort ; la bride sur laquelle il s'appuyait vint à casser, et le guet le releva tout sanglant.
Source : L'Académie impériale de musique par Castil-Blaze, Opéra de Paris

Le contrat de société passé avec Perrin en 1669, est rompu au bout de trois mois, et simplement remplacé par des conventions verbales, source de confusion.


Les prétentions de Sourdéac et Champeron sont que le privilège de Perrin leur appartient parce que, disent-ils, celui-ci l’a obtenu en leur nom, ou parce qu’il le leur a donné en pur don pour en disposer comme bon leur semblerait, ou encore parce qu’ils ont en main une quittance de deux cent livres de Perrin, à la suite de laquelle il est dit qu’il aurait accepté pour tout salaire une pension de deux mille quatre cent livres par an.
A cela, Perrin répond que cette mention a été ajoutée après coup. Il est indigné devant cette supercherie qu’il traite de “faux en écriture“ et surtout devant cette dépréciation méprisante de ses droits d’inventeur et d’auteur, n’a plus de bornes. 
De même s’écrit-il du fond de sa prison, “qu’on lui avait volé son privilège, on veut de plus lui voler le fruit de son talent… Sourdéac parle de musique, mais il ne se cognoist qu’en menuiserie, et est le héros d’une trentaine de compagnons dont il conduit le rabot et le ciseau à sa fantaisie, et le moindre desquels en sçait plus long que luy… Estre bon machiniste ne suffit pas pour estre le chef d’une Académie aussi fameuse que celle de l’Opéra où les élèves ne doivent point apprendre à faire des machines… Il y a assez de menuisiers en France.“


Les archives de la Comédie française conservent un volumineux dossier relatif à ces longs procès, et ce dossier se trouve considérablement accru par des pièces de procédure entièrement personnelles au marquis de Sourdéac. des oppositions, des arrêts lui étaient signifiés chez les comédiens ; on y opérait même des saisies contre lesquelles ils furent parfois obligés de se défendre. On sait de reste qu’il ne payait que contraint et forcé, et quand ses créanciers avaient plaidé devant toutes les juridictions, et usé du papier timbré sous toutes ses formes.
Ces grimoires de procureurs et d’huissiers n’ont aucun rapport avec l’histoire de l’Opéra. Mais parmi ces pièces de procédure ayant trait presque toujours à des poursuites de créanciers, il en est qui appartiennent à un procès que son fils, le chevalier René de Sourdéac, eut à soutenir contre lui en 1688.
Ce n’était pas le premier, car lors du mariage de ce fils en 1682, son père avait élevé contre cette union des contestations qui ne cessèrent qu’en vertu d’un arrêt de la Tournelle.
En cherchant bien, on trouverait aussi sans doute quelques mémoires relatifs au procès de Sourdéac avec sa malheureuse femme, qui finit par obtenir la séparation judiciaire.
Le désordre en tout et la manière de comprendre les affaires du seigneur de Neufbourg étaient bien faits pour déranger la plus grande et la plus solide fortune. Les désastres arrivèrent donc, et les embarras contre lesquels il avait à se débattre finirent par devenir inextricables.
Un mémoire de la marquise explique que dès 1687 ou 1688, tous les biens de son prodigue époux étaient sous séquestre, qu’il avait des curateurs judiciaires et que ceux-ci “ayant les mains pleines“, étaient accusés de chercher à éterniser les débats. La chose ne leur était que trop facile, vu le grand nombre de créanciers à satisfaire, la multiplicité des opérations de toute nature à démêler, et la quantité des procès à soutenir ; le gaspillage continua donc après comme avant.

(p.316)
Madame de Sourdéac qui était intervenue dans cette liquidation si embrouillée, pour sauver sa dot et un douaire assez considérables, demandait qu’il fut versé 12000 livres par provision et démontrait qu’il était possible de les lui donner d’après les revenus des terres de Neufbourg, de landivisiau, de Sourdéac, de Bourg-Lévesque, de l’île d’Ouessant, y compris la valeur de l’hôtel de la rue Garancière.
Le mémoire ajoute : 
“Au temps que la dame de Sourdéac n’estoit pas séparée, qu’elle n’avoit de pain quasi que par grâce, et que toutes ses prétentions vraies ou fausses, nouvelle ou anciennes contre le sieur de Sourdéac luy faisait obstacle, la Cour lui a toujours donné six mille livres par an jusques et y compris le 6 septembre 1686… Elle n’a aucune terre ni maison de campagne où elle puisse aller faire quelque épargne… en un mot, elle est sans pain.“

La branche Sourdéac de la maison de Rieux fut complètement ruinée.
Le marquis mourut le 7 mai 1695. Il laissait un fils et quatre filles, dont deux étaient entrées en religion

En 1710, ce fils, le chevalier René de Sourdéac, présenta un mémoire au Roi pour obtenir le maintien de quelques droits qui lui revenaient sur l’île d’Ouessant. Il appuyait sa demande en établissant par plusieurs tableaux généalogiques que la maison de Rieux de Sourdéac était au quatrième degré de parenté avec Henri IV ; qu’elle avait toujours été aux troisième, quatrième, cinquième et sixième degrés de parenté avec tous nos rois ; qu’elle descendait par les femmes de toutes les têtes couronnées de l’Europe, et qu’elle tirait son origine des anciens rois de bretagne.
Mais il n’en avouait pas moins tristement qu’après le “désordre de sa famille“, la maison de Sourdéac était “une maison chancelante qui n’osait quasi plus se montrer ; qu’elle avoir perdu ses dignités, ses honneurs et ses biens, et que ce qui lui en restoit estoit plustôt un triste souvenir qui lui représentait sa perte, quun secours pour se relever“
Trois ans après, le signataire de cette supplique pourut, et avec lui s’éteignit la branche de Rieux de Sourdéac.
Origine de l'opéra français, d'après les minutes des notaires, les registres de la Conciergerie -Ch Nuittier et Ernest Thoinan (1886)

Dans un document conservé dans les archives de l'Opéra français, une pièce de police, ou un mémoire de procureur, ou une notre d'avocat relate des faits concernant Sourdéac et Champeron et brosse de ces deux personnages un portrait peu flatteur :

Champeron qui se fait nommer Laurens de bersac de Fondant, essuyer sieur de Champeron, s’appelle Laurens Bersac, est fils d’un sergent (ou laboureur) du bourg de Rancon en Limousin ; sa maison est une chaumière dans le bourg, dont les deux tiers appartiennent à une celle du verger habitante du lieu.
Il a premièrement esté sergent (bas-officier de justice qui remettaient les exploits, dansaient les saisies et exécutaient les prises de corps), et puis commis en de petits bureaux à p ris ; ensuite il fut employé dans les gabelles de la comté d’Eu, puis il se jeta dans les fermes des Aydes et fut sous-fermier des Aydes de l’Election de Tonnerre en l’année 1659, avec les nommés des Bordes et Rossin qu’il a trompés et ruinés. Il est chargé de dettes et notoirement insolvable ; et a passé la meilleure partie de sa vie dans les prisons ou dans la retraite ainsi que l’on peut justifier par divers escrocs du Chastelet, du Fort l’Evesque et de la Conciergerie.
Il se dit veuf, et la vérité est qu’il a sa femme qui porte son nom et demeure en Grève dans une sienne maison ; d’avec laquelle il est séparé depuis dix-sept ans à raison de ses mauvais traitements et de son insolvabilité.
Il a esté taxé à la chambre de Justice comme Traitant (les Traitants recouvraient les impôts et deniers publics à des conditions réglées par un traité avec les fermiers généraux) à 2000 livres lesquelles à raison de sa pauvreté, ont été réduites à 500 livres.
Il a esté recherché comme faux noble et prenant faussement la qualité d'Escuyer, laquelle on l’a obligé de rayer et l’a-t-on condamné à l’amande.
Il a esté dénoncé à la chambre de Justice pour plusieurs fausserez par lut commises dans sa commission des Aydes de Tonnerre, pour raison desquelles il y a eu des informations à Troyes par le Subdélégué du Procureur Général d’icelles, et décret de prise de corps en vertu duquel il a esté prisonnier au Fort l’Evesque d’où il n’est sorti qu’à caution de se représenter à toutes assignations.
Il a deux frères : un nommé la Lande qui se fait à présent appeler Fondant, qui a esté aussi sergent et depuis commis à Blaye à la recette du convoy de Bordeaux ; ensuite, ayant les droits cédés de son frère en l’Election de Tonnerre, il y a ruiné plusieurs honnestes familles par procez et chicannes. C’est celuy qu’il a estably receveur des deniers de l’Opéra.
L’autre frère est un moyne de Saint-Benoist, lequel il a commis au gouvernement des Machines sous le marquis de Sourdéac ; qui place à l’Opéra le peuple dans les loges et y fait plusieurs actions scandaleuses sur le théâtre comme de siffler pour les Machines, et traiter les filles de discours et d’action infâmes comme elles mesme le témoigneront.
Il a logé ces deux frères avec luy dans l’Académie. Il a trois sœurs, dont il y en a deux très pauvres, retirées dans le prieuré du susdit moyne, qui vaut cent escu de revenu ; et l’autre est mariée à un notaire d’un village à trois lieus de Rancon, qui a deux enfants, dont l’un estudie à Poitiers.
Ce sont gens chargés de crimes et de debtes, qui ont trente procès en toutes juridictions avec M. de Bergy auditeur ; Thomas serrurier ; Bossières avocat au conseil ; Giraut, commissaire du dit Champeron ; Pioggion, pour la terre du Tronchoy, lequel ils ont ruiné ; Renouuellen, Barbier, Ravès.

Le faux noble de Bersac, de Fondant, de Champeron, n’était, on le voit, ni un financier, ni un homme fort riche, ainsi qu’il a été faussement qualifié par beaucoup d’historiens de l’Opéra ; couvert de dettes et insolvable au premier chef, ce repris de justice, poursuivi “en toutes juridictions“ allait bien de pair avec un gentilhomme taré et avili comme l’était le marquis de Sourdéac.
Accouplés ensemble, aidés du recors et du moine, les dignes frères de Champeron, ils ne pouvaient vraiment faire que de fort vilaine besogne, et ils n’y manquèrent pas.

M. de Sourdéac, au contraire, est un homme de la première naissance du royaume, chef des cadets de la Maison de Rieux, l’une des branches de celle de Bretagne. Avec cela c’est l’homme du monde le plus roturier dans sa conduite et dans ses mœurs. Il n’a jamais eû ny employ dans l’armée, ny charge à la cour, à la réserve que lors des guerres civiles, et à la faveur des troubles de l’Estat, il a piraté sur la coste de Bretagne sans aveu et sans ordre. Il est vrai qu’il est bon serrurier et bon menuisier, et qu’il entend un peu les machines de théâtre ; mais au reste, c’est un homme chargé de crimes, soupçonné toute sa vie de faire de la fausse monnaye, à Neubourg, où dans les payements on demande si sera monnaye du Roy ou de Neubourg ; chargé d’une douzaine d’assassinats ; usurier public prestant sur gages ouvertement à deux sous pour livre par mois, ainsi que toutes les revendeuses de Paris tesmoigneront ; désordonné dans ses habits, courant au lieu de marcher par la ville comme un fou échappé, seul et sans équipages ; allant seul à la Halle et au Marché et en rapportant sous son juste-au-corps du gibier et de la morue ; jurant, blasphémant continuellement, en continuel discord avec sa femme, ses enfants, frères, sœurs et toute la famille qu’il ne voit point ; toujours dans les cabarets et lieux infâmes, entretenant publiquement des femmes dans sa maison aux yeux de sa femme et de ses filles, mesme jusque dans l’Académie, où il en a deux logées avec luy ; une nommée Manon dont il a eû un enfant depuis six mois, et faisant un scandale et des désordres continuels dans tout le voisinage, jurant, outrageant les ouvriers, les symphonistes, les musiciens et les filles de l’Académie de menaces, d’injures, de blasphèmes, de coups ; faisant au reste des choses basses et indignes de sa naissance, recevant l’argent à la porte, sans chapeau et sans manteau, paraissant sur le théâtre nue en chemise, courant et dansant comme un insensé, sifflant pour la conduite des machines et faisant mille pareils scandales qui le rendent la risée de tout le peuple ; ayant débauché une femme de l’Académie que son mari a répudiée, et maltraitant à son occasion et pour sa querelle toutes les filles qui chantent à l’Opéra.
Rossignol se plaint qu’il l’a plusieurs fois injurié, menacé, traité de coquin, tiré l’épée sur luy pour le tuer, manqué de parole en ce qu’il luy avait promis de luy payer le service qu’il feroit à Paris, jusques au temps que l’Opéra commenceroit, sur lequel pourtant il n’a reçu que deux cent livres de plus de mille qui lui appartiennent légitimement et qui luy ont esté promises.
Beaumavielle, autre musicien qu’il a fait venir de Languedoc, fait pareilles plaintes.
Miracle de mesme, et de plus qu'aiant confié son traité de 1500 livres pour un an entre les mains de Champeron, il le luy a retenu et ne le paye qu’à raison de mille livres.
Et tous générallement de retardement et défaut de leur paiement et de leurs menaces, injures et mauvais traittements.
Le père et la mère de la Delle Hardy, fille âgée de seize ans, se plaignent hautement de Champeron, et ils ont porté leurs plaintes aux pieds du Roy.
Toutes les filles de l’Académie se plaignent de ce qu’ils les outragent incessamment, leur tiennent mille sales discours ; et quant à leurs paiements, qu’ils n’exécutent point leurs traités. Elles devraient avoir leurs quartiers d’avance, et elles ne sont pas achevées de payer à la fin. L’on leur a promis à toutes mille livres, sur lesquelles on leur retient à chacune deux-cent livres pour les faire instruire au chant, à la musique et à la danse ; cependant on ne leur a point donné de magisters, quoiqu’elles en ayent fait diverses instances.
Tous les machinistes ont déserté, ne pouvant souffrir les blasphèmes, injures et excès continuels du sieur de Sourdéac“
(Origine de l'Opéra français, d'après les minutes des notaires, les registres de la conciergerie de Ch.Nuitter et Erenest Thoinan (1886) - p.109

On savait que Sourdéac avait été un original fieffé, menant mauvaise vie et très peu scrupuleux en toutes choses ; mais ce document précise les faits sans ménagements et l’accuse formellement d’avoir été pirate, faux monnayeur, douze fois assassin, usurier, et le reste. On ne pouvait donner une plus triste idée de ses mœurs et de son caractère ; il n’est pas jusqu’à ce détail du gibier et de la morue qu’il rapporte de la halle, où, se conformant sans nul doute à l’usage, il avait échangé force jurons et aménités avec les dames de l’endroit, qui ne complète d’une façon saisissante le tableau des honteuses habitudes de ce singulier grand seigneur.

Comment Perrin et Cambert firent-ils leur connaissance, et surtout à quelle date eurent-ils la malencontreuse idée de les admettre dans leur entreprise ? D’après Perrin, le marquis de Sourdéac accourut de sa province sur l’avis de Champeron, longtemps après que la concession de l’Opéra eut été accordée, et cela “pour trouver l’occasion d’une banque à faire profiter l’argent“. (rappelons-nous aussi que Champeron avait été sous-fermier des Aydes de l'élection de Tonnerre)

Après ce que nous révèle ce réquisitoire impitoyable sur la fâcheuse notoriété qui s’attachait à ces deux personnages, leur conduite future dans cette affaire de l’Opéra pourra être comprise bien plus facilement et jugée sans la moindre hésitation.


Chronologie évènementielle liée à Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac, Champeron, Pierre Perrin, Robert Cambert, Jean-Baptiste Poquelin (Molière), Jean Granouilhet, Henri Guichard, Jean-Baptiste Lully

Tableau d'ascendance et descendance de Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac
et quelques liens avec les Rieux d'Asserac et les d'Illiers d'Entragues

L'hôtel de Sourdéac de la rue Garancière
Cet hôtel bâti en 1646 par René de Rieux, évêque de Léon, était appelé Hôtel de Léon ; à la mort de celui-ci le 8 mars 1651, il pass à Gui de Rieux (père d'Alexandre), seigneur de Sourdéac, dont il a conservé le nom, quoique ce ne soit plus qu’une maison particulière.
La famille de Rieux, alliée à celle d'Entraigues, était bretonne et marqua dans la Ligue. René de Rieux, évêque et comte de Léon en Bretagne, fit dessiner par Robelini (Adam Robelin maître maçon mort en 1649) l'hôtel à deux faces dans lequel s'exploite l'imprimerie Plon, rue Garancière, n°8, et qui porte le n°11 rue Servandoni (ancienne rue des Fossoyeurs). Il n'y avait pas encore séparation quand c'était le siège d'une des mairies de Paris, où le quartier voyait aussi l'hôtel Roquelaure d'une époque antérieure. 
Le premier maréchal de Roquelaure vint à Paris avec la reine Jeanne d'Albret ; une maison Garance ou Garancière tenait alors la place dont l'hôtel de Léon a hérité le nom. Le dernier des Roquelaure mâles, maréchal de France également, cessa de vivre en 1738. Celui-ci était le fils et celui-là le père du duc aux aventures divertissantes, dont une petite-fille épousa un Rohan, prince de Léon, trop tard pour que cela explique une mutation qui échappe à nos recherches. Mais n'est-ce pas un teinturier que la rue avait eu pour dénominateur ? Un cours d'eau devait y suivre la pente du terrain, s'y rougir chez le teinturier et affluer au canal qui jadis tombait, a la hauteur de la rue Bonaparte, dans la Seine.
De Rieux, seigneur de Sourdéac, remplaça dans la rue Garancière l'évêque, son oncle, depuis l'an 1651 jusqu'à ce que ses propres créanciers, auxquels il fit abandon de ses biens, vendissent à Pierre de Pâris, conseiller au parlement, et à sa sœur,Françoise de Paris, (la présidente du Gué), veuve de François du Gué mort en octobre 1688, président de la Chambre des comptes de Paris qui l'avait acquise pour 42000 livres en 1693
La branche de Sourdéac remontait à René de Rieux, lieutenant-général au gouvernement de Bretagne, en faveur duquel Henri IV, qui se plaisait à l'appeler mon cousin, érigea l'île d'Ouessant en marquisat ; Elisabeth Nivelle épousa l'arrière-petit-fils, René-Louis, dit le comte de Rieux, mais elle ne l'empêcha pas d'être le dernier Sourdéac. L'hôtel qui fut successivement Garance, Léon, Rieux, Sourdéac, de la Sordière, Montagu, Lubersac et mairie du XIe arrondissement, se dit Roquelaure. C'est qu'en pareille matière il faut compter avec une autorité populaire dont les dépositaires gagnent à être désignés poétiquement par ce vers de Virgile : sunt quibus ad pertas cecidit custodia sorti.
Source : Les anciennes maisons de Paris sous Napoléon III par Charles Lefeuve.


Marie de Médicis
Dans la mouvance de Marie de Médicis

C’est d’abord au Petit Luxembourg que Marie de Médicis sera domiciliée lorsqu’elle quittera la Louvre après la mort du roi Henri IV, son époux. Elle rachète l’hôtel du petit Luxembourg à François de Luxembourg duc de Piney, le  27 septembre 1611 pour 90000 livres. Entre 1611 et 1624, elle achètera plusieurs parcelles contiguës sur lesquelles elle fera construire en 1615 par Salomon de Brosse le palais de Luxembourg dont les travaux s’étaleront sur dix années. Elle s’y installe en 1625, avant la fin des travaux. Elle y habitera jusqu’en 1630 date à laquelle elle sera exilée sur ordre de son fils Louis XIII suite à divers épisodes à répétition où ils se divisent sur des problèmes de pouvoir, de régence, sur des problèmes relationnels avec Richelieu dont Marie de Médicis exigera le renvoi en 1632 prétextant qu’il aliène la “pensée du roi“.
Régente jusqu’en 1614, elle devient alors chef du Conseil du Roi et ce jusqu’en 1617. Marie de Médicis tente de renforcer son pouvoir à l'aide de dames d'atours comme Leonora Galgaï sa compagne de jeux d'autrefois, et d'hommes comme Concino Concini, l'époux de celle-ci, ce qui déplaît profondément à une certaine partie de la noblesse française. Penchant pour la xénophobie, la noblesse désigne comme responsables les immigrés italiens supposés entourer Marie de Médicis et nuire au royaume de France. Ils s'enrichissent, dit-elle, à ses dépens. Profitant de la faiblesse causée par la régence, des nobles de grandes familles, avec le prince de Condé à leur tête, se révoltent contre Marie de Médicis pour obtenir eux aussi des compensations financières.

Par ailleurs, la reine et le roi son fils s'entendent mal. Se sentant humilié par la conduite de sa mère, qui monopolise le pouvoir, Louis XIII organise un coup d’état, le 24 avril 1617, (appelé “un coup de majesté“) en faisant assassiner Concino Concini par le marquis de Vitry. Prenant le pouvoir, il exile la reine-mère au château de Blois. 
Marie de Médicis s’en échappe le 22 février 1619 et se réfugie au château d’Angoulême, puis provoque un soulèvement contre le roi, son fils. Un premier traité, le traité d’Angoulême, apaise le conflit.
Mais pendant cinq années jusqu’en 1622, ce sera un période de conflits entre la mère et son fils. Pardonnée par le roi, Marie de Médicis revient à paris et s’attache à la construction de son palais du Luxembourg et effectue (aidée par Richelieu qui joue un rôle important dans sa réconciliation avec le roi) son retour en politique après la mort de Charles d’Albert, duc de Luynes, favori de louis XIII. La mort du duc de Luynes créant un vide politique qui profite à Marie de Médicis.
Elle siège au Conseil du roi, sur les conseils du cardinal de Richelieu qu’elle a introduit auprès du roi comme ministre.
Cardinal en 1622, principal ministre en 1624, Richelieu est chargé par Louis XIII de remanier le gouvernement. Les années 1625 et 1626, seront encore des années de crises et verront des affrontements entre les différents partis de la Reine-mère, du roi, de Richelieu, de Gaston d’Orléans, frère du roi. Elle vouera à Richelieu, alors, une haine viscérale.
Puis en 1627, réconciliée avec Richelieu, Marie de Médicis lui fera don de l’hôtel du Petit-Luxembourg. Le centre de décisions alors, quitte le Paris du Louvre et se déploie dans ce quartier du Luxembourg.
En 1630, elle tente d’obtenir la disgrâce et le renvoi de Richelieu, mais sera désavouée par le roi. Après cette journée qualifiée “journée des dupes“, Richelieu restera le principal ministre de Louis XIII.

Le roi jugeant sa mère trop “intrigante“, l’incite à partir à Compiègne où elle est en résidence surveillée, retenue prisonnière. Mais, de là, Elle prépare avec Gaston d’Orléans, un plan d’évasion et le 18 juillet 1631, elle s’enfuit vers la région du Thierache puis à Etroeungt (comté de Hainaut).Régions qui sont un lieu de passage pour les troupes et dont on dit qu’il n’y avait pas d’autre choix que “d’être mordu par le chien de France ou étranglé par la chienne d’Espagne“. Elle demande “asile“ à l’ennemi espagnol. Passée à l’ennemi, Elle prend la tête de l’opposition au roi, mais elle est privée de son statut de Reine de France, et de ses pensions. Elle se rend à Avesnes (territoire espagnol), Mons, et le 12 août arrive à Bruxelles où elle compe plaider sa cause. Elle est accueillie par l’Infante Isabelle, son principal soutien, mais cette dernière meurt le 1er décembre 1633.
En 1634, sera signé le traité d’Écouen par Gaston d’Orléans qui rentre en France et rejoint Saint-Germain le 21 octobre 1634 où il rencontre le roi Louis XIII, son frère, qui lui pardonne. Mais des rancœurs persistent entre eux.
En 1635, Marie de Médicis est à Anvers. En 1636, des conjurés préparent un guet-apens contre Richelieu. Mais Gaston d’Orléans recule et ne donne pas l’ordre de le faire disparaître. Le projet échoue. En 1638, Marie de Médicis fait part à son entourage d’aller “prendre les eaux à Spa“. Mais le 10 octobre elle déménage “à la cloche de bois“, traverse Louvain, et passe en Hollande. Elle arrive à Bois-le-Duc puis à Amsterdam.
Fin 1638, toujours exilée, elle décide d’aller voir, à Londres, sa fille Henriette mariée à Charles 1er, et de leur demander asile. L’année 1641, la voit revenir de Londres à Rotterdam, puis (elle avait donné son accord) elle devait remonter le Rhin jusqu’à Cologne. De là elle devait poursuivre vers  Brisach et Bâle puis par le lac de Constance jusqu’à la plaine du Pô et Venise pour passer ensuite à Bologne et enfin Florence. Mais arrivée le 12 octobre 1641 à Cologne, elle ne poursuit pas plus loin. Elle s’établit dans un hôtel particulier où elle survit à coup de dons, de prêts, d’expédients. Elle est aux abois. Le 25 juin 1742, elle doit s’aliter pour une gangrène et le 3 juillet 1642, Marie de Médicis meurt, quelques mois avant Richelieu, dans le dénuement. Son corps est ramené à Saint-Denis en mars 1643, tandis que son cœur est envoyé à La Flèche, conformément au souhait d’Henri IV qui voulait que leurs deux cœurs fussent réunis. Louis XIII mourra en Mai 1643. 
Couvent des Carmes Déchaux

Couvent des carmes Déchaux

Couvent des Carmes déchaux, façade le l'église Saint-Joseph vue de la rue Vaugirard.
Plusieurs sépultures des familles Rieux-Sourdéac, de Plœuc, de Saint-Denis se trouvent dans cette chapelle
dédiée à Élie, saint patron des Carmes, qui a été construite en 1613 et dont la première pierre
a été posée par la Reine-mère Marie de Médicis.
René de Rieux, marquis de Sourdéac à participé à l'embellissement et à la décoration de la troisième chapelle côté épitre.

La fidélité des Rieux à Marie de Médicis, contre le roi Louis XIII et Richelieu

Elle prend appui et s’explique d’abord et à travers René de Rieux, marquis de Sourdéac, gouverneur du château et de la ville de Brest pendant les guerres de religion en Bretagne entre 1580 et 1600. Au service du roi Henri IV, il sera récompensé entre autre par le collier des Ordres du roi et obtiendra la marquisat de l’Isle d’Ouessant. À la mort de Henri IV en 1610, Marie de Médicis devient régente et ce jusqu’en 1617. Pendant cette période, Marie de Médicis fait construire le couvent des Carmes Déchaux, rue de Vaugirard à quelques centaines de mètres du Palais du Luxembourg. Elle pose la première pierre de l’église St-Joseph des Carmes le 7 juillet 1613 (le jour de la Saint Élie). Cette église sera terminée en 1616. Plusieurs grandes familles dont celle des Rieux, contibueront au financement et à l’embellissement de cette église. Dans cette église se trouvent huit chapelles, quatre côté évangile et quatre côté épitre. Du côté épitre : chapelle Sainte-Anne, chapelle N.S.M. Thérèse(décorée par messire Gabriel de Cassaigne époux de Magdeleine Le Tellier, sœur du secrétaire du roi), chapelle N.S.P. Élie (embellie par René de Rieux). Dans cette troisième chapelle sont enterrés : Renée de Rieux, fille de Guy de Rieux et Louise de Vieuxpont ; Louis de Rieux, petit-fils de Guy de Rieux et Louise de Vieuxpont ; deux autres petit fils du fondateur René de Rieux et de Suzanne de saint-Melaine sa femme et enfants de Marie de Rieux et Sébastien de Plœuc ; jean de Rieux, marquis d’Asserac ; un enfant de Mr de Sourdeac ; comme aussi dame Marthe de Saint-Denis (1603- >1647), femme de Claude de Boiséon, comte et gouverneur de la ville et château de Morlaix.
Cette dernière sépulture s’explique par les ascendances et liens entre les Rieux, Vieuxpont et Tournemine. Renée de Tournemine (mère de Louise de Vieuxpont, épouse de Guy de Rieux) et Jeanne de Tournemine (mère de Marthe de Saint-Denis) étaient sœurs et filles de Jacques de Tournemine et Lucrèce de Rohan. Guy de Rieux par son épouse est cousin germain par alliance de Marthe de Saint-Denis. 

L’embellissement de cette chapelle par René de Rieux, s’explique entre autre par cette fidélité à la famille royale. La reine régente s’impliquant dans l’édification d’une chapelle, il va de soi que la famille de Rieux participe à la décoration et à l’embellissement d’une des chapelles. Les sépultures de plusieurs membres des Rieux, viennent en quelque sorte concrétiser les liens et attachement à la reine régente, au quartier (la rue Garancière où se situe l’hôtel Sourdeac n’est éloigné que de quelques rues).

Autre indice de fidélité à la famille royale et à la reine régente, celle de Guy de Rieux (fils de René) qui était à cette époque premier écuyer de la Reine Marie de Médicis. Lorsque celle-ci s’enfuit vers Bruxelles en juillet 1631, Guy de Rieux et sa femme Louise de Vieuxpont, font partie du voyage. Il se réfugie en Angleterre après s’être compromis lors des évènements liés à la “Journée des Dupes“ le 11 novembre 1630. Il est déclaré criminel de lèse-majesté et ses biens furent confisqués les 17 et 20 novembre 1631. 
Dans les annales des Carmes Déchaussés de France, à propos de la troisième chapelle consacrée à N.S.P. Élie et embellie par René de Rieux, il est dit : “En cette chapelle il y a une image de Notre-dame faite du même bois que celle de Notre-Dame de Montaigu en Flandres, laquelle fut donnée par l’infante Isabelle d’Espagne, princesse des pays-bas, à madame Louyse de Vieuxpont, vueve de messire Guy de Rieux, fils aîné dudit René, lorsqu’avec son mary et l’évêque de Leon, elle suivit la reine-mère Marie de Médicis quand elle se réfugia en Flandre. Ladite dame la donna à ladite chapelle, où elle fut colloquée solennellement avec procession des religieux le 9 décembre 1641.“
Tallemand des réaux dans ses historiettes écrit ceci à leur propos : “Feu M. de Sourdéac, de la maison de Rieux de Bretagne, et sa femme, se mirent dans la tête d’être à la reine-mère dans la décadence de sa fortune, lui pour être d’intrigue, et elle pour avoir le plaisir d’entrer dans le carrosse d’une reine ; cependant ils dépensaient gros, et la suivirent à Bruxelles. leur bien fut saisi ici. La Reine-mère s’ennuyoit d’eux à un point étrange. Cela les fit résoudre à s’accommoder et à revenir avec Monsieur (Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII). Le cardinal rétablit leur fils dans leurs biens…" Fidèles dans la disgrâce
L'Infante Isabelle d'Espagne, portrait après être entrée dans les ordres après son veuvage de Albert d'Autriche.
C'est elle qui a accueillie Marie de Médicis à Bruxelles et dans les pays-Bas espagnols en 1631, lorsque cette dernière cherche refuge en pays “ennemi“ espagnol.

“En cette chapelle il y a une image de Notre-dame faite du même bois que celle de Notre-Dame de Montaigu en Flandres, laquelle fut donnée par l’infante Isabelle d’Espagne, princesse des pays-bas, à madame Louyse de Vieuxpont, vueve de messire Guy de Rieux, fils aîné dudit René, lorsqu’avec son mary et l’évêque de Leon, elle suivit la reine-mère Marie de Médicis quand elle se réfugia en Flandre. Ladite dame la donna à ladite chapelle, où elle fut colloquée solennellement avec procession des religieux le 9 décembre 1641.“

Autre exemple de fidélité à l’égard de la Reine-mère Marie de Médicis, celle de René de Rieux (frère de Guy de Rieux), né en 1588 au château de Brest, abbé commendataire de l’abbaye du Relec et de Daoulas (près de Brest) en 1610, abbé d’Orbais (diocèse de reims) en 1626, évêque de Léon en 1613, nommé par marie de Médicis. Est-ce pour récompense liée aux états de service de son père René ? Est-ce simplement le bon vouloir de la Reine-mère ? 
René de Rieux fait également partie du voyage à Bruxelles en 1631. Il est alors grand-maître de l’oratoire et aumônier de la Reine-mère Marie de Médicis.(est-ce à ce titre qu’il suit Marie de Médicis à Bruxelles ?). En 1632, il est accusé d’attenter à la personne du roi Louis XIII (ayant suivi Marie de Médicis en Flandres, Il est accusé de l’avoir protégé dans sa retraite). Le 31 mai 1635, une sentence le prive de son évêché de Léon suite à un bref au pape Urbain VIII. Il est attaché à Gaston d’Orléans. 
En 1643, (il est rentré en France) il fait appel du jugement rendu par le pape Innocent X, qui nomme sept nouveaux commissaires pour révision du procès. René de Rieux, envoie une supplique à la Reine-régente Anne d’Autriche afin d’intercéder à Rome auprès du pape.
René de Rieux devra attendre le 13 décembre 1645 pour être absous et rétabli dans son évêché par sentence et arrêt du Conseil le 6 septembre 1646. En 1648, il sera reçu solennellement  dans sa cathédrale de Léon. Il meurt d’apoplexie à 63 ans le 8 mars 1651. Il bénéficiait d’une certaine reconnaissance de ses pairs et avait la réputation d’être “l’un des prélats les plus splendides et les plus éloquents de l’épiscopat du royaume“.
C’est en 1646 (il est alors rétabli dans son évêché de Léon et revenu en grâce), qu’il fait construire l’hôtel de Léon (Sourdéac), rue Garancière, dont les pilastres sculptés représentent des têtes de béliers. Ces béliers symbolisent la devise des Rieux “À tout heurt, Rieux“. Pourquoi précisément rue Garancière ? Marie de Médicis est morte depuis quatre ans, en juillet 1642. Gaston d’Orléans est hébergé au palais de Luxembourg. René de Sourdéac ayant été acquis depuis longtemps à sa cause, ne serait-ce pas une des raisons pour laquelle il choisit le quartier du Luxembourg ? Le souvenir de la présence permanente et protectrice de Marie de Médicis du moins jusqu’en 1631, la présence également de plusieurs grands personnages de la Cour, dont le chancelier Séguier, trouvant auprès des religieux une direction spirituelle efficace, peuvent être une des hypothèses et la raison du choix de la rue Garancière par René de Sourdéac pour construire son hôtel. N’oublions pas que Marie de Médicis est à la tête du partie dévot (parti qui s’acharne à contrer les tentatives de Richelieu et du roi de contrôler les tentatives de la noblesse de s’octroyer le pouvoir). N’oublions pas non plus, que Richelieu est celui qui a ordonné la démolition du château de Rieux à la suite des guerres de religion en Bretagne. Il convoqua les habitants de dix-sept paroisses environnantes pour commencer la destruction de cette forteresse. Le comté de Rieux ayant été partagé alors, entre les Rieux-Lorraine (charles 1er de Lorraine 1556-1605, duc d’Elbeuf, fils de Louise de Rieux - d’abord ligueur contre le roi Henri IV puis fidèle au roi) et les Rieux-Laval (Guy XX de Laval 1585-1605, comte de Laval - réformé, se convertit au catholicisme en 1605 - petit-fils de Claudine de Rieux et François d’Andelot-Coligny). Esprit de clan et de famille oblige, selon que l’on soit réformé ou catholique, Cela a pu créer et alimenter des rancœurs et des animosités à son égard.

On retrouve Gaston d’Orléans plus tard à propos de l’association de Alexandre de Rieux et Pierre Perrin. Ce dernier, probablement vers 1645, traite avec Vincent Voiture écrivain, de la charge d’introducteur des ambassadeurs (officier du service des cérémonies d’une maison princière ou royale chargé de conduire les étrangers à l’audience de ce derniers) près de Gaston, duc d’Orléans, frère de Louis XIII, charge qu’occupait Voiture et dont il se rendit acquéreur moyennant la somme de 11000 livres, somme assez considérable et qu’il ne dut pouvoir se procurer qu’à l’aide d’un emprunt. Cette tractation entre “écrivains“ a-t-elle été facilitée par l’entregent de Alexandre de Rieux auprès de gaston d’Orléans ?
Perrin devint en quelque sorte, par ce fait, le protégé de Gaston d’Orléans. Ce prince, intelligent et bien doué, et qui ne se fit guère remarquer que par ses mœurs dissolues et son hostilité contre Richelieu, réunissait autour de lui une cour brillante où de jeunes gentilshommes trouvaient une école de plaisir et de dépravation. L’une de ses passions prédominantes était celle du théâtre et de tous les divertissements qui s’y rattachent, passion d’ailleurs générale à cette époque et qui était celle de la Cour Royale elle-même, lorsque que le souverain était l’être morose et taciturne qui avait nom Louis XIII.
Lors du premier séjour à Paris de Molière comme comédien, en 1644, Gaston d’Orléans s’était constitué le protecteur effectif de la troupe de l’Illustre Théâtre ; de plus, qu’il ne se piquait pas personnellement de jouer la comédie, il prenait une part importante aux divertissements qu’il produisait dans son palais du Luxembourg, il dansait et chantait dans les ballets comiques et souvent licencieux que lui fournissaient, sur ses indications, ses poètes et ses musiciens, de même que Louis XIII, son frère, et plus tard Louis XIV, son neveu, dansaient et chantaient dans ceux dont l’Estoile et Colletet, Maynard et Gombaud, Bordier et Benserade, Molière lui-même leur traçaient les canevas, et dont Moulinié, Guedron, Boësset, Mollier et Lully écrivaient la musique.

Constatons que : ces différents personnages habitent souvent le même quartier, entre Seine et Luxembourg, se côtoient, font jouer leurs relations, leur entregent, partagent les mêmes passions, fréquentent la Cour et la noblesse, se recommandent de leurs protecteur ou bienfaiteur et de leur coterie, cultivent le goût de la louange et de l’intrigue, s’appuient sur leurs privilèges pour mener avec plus ou moins de succès leurs projets, s’endettent en achetant des charges…

Plan Saint-Victor vers 1550
Le faubourg Saint-Germain des Prés. On reconnaît Saint-Sulpice et la rue de Vaugirard
Plan Braun et Hogenberg vers 1572Le faubourg Saint-Germain des Prés. On reconnaît l'enceinte de Paris,et son aboutissement à la Seine avec la Tour de Nesle,
l'église Saint-Sulpice et la rue de Vaugirard
En bas, l'église de Saint-Germain

Plan Quesnel 1609 Le faubourg Saint-Germain des Prés. On reconnaît l'enceinte de Paris,
l'église Saint-Sulpice, la rue de Vaugirard, le palais de Luxembourg
les rues Tournon et Garancière
Plan Truschet & Hoyau (vers 1550 !!!)
Après 1611 puisqu'on y voit le Palais de Luxembourg.
Apparaissent également, les Carmes Déchaux, les rues de Tournon, Garancière, Saint-Sulpice, etc...

Plan Jouvin de Rochefort 1672
À gauche, le couvent des Carmes Déchaux, le couvent des Filles du Calvaire, le palais de Luxembourg et en face la rue Tournon avec les hôtels de vantadour et des Ambassadeurs, la rue Garancière avec l'hôtel Sourdéac, L'église Saint-Sulpice, la Foire Saint-Germain 

Plan Roussel 1730À gauche, le couvent des Carmes Déchaux, le couvent des Filles du Calvaire, Le Petit Luxembourg, le palais de Luxembourg et en face la rue Tournon avec l'hôtel des Ambassadeurs, la rue Garancière, L'église Saint-Sulpice, la Foire Saint-Germain... 

Plan Turgot 1739En jaune à gauche l'Hôtel sourdéac, rue Garancière
En jaune à droite, le couvent des Carmes Déchaux et l'église Saint-Joseph où se trouvent plusieurs sépultures des familles Rieux-Sourdéac, de Plœuc, de Saint-Denis
Le quartier Saint Germain-St-Sulpice-Luxembourg
Le faubourg St-germain où se situent divers épisodes qu'à vécus la marquis de Sourdéac, est sur la rive gauche, juste à l'extérieur des murs de l'enceinte de Paris, dont la tour de Nesle en est l'aboutissement à la Seine. la rue des Fossés de Nesle (rue Mazarine) longe cette enceinte. Entre cette rue et la rue de Seine (ancienne petite rue de Nesle) se trouvent de nombreux Jeux de paume, établissements alors très en vogue. Au n°12 et 14 il y avait le Jeu de paume des Métayers où Molière commença avec les Béjart les destinées de son Illustre Théâtre. Au 42, il y avait le jeu de paume de la bouteille. Au n°45, existait le passage du Pont neuf dont l'entrée donnait autrefois accès à l'ancienne comédie-française. On peut également citer les jeux de paume des Trois cygnes, du Soleil d'Or, des Deux Anges, du Fort Affaire, du Roi Charles, de St-Nicolas... Une soixantaine de jeux de Paume existaient dans les rues : Mr le Prince, Vaugirard, Mazarine, des Boucheries, de Bussy, d'Enfer, de Seine, de l'Ancienne Comédie, des 4 Vents, de Mézière, de l'échaudé, de Condé, des Mauvais garçons, St-Guillaume, quai Malaquais...

En 1714, dans le faubourg Saint-Germain sont déjà bâtis 1215 maisons et hôtels. Les rues sont éclairés par 337 lanternes publiques. Rue Mazarine : 62 maisons et 15 lanternes, rue de Guénégaud : 29 maisons et 7 lanternes. Rue de Seine : 79 maisons et 16 lanternes.
Un service de tombereaux est organisé pour l'enlèvement des ordures et immondices : en hiver, 6 tombereaux et 4 en été pour le quartier Luxembourg.
Rue Garancière, il y avait 8 hôtels et 6 lanternes publiques. Rue de Tournon, 31 hôtels (dont l'hôtel Ventadour, d'Entraigues au n°12) et 12 lanternes.
Entre la rue Garancière et la rue de Tournon, une propriété acquise en 1705 par Cheuvry, capitaine ordinaire du duc d'Orléans (il est possible que ce soit le n°34, hôtel de Beaufort). Se trouvait également l'hôtel des Ambassadeurs Extraordinaires

Les grandes familles  de l'époque quittent les quartiers intra-muros de Paris, du Louvre, du marais, se déplacent et se redéploient sur la rive gauche entre Saint-Germain et le palais du Luxembourg, là où la société se doit de construire de nouveaux hôtels et maisons.

Entre les Rieux et les Illiers d'Entragues existent des “proximités“ 
• proximité familiale, par mariage et liens : Alexandre de Rieux (marquis de Sourdéac) est le beau-frère de Léon d'Illiers d'Entragues (+1666) marié à Anne-marie de Rieux (sœur du marquis de Sourdéac et fille de Guy de Rieux et Louise de Vieuxpont).
Le grand-père de Léon d'Illiers : jacques d'Illiers était marié à Catherine-Charlotte de Balzac. Cette dernière est demi-sœur de Catherine-Henriette de Balzac d'Entragues, marquise de Verneuil, maîtresse et favorite de Henri IV à qui il avait promis le mariage. Il lui achètera le château de Verneuil.
Ces liens d'appartenance à un réseau familial, se tissent sur trois voire quatre générations.

• proximité “locale“ les hôtels de Sourdéac et d'Entragues sont situés dans deux rues contiguës (rue Garancière et de Tournon). L'hôtel d'Entragues a été transmis par héritage de Jacques d'Illiers à son fils Léon et à son petit-fils Léon marié à Anne de Rieux. Puis à Alexandre d'Illiers de Balzac (1662-1742). Mais ce dernier, sans postérité le transmet à son neveu Alexandre-Louis d'Illiers d'Entragues (1723-1728). L'hôtel sera ensuite acquis par Michel Neveu à la veuve Bergognion.
Entre les Rieux et les Montholon existent aussi des "proximités“

• proximité de réseau, locale : l'hôtel des Ambassadeurs (anciennement hôtel du Nivernais), appelé également hôtel Concini en 1612, situé rue de Tournon, affecté en 1630 au logement des Ambassadeurs et confié au duc de Bellegarde. Louis XV donne l'hôtel à Jérôme Phelypeaux de Pontchartrain. Par la suite, sa fille Hélène (1715-1782 héritera de l'hôtel en 1753. Elle se marie en 1731 avec Louis-Jules Mancini-Mazarini duc de Nivernais. l'hôtel portera également le nom de Brancas du nom de la 2e épouse de Louis-Jules Mancini-Mazarini.
À l'origine, l'hôtel a été construit par Louis de l'Estoile (+25/08/1558) président des enquêtes au Parlement de Paris et marié à Marguerite de Montholon (1525-1596). Cette dernière, sœur de Jérôme de Montholon marié à Marguerite-Madeleine de Bragelongne. Jérôme de Montholon est l'arrière grand-père de Madeleine de Montholon marié à Jacques du Faÿ, comte de Maulévrier. C'est Madeleine de Montholon (comtesse de Montlevrier) qui apparaît comme créancière du marquis de Sourdéac en 1687.
Comment et pour quelle somme, cette créance a-t-elle été contractée par Madeleine de Montholon ? Les liens à travers ces réseaux d'appartenance ont-ils été à l'origine d'un contact avec le marquis de Sourdéac ? Les lieux à la mode (le périmètre Saint-germain - Luxembourg), les spectacles avec “machinerie“ plébiscités par une “élite“ avide de nouveauté ont-ils fait se rapprocher certains : à la recherche de moyens et, d'autres : prêtant leur argent moyennant un retour sur investissement. Et ceci cautionné par l'intérêt des puissants qui en facilitent l'émergence en octroyant à ces organisateurs de spectacles d'opéras des Privilèges exclusifs d'en créer. Si cela est bon pour le roi, cela l'est aussi pour ces nouveaux résidents du faubourg Saint-Germain des prés.
plan Turgot 1739
En jaune : hôtel de Sourdéac
en bleu : hôtel d'Entragues
en vert : hôtel des Ambassadeurs extraordinaires
On aperçoit également ; l'hôtel de Condé, le palais du Luxembourg, l'église Saint-Sulpice

En 1687, ce quartier était beaucoup moins construit.

2 - Jeu de paume du Béquet, rue Vaugirard
La salle du béquet est situé proche de l'hôtel de Sourdéc, rue Garancière.
(Est-ce une des raisons de la location de cette salle le 13 mai 1670)

 Paris en 1713 - plan Jaillot
En jaune : Hôtel de Sourdéac, rue Garancière.
A une extrémité de la rue, se trouve l'église saint-Sulpice. A l'autre extrémité, le palais de Luxembourg et ses jardins.
Plan de 1676 de Jouvin
en jaune : l'hôtel de Sourdéac, rue Garancière
en bleu : l'église saint-Sulpice
On aperçoit également le palais et les jardins du Luxembourg ainsi que la rue Vaugirard sur laquelle est située (à droite du palais) la salle du Jeu de Paume du Béquet (ou de Bel Air).
Salle que loueront Sourdéac et Champeron le 13 mai 1670, mais dont ils seront expulsés par le lieutenant de police La Reynie, à qui il n'avaient pas demandé l'autorisation de bail.
Cette même salle du Jeu de Paume du Béquet, sera louée le 12 août 1672  par Lully pendant huit mois,
avant qu'il ne s'installe dans la salle du palais Royal.

en jaune : hôtel de Sourdéac rue garancière
en bleu : église Saint-Sulpice
palais d'Orléans (palais de Luxembourg)
   
Salle du Jeu de paume du béquet (dénommée aussi jeu de paume de bel Air)
Salle du jeu de Paume du Béquet (ou de Bel Air) rue Vaugirard. Le palais de Luxembourg est situé juste à droite.

Contrat 
du 13 mai 1670 d'un bail (pour 4 ans) entre :
Perrin, Sourdéac, Champeron
et les bailleurs François Le Gaigneur (époux de marie Patru), Marguerite Patru (épouse de Pierre Adam, avocat à la cour), Olivier Patru (frère de Marie et Marguerite Patru)
Perrin, Sourdéac, Champeron  en seront expulsés par le lieutenant de police La Reynie.

“Pomone“, l'Opéra que Perrin préparait, sera, en attendant une nouvelle salle,
répété à “Sèvres“ dans la maison de campagne du marquis de Sourdéac.

Le 8 octobre 1670, ils loueront la salle du Jeu de Paume de la Bouteille, rue Mazarine
Plan Turgot 1739
en jaune : hôtel de Sourdéac, rue garancière
en bleu : église Saint-Sulpice
au Parlement de Paris
D'abord, et après de longues procédures, par arrêt contradictoire du 29 juillet, il y a eu une ordonnance du 9 août pour assignation à comparaître le lundi 11 août 1687, au Parlement de paris par devant Claude Guillard, seigneur de Dampmard, conseiller du roi en sa Cour du parlement et grande Chambre d'icelle en notre hôtel, rue Neuve, paroisse Saint-Paul.
Les créanciers de Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac, faute de paiement de leurs créances, ont fait saisir réellement les terres. La comparution a pour but de dresser un procès-verbal pour entendre les propositions de vente et d'achat des biens de Sourdéac pour parvenir au paiement des dettes du marquis.
Une trentaine de personnes ont été assignées. Elles sont présentes pour certaines d'entre elles ou bien représentées par leurs procureurs.
Maître Annibal Danré, procureur des dits Pierre Yvonnet, écuyer, sieur de Banneville pour 24000 livres en principal et 6000 livres d'arrérages.
Jean de Gaumont, seigneur du Saussay, conseiller en la Cour des Aides.
• les directeurs de l'Hôpital Général
Jacques Baillard (Caillard), écuyer, seigneur de la Villeparisis et les demoiselles, ses sœurs pour 39680 livres de principal et 1910 livres d'arrérages.
François de Saint Genis, écuyer, pour 18000livres de principal et 5000 livres d'arrérages.
• dame Marie du Tronchay, veuve de François Moullier, écuyer, seigneur de Montquiche, secrétaire du roi et résident en Suisse pour 12000 livres de principal et 3000 d'arrérages.
• dame Marie Huot, veuve de feu Paul Le Moyne,écuyer, sieur de la Pallière, pour 11000 livres de principal et 5000 livres d'arrérages.

L'ensemble des créances ci-dessus représentent : 149680 livres de principal, et 33410 livres d'arrérages. Soit au total 283090 livres.

Maître Danré, est dit requérant, représentant les créanciers pour plus de 275000 livres de créances.

Sont également cités  différents procureurs :
• Maître Gastebois, procureur de Esther Pigier, veuve et héritiers Chef d'Homme
• Maître Claude Marchand, procureur de Maître Nicolas Olivier, président à Verneuil
• Maître Claude Boyer, procureur de Esther Pigier, veuve et héritiers Chef d'Homme
• Maître Boisseau, procureur de Hélène de Clère, dame de Sourdéac
• Pierre Boileau, procureur du sieur de Sourdéac. Il assiste le marquis de Sourdéac, et ne conteste pas le contrat d'abandonnement que celui-ci à fait, pour régler les créanciers.
• Maître Amable Sablon, procureur de Louis de Brageronne
• Maître Jean Bataillon, procureur des sieurs Bougard et du Daniel du Vaux (marchand bourgeois de paris), pour 13000 livres de principal et 2500 livres d'arrérages.
• Maître Daniel Michel (le jeune), procureur de la dame comtesse de Montlevrier 
(Magdelene de Montholon)

Apparaissent également les personnes suivantes :
• les sieurs Bougard (beau-père de Daniel du vaux) et du Daniel Vaux (marchand bourgeois de Paris).
• Agnès Robelin
• Louis Vrageronne (Bragelongne)
• Pierre Harouard
• l'Hôtel-Dieu de Paris
• Paul Desmarches
• Pierre Rillard, secrétaire du roi (était au droit du sieur Ardier de verneuil et en cette qualité, créancier des époux de Rieux pour 50000 livres de principal et 25000 livres d'arrérages) et son épouse Catherine Choqueux
• le sieur Le Febvre
• le sieur Le Moyne
• Maître Carnot, notaire au Châtelet
• Salomon Daumanchin
• Maître René de Maillot
• sieur comte de Créquy
• la dame marquise de Montgaillard, Renée de Pelagie
• Hyacinthe de Vise-de-Loup
• Messire Jean Armand de Rieux
• Mr. l'Évêque de Léon (René de Rieux)
• la dame comtesse de Montlevrier, Magdeleine de Montholon
• le sieur Barazé
• Maître Pierre Boyer, procureur
• Jacques Grosteste
• Les veuve (Esther Pigier) et héritiers Chef d'Homme
• Les Bénédictines du calvaire, créancières de 1335 livres de principal et intérêts, pour pensions des deux demoiselles de Rieux depuis 15 à 20 années ; et le sieur Révérend créancier de 300 livres de rente et de plusieurs années d'arrérages.

est également cité :
• Fauvel, huissier en la dite Cour

Alexandre de Rieux, a signé le 26 juillet 1687, un contrat d'abandonnement de tous ses biens. Il est dit que ce contrat doit être exécuté puisque c'est le bien et l'avantage pour tous les créanciers. Ils seront remboursés de leurs créances, et les frais d'arrérages et autres, n'auront plus lieu d'être.
La dame de Sourdéac, apparemment ne l'entend pas de cette manière, et souhaiterait faire d'autres propositions qualifiées “d'imaginaires“. Il est dit que son intérêt serait de se joindre aux créanciers et de convenir avec eux de vendre “une ou deux terres au plus haut prix que faire se pourra pour payer les créanciers et sauver par ce moyen, le reste du bien du naufrage“. Sinon, ce naufrage annoncé deviendra inévitable.
Il est reproché à la dame de Sourdéac de “chercher la division et ne souhaitant que vivre dans la confusion afin de conserver comme elle le fait depuis plusieurs années, tous les revenus des biens de sa famille par des provisions dont elle jouit, tant sous son nom que sous ceux des sieurs et demoiselles ses enfants demeurant avec elles, et pour s'approprier tous les fonds, s'oppose à toutes les ventes, et par ce moyen empêche que les créanciers soient payés de leurs dettes“
Il est rappellé que la dite dame est obligée envers les créanciers du fait que celles-ci (dettes) sont antérieures ou privilégiées au contrat de mariage.

Danré, dans sa requête soutient que le contrat d'abandonnement doit être exécuté. Cela d'autant plus qu'il se présente des personnes qui offrent d'enchérir et de se rendre adjudicataires des biens.
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Plaidoirie de Maître Mathieu Boileau (le jeune), procureur du marquis de Sourdéac, qui convient que vendre quelques terres jusqu'à concurrence de la hauteur de la dette est la solution, car cette solution pourvoit aux dettes du marquis et conserve les avantages à sa famille, sous réserve d'une pension de 4000 livres par an, ainsi que la jouissance de l'île d'Ouessant.
Deux hypothèses pour les terres de Rieux :
• Où on dispose d'une des terres, et principalement de Landivisiau qui rapporte 20000 livres de rente par an.
• Où que les jouissances durent de 4 à 5 années ou plus.
S'il y a vente, il restera un revenu très confortable à la famille. S'il n'y a pas vente, la famille pourra conserver ses biens, et sa maison.

Il est dit que la dame de Sourdéac est la personne la moins en état de s'opposer à cet accommodement parce qu'elle est obligée envers les créanciers et caution. Elle n'a donc pas le droit d'arrêter le cours d'une transaction d'autant, qu'elle a la faculté d'enchérir en cas de vente.
Et supposé que l'on ne vend pas : “elle voit acquitter toutes lesdites de la maison du sieur marquis de Rieux, sans rien détacher d'un si ample patrimoine, et voit 45000 livres de rente faisant 900000 livres de fonds, à raison du denier vingt, affectés et hypothéqués à 57000 livres à une fois, de payer ce qu'elle a apporté en mariage, cette faculté qu'elle a d'enchérir en cas de vente, fait cesser tous les prétextes qu'elle pourrait alléguer, car elle n'a pas lieu d'appréhender que 900000 livres de fond ne suffisent pas à 400000 livres ou moins qui peuvent être dues en principaux arrérages et frais, et à sa dot de 57000 livres qu'elle n'a pas même droit de répéter n'étant point séparée, mais au contraire ayant été déboutée de sa demande, en séparation par sentence et par arrêt contradictoire, à l'égard des offres de la dite dame, elles deviennent inutiles au moyen de cette transaction qui est un contrat consommé avant que l'on ait fait droit sur ces offres, outre que d'ailleurs il n'y avait rien de plus irrégulier ni de plus injuste, l'irrégularité consiste en ce qu'elle demande que les biens de la maison de Sourdéac lui soient donnés pour 300000 livres outre sa dot et ses conventions, et à la charge d'acquitter la maison des prétentions de la Dame de Montgaillard des créanciers du sieur Evêque de Léon, et du nommé Michel, si mieux n'aiment les défendeurs faire monter les biens à si haut prix qu'elle soit payée de sa dot et de ses conventions, et ces offres n'ont jamais été reçues qu'en la personne d'un créancier privilégié ou plus ancien, au lieu que la Dame marquise de Sourdéac est la dernière de tous les créanciers, tant parce que toutes les dettes ou la plupart précédant son contrat de mariage, qu'à cause qu'elle s'est obligée envers tous les créanciers, et qu'elle est caution envers eux. L'injustice de ces mêmes offres résulte de ce qu'elle veut avoir plus de 900000 livres de fond, à les estimer au denier vingt pour 300000 livres seulement, et prétend par cette offre chimérique dépouiller son mari de tous ses biens, et faire d'un chef de la Maison de Rieux, d'un Marquis de Sourdéac et d'Ouessant, d'un seigneur de landivisiau, de Bourglevesque et de Neufbourg, un petit Pensionnaire de 3 à 4000 livres de rente, ladite Dame marquise ne manquera pas d'objecter que ledit sieur de Sourdéac se réduit à peu près à cette somme aux termes de la transaction, mais au premier lieu il le fait volontairement avec ses créanciers et le profit à lui-même en réduisant à de moindres revenus, et en second lieu, il ne se réduit ainsi que pour un temps, et en attendant qu'une vente ou une jouissance de quelques années ait acquitté les dettes, au lieu que la Dame marquise de Sourdéac ou plutôt le sieur Comte de Rieux son fils luy veut imposer la loi, et le dépouiller pour tout l'avenir, les charges offertes n'augmentent pas beaucoup les offres de la dite Dame, car outre que le sieur Comte de Rieux a la conte-lettre de la Dame de Montgaillard qu'il ne suscite à demander partage après soixante ans qui se sont écoulés depuis que la succession dont il s'agit en ce procès est échue qu'à l'effet d'avoir une saisie de ladite dont il avait besoin contre une autre partie, et que c'est pour cela que la dame marquise de Sourdéac offre si libéralement d'acquitter la maison de cette prétention, il est certain que la dame de Montgaillard est plus que payée de sa part héréditaire, au moyen de sa dot et des suppléments de dot qu'elle a reçus et qui sera justifié par une quittance que l'on a recouvert depuis l'arrêt qui ordonne partage pour la somme de 18000 livres, à l'égard de Michel, l'on n'a point de procès avec lui, c'était un homme qui avait acheté des bois dont il a compté comme de Clerc à Maître, et par arrêt contradictoire du Conseil du 12 septembre 1672, il a été débouté de l'opposition par lui formée à la distribution de la somme de 100000 livres qui a été faite par ledit arrêt, laquelle somme de 100000 livres provenant du remboursement des Greffes de Vannes et de Nantes, par conséquent les charges offertes par la dame de Sourdéac se réduisent aux réparations de l'Evêché de Léon qui ne monteront pas à 10000 livres, et qu'elle espère faire réduire, ce que l'on fera aussi bien qu'elle, ainsi à promptement parler, elle prétendait se faire adjuger les biens du sieur marquis son mari pour 310000 livres, mais ce qui marque encore l'injustice de ses offres du respect du défendeur, c'est que si la Dame marquise de Sourdéac n'a pas ces deniers en main, c'est une chimère qu'elle offre pour argent comptant, et si elle les a comptant, ou elle les a empruntés, ou elle les a sans aucun emprunt, au premier cas et si elle les emprunte, elle obère de nouveau et surcharge sa maison, au second cas et si elle a les deniers sans aucun emprunt ils appartiennent au défendeur son mari, parce qu'elle n'est point séparée de lui, et parce qu'il est évident qu'elle ne peut avoir amassé une si grosse somme qu'aux dépens du sieur défendeur son mari sur ses revenus dont s'est fait un fond pendant qu'elle était chargée de ses procurations, et qu'elle a cessé de payer les arrerages aux créanciers, ce qui a été la raison pour laquelle elle a été déboutée de sa demande en séparation, la Cour ayant jugé qu'il n'était pas juste qu'en cessant de payer les arrérages (qu'il lui était aisé d'acquitter puisqu'ils ne montaient qu'à environ 14000 livres par chacun ans, et qu'elle jouissait de 45000 livres de rente) et en s'amassant de grosses sommes d'argent aux dépens de son mari et de ses créanciers, elle se fut préparée et formée elle-même un moyen et une cause de séparation ; or cette raison milite aujourd'hui bien plus fortement, puisqu'il n'y aurait rien de plus inique que dire qu'une femme qui aurait volé son mari peut employer les deniers recelés à acheter les biens de son mari que si la Dame marquise de Sourdéac fait cela par quelque bonne inspiration et dans le dessein de restituer à sa famille ce qu'elle a pris au sieur marquis de Sourdéac son mari, elle a une occasion favorable de restitution en achetant Landivisiau à peu près de juste prix, pour avoir le plaisir de satisfaire l'ambition du sieur Comte de Rieux son fils aîné, et de lui mettre sur la tête la principale pièce de cet ancien patrimoine qui soutient depuis si longtemps le nom de Rieux, cette voie est bien plus honnête que de lui prêter la main pour dépouiller son père de tous ses biens, et de commencer à l'établir dans le monde par cette espèce de parricide, car enfin il n'y a pas d'exemples d'une entreprise comme celle du sieur comte de Rieux, et de la Dame marquise de Sourdéac ceux que l'on a cités dans la plaidoirie de la cause, ont été deconcert de famille, au lieu qu'icelui est une action forcée, qui est d'une si pernicieuse conséquence que c'est un intérêt public qu'elle soit réprimée, et que la Cour ne doit pas seulement débouter la Dame marquise de Sourdéac, à cause de l'injustice de ses offres, et de la transaction qui termine le procès, mais principalement pour détourner un si dangereux exemple, et empêcher que l'on ne répande dans le Palais une si mauvaise doctrine que de permettre à une femme non séparée, et à un fils de dépouiller un mari à un père de son vivant, par des offres frivoles qui cachent une extrême injustice à une ambition insupportable, et ont signé...“
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Plaidoirie de Maître Pierre Boisseau, procureur de la Dame de Sourdéac (p.5)
défend que les déclarations de la marquise de Sourdéac sont de bonne foi et vraies, et dénonce les attaques et les suppositions que l'on fait contre elles.
Il réclame de la part des créanciers deux choses : qu'ils lui communiquent à quels titres et en détails, sont-ils créanciers ? Le sachant, il répondra aux allégations et aux demandes de propositions d'achat de Terres. Le marquis de Sourdéac étant et faisant parti des créanciers.
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Plaidoirie de Maître Danré, procureur de Pierre Yvonnet, écuyer sieur de Banneville, Caillard seigneur de Villeparisis, de Gaumont seigneur du Saussay & de Saint-Genis écuyer es nom et représentant les créanciers.
Prétend que le réquisitoire de la Dame marquise de Sourdéac n'a qu'un seul but : faire durer les débats, créer de nouvelles difficultés, faire diversion, faire semblant d'ignorer qu'il y a des acheteurs pour les Terres...
Prétend que la Dame de Sourdéac affabule par des propositions qui ne sont que pure imagination... 
Prétend : comment peut-elle proposer 300000 livres pour régler les créanciers alors qu'en même temps, elle réclame une provision de 6000 livres pour uniquement pouvoir subsister et faisant offre de 100000 écus !!!
Fait remarquer : que les créanciers requéreront que le contrat d'abandonnement du sieur marquis de Sourdéac soit homologué afin de faciliter la vente des terres jusqu'à concurrence de leurs dus.
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Plaidoirie de Maître Claude Boyer procureur, contre Le sieur de Sourdéac
Il a, notamment entre 1678 et 1686, été procureur du marquis de Sourdéac, de la marquise et des sieurs & demoiselles ses enfants, sans avoir reçu ni avances, ni salaires, ni frais et vacations, lesquels doivent monter à plus de 6000 livres d'avances faites au marquis dont il a obtenu condamnation en septembre dernier, mais sans réparation.
Prétend : qu'il s'oppose et souhaite empêcher les conclusions de la marquise de Sourdéac et soutient la proposition du contrat d'abandonnement du marquis de Sourdéac.
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Sur quoi, les conseillers et commissaires donnent acte à Danré, Boisseau, Boisseau et Boyer esdits noms, de leurs comparutions, dires et réquisitions et défaut contre les autres parties non comparantes et sans procureurs pour elles.
Proposition que tous les défaillants soient réassignés à comparaître le mercredi 13 août.
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Mercredi 13 août 1687
Comparution de :
• Danré procureur desdits Yvonnet, écuyer sieur de Vanneville
• Jean de Gaumont, écuyer sieur de Sassay
• François de Saint-Genis, écuyer és nom
• Directeurs de l'Hôpital général
• Dame Marie Huot, veuve de François de Monslier secrétaire du roi
tous poursuivants les criées des Terres de landivisiau, Bourg Levesque : Neufbourg et autres Terres saisis sur Messire Alexandre de Rieux, seigneur marquis de Sourdéac, et Dame Hélène de Clère son épouse, demandeurs en exécution contradictoire de la Cour, du 29 juillet 1687 lequel nous a dit qu'en vertu de notre ordonnance du onzième des présents mois & du défaut par nous décerné contre les sieurs
• Devaux et Bougard
• Agnès Robelin
• Louis de Bragelogue (Bragelongne)
• Pierre Harouard
• l'Hôtel-Dieu de Paris
• Paul des marches
• Pierre Rillard
• le sieur Le Febvre
• le sieur Le Moyne
• Maître Carnot, notaire au Châtelet
• Salomon Daumanchin
• Messire René de maillot
• le sieur conte de Crequy
• la Dame marquise de Montgaillard
• Hiacinthe de Vis de Loup
• Messire ............. de neboul, Évêque de Léon
• la Dame de Montlevrier
• le sieur Barazel
• la veuve et héritiers Chef d'Homme
• Jacques Grosteste & autres
tous opposants audites criées
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Plaidoirie de Maître Claude marchand, procureur de Maître Nicolas Olivier conseiller du roi, président en l'élection de Verneuil et Chasteauneuf, et demoiselle Cathrine Choqueux sa femme à cause d'elle, héritière de défunt Pierre Choqueux, vivant marchand à paris, lequel tant en son nom que comme héritier de défunt Antoine Choqueux, vivant maître chirurgien du roi d'Angleterre assisté dudit sieur Olivier, lequel nous a déclaré qu'à son égard édits noms, lesdits sieur et demoiselle Olivier consentent l'homologation du contrat d'abandonnement de biens fait par le dit sieur marquis de Sourdéac au profit de ses créanciers (...) et à même temps soutient ledit Marchand pour ses parties, que la dame marquise de Sourdéac doit être déboutée de la requête qu'elle a présentée à la Cour, dont acte et ont signé.
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Plaidoirie de Maître Daniel Michel (le jeune), procureur de Dame Magdelaine de Montholon, comtesse de Montlevrier, créancière de Messire Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac et opposante aux criées, vente et adjudication de ses biens.
La comtesse de Montlevrier souhaite que les biens du marquis de Sourdéac soient vendus à leur juste valeur, afin qu'elle puisse “venir en ordre sur le prix d'iceux“. Elle ne souhaite pas que les prétentions (300000 livres ?) de la marquise de Sourdéac puissent être écoutées car n'étant pas proportionnées à la valeur de.......... et que si ces sommes lui étaient accordées, cela irait à la charge et au grand préjudice des créanciers. D'autant plus volontiers que “dans la chaleur des enchères“ elles seraient portées à leur juste prix.
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Plaidoirie de Maître Pierre Gastebois procureur en la Cour, de Esther Pigier, veuve de Louis Chef d'Homme bourgeois de Paris, Jean Vernehobre marchand bourgeois de Paris, et Marie Chef d'Homme sa femme, fille et héritière dudit Chef d'Homme son père, créanciers de Messire Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac.
Il s'oppose et veulent empêcher les propositions de la marquise de Sourdéac, car ils se retrouveraient privés totalement du paiement de leur dû. Ils préfèrent, comme d'ailleurs la plupart des créanciers, la vente des biens du sieur de Sourdéac qui, déclarent-ils, dépassera certainement les 300000 livres (sous-entendu proposées par la marquise de Sourdéac) car sinon ils courraient le risque de tout perdre pour la raison qu'il paraît déjà que la dette s'élèverait à plus de 400000 livres. de plus cette dernière, sans qualité, sans deniers et sans offrir aucune caution offre de payer 300000 livres, sans toutefois “mettre la main à la poche“ “ni payer aucun denier“.
Les héritiers Chef d'Homme consentent à l'exécution du contrat d'abandonnement “ny ayant que cette seule voye pour assurer le dû de tous les créanciers“.
... et a signé.
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Plaidoirie de Maître Amable Sablon, procureur de Louis de Bragelogne et Jean-Baptiste de Poix, créanciers du marquis de Sourdéac.
Prétend : que le contrat d'abandonnement est avantageux pour les créanciers qu'ils soient antérieurs ou postérieurs au contrat de mariage. Il consent et requiert l'exécution du contrat d'abandonnement.
... et a signé.
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Plaidoirie de Maître Boisseau, procureur de Hèlène de Clère, marquise de Sourdéac, déclare :
il touve surprenant que Danré veuille soutenir non seulement ceux dont il s'occupe et dont il dit avoir la charge, mais aussi tous ceux pour qui occupent trente autres procureurs de compte fait, qu'il a fait assigner comme opposants aux saisies et criées des biens du sieur marquis de Sourdéac, qu'ils pourront se dire créanciers, et s'opposer en cette qualité aux justes demandes de ladite Dame de Sourdéac sans montrer leurs titres ny expliquer ce qu'ils demandent, ce qui n'a jamais été refusé à personne, vu particulièrement que ladite dame n'ayant aucune connaissance ni communication des affaires dudit marquis de Sourdéac, depuis près de neuf ans, elle ne peut pas savoir quels changement y peuvent être arrivés. Qu'elle ne connaît point le sieur Rillard, elle a seulement oüy dire qu'il prétend avoir il y a cinq ans en l'année 1682 prêté 50000 livres au sieur marquis de Sourdéac pour s'acquitter une rente qui avait appartenu à Monsieur Ardier ce qui laisse supposer avoir produit 12500 livres environ d''arrérages (Danré laisse plutôt supposer qu'il aurait 25000 livres d'arrérages).
La Dame marquise de Sourdéac met en doute le montant des créances de Caillard, Monslier et la dame de la palière défendus par Danré leur procureur. Elle soupçonne que ne soient arrivés des changements et elle a intérêt à ne pas les ignorer.
A l'égard du sieur de Gaumont,les choses ne sont pas très claires non plus.
Boisseau réitère sa position et c'est un préalable : montrez-nous et donnez des précisions quand à vos titres de créances. C'est la seule façon de prétendre récupérer vos dettes dit-il en substance.
Boisseau somme Danré de communiquer les titres des créances. En cas de refus, ses créanciers n'auraient pas à faire valoir leurs droits et si il y a retardement, il serait à leur imputer.
Boisseau rappelle en outre :
• que la dame de Sourdéac est créancière pour sa dot de plus de “six vingt mil livres“ avec un paraphernal considérable et droit de douaire entier et coutumier par tout comme il apparaît par son contrat de mariage du 12 février 1641, et par six quittances de sa dot des 14/07/1644, 10/07/1657, 13 et 13/04/1661, 5/03/1663, et 25/02/1682.

Boisseau supplie (la cour) et fait remarquer la vérité et la sincérité des faits avancés. 
D'où résulte que les avocats des parties n'agissaient de bonne foi, lorsque pour l'empêcher d'obtenir les fins de la requête à l'audience, les unes ont avancé qu'elle n'avait eu que 45000 livres en mariage & les autres qu'on avait honoré son contrat de mariage de 90000 livres de reçu, au lieu que dans le dit contrat, il n'y a pas un sol de reçu.

Boisseau dit en outre :
•Que le douaire (propre en Normandie) monte à 13000 livres de rente et qu'il est du tiers par usufruit sur tous les autres biens
• que les dettes contractées en Normandie ont été compensé par la vente des “haut bois de Neufbourg“ par contrat du 10/12/1641 où en 4 partages de chacun de 45000 livres pour toutes successions, comme il se peut vérifier par chacun desdits partages payés ou compensés par le remboursement des Greffes de Vannes et Nantes de 176000 livres, ou enfin 38100 livres en principal, et intérêts dus à la famille des sieurs Yvonnet compensés encore ou à peu près par une rente de 1281 livres par an, sur le Clergé et une maison et grand emplacement scie rue Cassette en cette ville de paris, dont ledit sieur marquis de Sourdéac a disposé.
D'où il résulte que le marquis de Sourdéac, n'est pas exempt de dissipation puiqu'il a consommé tout autant qu'il a de dettes, ou peu s'en faut, contre plus de six vingt mil livres de la dot de la Dame sa femme.
Boisseau ajoute :
Et a dit qu'il ne faut pas que ledit sieur de Sourdéac pense s'exécuter en disant qu'il a acquis la part de la deus dame baronne de Vieuxpont en Bretagne ; car il n'en saurait montrer le contrat sans faire voir que ce n'a pas été de ses bons ménages : mais par compensation de sommes donnée à le feue dame Louise de Vieuxpont sa mère, ni qu'il allègue l'acquisition d'un petit fief appelé Beaufichet, car un des contrats de Monsieur Caillard, montrerait que c'est des deniers empruntés au feu sieur Caillard son père, qu'elle a été faite, et encore moins qu'il vante l'acquisition du fief de Cournon près Sourdéac qui sont les prétextes dont il se couvre d'ordinaire, lors qu'il croit qu'on n'approfondira point les choses, car bien loin d'en pouvoir acquérir l'estime de bon ménager, il se trouverait qu'il a acquis ce fief sans maison, sans bois ni droit de moulin sur les vassaux, et qui ne produit en certain et casuel, qu'environ 100 livres par an la somme de ou 9000 livres, c'est-à-dire quatre fois plus qu'il ne valait, et que de cette somme n'ayant point payé les intérèts, il s'en serait enfin formé une dette de 18000 livres pour laquelle il aurait été obligé de faire l'emprunt du sieur de Saint-Genis qui en demande encore à présent 5000 livres d'arrérages, en sorte que, pour 100 livres de rente il doit 23000 livres ; c'est-à-dire bien loin d'être un bon ménager en ce fait, que c'est une véritable consommation de près de 21000 livres de son ancien bien... (p.11)
• deniers dotaux : 140000 livres
• paraphernal : 4000 livres de rente en fond sur la terre de Neufbourg
• douaire : 8 à 9000 livres par an
Boisseau réitère une demande déjà faite auprès de dansé : lui communiquer le prétendu contrat d'abandonnement du sieur de Sourdéac, ainsi que l'état des dettes du marquis qui doit y être attaché
...et a signé.
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plaidoireie de Danré qui réplique :
Il trouve surprenant que la dame de Sourdéac s'oppose à ce qui est de son véritable intérêt en trouvant à redire sur le fait que lui Danré représente les créanciers, car leurs témoignages individualisés seraient contraire à ses déclarations à elle.
Demander justification de chaque créance ne serait que pour lui faire gagner du temps. D'ailleurs comment peut-elle les ignorer ?
Rectification de Danré :
les créances qu'on avait cru au denier 20, ne le sont en fait qu'au denier 18
• au lieu de 39640 livres Caillard reconnaît que seulement que 35640 livres
• 1800 livres seulement pour la dame Mouslier
• 10000 livres seulement pour la dame de La palière
cela fait une différence d'environ 6000 livres
Danré, charge la responsabilité de la dame de Sourdéac : n'avait-elle pas procuration pour faire des emprunts ? N'en a t-elle pas abusé ? Il y a plus de la faute de la dame de Sourdéac que de son époux, dans les désordres ménagers du couple.

Mise en doute de la demande (bien fondée) de main-levée des saisies réelles faites par les créanciers !!! pour que les biens saisis lui soient adjugés (à la Dame de Sourdéac) en offrant de leur payer 100000 écus (que d'ailleurs elle n'a pas)

Une femme a-t-elle le droit d'empêcher son mari de s'acquitter de ses dettes en n'acceptant que ne lui soit versé que de modestes revenus, afin d'essayer de payer ses créanciers, par les jouissances qu'il leur abandonne, ou la vente de ses terres qui nettoiera d'un coupe les dettes ?
L'attitude du comte de Rieux et de sa mère la marquise de Sourdéac, allant contre cette solution, est jugée non à propos et mérite “l'indignation de tout le monde“
... et a signé.
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Boisseau réplique :
La dame de Sourdéac est bien fâchée de mettre au grand jour les turpitudes du sieur de Sourdéac son mari dont elle explique que celui-ci en l'année 1677, devait 23000 livres de rentes et plus de 122000 livres d'arrérages, et autres sommes prêtes à payer, sans parler des réparations à faire dans les Terres, et que d'ailleurs elle-même avait dû en souffrir.
Elle rappelle que la même année, il abandonnait son bien à elle-même, sa femme, et à ses enfants moyennant une pension d'environ 7000 livres tous les ans pendant onze ans, pour travailler au rétablissement des affaires communes.
Ces onze années n'ont “pas rechargé sa dette“, l'ont stabilisée, voire diminuer car, reconnaît le marquis de Sourdéac qu'après onze années d'administration, il ne lui restait plus que 12000 livres de rentes de dettes, et 25000 livres d'arrérages. “ce qui est en faire malgré soi le panégyrique“.

Boisseau évoque :
...au commencement de la dite année 1679, le dit sieur de Sourdéac, sans qu'il eut aucun sujet de plainte, car il avait été très bien payée de sa pension, mais seulement parce que les choses étaient en bon ordre, et qu'il voyait près de 100000 livres de meubles, fruits et fermages à prendre dans les terres, fit irruption et pillage général dans toutes ses maisons, et pour y établir des personnes que la pudeur empêche de nommer, en chassa femme et enfants avec des indignités surprenantes, et aurait eu même la dureté de leur refuser une modique subsistance.
Ce qui aurait ladite Dame de Sourdéac (qui connaissait l'esprit de son mari) prévoyait bien que dans peu il aurait tout mis dans la dernière confusion et désolation, et demander séparations de biens et d'habitation, dans laquelle demande il est vrai, qu'elle ne réussit pas alors, parce que le sieur de Sourdéac eut l'adresse d'empêcher qu'elle eut permission de faire la preuve de ses faits, qu'il fit de grandes promesses d'une meilleure conduite, et quelques dissipations qu'il eût faites de lui avant l'année 1677, il en avait été assez rétabli pendant les onze années d'administration, pour trouver de quoi affleurer les conventions...

Depuis 1679, le marquis de Sourdéac,sans parler des procès et droits perdus par la négligence, a fait pour plus de 500000 livres de nouvelles dispositions. Tout son bien est saisi, ses terres et maisons à baux judiciaires pris par des étrangers et tous prêts à vendre, ce qui aurait obligé ladite Dame de présenter sa requête en séparation de biens, le 9 août dernier (1687).

Diverses arguties suivent sur les requêtes de demande de séparation de biens.

Boisseau ajoute :
Que toutes les créances présentées par Danré ne seraient que de 269000 livres de principal et arrérages, au lieu de 400000 livres avancées, pour surprendre et faire croire à la cour les propositions de la Dame de Sourdéac insuffisantes.

Il rappelle qu'il y a 27 autres procureurs opposants au saisies et criées des biens du sieur de Sourdéac que le dit Danré a fait assigner.
Il rappelle que les créanciers représentés par Danré ainsi que le sieur de Sourdéac lui-même n'ont toujours pas pû faire paraître aucun acheteur, ni eux-mêmes faire d'enchère, bien que sommation leur ait été faite, arguant qu'ils le ferait que lorsque le contrat d'abandonnement serait homologué.

Boisseau avance une 6e distinction : 
mettant en doute la véracité des faits avancés par la partie adverse, afin de lever les difficultés à l'entérinement de la requête de la dame de Sourdéac “nonobstant tout ce qui peut avoir été allégué par le sieur marquis de Sourdéac et les dits sieur Yvonnet et consorts qui ne se trouvera d'aucune considération“.
• l'offre de la dame de Sourdéac est la meilleure
• les pseudo enchérisseurs, se sont évanouis
• les offres de la partie adverse, charges déduites, n'arrivent pas à égaler celles de la dite dame


(p.19)
“le dit sieur de Sourdéac dit aujourd'hui que son bien vaut 90000 livres au denier vingt“

...Suivent dans les requêtes des uns et des autres, des arguments, des prix, des rentes, des avantages, des contrats, des offres, des frais, des arrérages, des chiffres, des terres,  des dot et douaire, des conventions, des provisions, qu'on se jette à la figure par procureur interposé.
On objecte, on s'oppose, on réplique, on suppute, on plaide, on obstrue, on conteste, on oblige, on requiert, on rétorque, on ergote, on allègue, on présuppose, on insinue, on conteste... Bref, on cherche chicane...

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Plaidoirie de Maître Jean Bataillon procureur, pour daniel Duvau, marchand bourgeois de Paris, pour Guillaume Bongars son beau-père ayant droit par transport de Catherine Morice, veuve de François du Vaucel aussi marchand bourgeois de paris.
• créance de 12300 livres en principal et 2500 livres en intérêts
• créance de 15000 livres de du Vau et Bougars
Les pièces justificatives sont entre les mains de Danré. Bataillon somme Dabré de rendre la dite déclaration et pièces, sinon proteste de se pourvoir contre lui en son nom à ses dépens, dommages et intérêts.
...et a signé
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Boisseau rétorque : Le dit Bongars n'a jamais pû ni voulu communiquer les titres de sa prétendue créance malgré qu'il en fut sommé à diverses reprises. Il doit en outre, présenter les pièces qui ont servi de fondement audits sentences.
...et a signé
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Sur quoi, nous conseiller et commissaire susdit, avons ausdits Danré, Boileau, Boisseau, Boyer, Marchand, Gastebois, Sablon et Bataillon desdits noms, donné actes de leurs comparutions, dires et réquisitions et défauts contre les non-comparants attendus suivant l'ordonnance pour le profit duquel ensemble pour faire droit sur les contestations mentionnées en notre présent procès-verbal. ordonnons qu'il en sera par nous référé à la Cour au premier jour, et soit signifié.
...signé Guillart (président)
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...La Cour ayant fait droit sur le dit référé, a ordonné et ordonne que dans le lendemain des rois, lesdits créanciers poursuivants et lesdits sieur et dame de Sourdéac feront diligence de trouver des enchérisseurs pour acquérir la terre de Landivisiau, la maison de paris et autres terres saisies : et à cette fin seront mis des affiches et faits des publications ès lieux et endroits nécessaires, et tous les créanciers tenus de fournir incessamment un état de leurs créances, et copies de leurs titres, signé de leurs procureurs pour ce fait, et rapporté être ordonné ce que de raison, toutes choses cependant demeurants en état. Si te mandons et commettons à la requête desdits Yvonnet et consorts, mettre le présent arrêt à deuë exécution de point en point selon sa forme et teneur en ce que l'exécution le requiert, de ce faire te donnons pouvoir.
Donné à paris en notre dit parlement, le sixième septembre, l'an de grâce mil six cent quatre-vingt sept, et de notre règne, le quarante-cinquième. Collationné. Par la Chambre.

A la requête de Pierre Yvonnet écuyer, sieur de Banneville, Jean de Gaumont écuyer, sieur du Saussay et consorts, poursuivant les criées des Terres et biens saisis réellement sur lesdits sieur et dame de Sourdéac soient sommés et interpellés tous les créanciers opposants susdites criées de satisfaire incessamment à l'arrêt de la Cour ci-dessus transcrit. Et suivant iceluy fournir audit Danré audit nom l'état et pièces justificatives de leur créance, à l'effet d'être employés dans l'Ordre et Etat général qui doit être dressé de tous les créanciers pour ôter tout prétexte d'incidentes à la Dame marquise de Sourdéac, et parvenir à la vente des terres saisies pour la libération, et acquitter les dettes de tous lesdits créanciers, sinon et à faute de ce faire, protestent de fournir l'état de leurs créances, en ce qu'ils les regarde, et continuer leurs poursuites, le tout, afin qu'aucune négligence ne soit imputée ausdits poursuivants, et afin que tous lesdits opposants n'en ignorent, dont acte.
Pour copie. Danré
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Les deux dernières pages de l'arrêt d'audience (6 septembre 1687)

Au final, les Terres et biens saisis seront vendus.
• Les Terres de Landivisiau ainsi que celles de Sourdéac, seront acquises en 1697, par Noël Danycan de l'Épine, riche armateur de Saint-Malo et titulaire d'une charge de Secrétaire du roi.

Portraits et liens de quelques créanciers
Dans l'exposé écrit des faits et du raisonnement juridique (factum) présenté devant le Parlement, apparaissent les noms des créanciers représentés par leur procureurs. Il y en a environ une trentaine. Pour certains d'entre eux, on peut “cerner“ à travers leur généalogie et les liens qu'ils on pu avoir avec le marquis de Sourdéac, leur portrait et les causes qui les ont amenés à comparaître à cette audience de août 1687.

En premier lieu, Pierre Yvonnet, sieur de banneville (calvados), dont un factum a été publié en 1692, où il était déjà créancier de Louise de Vieuxpont (mère d'Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac) et partageait une autre créance commune avec Jean de Gaumont et les directeurs de l'Hôpital Général.

Ascendance et descendance de Pierre Yvonnet, créancier du Marquis de Sourdéac 
En deuxième lieu, Jean de Gaumont seigneur de Saussay, conseiller en la cour des Aides.
Fils de André de Gaumont qui était un des directeurs de l'Hôpital Général, et à ce titre, créancier du marquis de Sourdéac. Cette famille ayant beaucoup de ces membres avec des charges de conseillers dans différentes cours administratives, ou d'avocat, maitre des requêtes, receveur-trésoriers, trésoriers de l'extraordinaire et des guerres, etc... 
Marie de Gaumont, sœur de Jean-Baptiste de Gaumont, est l'épouse de Pierre de Bragelongne : famille faisant également partie des créancières du maruis de Sourdéac.
Hélène-Catherine de Gaumontsœur de Jean-Baptiste de Gaumont, est l'épouse de Jacques Jannart qui, lui également est créancier du marquis de Sourdéac.
Hélène de Gaumont, épouse de Gilbert Mauguin, président à la cour des monnaies, et sœur de André (directeur de l'Hôpital Général),fait aussi partie des créancières du marquis de Sourdéac.

La créance est de 45000 livres pour le principal et 12500 livres pour les arrérages.


Ascendance et descendance de Jean-Baptiste de Gaumont et de André de gaumont directeur de l'Hôpital Général,
créanciers du Marquis de Sourdéac 

En troisième lieu, François de Saint-Genis, seigneur de Bellesaulx, avocat en Parlement, président de l'Élection de Vitry-le-François (Marne), échevin de Vitry, président du grenier à sel de Saint-Dizier. Pour cette famille, les charges occupées sont celles de conseiller du roi, avocat. On est échevin, marguillier. Les Saint-Genis sont anobli en 1653 en raison des services rendus.
La créance est de 18000 livres pour le principal et 5000 livres pour les arrérages, liés entre autre à un prêt pour l'achat du fief de Cournon (56) par Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac.
Champeron, associé du marquis de Sourdéac, ayant été sous-fermier à la cour des aides en l'élection de Tonnerre, a eu “maille à partir“ avec la justice. Certaines créances de Sourdéac ne seraient-elles pas liés à ces incidents où il a été dénoncé à la chambre de justice suite à des informations données par le subdélégué du procureur général de cette chambre ? Vitry-le François et Tonnerre ne sont éloignées que d'une centaine de km.

ascendance et descendance de François de Saint-Genis, créancier du marquis de Sourdéac

En quatrième lieu, Jacques caillard seigneur de Villeparisis, avocat en Parlement, époux de Marie Grosseteste. Il est dit : créancier ainsi que ses sœurs pour 39680 livres de principal et 1910 livres d'Arrérages. Jacques Grosseteste (est-ce le père de Marie ?) est cité dans l'arrêt d'audience comme faisant partie de la trentaine de créanciers du marquis de Sourdéac et de son épouse Hélène de Clère.
ascendance et descendance de Jacques Caillard, créancier du marquis de Sourdéac 
En cinquième lieu, Madeleine de Montholon, comtesse de Montlevrier. Elle est l'épouse de Jacques du Faÿ, comte de Maulévrier, capitaine aux cuirassiers, capitaine de grenadiers, capitaine des chasses en Pays de Caux. Le père de Madeleine, Richard de Montholon est conseiller à la cour des Aides à Rouen.
Cette famille est bien représentée dans les charges de conseiller en Parlement, substitut du procureur Général au Parlement de Paris (guillaume de Montholon), conseiller au Châtelet, président au Parlement de Metz (Mathieu de Montholon), conseiller à la cour des Aides et maître d'hôtel de la reine (Richard de Montholon, père de Madeleine).
Cette famille est liée également avec les Bragelongne par Jérôme de Montholon marié à Marguerite-Madeleine de Bragelongne.

ascendance et descendance de Madeleine de Montholon, marquise de Montlevrier, créancière du marquis de Sourdéac

En sixième lieu, Jacques Jannart substitut du procureur Nicolas Fouquet, et beau-père de Hélène-Catherine de Gaumont elle-même fille de André de Gaumont directeur de l'Hôpital général.
Jacques Jannart aurait servi de prête-nom à Nicolas Fouquet quand ce dernier possédait dans Paris des maisons de rapport et sur lesquelles il voulait rester discret. Jacques Jannart avait accès aussi à la bibliothèque que Fouquet avait ouvert à ses amis dans son château de Vaux. Il avait même son propre rayonnage.
Jannart, fait partie de ces “gens d'affaires“ pouvant être susceptible d'aider Nicolas Fouquet. D'ailleurs, celui-ci établit une échelle de valeur entre “l'alliance, l'amitié et la reconnaissance“. Fait partie de ces valeurs : Jannart pour son dévouement. Fouquet cultive un réseau étroit de créatures, obéissantes et soumises lui ayant juré une fidélité sans limites. Après la disgrâce de Fouquet, Jannart fut invité à se retirer en Limousin.
Les réseaux de Fouquet font se rencontrer des “factotum astucieux et dévoués, habiles, forbans de la finance, enrichis par les tripotages, les bénéfices illicites, les spéculations douteuses, les manœuvres douteuses, les opérations véreuses“. On pourrait presque extrapoler ces pratiques de clan, peu flatteuses, conséquentes de certains agissements et les faire endosser à Jannart.

ascendance de Jacques Jannart fils. (son beau-père André de Gaumont était créancier du marquis de Sourdéac)

En septième lieu, Renée-Mauricette de Plœuc marquise de Montgaillard. C'est la fille de Sébastien de Plœuc, marquis de Tymeur qui était marié à Marie de Rieux. Cette dernière est la sœur de Guy de Rieux et donc la tante de Alexandre de Rieux,marquis de Sourdéac.
Un reliquat de dettes faisant suite à un héritage lié aux Terres du Léon ainsi qu'à une dot et des conventions remontant à “une soixantaine d'années“, est sans doute à l'origine des créances réclamées par la marquise de Montgaillard à laquelle est associé “le sieur évêque de Léon“ : René de Rieux. Il est dit entre autre :“que la dame de Montgaillard est plus que payée de sa part héréditaire, au moyen de la dot et des suppléments de dot qu'elle a reçues et qui sera justifiée par une quittance que l'on a recouvert depuis l'arrêt qui ordonne partage pour la somme de 18000 livres, à l'égard de Michel, l'on n'a point de procès avec lui, c'était un homme qui avait acheté des bois dont il a compté comme de clerc à maître...“
C'est un peu difficile à suivre... Mais cela est lié à René de Rieux, marquis de Sourdéac et d'Ouessant, qui était Gouverneur de de la ville et château de Brest, pendant les guerres de la Ligue jusque début des années 1600. René de Rieux étant mort en 1628, si on ajoute les 60 années évoquées plus haut, on se retrouve vers 1687.
Finalement “une simple histoire de succession et d'héritage“ revenant à la surface lorsque les Terres de Landivisiau, Coëtmeur, Ouessant, Bourglevesque, Neufbourg ont fait l'objet d'une saisie sur requête des créanciers afin d'apurer les dettes de Alexandre de Rieux.

ascendance et descendance de Renée-Mauricette de Plœuc, marquise de Montgaillard et créancière du marquis de Sourdéac
En huitième lieu, Hyacinthe de Visdelou (Vise-de-Loup).
II s'agit sans doute de François-Hyacinthe de Visdelou, comte de Bienassis, gouverneur de Quimper. Peu d'information, voire aucune, à son sujet dans l'arrêt d'audience de Août 1687.

En neuvième lieu, Jean-Baptiste de Créquy, oncle par alliance de Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac. 
Renée de Vieuxpont, épouse de Jean-Baptiste et Louise de Vieuxpont, épouse de Guy de Rieux sont sœurs.
Le fait que Jean-Baptiste de Créquy apparaisse dans la liste des créanciers du Marquis de Sourdéac, est liée sans doute (et c'est une première hypothèse), à des problèmes d'héritages associés soit à la famille de Vieuxpont, soit à la famille de Tournemine.
Autre hypothèse, apparaît le nom de “Domanchin“. une première fois en relation avec la famille de Plœuc, une seconde fois en relation avec de Créquy. Cela ne peut pas être qu'une simple coïncidence. Des reliquats d'histoires familiales existent encore en 1687 au moment de l'assignation au Parlement entre les Rieux, les Vieuxpont et les Tournemire. Est-ce lié à ce procès de 1627 entre Charles de Maillé et Alexandre de Vieuxpont à propos de “réparations civiles de leur procès à condition que Alexandre de Vieuxpont prenne en charge ce qui concerne la construction et dotation de la chapelle saint-Aubin au faubourg de rennes“, comme il apparaît dans les minutes de Hector de Troyes, notaire ?
C'est un peu difficile à suivre là aussi...

arbre d'ascendance de Jean-Baptiste de Créquy et liens avec Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac (son neveu)

En dixième lieu, Salomon Domenchin, d'origine protestante, secrétaire des finances du duc d'Orléans (philippe d'Orléans), frère de Louis XIV.
Il remplit le rôle officieux de “banquier“. Ses rivaux catholiques, leurs compagnies et la monarchie l'empêchent d'être reçu notaire. Il agit “en sous-main“ mais au vu et au su de tous dans une certaine illégalité. La Compagnie demanda à Nicolas Boindin (notaire de 1639 à 1662, rue de Buci puis rue neuve-Dayphine, de le chasser de son étude où il était clerc. C'est à la demande expresse de la Compagnie que ses lettres de provisions lui furent refusées. “A esté fait lecture d'un arrêt du privé Conseil du roi du douze du présent mois et an - décembre 1659 - par lequel, le roi en son Conseil, ayant esgard à l'opposition des notaires, a déclaré n'y avoir lieu à l'expédition et sceau des provisions de l'office de notaires au Châtelet de Paris sous le nom de Salomon Daumenchin de la religion prétendue réformée qui a été condamné aux dépens“.
Lorsque Nicolas Boindin mourut, en février ou mars 1662, les syndics apprirent qu'il avait traité de son office avec Salomon Daumenchin depuis 1657, qu'il y avait même acte de société entre eux. Deux confrères, Jean Desnotz et Antoine Gauthier, avaient obligeamment accepté de recevoir l'acte sans en avertir la communauté. Sommés de s'expliquer, ils se contentèrent de quelques excuses. Antoine Huart, notaire rue de Buci, dans le même quartier que Boindin, semblait plus impliqué. Il avait également cherché à s'associer à Salomon Daumenchin. C'est devant lui que Daumenchin, prenant dans l'acte le titre de conseiller et secrétaire des finances de son altesse royale le duc d'Orléans, fit donation de 500 livres de pension viagère à Marie Madeleine Muret, veuve de Nicolas Boindin, “pour lui donner meilleur moyen de vivre et s'entretenir honnêtement le reste de ses jours“.
Daumenchin se retouve en procès avec la Compagnie, et porte l'affaire devant la chambre de l'Edit. La Compagnie l'emporta. En apparence, car la décision ne fait pas l'unanimité. Il se trouve toujours un notaire pour faire affaire avec Salomon Daumenchin. Le notaire Claude de Troyes par exemple (notaire de 1668 à 1683, rue Saint-André des Arts),  rappelé à l'ordre par les syndics en 1675 constatant que “nonobstant les arrêts de Parlement, le nommé Salomon Daumenchin continue toujours la fonction de notaire, tient estude ouverte, a des clercs chez lui et fait signer à des notaires qui signent à sa relation les actes qu'il reçoit, soit en son estude ou ès maison où il est mandé“.
Daumenchin passe quantité d'actes, surtout des baux et des actes de crédit (sommes modestes) dans différentes études parisiennes, en particulier chez P. Huché, l'un des successeurs de Boindin. Il est fort possible que, sans être à proprement parler clerc - il se dit toujours secrétaire des finances du duc d'Orléans - il ait été une sorte d'agent d'affaires de Huché et d'autres notaires du quartier de la rue Dauphine, l'un de ses démarcheurs vigoureusement dénoncés par les syndics. (Les notaires au Châtelet de Paris sous le règne de Louis XIV - p.139-140)
Rappelons-nous que Gaston d'Orléans est l'oncle de Philippe d'Orléans. Rappelons-nous également que Gaston d'Orléans, était le protecteur pour ne pas dire le mécène, entre autre de Pierre Perrin qui s'associera avec Cambert pour la musique et le marquis de Sourdéac pour les “Machines“ lorsqu'il obtint le Privilège du roi de créer des “Opéras de musique“ en 1669.
Salomon Domenchin, apparaît (comme procureur !) en étant cité dans l'arrêt d'audience de août 1687, mais sans autre informations.
Par ailleurs, il habite rue des Petits-Augustins (l'actuelle rue Bonaparte) paroisse Saint-Sulpice dans le faubourg Saint-Germain dont on disait alors que c'était “la petite Genève“.
L'hôtel Sourdéac, rue Garancière, n'est pas très éloigné, non plus que l'église Saint-Sulpice et le palais de Luxembourg.
Y-a-t-il eu par l'entremise de Domenchin des transactions financières ? Sans doute...
C'est un peu difficile à suivre là aussi...
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En onzième lieu, dame Marie du tronchay, veuve de François Moulier, seigneur de Montquichet, secrétaire du roi et résident pour le roi vers les cantons en Suisse. Leur fille Jeanne-Françoise Mouslier, est l'épouse de François Bernard (°1655, + novembre 1731), marquis de Montebise.
Dans un mémoire (bibliothèque Mazarine) on trouve ceci : Mémoire, pour Mre François-Bernard chevalier, marquis de Montebise et dame Jeanne-Françoise Moulier son épouse heritiers bénéficiers de dame Marie-Elisabeth Du Tronchay, veuve de Mre François Moulier chevalier seigneur de Montguichet, résident pour le roy vers les cantons suisses. Contre Isaac Denis Estienne tuteur de Mre Marie-Guillaume Mouslier mineur...

La créance est de 12000 livres pour le principal et 3000 livres pour les arrérages.


descendance de Marie Elisabeth du Tronchay, créancière de Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac

Vente des terres de Sourdéac, Landivisiau, Rieux 
à Noël Danycan

• 1697 : domaine de Rieux (par le marquis de Plancy) pour 276000 livres
• 1701 : la Thébaudais-Bossac en Pipriac (par feu Gabriel Pichard, sieur de Bossac) pour 160250 livres
• 1701 : Sourdéac (les créanciers d'Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac) pour 48000 livres
• 1704/1705 : Landivisiau le bois de Maillo (marquis de Maillo) pour 315000 et 30000 livres

Danycan est né à Saint-Servan en 1656. Il navigua dès 1671 et commanda au commerce des navires armés par son père jusqu'en 1688. Marié le 4 mars 1685 à marguerite Chantoiseau, il s'établit comme négociant dès cette date et pratiqua le commerce à Saint-Malo pendant plus de 35 ans jusqu'en 1721, date où il part pour paris. Parallèlement, il s'était lancé dans l'achat d'offices visant à promouvoir son statut social. : greffier de l'amirauté de saint-Malo en 1691, conseiller-secrétaire du roi près de la Chancellerie du parlement de Bretagne en 1695, conseiller-secrétaire à la Grande Chancellerie en 1706, qui lui assurèrent l'accès au statut noble. Cette promotion fut confortée par l'octroi en juin 1706 de l'Ordre de Saint-Michel, en récompense de ses réussites dans le commerce de la Mer du Sud, qui lui confère le titre de chevalier. Il meurt en 1735.
Le Comté de Rieux et ses différents propriétaires jusqu'à la vente en 1697 à Noël Danycan
Le Comté de Rieux et ses différents propriétaires jusqu'à la vente en 1697 à Noël Danycan
en jaune, les Rieux
en vert, les Laval
en bleu, les Lorraine
en rouge, les Guénégaud







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