lundi 17 novembre 2014

Guy de Quengo de Tonquedec, né à Glénac en 1880, mort pour la France en mai 1917 au Chemin des Dames

En marge des commémorations de la guerre de 1914-1918, et pour évoquer quelques autres parcours de soldats de la grande guerre liés à la commune de Glénac, celui entre autres, de Guy Joachim de Quengo de Tonquedec pourrait illustrer ce que certaines familles ont vécu, lorsque que deux frères (ou plus dans certaines autres familles) ont été mobilisés sur le front de la guerre. Un des frères “en revient“, valide ou blessé, l'autre “y reste“ tué à l'ennemi ou disparu.
C'est le cas des deux frères de Quengo de Tonquedec.
Aymar de Tonquedec né en 1867 à Glénac est le frère aîné de Guy Joachim né en 1880 à Glénac.

Le premier, Aymar, a fait partie de la “fameuse“ expédition Marchand Congo-Nil en 1898 qui s'est terminé à Fachoda. En 1901, Aymar est nommé au Bataillon de la Martinique. En 1907, il est réaffecté au 3e RTT de Tirailleurs malgaches à Diego-Suarez comme capitaine de l'Infanterie Coloniale. En 1908, il prend sa “retraite“ de l'armée à 41 ans. En 1911, il est promu Chef de Bataillon. En octobre 1914, reprend du service au 76e Régiment Territorial. En 1915 il participe à la bataille de l'Yser. En 1915, il est rayé des cadres et transféré à la réserve active et se retire à Nantes. EN 1916, il demande sa réintégration et est réaffecté au camp de Fréjus au 7e Colonial pour former les Bataillons de Tirailleurs Sénégalais destinés à l'Armée de Mangin. En 1917, il commande le camp de Saint-Médard avant d'être rayé des cadres et de se retirer à Nantes. Il meurt en 1943 à l'âge de 75 ans.



Guy Joachim de Quengo de Tonquedec 1880-1917


Le second, Guy Joachim, né le 13 septembre 1880, il est d'abord engagé volontaire dans l'armée  pour 3 ans (9/11/1900 à Brest). En novembre 1903, il est en réserve de l'active. Rappelé le 1er août 1914 à la déclaration de guerre contre l'Allemagne, il passe au 32e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais, puis au 5e en novembre 1916, puis au 27e en février 1917. En avril 1917, il participe à l'offensive Nivelle au Chemin des Dames. Il reçoit une première blessure le 26 mai 1917, puis le même jour en sortant d'une tranchée, une seconde blessure mortelle. Il est déclaré “tué à l'ennemi“, mort pour la France. Son nom est inscrit sur les tables commémoratives du monument aux morts de 14-18 à Nantes. 
Monument commémoratif de la guerre 1914-1918 de Nantes.
Guy de Tonquedec est inscrit sur la 6e plaque du premier des trois panneaux



Bien que mort pour la France, bien que sa fiche matricule de recrutement n°922 (bureau de Vannes) indique né à Glénac, bien qu'apparaissant comme conscrit sur la liste cantonale de La Gacilly n°26, Guy de Tonquedec n'apparaît pas sur le monument aux morts de Glénac.
C'est l'absence de son nom sur le monument aux morts de Glénac, qui a suscité d'abord une interrogation puis cette investigation.

Cela tient simplement au fait qu'il résidait sans doute à Nantes (peut-être 24, rue de Strasbourg !!! - au moment où il est remobilisé en 1914)
Sa fiche matricule de recrutement fait état de plusieurs adresses préalables. En 1905, il habite à Odienné (cercle de Kong) Dakar - Sénégal. En juin 1910, habite rue du Tribunal à Redon (lorsqu'il prend un congé de 4 mois). En octobre 1910, habite Grand Lahon en Côte d'Ivoire).

Cette adresse à Nantes a prévalue pour son inscription sur les tables commémoratives de Nantes et donc son absence de celles de Glénac.






Fiche-matricule de recrutement 
de Guy Joachim de Quengo de Tonquedec


Sur cette fiche, il est décrit comme mesurant 1,6Om, ayant des cheveux et sourcils châtains, des yeux gris, un menton à fossette un visage ovale.
Sur la liste des conscrits du canton de la gacilly, il est le n°26.

Le 9 novembre 1900 à Brest, il devient engagé volontaire pour 3 ans. Incorporé au 2e Régiment d'Infanterie Coloniale. Il arrive au corps le 9 novembre 1900 sous le matricule B 9556. D'abord soldat de 2e classe, il devient soldat de 1ere classe la 1er janvier 1902, puis caporal le 16 novembre 1902. à la fin des 3 années d'engagement, l'armée lui accorde un certificat de bonne conduite, et le 9 novembre 1913, il passe dans la réserve de l'armée active. Le 27 janvier 1904, il est nommé sergent de réserve (pour compter du 10/11/1903). Il est alors affecté au Bataillon de Tirailleurs Sénégalais. D'abord au 3e BTS, puis au 32e BTS et au 24e BTS.
Rappelé à la mobilisation générale le 1er août 1914. Il arrive au corps le 7 juin 1915. Il passe alors au 32e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais le 1er avril 1916, puis au 5e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais le 1er novembre 1916. Nommé sous-lieutenant à T.T. à compter du 10 février 1917.
Il passe à partir de cette date au 27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais

27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais

Avec ce Bataillon, Guy Joachim de Quengo de Tonquedec, participe à l'offensive Nivelle du 16 avril 1917. L'objectif de cette offensive est de rompre le front allemand entre Soissons et Reims vers Laon, par une attaque conjointe avec les troupes anglaises. Tandis que la Anglais attaqueront sur la ligne entre Vimy et Soissons, les Français le feront entre Soissons et Reims, plus particulièrement centrée sur le Chemin des dames.
Le Chemin des Dames est un plateau calcaire situé entre la vallée de l'Aisne au sud, et la vallée de l'Ailette au nord. Les Allemands sont présents sur ce plateau depuis septembre 1914. Ils ont eu le temps de transformer cet observatoire en forteresse en aménageant les carrières souterraines (Caverne du Dragon), en creusant des souterrains permettant de relier l'arrière aux premières lignes, en édifiant et camouflant de nombreux nids de mitrailleuses.
Depuis cette date, c'est un secteur relativement tranquille qui n'a pas fait l'objet depuis fin 1915 de grosses offensives. les Allemands tiennent la ligne de crête et les Français sont établis dans les pentes.
Sur le terrain, les forces françaises se composent de la Ve Armée sous les ordres du général Mazel (avec 16 Divisions d'Infanterie réparties en 5 corps), de la VIe Armée sous les ordres du général Mangin (avec 17 Divisions d'infanterie réparties en 5 corps. De nombreux régiments de troupes coloniales, tirailleurs sénégalais et zouaves constituent des “troupes de choc“) et de la Xe Armée sous les ordres du général Duchêne (avec 9 Divisions d'infanterie en réserve).

Les troupes africaines doivent attaquer sur le secteur le plus stratégique du plateau, au niveau de l'isthme d'Hurtebise, face à la Caverne du Dragon. Sur les 15000 africains présents face aux lignes allemandes, 6000 mourront le 16 avril.
Le plan français, prévoit une concentration maximale de forces sur 30 km de front. Le terrain doit être préparé par un bombardement d'artillerie massif chargé de détruire les premières lignes allemandes. Ensuite, les troupes d'infanterie doivent s'élancer protégées par un feu roulant d'artillerie. 
Ce plan ne tient pas assez compte du terrain qui est très défavorable : les troupes françaises se situant en contrebas et devant se lancer à l'assaut de pentes fortifiées.

Les conditions météorologiques sont terribles quand commence l'offensive. Il fait très froid et il neige même le 16 avril. Les Sénégalais qui se sont entraînés sur la côte d'Azur (entre autre à Fréjus), ne sont pas préparés à de telles températures. Nombre d'entre eux souffrent du gel. Le 17 avril, la pluie tombe d'une manière quasiment continue et le terrain est boueux. Les sodas qui s'élancent le 16 avril, trouvent des positions allemandes très peu touchées par le bombardement.

Dès les premières heures l'offensive apparaît comme un échec sanglant. L'offensive sera repoussée et les pertes seront de 30000 tués pour la semaine du 16 au 25 avril.
Remaniement dans l'État-major, Le 29 avril le général mangin est relevé de son commandement. Le 15 mai, le général Pétain remplace le général Nivelle. Du 20 mai à fin juin, le front est secoué par les mutineries qui affectent plus de 150 unités.

Pendant cette même période, Guy de Tonquedec et le 27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais se trouvent le 16 avril 1917 à Courcelles à la ferme des Bovettes et dans les tranchées du Mont Sapin.
Les Bovettes sont un hameau de quelques maisons, presque en bordure (nord) du Chemin des Dames, situé non loin de la ferme du Panthéon, et qui dépend de la commune de pargny-Fillain (canton de Vailly-sur-Aisne)


Déplacements du 27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais entre avril 1917 et fin mai 1917



extrait du compte-rendu du sergent Serre du 26 mai 1917
du combat de la tranchée du Fanion, la carrière des Bovettes et la ferme des Bovettes
(où est mort le sous-lieutenant Guy de Tonquedec).
cimetière militaire de Soupir (Aisne)
carré : fr - 12e Don - -5e travée - tombe 10
(fait partie des 4660 soldats inhumés dans ce cimetiè
re)
tombe 1540 - mémorial genweb)
Ferme des Bovettes
ferme des Bovettes au sud de Pargny-Filain
Panorama autour du canal latéral de l'Aisne
au Premier plan, Presles-et-Bove,
à gauche, Chavonnes et l'Aisne
au centre, au-dessus du canal, Soupir
à droite, Cys-la-Commune et le canal latéral de l'Aisne
en jaune les lieux où a combattu le 27e BTS et le sous-lieutenant Guy de Tonquedec en avril-mai 1917
sous les ordres du lieutenant le Bihan

15-19 avril : Chavonne,Vailly, Rouge-maison
16 avril : franchissement du canal et de l'Aisne
17 avril : tranchées du Mont-sapin
18 avril : Pierre d'Ostel, Folemprise, la Fosse-marquet
20 avril : Saint-Precord
25 mai : les Grinons
26 mai : Panthéon, les Bovettes
29 mai : les Grinons
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Cette étude et recherche pour un Master à l'Université Paris IV-Sorbonne de Bastien Dez sur les Tirailleurs “Sénégalais“ est à consulter pour qui voudrait avoir plus d'information 
sur l'engagement de ces soldats au cours des offensives du “Chemin des Dames“ en avril-mai 1917.
Cette recherche donne un “éclairage“ particulièrement intéressant et des précisions, entre autre, 
sur le 27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais.

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Les Tirailleurs “Sénégalais“

Appellation simplificatrice, car on trouve dans ces soldats originaires pour la plupart de l'ancienne AOF, différentes ethnies dont les Mandingues (Bambaras, Malinkés du Mali) les Wolofs du Sénégal, les Toucouleurs du Sénégal et Mali, des Mossis du Burkino Fasso, des Djermas et haoussas du Niger.
Considérés par les autorités coloniales comme un “inépuisable réservoir d'hommes“, l'AOF devient le principal espace de recrutement des combattants d'Afrique subsaharienne envoyés en métropole.
Rappelons que le général Mangin, au cours des différents épisodes de la mission Marchand “Congo-Nil“ du commandant Marchand, dont il était adjoint (capitaine), entre 1896 et 1899, avait déjà pu apprécier ou tout au moins se faire une idée sur les capacités militaires de certaines "ethnies guerrières" présentes en AOF.
À partir de 1915, le recrutement des jeunes âgés d'au moins 18 ans, se fait dans des conditions pénibles. Après un voyage d'une dizaine de jours, les recrues embarquées dans les ports de l'AOF, arrivent en métropole et sont dirigées vers les camps "d'hivernage“ au sud de la France (Fréjus 27e, 28e, 29e BTS, Courneau, Saint-Médard 83e BTS).
Rappelons également que Aymar de Tonquedec, frère aîné de Guy Joachim, après sa demande de réintégration à l'armée, se retrouve le 26 septembre 1916, réaffecté au camp de Fréjus et au 7e colonial pour former les bataillons de tirailleurs sénégalais destinés à l'armée Mangin. Ce même Aymar de Tonquedec, en 1917, commande le camp de Saint-Médard avant d'être rayé des cadres et de se retirer à Nantes.
À partir de mars 1917, les Tirailleurs Sénégalais quittent progressivement les camps d'hivernage et rejoignent le “front“. 20 BTS de première ligne dont le 27e, rejoignent les unités de la VIe Armée du général Mangin présente au sud du Chemin des Dames. Le 27e BTS est acheminé le 21 mars vers les zones de la Vie Armée, à destination de Noisy-le-Sec. Le 24 mars, le 28e BTS : destination Creil, le 29e BTS : destination Noisy-le Sec.
Creil et Noisy-le-Sec étant les gares de régulation en banlieue parisienne
Début 1917, des conditions atmosphériques détestables sévissent sur les terres de l'Aisne.
Début avril 1917, le général Mangin accompagné du Président de la République Raymond Poincaré, passe en revue les combattants d'Afrique. 
Les Tirailleurs sont logés dans de misérables cantonnements, souffrant considérablement du froid. Leurs effectifs étant fortement éprouvés par les intempéries. Plus d'un millier d'entre eux sont évacués pour pneumonies ou engelures. Pourtant les effectifs des BTS rejoignent les troupes métropolitaines en première ligne le 15 avril.
Le 16 avril, à l'heure H de l'offensive Nivelle, Les combattants montent à l'assaut sous d'incessantes rafales de pluie et de naine, mêlées d'un vent glacial.
Le 27e BTS, au sein du 1er Corps d'Armée Colonial commandé par le général Berdoulat, emmené par le chef de Bataillon Rivier, fait partie de ces bataillons qui tentèrent d'atteindre les crêtes méridionales du Chemin des dames, plongées dans une brume dense.

Le 1er CAC, se positionne sur l'aile gauche de la Vie Armée du général Mangin, entre la forêt de Coucy et le cours de l'Aisne. Les 51e, 64e, et 65e BTS prennent d'assaut le plateau de laffaux, entre Soissons et Laon. Le 61e BTS attaque le Mont des Singes au sud du canal de l'Ailette, s'empare de la tranchée de l'Entrepôt au nord de la ferme de Moisy et tient la crête du plateau de Laffaux. Une contre-attaque allemande et des lourdes pertes provoquent l'ordre de repli du bataillon.

Le 2e CAC, se tient sur l'aile droite de la Vie Armée au début des opérations, entre les villages de Troyon et la vallée Foulon, au sud-est de Craonne. Le 6e BTS, rattaché à la Xe d'Infanterie Coloniale commandée par le général Marchand (célèbre depuis la Mission Congo-Nil en 1896), atteint la crête d'Hurtebise et s'engage dans le ravin de Vauclair avant d'être stoppé au Mamelon 149 au prix de terribles pertes. Aux abords de la ferme d'Hurtebise, le 43e BTS magnifié depuis sa participation à la reprise du Fort de Douaumont en octobre 1916 sur le front de verdun, souffre terriblement. Les 68e et 70e BTS ne peuvent maintenir leurs positions près du village d'Ailles où ils subissent le déluge de feu des Armées du Kronprinz. Le 1! avril 1917, après deux jours d'atroces combats, le haut-commandement donne l'ordre aux unités mutilées du 2e CAC de se retirer du théâtre des opérations.

Le 5 mai 1917, en dépit des pertes insupportables, le général Nivelle, ordonne un nouvel effort des Armées françaises sur le plateau du Chemin des dames. Le 1er CAC prend d'assaut le saillant de Vauxaillon-Laffaux où le 61e BTS attaque les positions allemandes entre la ferme Moisy et le Bessy. Durablement affaibli par ces dernières opérations, le 1er CAC est relevé entre le 8 et le 15 mai. 

De terribles désillusions se font “jour“ et des témoignages font part de l'état d'esprit mélancolique des Tirailleurs Sénégalais.
“La majeure partie des bataillons noirs, mis en état de moindre résistance par le froid, la pluie, sont sérieusement atteints dans leur moral et ne semblent pas, pour le moment, pouvoir offrir des garanties de solidité en cas d'attaque allemande“

En tenant compte de cette expérience et de celle que j’ai faite dans la Somme pendant l’été de 1916, je conclus que :
En France, les Sénégalais ont une très grande valeur offensive, mais ils sont très sensibles aux intempéries. Pour les maintenir en bon état physique des précautions sont nécessaires. Ils peuvent tenir les tranchées par temps sec et température douce. Ce même service sous la pluie, dans la boue, les usent très rapidement. L’attaque menée par eux le 17 avril a fait l’admiration des officiers des 25e et 29 B.C.P. 
Ils sont excellents pour un coup dur, pour un choc violent. Utilisés dans ces conditions, on peut compter sur eux de façon absolue.“
Cette note d'un officier issue du JMO du 27e BTS, corrobore le témoignage précédant et illustre à bien des égards les réflexions et les débats sur l'emploi des combattants africains et leurs comportements face à l'ennemi.
Le général Famin, dénonce les rumeurs qui circulent quand à l'échec de l'offensive qui serait dû à l'emploi des troupes sénégalaises. Il récuse ce bruit qui est, sans conteste, dénué de fondement.
Les pertes touchant les BTS entre le 16 et 30 avril 1917, sont estimées à 7300 hommes.

Jugés responsables des échecs de l'Offensive du Chemin des Dames, les généraux Mangin et Nivelle sont désavoués respectivement le 29 avril et le 15 mai 1917.

Pertes du 27e BTS 

aux combats du 16 avril
10 combattants (7 soldats de 2e classe, 2 de 1ere classe, 1 caporal)
• 3 soudanais
• 2 sénégalais
• 5 guinéens

• 7 sont morts à Chavonne
• 1 à Hurtebise
• 2 à Mont Sapin et Presles

aux combats du 26 mai
59 combattants dont Guy Joachim de Tonquedec

(quelques “Sénégalais“ du 27e BTS, morts aux combats du 26 mai 1917) 
• Bamaba KONÉ °1891 - Sériouba - SOL 20206
• Karfa KEITA °1890 - Tomorouata - 1761
• Mamadou KONATÉ °1886 - Borbo - 1751 - caporal
• Mamady TARAORÉ °1890 - Ibiri - 8232
• Sidiki TARAORÉ °.... - Jouguio - 16406
• Sogono YEO °.... - Boudiani - 52875
• Mamadou KOULIBALY °1883 - Ourounguia - 30205
• N'golo DIARA °1898 - Tinsouni - 62247
• Sambou TOURÉ °.... - Sagalou - 12161

“Des tranchées de Verdun à l'église Saint-Bernard“ chez Karthala

JMO du 27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais

du 11 avril 1915 au 8 avril 1919

Commandant Thomas
Commandant Nileaudau
Commandant Connen

Origine du bataillon
Le 27 e bataillon de tirailleurs sénégalais at été constituée à Marseille le 11avril 1915 avec des éléments de jeunes tirailleurs non instruits, provenant de Dakar.

Le 11 mai 1915, il fut dirigé sur le camps de Fréjus.
Après diverses transformations, il quitte Saint-Raphaël le 13 mai 1916, À destination du front français.

13 mai 1916
Le bataillon quitte Fréjus à destination des armées, 2e CAC

15 mai 1916
Arriveée du bataillon à Villers sur Coudun (Oise). les 4 Cies cantonnent à Marquéglise

21 mai
Les quatre compagnies quittent leur cantonnement pour ceux d’Oreillers-Sorel et Biermont. Jusqu’au 30 juin, elles ouvrent les tranchées du secteur de Carny sur Matz, la 1ere alternant avec la 3e et la 4e avec la 2e, ayant pour cantonnement de repos Orvillers et Biermont. Dans leur secteur elles participent au service de garde, entretien, confection et construction de tranchées, abris, sape, etc… Pendant ce séjour, les compagnies ne subissent aucune perte. État sanitaire excellent.
La 2e Cie quitte son cantonnement et part pour Biermont où elle restera jusqu’au 3 juin.
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3 juin
La 2e Cie part pour les tranchées de Canny : secteur de la “Croix brisée“ ; elle y restera jusqu’au 9 juin, 1 section en 1ere ligne et 3 en réserve. Les sections de réserve participent aux travaux d’entretien de tranchées et construction d’abris.

5 juin
la 3e Cie part pour les tranchées de Canny : secteur Ferme de canny ; elle y restera jusqu’au 13 juin. Mélangée aux européens on s’occupera surtout du dressage du tirailleur au service de tranchées tant en 1ere ligne qu’en réserve. Le premier essai a donné toute satisfaction.

10 juin 
la 2e Cie relevée des tranchées vient cantonner à Biermont où elle restera jusqu’au 15 juin.

13 juin
La 3e Cie relevée des tranchées vient cantonner à Oreillers où elle restera jusqu’au 22 juin.

15 juin
La 2e Cie part pour les tranchées, elle occupera le même secteur que précédemment ; elle y restera jusqu’au 22 juin : 1 section en 1ere ligne, 3 sections en réserve qui s’occuperont de travaux d’entretien de la 1ere ligne et construction d’une tranchée de soutien.

22 juin
La 2e Cie relevée des tranchées vient cantonner à Biermont jusqu’au 30 juin.
La 3e Cie part pour les tranchées de Canny, même secteur et employée de la même façon que précédemment.

30 juin
la 2e Cie part pour les tranchées de Canny, secteur du “Bois impénétrable“ où elle reste jusqu’au 7 juillet. Elle a 2 sections en 1ere ligne, 1 en soutien, la 4e en réserve.
C’est pendant cette période qu’eu lieu le coup de main sur le Bois Perlot. Les tirailleurs ont eu une très bonne tenue durant le violent bombardement des 1er, 2 et 3 juillet qui provoque de dures ripostes de l’artillerie ennemie. La section de réserve s’est fait principalement remarquer dans le transport des obus de canons de tranchées pendant le bombardement, ainsi que les brancardiers pour la relève des blessés. Il n’y eu qu’un blessé et un caporal fortement contusionné.
La 3e Cie relevée des tranchées de Canny vient cantonner à Biermont jusqu’au 8 juillet. Le bataillon est définitivement rattaché au 5e Régiment d’Infanterie Coloniale. Chacune des 1ere, 2e et 3e Cies devient respectivement 4e Cie des 1er, 2e et 3e bataillons. La 4e Cie est envoyée au dépôt divisionnaire de la 15e DIC.

8 juillet
La 2e Cie relevée des tranchées vient cantonner à la Berlière jusqu’au 21 juillet. La 3e Cie part pour les tranchées et occupera le secteur des “Grandes Carrières“ jusqu’au 16 juillet. Elle occupera seule le secteur. les tirailleurs, durant cette première période, sans le concours d’éléments blancs, donnent le maximum de satisfaction dans ce que l’on pouvait attendre d’eux.

16 juillet
La 3e Cie relevée des tranchées vient cantonner à Biermont jusqu’au 23 juillet.

21 juillet
La 2e Cie vient occuper les tranchées de le “Ferme de Canny“ jusqu’au 29 juillet : 3 sections en 1ere ligne, 1 en réserve au CR qui s’occupera de travaux d’entretien et achèvement d’abri de 1/2 section.
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23 juillet
La 3e Cie vient occuper les tranchées des “Grandes Carrières“ jusqu’au 31 juillet : même emploi, mêmes travaux que précédemment.

29 juillet
La 2e Cie vient cantonner à Conchy-les-Pots, jusqu’au 31 juillet.

31 juillet
La 2e Cie quitte Conchy les Pots pour Ablemont où elle cantonne jusqu’au 11 août.
La 3e Cie vient cantonner à Welles-Pérennes jusqu’au 15 août. Pendant cette période elle est remise en mains (marche, tirs, lancement de grenades, exercices divers).

12 août
La 2e Cie arrive à Bonvillers où elle cantonnera jusqu’au 15 août.

17 août
La 3e Cie bivouaque dans les tranchées place d’armes du Bois de la Vierge et de Becquemont jusqu’au 3 septembre. Soumis de jour comme de nuit à un bombardement intense, avec ravitaillement difficile et irréguliers dans des conditions atmosphériques très mauvaises. Les tirailleurs ont fait preuve d’endurance, de calme, de sang-froid et de loyalisme. Ajouter à cela le travail énorme qui leur a été demandé pendant cette période et dont le rendement a été jugé excellent par le service de génie, les tirailleurs ont montré ce que l’on pouvait attendre d’eux.

19 août
La 1ere Cie quitte le camp 51, vient occuper les tranchées secteur Villers-Carbonnel-Belleoy en Santerre. Placé en réserve de régiment à la tranchée Brunchild NE du village d’Assevillers. Elle y restera jusqu’au 27 août et s’occupera à des travaux de transport de matériaux, d’aménagement d’abris et de confection de tranchées de 1ere ligne. Perte :1 tué, 1 blessé
La 2e Cie quitte les tranchées de Dompierre et vient occuper les tranchées de 1ere ligne secteur de Barleux : 1 section en 1ere ligne, 2 en soutien, 1 en réserve. Les 2 sections de soutien travaillent à la construction d’une parallèle de départ, de boyaux, d’abris sape pour munitions et achèvent la tranchée de 1ere ligne et celle de soutien.
La 4e section est chargée du ravitaillement de l’artllerie de tranchée. malgré un bombardement intense, les tirailleurs se sont montrés très crânes. Les pertes ont été sensibles ; tués : 1 sergent E et 3 tirailleurs - blessés : 1 sergent E, 6 tirailleurs.

25 août
La 2e Cie quitte les tranchées et vient cantonner à Capy.
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27 août
La 1ere Cie quitte les tranchées et vient au repos au camp de Marly jusqu’au 2 septembre. Pendant cette période de repos elle est occupée à des travaux de nuit dans les environs d’Asserviller, préparation de place d’armes. Travaux rendus particulièrement pénibles par la pluie et le froid. Aucune perte.

3 septembre
Les 1ere, 2e et 3e Cies quittent leur cantonnement et montent en ligne en vue d’une attaque.
La 1ere Cie occupe le secteur de Barleux-Villers Carbonnel-Belloy en Santerre
La 2e Cie occupe le secteur devant Barleux, en liaison avec le 159e de ligne.
La 3e Cie est placée au Bois de Boulogne en réserve du 5e Colonial.

4 septembre
La 1ere Cie prend part à l’attaque avec un effectif de 4 officiers, 18 gradés ou soldats européens, 176 gradés indigènes et tirailleurs.
Tous s’y montrent dignes de compter parmi les meilleurs troupes françaises.
Ses pertes ont été sérieuses : 3 officiers, 18 gradés et soldats européens, 136 gradés I (indigènes) et tirailleurs.
La 2e Cie ne prend pas part à l’attaque, elle ne débouche pas de la 1ere ligne. Par le bombardement, elle subit des pertes sensibles : 1 caporal E, 3 capor’ I et 7 tirailleurs tués ; i adjudant E, 1 sergent E, 2 sergents I, 3 capot  I et 33 tirailleurs sont blessés ; 2 caporaux I et 4 tirailleurs disparus. Malgré les vides causés par le bombardement, les tirailleurs se sont montrés calmes, pleins de sang-froid et à hauteur de leur tâche.

5 septembre
La 1ere Cie est mise en réserve de brigade à la tranchée Brunchild.

6 septembre
Les 1ere, 2e et 3e Cies vont en repos au camp 51 jusqu’au 19 septembre. Là, elles seront reconstituées au moyen d’éléments européens et indigènes pris dans un renfort. venant de la 4e Cie du D.D.

8 septembre
Le chef de bataillon Connen prend le commandement du 2e Bataillon du 5e Régiment d’Infanterie Coloniale. Il est remplacé au 27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais par le commandantt Reitz du 5e Régiment d’Infanterie Coloniale.

19 septembre
Les 1ere, 2e et 3e Cies quittent le camp 51 pour prendre les tranchées. La 1ere Cie occupe le même secteur que le 4 septembre. Elle est placée en réserve de régiment au “Grand Bois“. Elle reste dans cette position pendant 3 jours au cours desquels elle a 4 tirailleurs blessés.
La 2e Cie occupe le secteur entre Barleux et Villers Carbonnel. Elle prend la réserve du 2e bataillon, chargé des contre-attaques. Elle est en outre, occupée à des travaux de réfection et du ravitaillement. Les pertes ont été de 6 tirailleurs tués, 8 blessés et 1 officier blessé.
La 3e Cie occupe le secteur voisin de la 2e et à l’Ouest de celle-ci où elle reste en réserve jusqu’au 30 septembre.
En réserve de Bataillon de 1ere ligne, massée dans une tranchée de soutien, elle y subit des pertes sensibles. Travaille nuit et jour à la réfection de boyau, de tranchées, ensevelit les morts, fait le transport, creuse de nouveaux boyaux même en deçà de la 1ere ligne.
Malgré les vides causés par le feu et la maladie, les tirailleurs ont montré les mêmes qualités que pendant la période du 17 août au 7 septembre.

23 septembre
La 1ere Cie est envoyée en réserve de brigade à la tranchée Brunchild. Elle reste dans cette situation jusqu’au 30 septembre et participe à des travaux de réfection et d’entretien de boyaux effectués en 1ere et 2e ligne.

1er octobre
Les 1ere, 2e et 3e Cies quittent les tranchées et vont au repos au camp du Canard jusqu’au 27 octobre.
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7 octobre
Le commandant Reitz passe au 9e Bataillon Indo-chinois d’Etapes ; il est remplacé par le chef de Bataillon Jules (venant du 9e Bataillon Indo-chinois d’Etapes) le 10 octobre.

18 octobre
Le commandant Jules quitte le commandement du 27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais et passe au 132e Régiment d’Infanterie.
Il est remplacé , le 20 octobre, par le chef de Bataillon Rivier, venu du 2e Régiment d’Infanterie Coloniale.

27 octobre
Les 1ere, 2e et 3e C.S. et une C.M. E. affectée au Bataillon quittent le camp du Canard et se rendent à l’entrée de Moreuil, Point I du rassemblement du bataillon.
La 4e C.S., le chef de Bataillon, le P.E.M., le T.C., quittent le camp 161 et se rendent au P.I.
À 11h30, en gare de Moreuil, a lieu l’embarquementt du Bataillon à destination de Fréjus, où il arrive le 30 octobre, à 24h, pour hiverner.
Il est installé au camp de la Péguière.

5 novembre
Le commandant Rivier (désigné pour servir en indo-chine) quitte le commandement du 27e Bataillon. Le chef de Bataillon Connen reprend, à la date du 5 novembre, le commandement du 27e bataillon T.S.

6 novembre
Le Bataillon quitte le camp de la Péguière pour s’installer au camp Largeau.
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La campagne d’été 1916 semble avoir prouvé de façon irréfutable :
• que le courage, le dévouementt, la belle tenue des Sénégalais, dans toute les cironstances, même les plus critiques de la vie au front, ne peuvent plus être mis en doute.
• que la manque d’initiative, et cette raison seule, n’a jamais permis à une troupe noire de conduire à bien une opérationn de guerre par ses propres moyens : toujours il a fallu lui donner un appui plus ou moins important de troupe blanche.

Dans la guerre actuelle aussi bien dans la défensive que dans l’offensive lorsque le mouvement est déclenché, le soldat échappe complètement à l’action directe de ses chefs. La réussite dépend de la valeur et surtout de l’initiative individuelle. Une troupe composée d’individus qui manquent d’initiative, et c’est la cas de nos tirailleurs, se trouve en état d’infériorité.
Il serait possible de donner aux Bataillons Sénégalais une réelle valeur militaire et de les rendre aptes à toute opération de la guerre actuelle avec ses seuls moyens en augmentantt le nombre des Européens du Bataillon. 
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1917
21 mars 
Le Bataillon part de St-Raphaël le 21 mars et débarque à Fère-en Tardenois le 23 mars à 19h.

23 mars
Cantonne la nuit du 23 au 24 à Saponay.

24 mars
Le Bataillon part pour cantonner à Chéry-Chartreuse ; il défile devant le Général mangin Commandant la 6e Armée dans la matinée du 24 mars.
Séjour à Chéry-Chartreuse dans les baraques “Adrian“.

2 avril
Du 24 mars au 5 avril 2Oh. - Dans cette localité, le bataillon est passé en revue par le Président de la République, les Présidents du Sénat et de la Chambre, le Général en chef, le 2 avril.

5 avril
Le 5 avril, le Bataillon va cantonner à Courcelles où il est logé dans les baraques “Adrian“. Il y reste jusqu’au 14 avril.
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14 avril
Le 27e Bataillon était désigné pour faire partie, au jour J, du détachement spécial commandé par le Lieutenant Colonel Méchet.
Le 14 avril à 2Oh, il quittait Courcelles pour les creutes avoisinant la ferme des Bovettes où il était installé vers 23h45. Il y passa la journée du 15 avril.

16 avril (début de l'offensive Nivelle)
Le 16, à 2h30, il allait prendre ses emplacements de départ. À l’heure H, il franchissait le canal et l’Aisne, par la seule passerelle 31, sous un feu de barrage exécuté par une batterie de 77 et une batterie de 105, semblait-il. Les pertes pendant ce passage furent légères. Toute la journée il resta en position d’attente dans les boyaux et tranchées (du Mont-Sapin), sous un violent bombardement. Il passa la nuit dans ces mêmes emplacements, sous une pluie glaciale.

17 avril
Du 17, à 14h. au 18, 12h, il tint les tranchées du réduit de Mont-Sapin, derrière (25e B.C.P.) le 355e d’Infanterie et le 29e B.C.P., dans la boue, sous la pluie et parfois même, la neige.

18 avril
Le 18 à 14h., tous les hommes disponibles reprenaient la marche en avant dans la direction Pierre d’Ostel, Folemprise, Aizy. La nuit du 19 fut passée sous la pluie dans la tranchée Flux, le boyau du Colibri et la Coline N.E. de la Fosse Marquet (abords de Rouge-Maison).
État sanitaire - le séjour dans les tranchées boueuses par un temps très mauvais et une température très basse a eu les conséquences suivantes.
pertes en européens :
tués : 7 - 1 officier
blessés : 14 - 6 sous-officiers
disparus : 3 - 17 … et s

Du 15 au 19 inclus, l’effectif indigène combattantt a diminué de 264, dont 66 tués ou blessés et 47 disparus, 151 Sénégalais ont été évacués pour enflure des jambes ou gelures légères. Sur 510 indigènes combattants, présents le 20, 144 sont exemptés de service, dont 137 pour enflure des jambes.
pertes en indigènes
66 tués
47 disparus
85 officiers
105 sous-officiers et tirailleurs

État moral - Le bataillon n’a pas eu l’occasion de participer à une attaque. Il fut cependant soumis à de très violents bombardements qui lui causèrent des pertes sérieuses. Malgré leurs souffrances physiques, les Sénégalais firent toujours preuve du meilleur moral, d’un dévouement absolu à leurs chefs, d’un intense désir de se mesurer avec le boche. Aucune plainte n’a été entendue ; aucun acte d’indiscipline n’a été commis.

J’établirai pour quelques uns d’entre eux des propositions de récompenses.
Quelques exemples :
Un adjudant indigène gravement blessé à la main par un éclat d’obus refuse de se faire évacuer, prétenddant que la main qui lui restait suffisait pour tuer plusieurs boches. Blessé à nouveau très grièvement, il se fait porter près du Commandant de la Cie pour lui remettre ses armes et pour qu’il constate que “maintenant il avait son compte“.
Un autre, souffrant d’enflure des jambes, reçoit de son commandant de Cie l’ordre d’aller voir le médecin au moment où l’on se porte en avant, le 18/ Il répond : “mon lieutenant est blessé et marche quand même, je peux faire comme lui“.
Des agents de liaison, blessés, ne vont se faire panser qu’après avoir rempli leur mission.
Un tirailleur ayant reçu une blessure, la tient cachée à ses gradés de peur que ceux-ci le fassent évacuer.
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Un Tirailleur malade est désigné pour assurer la garde du matériel laissé aux autres. Il pleure et demande à suivre sa Cie.
Après ces journées, officiers et gradés européens ont une confiance plus grande que jamais dans leurs Tirailleurs.

Résultat du nettoyage - au cours du nettoyage de la région Chavonne -Vailly - Rouge-Maison, il n’a été fait aucun prisonnier. Un certain nombre de morts et blessés ennemis ont été trouvés dans les abris visités. Une grande quantité de matériel consistant surtout en fusils, en munitions d’infanterie, grenades, projectiles d’artillerie, outils de toutes natures a été trouvée.
Dans Vailly, pas une maison n’est intacte, la plupart semblent avoir été détruites par des explosions et non par le tir de l’artillerie. Des explosions ont également déterminé l’inondation d’un grand nombre de caves ; dans beaucoup de murs, on trouve encore des engins explosifs logés dans les excavations.
L’organisation défensive de la ville est à signaler : réseaux de fil de fer, abattis, casemates pour mitrailleuses se trouvent un peu partout. Les abattis ont été fait très récemment ce qui semble indiquer que l’ennemi était décidé à résister le plus longtemps possible.

Conclusion - en tenant compte de cette expérience et de celle que j’ai faite dans la Somme pendant l’été de 1916, je conclus que :
En France, les Sénégalais ont une très grande valeur offensive, mais ils sont très sensibles aux intempéries. Pour les maintenir en bon état physique des précautions sont nécessaires. Ils peuvent tenir les tranchées par temps sec et température douce. Ce même service sous la pluie, dans la boue, les usent très rapidement. L’attaque menée par eux le 17 avril a fait l’admiration des officiers des 25e et 29 B.C.P. 
Ils sont excellents pour un coup dur, pour un choc violent. Utilisés dans ces conditions, on peut compter sur eux de façon absolue.

Pour récompense accordées voir : ordre du Bataillon n° 118-119

20 avril
Le bataillon se porte vers les Grands Riez, au N.O. de Vailly. Il reçoit l’ordre d’aller cantonner la nuit dans un faubourg de Vailly, nommé Saint-Précord.

21 avril
Au cantonnement dans les caves de Saint-Précord

22 avril
Le Bataillon quitte St-Précord pour se rendre à la ferme Monthussart où il occupe les creutes. La 1ere et la CM à la ferme de Crèvecœur, les 3 CS dans les creutes.

23 avril
Du 23 au 30 avril le Bataillon séjourne dans les creutes de la ferme Monthussard.

30 avril
Le Bataillon se rend à Nampteuil-sous-Muret (période de repos).

6 mai
Le 27e Bataillon Sénégalais passe à la 127e D.I.


Carte des combats et du terrain conquis et nettoyé par le 355e RI du 16 avril au 6 mai 1917.
Le 27e BTS est à droite du 355e RI lors de l'attaque du 16 avril.
Du 17 avril 1917, à 14h. au 18,à 12h, le 27e BTS tient les tranchées du réduit de
 Mont-Sapin,
derrière (25e B.C.P.) le 355e d’Infanterie et le 29e B.C.P.,
dans la boue, sous la pluie et parfois même, la neige.
(en jaune sur la carte, parcours du 27e BTS)

7 mai
Le 27e Bataillon Sénégalais forme le 4e Bataillon du 127e R.I. qu’il rejoindra ultérieurementt.
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16 mai
Le Bataillon quitte Nampteuil-sous-Muret à 5h. pour se rendre à Villemontoire.

17 mai
La 4e Cie du Bataillon (Lieutenant Dif) est détachée au D.D. de la 127e D.I. et se rend à Louâtre à l’effectif de : 2 officiers, 1 adjudant-chef, 1 adjudant E, 6 sergents E, 5 caporaux E, 1 soldat E, 2 sergents indigènes, 13 caporaux I, 15 tirailleurs I.

19 mai
Le bataillon quitte Villemontoire pour se rendre à Ciry Salsogne.

22 mai
Le Bataillon quitte Ciry-Salsogne pour se rendre à Acy(Aizyc (au hameau de Jouy).

24 mai
Le 86e bataillon de Tirailleurs Sénégalais, commandant Damel, renforce le Bataillon en lui passant l’effectif suivant :
1° - Effectif réparti dans les Cies : 1 officier, 1 sergent-fourrier, 3 sergents E, 3 caporaux officiers, 10 caporaux E, 9 soldats signaleurs et pionniers, 2 soldats E armuriers, 1 soldat E cordonnier, 1 soldat E cycliste, 1 soldat E secrétaire, 8 sergents I, 15 caporaux I, 1 clairon I, 234 tirailleurs.

2° - Effactif envoyé au D.D. : 2 officiers, 1 adjudant-chef E, 3 adjurants E, 2 sergents-majors, 1 sergent fourrier, 9 sergents, 2 soldats cyclistes, 1 soldat secrétaire, 4 soldats E conducteurs, 3 soldats E infirmiers, 1 caporal E conducteur, 1 caporal E cordonnier, 1 caporal E brancardier, 1 adjudant I, 7 sergents I, 5 caporaux I, 6 clairons I, 110 tirailleurs.

25 mai
Le chef de Bataillon reçoit l’ordre de se mettre avec 2 Cies (Capitaine Azun et Lieutenant Le Bihan) à la disposition du 294e R.I., les 2 autres Cies, 1ere et C.M. se rendent aux Grinons.
Combats du 26 mai 1917
26 mai 1917 (jour où Guy de Tonquedec a été mortellement blessé)
La 1ere Cie et la C.M. sont mises à la disposition du 171e R.I.

Un détachement composé des Cies Azun et Le Bihan du 27e B.T.S. et de la Cie Viant du 26e Bataillon de Chasseurs à Pied est placé sous le commandement du chef de bataillon Connen commandant le 27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais.
Le 26 mai 1917, à 13h30, le chef de Bataillon Connen reçut du Lieutenant Colonel commandant le 294e R.I. (à la disposition duquel il avait été mis), un ordre d’opérations prescrivant à la Cie Azun de reprendre par une progression constante à la grenade, la tranchée du Fanion et, à la Cie Le Bihan, de s’emparer des petites carrières situées au nord de la carrière des Bovettes puis de se porter sur une ligne reliant le Fanion au coude de la route de Pargny-Fillain.
Ce mouvement devait s’exécuter en liaison avec les Cies Colombani, Humbert et de Varine du 294e. Il devait commencer dès que les chefs de bataillon auraient pu donner leurs ordres.
l’ordre d’engagement fut établi immédiatement par le commandant Connen ; une copie en fut envoyée vers 15h. au lieutenant Colonel Berthon. Il prescrivait :
1° - à la Cie Azun de progresser à la grenade dans la tranchée du Fanion en appuyant ce mouvement…
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…par une fraction progressant également à la grenade dans la partie du boyau du Panthéon occupée par les Allemands.
Premier objectif : la jonction du fanion et du Panthéon
Objectif ultérieur : jonction du Fanion et du boyau de l’Epaulette dans lequel opérait la Cie Colombani
2° - à la Cie Le Bihan d’occuper les carrières immédiatement au nord de celle des Bovettes, de lier sa progression à celle du Fanion, de procéder autant que possible par infiltration au moyen de grenadiers et de voltigeurs.
une note complémentaire fut, en outre, envoyée à la Cie Le Bihan pour lui indiquer de façon détaillée les procédés d’infiltration à employer.
la Cie Viant formait réserve dans la tranchée de la Mèche.
Après entente avec le Commandant Barbe, du 294e, il fut décidé que le mouvement commencerait à 16h30. Il fut exécuté de la façon suivante :

16h30 - Cie Azun a) dans le Fanion
1 escouade de grenadiers et quelques voltigeurs commandés par le Sous-Lieutenant Quéré et l’adjudant Néza ; elle progresse rapidement de 150m environ, puis doit s’arrêter ayant épuisé un approvisionnement de grenades. Mettant cet arrêt à profit, les Allemands contre-attaquent à la grenade.le Sous-Lieutenant Quéré fait alors appel aux deux sous escouades de voltigeurs de sa section. Pour arrêter l’ennemi, il s’élance à la baïonnette, par dessus les boyaux. Un barrage de grenades à manche l’arrête et lui cause de grandes pertes. Lui-même est blessé.
b) dans le boyau du Panthéon un détachement de même composition commandé par l’adjudant-chef Giraud s’engage. L’adjudant chef est blessé gravement dès le début. Le sergent Goulette, qui le remplace, reçoit lui-même des éclats de grenade à la figure ; la terre reçue dans les yeux l’aveugle momentanément. Il va se faire panser et revient. Pendant ce temps, les Tirailleurs privés de leurs gradés européens et pris sous le barrage déclenché par les Allemands ne progressent plus. Quelques voltigeurs s’affolent. Ce sont des recrues de 5 mois de service, n’ayant reçu qu’une instruction rudimentaire et voyant le feu pour la première fois. Le retour du sergent Goulette ramène le calme mais la progression ne peut être reprise.

Compagnie Le Bihan
Le Commandant de la Cie a placé trois sections en ligne aux lèvres Nord de la grande carrière des Bovettes ; une section en réserve dans la carrière.
La progression par infiltration commence simultanément dans les trois sections. Des patrouilles s’avancent pour former l’ossature d’une ligne que l’on devra garnir ensuite, homme par homme et d’où l’on répartira plus tard par le même procédé.
Il s’exécute convenablement surtout à la 4e section (Sous-Lieutenant de Tonquedec).
Les Allemands mis en éveil par le combat à la grenade de la Cie Azun s’aperçoivent rapidement du mouvement. Ils déclenchent leurs tirs de mitrailleuses.
Il est difficile de préciser ce qui s’est passé…
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…à partir de ce moment. Il semble qu’à la 2e section dont le chef (adjudant Renaudon) venait d’être tué, le sergent qui le remplaça ait pris sur lui de commander formation d’assaut et de foncer en avant. Les sections qui l’encadraient auraient faits de même. La section de réserve (sergent Tange) puis quelques hommes du 294e sous les ordres du Sous-Lieutenant Trogan (de la Cie de Varine) interviennent quelques minutes plus tard, pour appuyer la section de Tonquedec devant laquelle s’était déclenchée une contre-attaque allemande.
La Cie Le Bihan était, dès lors, engagée dans une forme de combat qui n’était plus celle qu’elle avait reçu l’ordre d’adopter. Mais elle conduisit ce combat avec un élan, une ardeur telle qu’elle fit l’admiration des troupes européennes qui en furent les témoins.
Elle réussit à atteindre nos anciennes lignes perdues le 25. Bien qu’ayant perdu leurs officiers, presque tous les cadres européens, des groupes de Tirailleurs prirent pied dans la tranchée occupée par les Allemands, malgré les feux de mitrailleuses et de grenades et n’en revinrent qu’après avoir consommé toutes leurs munitions.

16h40
Les Allemands déclenchent un tir de barrage intensee. les calibres employés paraissent être 105, 150, 210. Le tir dure pendant toute la lutte, c’est à dire jusqu’aux environs de 20h. Les obus tombent en pluie, rendant infranchissable la zone délimitée par les Bovettes, l’Epaulette, la tranchée de la Mèche, la partie N. du boyau Cibaud et le boyau Carré. Ce tir cause de grosses pertes à la Cie Viant. Le réapprovisionnement en munitions a été impossible, malgré le courage et le dévouement des Chasseurs de la Cie Viant. On a cependant trouvé des agents de liaison qui n’ont pas hésité à traverser à deux reprises cette zone infernale pour transmettre des renseignements.

20h
Le bombardement diminue d’intensité. Les contre-attaques Allemandes n’ont pas réussi à nous chasser des positions que nous occupions le matin. Celles-ci restent intactes.

Pertes
Les pertes par grenades, feux d’infanterie et de mitrailleuses, tir de barrage, sont les suivantes pour les 2 Cies Sénégalaises

Tués (pour lesquels aucun doute n’est possible)
• officiers 2
• sous-officiers 3
• caporaux et soldats -
• indigènes 6
Blessés (passés au poste de secours de la ferme Hamerel)
• officiers 1
• sous-officiers 7
• caporaux et soldats 3
• indigènes 153
Disparus
• officiers 1
• sous-officiers 1
• caporaux et soldats -
• indigènes 92
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269 blessés

Dans les disparus sont compris les tués et blessés restés entre les deux lignes.
On peut donc certifier que si les Allemands ont fait des prisonniers, leur nombre est infime et qu’ils ne comporte que des blessés.
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Compte-rendu du sergent Serre de l’attaque du 26 mai 1917
(le sergent Serre est le seul européen survivant des 3 sections ayant participé en 1ere ligne à l’assaut du 26 mai, 3e Cie) - le chef de Bataillon

Un moment avant l’attaque le lieutenant Le Bihan, commandant la 
3e Cie a rassemblé tous les gradés européens et indigènes et nous a dit : “Voici la mission que nous avons à remplir : Nous allons nous porter en avant pour prendre la carrière qui se trouve en face de nous, la tranchée du Fanion et la ferme des Beauvettes. Aussitôt ces objectifs atteints, s’y installer et s’y maintenir coûte que coûte“.

Heure de l’attaque 16h30

Voici la formation que prendra la Cie : 1ere : 1 groupe de 8 grenadiers, 1 caporal et 1 sergentt indigène, sous le commandement du sergent Serre. 2e : 1ere, 2e et 4e section se porteront en avant au signal du commandant de Cie (c’est à dire au moment ou le groupe de grenadiers franchira la carrière). 3e section de réserve sous le commandement du sergent Tange, chargée de nous ravitailler en munitions, et au besoin se porter en avant pour renforcer un point faible.

Exécution

À 16h20, je place mes grenadiers en tirailleurs à 3 pas, derrière le parapet de manière qu’ils soient prêt à partir, dès que le signal nous en sera donné. À 16h30, au signal du Commandant de Cie, je me suis porté en avant avec mes grenadiers, à une allure environ de 30 à 35 pas à la minute ; mais voyant que je n’essuyais pas de coups de feux de l’ennemi, j’ai abordé la carrière au pas de gymnastique. À ce moment les boches surpris, levaient tous les bras en criant “Kamarade“.
J’étais à ce moment en tête de mes grenadiers, mais aussitôt que les boches aperçurent les Sénégalais, ce fût la débandade ; et de tous côtés ils se sauvèrent à toutes jambes. Restait seul les mitrailleurs qui aussitôt ouvrent le feu sur nous.
Mais comme nos Sénégalais ne cherchent pas à faire de prisonniers ; il bondissent aussitôt sur eux ; coupe-coupe à la main et les zigouillèrent sur place et capturent à cet effet 4 mitrailleuses.
Aussitôt la carrière occupée, et voyant que la Cie arrive à ma hauteur, je n’ai pas hésité à me porter de nouveau en avant, afin de pénétrer dans la tranchée du Fanion qui n’était plus qu’à quelques mètres de la carrière. C’était d’ailleurs notre objectif assigné.
La compagnie m’y a rejoint presque aussitôt, mais pas sans difficultés, car l’alerte étant donnée dans les lignes ennemies, mitrailleuses, crapouillots et obus crachaient de tous côtés. Ce qui fait un violent feu de barrage ; en même temps qu’ils nous conte-attaquent à la grenade. Mais malgré leur vigoureuse contre-attaque, nous nous sommes maintenus dans la tranchée conquise jusqu’à épuisement de la Cie, et le manque de munitions.
Au cours de l’attaque, j’ai vu tomber le sergent à la ferme des Bovettes et Fran.. entre les lignes, mais je n’ai pu constater s’il était mort ou simplement blessé.
Le Sous Lieutenant de Tonquedec a été blessé  en sortant…
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…de notre tranchée, mais a continuer à marcher en tête de la section jusqu’à la ferme des Beauvettes, où il a été mortellement blessé.
L’adjudant Renaudon, a été tué, à l’entrée d’un abri boche.
Quand au Lieutenant Le Bihan, il a donné le plus bel exemple qu’un commandant de Cie peut donner à ses hommes, en se portant vaillamment à l’attaque en tête de sa compagnie. Quoique deux fois blessé au cours de l’attaque, a continué à marcher en tête de sa Cie, avec une bravoure et un sang-froid remarquable.
Ce n’est qu’au moment ou il a appris par l’adjudant indigène que j’étais blessé, et comme à ce moment nous n’étions plus que trois européens, il venait pour me voir et c’est à ce moment là qu’il a été tué.
Pour le Lieutenant Maugers et Caporal Imbert, je les ai vus sauter dans la tranchée ennemie, mais je ne peux donner aucun autre renseignement à leurs sujets, ayant été évacué vers 17h10.
Quand aux Sénégalais ils se sont conduits d’une façon remarquable et dignes de toutes éloges.

Le 15 août 1917
Le Sergent
(signé) Serre


Parcours du 27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais depuis l'arrivée à Fère en tardenois (mars 1917)
 jusqu'à fin mai 1917 (ferme des Bovettes) où est mort le sous-lieutenant Guy de Tonquedec

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En ce qui concerne l’emploi des Sénégalais, on peut dire que leurs qualités et défauts connus se sont confirmés le 26.
D’une part, bravoure téméraire faisant l’admiration de tous ceux qui en sont témoins. Dévouement absolu à leurs chefs habituels.
D’autre part, manque d’initiative les laissant désemparés lorsqu’ils n’ont plus leurs gradés européens.
Très bons grenadiers, excellents voltigeurs, ils ne comprennent qu’une manière de combattre, celle qui consiste à foncer sur l’adversaire.
Du 25 au 28 mai inclus, ils ont séjourné dans des tranchées manquantt de toute organisation, au contact immédiat de l’ennemi, sous la menace constante d’une attaque, malgré la fatigue et les impressions résultant de l’attaque du 26, mal ravitaillés, manquant d’eau. Aucun fléchissement, aucun signe de mécontentement n’ont été constatés. Le temps était très beau, la température clémente.

27 mai
La 2e et ce qui reste de la 3e Cie, occupe les mêmes positions que le 26. La 1ere et la C.M. restent avec le 171e Régiment d’Infanterie.

28 mai
À 23 h. la 2e et la 3e Cie sont relevées par le 1er Chasseurs à pied, et se rendent dans la creute des Grinons.
La 1ere et la C.M. restent en ligne.

29 mai
Les 2e et 3e Cies stationnent aux Grinons.

30 mai
Les 2e et 3e Cies sont aux Grinons. la 1ere et la C.M. en ligne.
31 mai
La 1ere Cie rejoint les Grinons et la C.M. Chasseny où se trouve le train régimentaire.

1er juin
Le Bataillon se rassemble à Vasseny d’où il est dirigé par conpi automobile, sur Contençon (30 km S.O. de Propins (seine et marne), où il arrive vers 19h.
Le bataillon cantonne à Contençon les journées des 2, 3, 4 juin inclus.

5 juin
Le Bataillon quitte Contençon pour aller cantonner à Haut et Bas-Courton.

6 juin
Le bataillon séjourne à Haut et Bas-Courton.

7 juin
Le Bataillon quitte Haut et Bas-Courton pour Trogino où il est embarqué, par chemin de fer, à destination de Remiremont (Vosges).

8 juin
Le Bataillon arrive à Remiremont vers 16h. et se rend dans les cantonnements suivants :
Peccapillers : EM et SHR
Franould : 1ere, 2e Cie, 3e Cie
Champé : Cie mitrailleuse

Le bataillon séjourne, dans les localités de Peccapillers, Franould et Champé jusqu’au 22 juin 1917.
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Rapport du chef de bataillon commandant le quartier de Blancru… sur les évènements survenus pendant la nuit du 30 au 31-7-17

Un groupe ennemi (30 hommes) a tenté dans la nuit du 2-3-7 vers 6h30 d’enlever les sentinelles de la Ferme Thomas et le P.P. de la ferme Tisserand après avoir établi un …….. (passage) dans les réseaux entre la route Pairés Orbey et le ruisseau.

Un tirailleur a été blessé, il a été évacué sur Pairès - je crois qu’un sous-lieutenant et 1 Chasseur du 29e Chasseurs à Pied  ont également été atteints par balle.
L’attaque allemande s’est déclenchée de la façon suivante :
Le groupe chargé d’opérer, après avoir franchi les premiers réseaux, en cheminant par le lit de Voir…. s’est déployé en rampant dans les hautes herbes le long du dernier réseau. Les sentinelles de la ferme Tisserand avaient éventé ce mouvement depuis quelques minutes. Le tirailleur Mamadou Kani avait prévenu le sergent indigène Bata Taraoré qu’il entendait couper les fils de fer. Le sous-officier lui donne l’ordre de laisser approcher l’ennemi à bonne distance ; en même temps il disposait les hommes du P.P. pour recevoir l’attaque et prévenait ses voisins. Quand les boches commencèrent à couper notre dernier réseau, ils furent reçus à coup de grenade et de fusils. Ils ré..tirent avec des grenades et fusils automatiques (3) puis se retirèrent. Ils ont du avoir des blessés car des plaintes ont été entendues par les sentinelles du groupe Cyrille.
Dès les premiers coups de feu, 3 mitrailleuses allemandes se mirent en action et effectuèrent un tir d’engagement que les positions SO, et Cyrille.
L’alerte dura 25’ environ.
À signaler : transport du sergent I Bala Taraoré et de … P.P.
vigilance du tir. Mamadou Kani
Le 3 vers 18h30  des hourras semblent poussés au commandement et ont été entendus partant des tranchées boches depuis  surcehord !!! jusqu’à 6h.

À la Beu, une vingtaine de boches sont sortis dans leurs tranchées. Mais la vigilance des sentinelles les arrête.
Le 3 vers 23h, des éclatements de grenades nombreux indiquent une fausse alerte d’un P.P. ennemi.

7 août
Vers 23h., une patrouille allemande dont la force n’a pu être évaluée, s’est approchée de nos fils de fer au saillant de La Beu. Éventée, échange de grenades.

8 août
Journée calme, artillerie exceptionnellement active. Une partouille allemande se retire devant une des nôtres.

9 août
L’ennemi a tenté ce matin à 8h. un coup de main sur Henry Haut. Profitant du brouillard très épais, un parti ennemi (10-15 hommes) a franchi les fils de fer de la ligne de surveillance, très peu épais en cet endroit, il a sauté sur les 2 sentinelles. Le service de jour ayant été pris à l’aube alors que le temps paraissait s’éclaircir, les 2 sentinelles étaient seules. Elles se défendirent vaillamment. L’une d’elles (Silo Kaya) fut tuée de 3 coups de revolver à la tête et plusieurs coups de couteau et l’autre fut grièvement blessée (Makeue Kamara) de plusieurs coups de couteau. Un des assaillants semble avoir été blessé et a abandonné un revolver. Ils n’ont pu rien emporter. En même temps : tir d’engagement par 150 et gros …minent. Tirs d’enfilade dans les boyaux par les mitrailleuses. Dès l’irruption des boches, l’alerte fut donnée par la sentinelle de la section de ……. (Deca Kamara) qui ouvrit le feu ; ce qui empêcha les boches de poursuivre leurs projets, une mitrailleuse et le petit poste intervenant. Le tirailleur Makama Kamara a reçu la médaille militaire.
Un tirailleur tué à Henri Haut (Amotou Abdoulaye) par la mitrailleuse ennemie qui continue à enfiler le boyau Henri haut et tire très souvent.

11 août
La médaille militaire a été remise au Tirailleur Kamara grièvement blessé dans le coup de main allemand du 9. Cette remise a eu lieu à l’ambulance du Calvaire. Le tirailleur Makama Kamara qui semble en voie de guérison a fait le récit suivant du coup de main du 9 août. “au moment où je levais la tête pour regarder par dessus le parapet, je vis brusquement un boche, que je crois être un officier re…. devant moi, revolver au poing et me dire ; viens avec nous. Nous repondîmes non !. À un signal de l’officier, les boches arrivèrent par la droite et par la gauche et…
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… tentèrent de nous saisir. Nous prîmes nos coupes-coupes et frappèrent. Ils étaient au moins une dizaine. Un camarade fut assez promptement abattu de plusieurs balles de revolver. Je réussis cependant à me défendre et à éviter plusieurs coups de revolver. Je crois avoir atteint plusieurs ennemis avec mon coupe-coupe. L’un d’eux avait 2 revolvers, un dans chaque main. je l’atteignis à la main droite et il lâcha son revolver mais tua avec celui qui lui restait. Au cours du combat, je parvins cependant à crier : “aux armes“. à ce cri, les boches se hâtèrent de disparaître, le gradé en tête.
Telle est en substance la narration faite par le Tirailleur Makama Kamara au moment de sa décoration. Le revolver boche a en effet été retrouvé. Le Tirailleur Makama Kamara a reçu de très nombreux coups de couteaux, entre autres : 1 au dessous de l’œil, 1 dans la poitrine.
Une patrouille ennemie s’est à nouveau approchée de Henri Haut, mais éventée a rebroussée chemin après avoir essuyée plusieurs coups de feux.

12 août
Nos patrouilles deviennent de plus en plus actives, celles des boches de moins en moins. Sans doute, les expériences précédentes leur ont prouvé qu’ils avaient en face d’eux des gens résolus, et leur audace s’en trouve très fortement diminuée. Tandis que nos patrouilles recherchent le contact, celles de l’ennemi semblent l’éviter.

13 août
Nos patrouilles se heurtent aux défenses accessoires de l’ennemi, y font des brèches. Toutefois elles n’ont pu surprendre aucun …orte ennemi.
14 août, l’artillerie fait une brèche dans le réseau électrifié ennemi. 

16 août
Une de nos patrouilles aperçoit un petit poste ennemi couvrant des travailleurs, qu’elle recherchait depuis plusieurs jours. Elle s’avança pour le surprendre. mais aperçue, les boches déclenchent sur elle le feu d’un fusil-mitrailleur. Le chef de patrouille Lt Aliouniens est légèrement atteint au cou. La patrouille ne riposte pas pour ne pas se dévoiler, comptant reprendre cette opération et continuent à observer.

18 août
Il se confirme que les allemands au cours de leurs patrouilles utilisent des chiens.

21 août
Nos patrouilles ont fait sauter à l’aide de pétards de mélinite une fraction des réseaux ennemis. Aucune réactionn ennemie n’a suivi cette opération.

22 août
La section Franche avec 2 autres sections (lt Gauthier) exécute de jour entre les 2 lignes une reconnaissance, s’approchant excessivement près des tramchées ennemies. Des renseignements nombreux et particulièrement intéressants sont rapportés.

23, 24, 25 et … 4 septembre
Période très calme. Notre artillerie à la suite des observations faites a réussi à imposer le silence aux minent ennemis. Ceux-ci depuis plus de 8 jours ne se sont point encore fait entendre.

5 - 25 septembre
Quoique le secteur occupé par le bataillon soit un des secteurs calmes du front, les faibles effectifs qui l’occupent, la fréquence des coups de main en font cependantt un secteur délicat. Le Bataillon peut dire avec fierté qu’il a acquis dans le secteur d’une manière incontestable la supériorité sur l’ennemi. La tentative du 9 août exécutée par les allemands sur le petit poste de Henri haut n’a rien rapporté à l’ennemi, et lui a au contraire coûté des pertes. Pareille tentative n’a d’ailleurs pu être renouvelée par l’ennemi. Chaque nuit sur le front du Bataillon, 6 (…..) patrouilles (2 par Cie) reconnaissent les réseaux ennemis.
Les patrouilles allemandes se replient constamment devant les nôtres. D’ailleurs, elles se font de plus en plus rares, encore qu’une relève ennemie ait placé en face de nous des troupes plus allantes et plus offensives. 2 nouvelles brèches ont été faites dans le réseau ennemi. L’ennemi par la fréquence de nos patrouilles a été dans l’impossibilité de les réparer.
Une tentative allemande est ré..calée comme…
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probable le 8 septembre sur la Tête des Faux. Elle se poursuit le matin. Elle se répète le soir. Les tirs de barrage allemands embrasent également tout le quartier Jeunes Champs (1ere Cie). Nos patrouilles d’ailleurs sont dehors, y compris la section Franche, de manière à éventer en temps utile tout mouvement ennemi.
Au cours du bombardement le Caporal Mamadou Sankara est tué. Le soldat Monio Kamara blessé.
Le bataillon participe à la défense de la Tête des faux par des tirs indirects exécutés du quartier sur les positionns allemandes (3 sections de mitrailleuses).

26 septembre
Un tirailleur de la Section Franche : Sérié est grièvement blessé à la jambe pendant qu’il cisaille les fils de fer ennemis. Malgré la douleur, il ne pousse aucun cri, ce qui permet à nos camarades de le retirer de l’endroit périlleux où il se trouvait et de le ramener dans nos lignes.

26 septembre - 8 octobre
Calme. L’ennemi qui avait tenté de nous ennuyer par des feux de mitrailleuses et de petits minent, revient à de rares dispositions devant notre ténacité.
Le bataillon est, à partir du 8 octobre relevé Cie par Cie par des (Skieurs !) et le 112e Territorial.
Le mauvais temps, la neige rendent cette opérationn indispensable. Expériences nombreuses de tir indirect.

8 octobre
La 1ere Cie descend à Habeauruf où elle cantonne après relève.

9 octobre
La 2e Cie, la C.M. descendent à Habeauruft

10 octobre
La 3e Cie descend à Habeauruft

11 octobre
Mouvements divers ayant pour but d’amener la concentration du Bataillon à la Bresse.
1er de Habeauruft sur Gérarmer
2e de Habeauruft sur Xouruft
4e de Gérardmer sur La Bresse 

12 octobre
1ere Cie de Gérardmer sur La bresse
2e Cie de Xouruft sur La Bresse
3e Cie de Habeauruft sur Gérardmer
CM, HDR de Xouruft sur La Bresse
Le bataillon est groupé à La Bresse

14 octobre
Le Bataillon est au repos à La Bresse, où il attend son embarquement. des récompenses sont accordées par la Division et le Régiment aux gradés et Tirailleurs qui ont le plus vaillamment conduits.
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Le bataillon est cité à l’ordre du 172e RI
“le 27e Bataillon Sénégalais, rattaché » au 172 e RI du 9 mai au 11 octobre 1917 a, sous le commandement du chef de bataillon Connen, fait preuve dans tous les combats auxquels le régiment a pris part, notamment sur le Chemin des dames en mai 1917, s’en allant d’une bravoure des plus remarquables, s’affirmant en toutes circonstances comme un bataillon d’élite“

Le général d’Aurelure, commandant la 127e DI, le cite également à l’ordre de la division :
“Le 27e Bataillon Sénégalais a rend pendantt plusieurs mois un secteur délicat avec une énergie, une activité, un entrain …….. défiant des plus belles troupes.
Tenue parfaite en toutes circonstances ; aussi vigilant dans la garde des tranchées qu’audacieux dans les patrouilles offensives, le 27e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais, sous les ordres du Commandant Connen, s’est porté en bataillon d’élite.“

Pertes dans les Vosges
• 1 sous-officier européen
• 1 caporal indigène
• 20 In…

En portant ces citations à la connaissance du bataillon, le commandant Connen l’a accompagné de l’ordre suivant : “deux citations viennent d’être décernées au 27e B.T.S. Des éloges qu’elles renferment, chacun doit prendre sa part. Car tous, officiers, cadres et soldats européens ou indigènes, en donnent journellement tout leur effort et bien souvent…
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…leur sens, pour la France, ont contribué à conquérir au bataillon une place honorable parmi les belles troupes de la 127e D.I.
Marsouins et Tirailleurs, soyez aussi fiers de ces appréciations élogieuses que moi je le suis d’avoir l’honneur de vous commander.

4 novembre
Le Bataillon séjourne à La Bresse. Les idées préconçues des habitants à l’égard des Tirailleurs changent complètement et leur deviennent totalement favorables. Malgré la neige qui tombe à plusieurs reprises et plusieurs jours chaque fois, l’état sanitaire du Bataillon, d’ailleurs très bien installé, demeure excellent. Le séjour est utilisé à parfaire l’instruction des grenadiers et des fusiliers mitrailleurs.
Le bataillon fait mouvement :
1) - les hommes en camions autos et autobus sur Frotté, le Vesoul et Quincey où le Bataillon cantonne le 6.
2) - le matériel par chemin de fer, arrive à Vesoul le 7 au matin.
Le train qui a amené à vesoul le matériel du bataillon, embarque outre le matériel, l’État-major du bataillon,le HDR, la CM, les 1ere et 4e Cies - direction Marseille
Les 2e et 3e Cies demeurées à Quincey embarquent le 8 …… à destination de Marseille.

9 novembre
Au matin, le 1er train arrive à Marseille. Le 2e train arrive dans l’après-midi. Le bataillon est envoyé au camp Mirabeau, près de l’Estaque en attendant son embarquement pour l’Algérie.
800 hommes approximativement.

11 novembre
Embarquement sur le bateau Russe “Impératrice Catherine II“ à destination de l’Algérie. Départ dans la nuit du 12. Arrivée à Bône le 14 novembre. Arrivée à Orléansville le 18 novembre.

12 novembre
L’impératrice catherine II mouille dans la baie de l’Estaque. Départ à la nuit. Escorte, une canonnière. Traversée sans incidents notables sauf un grain très violent entraînant la perte d’une certaine partie du matériel.

14 novembre
Arrivée à Bône. Débarquement à 12h.. Le bataillon campe près de la ville.

16 novembre
Le 1er détachement débarqué à Bône, prend le train à 12h. pour Orléansville.

18 novembre
Arrivée à Orléansville à 24h.

19 novembre
Débarquement au jour et installation caserne Lasalle.

(changement de rédacteur)

12 janvier 1918
La 3e Cie, venant de Marseille arrive à Orléansville.

23_28 février
Le bataillon reçoit un renfort de 200 Tirailleurs venant des 101e, 104e, 105e et 106e B.T.S.

6 mars 1918
le commandant Connen désigné pour servir au maroc, remet le commandement du bataillon au commandant Coronnat venant du 107e Bataillon de Tirailleurs sénégalais.

23 avril 1918
Le 27e Bataillon quitte la garnison d’Orléansville (Algérie), à l’effectif de 1 officier supérieur, 11 officiers subalternes, 66 sous-officiers européens et 155 caporaux et soldats européens et 969 tirailleurs sénégalais soit 4 Cies et 1 C.M. (le train de combat étant à Saint-Raphaël), arrive à Agba (près d’Alger) le 24 avril et campe au terrain de manœuvre de Mustafa.

25 avril 1918
Le bataillon s’embarque à Alger le 25 avril sur le vapeur “Constantine“ à 15h, à destination de Marseille où il débarque le 27 à 11h.
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27 avril 1918
Le Bataillon débarqué et désigné pour stationner au camp Delorme (Saint-Louis) où les opérations de recomplètement sont effectuées les journées des 28, 29 et 30 avril 1918.

30 avril
Le bataillon, y compris le train de combat joint au Bataillon depuis le 29, est enlevé le 30 avril à 18h45, en cheminn de fer à destination des armées où il arrive dans la journée du 2 mai 1918 à 19h. à Longeville

2 mai
Le bataillon rejoint le cantonnement de Javoncourt (Meuse) qui lui est assigné comme point de stationnement, dans la nuit du 2 au 3 mai à 1h. du matin.

3 mai 1918
Cantonnement à Javincourt du 3 au 17. Période d’instruction. puis sur ordre du Général commandant le 2e CAC, rejoint le 17 Issoncourt (Meuse).

27 mai 1918
Lacroix sur Meuse
Le bataillon relève le 2e bataillon du 9Oe RI dans le sous secteur du Bois des Chevaliers.

15 juillet 1918
Haramont (Oise)

18 juillet
St Pierre d’Aigle

20 juillet 
Buzancy
Soissons-Villers Cotterets

25 juillet
Roy St Nicolas
Boullarre (oise)

3 août
Haramont

18 août
Couloisy

1er septembre
Creute de St-Léger

6 septembre
Marnoue les Moines
Ocquerre

27 octobre
secteur de Froidmont

1er février 1919
L’effectif du 27e bataillon est à cette date de
• 36 officiers
• 404 européens
• 2069 indigènes

Le chef de Bataillon Elis est promu à titre définitif (décret du JO de décembre 1918).

31 mars 1919
Le 27e BTS quitte le camp de St Médard en Jalles, et va cantonner à Caudéan, Talence.

4 avril
1031 tirailleurs s’embarquent sur le vapeur “Trandi‘ à destination de l’AOF.

7 avril
644 tirailleurs s’embarquent sur le vapeur “Burgmister“ à destination de l’AOF.

8/04/1919

Dissolution du 27e bataillon de Tirailleurs sénégalais.
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