Eugène Chevalier est né le 5 septembre 1891 à Glénac. Il est le quatrième fils des huit enfants de Joseph Chevalier et de Perrine Morice qui étaient cultivateurs au village de Launay, et qui en 1906, le 5 octobre, signeront un bail de fermage de la ferme de la Sente dont le propriétaire était Mr de Tonquedec, et le fermier sortant Jean Fourage.
Eugène Chevalier comme d'autres Glénacois sera mobilisé le 2 août 1914. Il sera incoporé au sein du 90e régiment d'infanterie puis au 68e régiment d'infanterie.Une section du 90e Régiment d'Infanterie (caserné à Châteauroux) avent 1914 Il n'ont pas encore les tenues "bleu horizon" des poilus |
Eugène Chevalier né le 5/09/1891, + 6/02/1958 photo prise au mariage de Reine Jouvance le 6/101942 Il a alors 51 ans. |
En 1911, Il fait partie des 12 conscrits de cette classe nés à Glénac. Huit d'entre eux feront une retraite aux Fougerêts.
Glénac, le lundi 6 mai
Retraite aux Fougerêts pour les conscrits dont plusieurs de Glénac. Les 25, 26 et 27 septembre avait lieu aux Fougerêts, la retraite annuelle des conscrits de St-Martin, des Fougerêts et de Glénac. Voici les noms des conscrits de Glénac, qui ont pris part à cette retraite :
• Eugène Chevalier, du Bourg
• Louis Hervé, de Choisel, + 15/10/1915 (n° 15 du tableau)
• Joseph Jagut, du Haut-Sourdéac, + 9/05/1917 (n° 33 du tableau)
• Alexis Jouvance, du Bourg
• Eugène Marquet, du Boutveillais, + 23/08/1914 (n° 26 du tableau)
• Julien Méaude, du Bourg
• Alexis Michel, de Roussimel
• Eugène Morice, de Launay, + 15/03/1919 (n° 22 du tableau)
À ces 8 jeunes gens, ainsi qu’à leurs caramades des paroisses voisines, nous ne pouvons qu’adresser nos plus sincères félicitations pour leur empressement à répondre à l’appel de leurs prêtres et pour le bon esprit dont ils ont fait preuve pendant les jours de la retraite. “Vive la classe 1912“. (www.glenac.com)
Quatre d’entre eux seront tués. les quatres autres reviendront, mais blessés grièvement.
Dans le tableau ci-dessous, ils sont 53 ayant participé à la “Grande Guerre“. Mais il faudrait y ajouter ceux d'entre 1900 et 1906 qui ont été remobilisés, ainsi que ceux de 1913 à 1918.
53 conscrits de Glénac, des classes de 1907 à 1912, ayant été incorporés dans une unité pendant la guerre de 1914-1918 À compléter avec ceux de 1900 à 1906 et 1913 à 1918 |
Les 38 morts pour la France de la commune de Glénac
Que de lieux, de dates, de combats, qui se bousculent dans la mémoire de chacun autour de ces “poilus“ de la grande guerre. Que de larmes et de souvenirs. Que de traces de cet “hécatombe“ à travers les récits, les photos, les médailles, les objets...
Glénac comme d’autres communes a payé sa part de tribut à cette guerre par le sacrifice de certains de ces combattants. 38 noms figurent sur la plaque commémorative de la première guerre mondiale, Hommage aux Morts pour la France. Cette plaque se trouve dans la chapelle Saint-Léon. Des éléments de l’ancienne église de Glénac démolie en 1846, encadrent cette plaque de marbre de forme ogivale.
Dans le tableau ci-dessous, figurent 3 autres noms, soit 41 soldats au total.
On découvre que le n°13 : Pierre Marie Chevalier, né le 25 janvier 1891, fils de Pierre-marie Chevalier et Françoise Etoré, était de la même classe 1911 que son cousin germain Eugène Chevalier, qu'il avait le n°647 sur sa fiche-matricule de Recrutement, qu'il mesurait 1.66m, qu'il a été incorporé aussi au 90e régiment d'Infanterie, qu'il a changé d'unité pour intégrer ensuite le 25e Bataillon de Chasseurs à pied au 9e groupe cycliste 3e Bataillon le 4 octobre 1913 à Tours. Il est mort le 2 novembre 1914 à Woormezeck en Belgique au cours de la bataille d'Ypres.
Woormezeelz situé au sud d'Ypres en Belgique où Pierre-marie Chevalier a été tué à l'ennemi. en novembre 1914 |
Pierre-marie Chevalier cousin germain d'Eugène Chevalier |
Fiche-Matricule de recrutement n° 647 de Pierre-Marie Chevalier au 90e Régiment d'Infanterie puis au 25e Bataillon de Chasseurs à pied |
le vélo est plié en deux et porté comme un harnachement |
La fiche-matricule de Eugène Chevalier
Eugène Chevalier n° 21 de la liste des conscrits du canton de la Gacilly, a été incorporé le 1er octobre 1912 au 90e régiment d'infanterie dont la garnison est à Châteauroux dans l'Indre. Sa fiche-matricule de recrutement porte le n°646. Dans la rubrique signalement,il est décrit comme ayant les cheveux châtains, les yeux marrons, le front à inclinaison verticale, d'une hauteur et largeur moyenne, d'un nez à dos carré, dont la base est relevé et la hauteur, saillie et largeur moyenne. Son visage est rond, Il mesure 1.62m. Son degré d'instruction générale est de niveau 3.
Cette fiche-matricule est un résumé du parcours au sein de l'armée depuis l'incorporation du 1/10/1912 jusqu'au retour dans ses foyers le 25/02/1919. Apparaît également l'état de service dans l'armée active ou à l'intérieur (suite à des blessures de guerre et séjours dans des hôpitaux). On trouve également les blessures reçues, les citations, les médailles ainsi qu'un résumé des différentes commissions de réforme (Vannes et Nantes) qui contrôlent la stabilité ou l'aggravation des blessures de guerre afin le cas échéabt, d'augmenter ou pas la pensionde guerre. Eugène Chevalier a passé 16 commissions de réforme entre 1919 et 1955. Il a été pensionné à 75%.
Deux jours plus tard, le 29 septembre 1915, il change de Régiment et passe au 68e Régiment d'Infanterie.
Successivement, en 1916 il ira d'abord dans la Somme vers Montdidier, dans la Meuse à Verdun en avril/mai, puis en Argonne, puis dans la Marne en Champagne entre mai et septembre. Il est nommé caporal le 6 juillet 1916 et ce sera à nouveau la Somme et la Bataille de la Somme entre octobre 1916 et janvier 1917.
L'année 1917, le verra dans l'Aisne à l'offensive du Chemin des Dames entre avril et juin, puis à Craonne et Hurtebise. C'est là qu'il sera de nouveau blessé à l'épaule gauche, à la hanche, à la fesse, au nez, au front et au coude droit par éclat d'obus le 27 juillet. Il est évacué le 28 à l'hôpital n°3 de Beauvais dans l'Oise. Il y restera presque deux mois et ne réintègrera son dépôt que le 22 septembre 1917.
Le début de l'année 1918, il le passera vers Nancy en Meurthe-et-Moselle puis entre avril et mai, c'est la Bataille de Picardie, c'est au cours des combats du bois de Sénécat et surtout de Rouvrel dans la Somme, qu'il sera à nouveau blessé le 16 avril. Évacué sur ambulance, et dirigé sur l'hôpital mixte d'Orléans le 19, pour blessure par éclat d'obus à la cuisse droite et au jarret gauche. Il ne réintègrera pas son Régiment et sera classé dans le service auxiliaire le 26 février 1919 pour blessures de guerre (impotence partielle de la jambe gauche, avec une limitation de l'extension du cou de pied et de la flexion du genou : Il avait une large cicatrice rétractée et adhérente du mollet gauche avec perte de substance musculaire, fistule et ulcération persistante, ainsi qu'une hypoacousie gauche par otite cicatricielle de l'oreille), avec proposition de gratification 7e catégorie à 20% par la commission de réforme de Vannes, renvoyé dans ses foyers et rayé des contrôles de l'armée.
En juin 1919, il est affecté dans la réserve de l'armée active au 35e Régiment d'Artillerie. Il a alors 27 ans.
Eugène Chevalier se marie le 21 septembre 1919 à Glénac avec Jeanne Boudard (fille de Louis-Julien Boudard et de Marianne Morice).
En février 1923, on lui octroie une pension de 243 F.
sur cette carte datée de 1935, lEugène Chevalier est âgé de 43ans et 4 mois |
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Parcours au sein du 90e R.I. et 68e R.I.
Deux années (fin1912, 1913 et début 1914) de service militaire. Ces deux années ne sont pas terminées qu'arrive la mobilisation générale du 1er aout 1914. Eugène Chevalier sera mobilisé au sein du 90e régiment d'infanterie dont la garnison est à Châteauroux.
Ce régiment est alors commandé par le colonel Simon. Le 6 août, à 19h30, le premier train embarque l'état-major, la C.H.R.,le 1er bataillon et une section de mitrailleuses. Il sera suivi d'un 2e et 3e train emprtant les deux autres bataillons du 90e R.I.
Le 7 août, le régiment débarque à Mâron dans la Meurthe-et-Moselle, et va occuper la zone Pont-Saint-Vincent, Bainville, Maizières.
Le 11 août, le régiment se porte vers le N.E.. Sa tête est avant-garde de la 33e Brigade et, vers 7h, il est à la hauteur de Nancy.
Pour le 1ere fois, on entend le canon au loin, vers le nord. Par Malzéville le Régiment atteint Eulmont où il cantonne en détachant une Compagnie du 3e Bataillon aux avant-postes.
Le 12 août, dès 4h15, on signale l'ennemi à Nomény.
Aussitôt les 1er et 2e Bataillons partent pour Lanfraicourt, Armaucourt, Arraye, cote 230, aux avant-postes. Le Régiment est en couverture avec le 20e Corps d'Armée à sa droite et la 18e Division d'Infanterie à sa gauche.
Le 12, le 90e passe la frontière, le premier de la division. Le même jour, au cours d'un engagement avec une patrouille de uhlans, le soldat Point de la 2e Cie est atteint légèrement par un coup de feu à la face. Cet homme, le premier blessé du 90e, demande à conserver sa place dans le rang - face à l'ennemi - et, pour récompenser cette belle attifude, le Colonel Simon, le nomma soldat de première classe.
Les 12, 13 et 14, les 1er et 2e Bataillons continuent à tenir les avant-postes à l'est de Manhoué, Han, Arraye et Ajoncourt, n'échangeant que quelques coups de feu avec les patrouilles ennemies.
Le 15, combat toute la journée.
Le 16, à 3h du matin, l'ennemi ouvre un feu violent sur le 2e Bataillon. Nous devons évacuer le village d'Ajoncourt et l'Adjudant Larose, de la 5e Cie est tué sur la frontière même. C'est le premier tué du Régiment. Les autres positions sont maintenues et le 18 août, relevé, le Régiment, par Montcel et Champenoux, va embarquer en chemin de fer à Jarville, le 19.
Il débarque le 20 août à Mézières et va cantonner à Vrigne-aux-Bois.
(p.3et4 de l'Historique du 90e)
C'est donc en Lorraine dans la région de Nancy (Marois, Champenoux,Eulmont, Montenoy, Farville et ensuite vers la frontière Belge à l'est du Luxembourg à Nafraiture, Houdremont, Orchimont, Charleville-Mézières, Vrignes-les-Bois qu'Eugène Chevalier débute la guerre. C'est dans cette région des Ardennes qu'il aura une entérite et se retrouvera à l'hôpital d'Houlgate puis à celui de Caen. Il retrouvera le dépôt de son Régiment ensuite dans la région du Nord-pas-de-Calais en Artois vers Loos-en-Gohelle.
Le tableau ci-dessous, reprend les étapes et parcours au sein d'abord du 90e R.I. puis ensuite à partir de septembre 1915 au 68e R.I.
Le tableau ci-dessous, reprend les étapes et parcours au sein d'abord du 90e R.I. puis ensuite à partir de septembre 1915 au 68e R.I.
le 90e R.I. et le 68e R.I. appartiennent au 9e Corps d'Armée Je ne connais ni les Bataillons ni les Cies où était engagé Eugène Chevalier Il était Caporal en 1916 |
Campagne du 90e Régiment d'Infanterie
Journal de marche et d'opérations du 90e Régiment d'Infanterie
1914
Le régiment commence sa mobilisation le 2 août 1914 et se poursuit le 3, 4 et 5 août.
6 et 7/08/1914
Le régiment quitte Chateauroux en trois trains.
8/08/1914
Arrivée à Marois (meurthe et moselle)
cantonnements à Pont St-Vincent, Bainvill…, Maizières
10/08/1914
les trois bataillons se rendent à Eulmont
12/18/1914
le bataillon bivouaque à Monternoy.
15/08/1914
le régiment reçoit l'ordre de se porter sur Eulmont et d'y cantonner et en cas d'attaque de résister sans se laisser accrocher. Ligne de retraite éventuelle
18/08/1914
la 17e DI se dirige vers Moncel, Mazerolles, Brin, Champenoux. Le régiment gagne Champenoux où a lieu le rassemblement.
19/08/1914
départ de Champenoux et marche sur Saussure les Nancy et Farville
20/08/1914
débarquement à Mézières, cantonnement à Vrigne aux Bois
22/08/1914
combat d'Houdremont. Dans la nuit, ordre d'offensive générale à la IVe armée. le 90e RI forme avant-garde avec 2 groupes d'autres divisions
24/08/1914
l'ennemi attaque vers Orchimont
25/08/1914
l'ennemi ayant franchi la Meuse, au pont de Fumay, le 3e Btn (en particulier la 10e Cie) protège la destruction des ponts de Charleville, et marche sur Barcy. Le 90e prend position
26/08/1914
Le 90e prend position devant Renwez et Murtin, défendant la rive droite de la Sormonne.
27/08/1914
Le régiment se met en marche sur Servion où il arrive en pleine nuit, par des routes encombrées par l'exode des habitants qui fuient devant l'invasion. À 2hdu matin , la marche reprend sur Murtin, où le régiment doit retarder l'ennemi. Un combat violent s'engage. l'arrière-garde se replie sur Wartigny.. Le régiment, par Thin-le-moutier, Dommery, Launois, gagne Jaudam et y cantonne.
28/08/1914
À 5h du matin, la marche est reprise sur Charleville ; mais le régiment reste en réserve à Guignicourt et cantonne à Yvernaumont.
29/08/1914
À 2h30, le 90e repart sur Fraissault, Vauzelles. - Flanc-garde de la 4e armée, il couvre la retraite sur la ligne Machéroménil, Corny, Berthoncourt, Amagne, Ambly. Vers Rethel, accrochée par l'ennemi, une fraction du 90e est dégagée par une charge du 7e Hussards sur les mitrailleuses allemandes. Le régiment se rassemble à Amagne et Mont-Laurant. Les hommes sont exténués de fatigue. Cette marche par des routes encombrées sous un soleil torride a été des plus pénibles.
30/08/1914
Le 90e remontant vers le nord, est engagé à Berthoncourt. Le 1er et 3e Btn participent à l'attaque du 68e qui subit de grosses pertes. La 12e Cie est durement éprouvée. Les allemands arrêtés, la retraite reprend vers Ambly, Ménil-Annelle.
31/08/1914
Le 3e Btn tient position sous le feu de l'artillerie ennemie, jusqu'à 7h du soir dans les bois entre Juniville et La Neuville. Le reste du régiment fait face à l'ennemi, à cheval sur la route Junéville-La Neuville.
Après un combat très violent, et qui cause de lourdes pertes, le régiment reçoit l'ordre de quitter ses positions, à 19h, pour aller cantonner à berru par Heutrégiville et Epoge.
2/09/1914
Le 90e organise défensivement la position Berru-ferme d'Alger.. Le même jour, le Général Dumas, commandant de la 17e DI, est nommé au commandement du 17e Corps d'Armée.
Le colonel SImon, prend alors le commandement de la 33e brigade.
Le commandant Alquier, assure le commandement du régiment.
3/09/1914
La retraite continue vers Sillery, beaumont-sur-Vesle, verzy, Trépail. A hauteur de Beaumont, un avion allemand volant bas est abattu par la 1ere section de Mitrailleuses.
4/09/1914
le repli se poursuit. le 90e est arrière-garde et par Condé-sur-marne, Champigneul, Rouffy, il gagne Voipreux.
5/09/1914
Le régiment arrière-garde, retraite par Pierre-Morains, Normée, La Fère-Champenoise et prend les avant-postes à 1500m de Fère-Champenoise.
Le 9e Corps d'Armée est rassemblé tout entier dans cette région pour la bataille de la Marne.
6/09/1914
La bataille de la Marne
Ordre est donné de ne plus reculer et de marcher de l'avant. Le 90e s'est porté au pied du Mont-Août et a pris une position défensive. À 13h, les crêtes en arrière de Bannes et du "champ de bataille" sont occupées et le 3e bataillon de rend à bannes aux avant-postes.
7/09/1914
Le 90e est établi : le 1er Btn sur la ligne Petite et Grosse Fermes de Morains-le-Petit, le 2e Btn à Bannes, et le 2e Btn en réserve au nord-est du Mont-Août.
Une canonnade intense s'abat sur nos positions de 5h à 8h du matin. Partout on tient la ligne, hâtivement organisée.
À 16h45, le 3e Btn reçoit l'ordre d'attaquer le village d'Aulnizeux par la chaussée qui traverse les marais de Saint-Gond, entre Bannes et Aulzineux. La garde prussienne qui tenait le village offre une résistance acharnée. Par trois fois, les Cies, se levant sous un feu d'enfer, se précipitent sur le village à la baïonnette. Elles en atteignent les lisières et, se battant à l'arme blanche rentrent dans le village.Le caporal Chopinet, se jette sur un officier prussien et le transperce de sa baïonnette, mais les allemands, embusqués, fusillent les nôtres qui ne peuvent progresser. Le commandant Royné est blessé, Le commandant Jette, chef d'état-major de la 17e Division, qui avait rassemblé les sections, est tué à leur tête en les menant pour la 3e fois à l'assaut. La plupart des officiers sont tués ou blessés. La nuit venue, le village d'Aulnizeux, qui est resté aux mains de l'ennemi, est en flammes.Le lieutenant de Vareilles-Sommières, après avoir chargé trois fois à la tête de la 11e Cie, reçoit l'ordre dans la nuit de regagner Bannes. A la lisière d'un bois, il est arrêté par le cri "halte". Comprenant que c'étaient les allemands, il s'écria "A genou, mes enfants - feu à répétition - -ce sont les allemands" Une fusillade nourrie éclata et le lieutenant de Vareilles-Sommières, tomba percé de trois balles.
8/09/1914
Le général Joffre avait adressé aux troupes un ordre quittant lequel toute troupe qui ne pourra avancer devra se faire tuer sur place. Ne pouvant progresser, le 90e reste sur ses positions.
8/09/1914
Dès l'aube, le bombardement de nos lignes atteint une violence extrême. Pris en écharpe, le 1er Btn ne recule que sur ordre, pour permettre à notre artillerie d'entrer en action.
À 5h15, les allemands attaquent en forces, avec une division d'infanterie au moins, la station de Fère-Champenoise. le 2e Btn, qui était en réserve, est engagé. Il brûle en 2 heures toutes ses cartouches et, prenant l'ennemi de flanc, lui cause des pertes importantes.
Le lieutenant Bert de la Bussière, commandant une section de mitrailleuses, blessé mortellement, refuse de se laisser porter en arrière, maintient sa section sur la ligne de feu et donne à un de ses caramades tout ce qu'il sait sur la marche du combat. Il meurt content, sa mission terminée.
Sans cartouches, risquant d'être enveloppé, le bataillon ne se retire que sur l'ordre du colonel vers le Mont-Août.
À 12h, tout le régiment est rassemblé vers le Mont-Août.
9/09/1914
Les corps à droite ayant reculé, le 90e RI est ramené sous un feu violent sur a ligne ferme Sainte-Sophie, cote 134, devant Linthes.
La poursuite
Le soir, on signale que l'armée allemande se replie. Malgré l'extrême fatigue, la 33e Brigade marche de l'avant vers 20h, s'empare de la Ferme de Nozet et du mont-Août.
Le 90e bivouaque quelques heureset, le 10 septembre, gagne Morains-le-Petit, pousse une pointe vers Ecury-le-Repos, où il bouscule l'ennemi. La 1ere Cie, commandée par le s/lieutenant Carpentier, charge héroïquement une tranchée ennemie.
les pages 8 et 9 du JMO manquent
(p. 10-11) … replier ; voyant qu'il n'y avait pas d'autre salut. Il mourut sur place après avoir donné son ordre au caporal.
Le lieutenant Colas, de la 7e Cie, blessé mortellement refuse de se laisser emporter.
L'adjudant-chef Agobert, de la même Cie, blessé très grièvement, continue de commander sa section. Il avait le bras droit brisé et on dût l'amputer de la jambe gauche.
25/09/1914
Les lignes sont poussées jusqu'au ruisseau de Hanebeek, malgré de grosses pertes
1915
3 au 5/03/1915
violent feu d'artillerie, pertes insignifiantes.
cantonnement de repos à Herzele
6 au 25/03/1915
cantonnement de repos à Herzele. Les hommes sont entraînés à la marche et reprennent en des exercices fréquents l'habitude de la manœuvre.
26 au 29/03/1915
le régiment quitte herzele pour Wlamertinghen
La 2e bataille d'Artois
(du 25 septembre 1915) (historique du 90e p. 22/23)
le 1er septembre, le régiment est aux environs de Doullens et après un court repos il est transporté dans la région de Gouy-en-Artois, Beaumetz-les-Loges.
Devant participer à une offensive générale sur le front de l'Artois, le 90e commence aussitôt des travaux d'approche devant les tranchées allemandes entre Wailly et Ficheux.
Trois parallèles successives sont poussées devant les lignes reliées par des boyaux. Le travail est fait la nuit, mais l'ennemi qui a éventé nos travaux dès le premier jour, réagit violemment. Les hommes doivent travailler souvent à découvert sous des feux violents d'artillerie et de mitrailleuses. Les pertes sont sensibles et le travail à exécuter après une longue étape est pénible.
Néanmoins, les trois parallèles sont prêtes pour le jour fixé pour l'attaque : le 25 septembre.
Le 68e doit attaquer en première ligne, soutenu par le 90e.
Le 24/09/1915,
cantonné à Saulty, le colonel Alquier lit devant les trois bataillons l'ordre général d'attaque et le 24 au soir le 90e va prendre ses formations de combat : le 1er bataillon en tête derrière le 68e, puis le 2e et le 3e Btn à Wailly, en réserve de
Division.
Le 25/09/1915
À 12h25, heure de l'attaque, le 68e se porte résolument à l'attaque de la première ligne ennemie. Le 90e est prêt à le suivre. Mais l'attaque est rapidement enrayée par les mitrailleuses et le régiment reste sur ses positions.
.../...
Le JMOdu 90e R.I. continue, mais Eugène Chevalier passe au 68e Régiment d'Infanterie le 29/09/1915. C'est donc le JMO de ce Régiment qui nous intéresse à partir de cette date.
Wailly, 25 septembre 1915
Le 68e relève le 114e régiment d'infanterie dans ce secteur de Wailly, il organise le secteur offensivement, creuse des parallèles de départ et, le 25 septembre, il attaque. C'est la grosse attaque de Champagne, et le rôle dévolu au 68e est un rôle de sacrifice : il faut qu'à Vailly, il fixe l'ennemi.
L'attaque se déclenche, les 1er et 2e bataillons sont en première ligne et partent avec un élan admirable. Mais la préparation d'artillerie, faible, n'a ouvert que deux brèches dans les réseaux. Le 2e bataillon a réussi en passant ses hommes un par un par une brèche, à prendre pied dans la tranchée ennemie, les vagues d'assaut du 1er bataillon sont venues se briser au pied du réseau boche, elles s'organisent là et tiennent l'ennemi en éveil à quelques 80 mètres de sa propre tranchée.
dimanche 26/09/1915
La journée se passe dans un calme presque complet. Un bombardement violent à certains moments de la journée vient le troubler. Un bataillon du 90e relève à la nuit le 2e bataillon qui gagne la halte de Bully. A la tombée de la nuit, le 3e bataillon (9e et 10e Cie) se portent à hauteur des Cies du 1er bataillon installées contre le talus de la route. Le 125, qui est à gauche a fait un mouvement identique. Le 3e bataillon fortifie le talus et jette en avant des défenses …..
pertes : tués - troupe - 1
blessés - troupe - 17
lundi 27/09/1915
Journée calme - bombardement par intermittences. Dans la nuit du 27 au 28, le 68e est relevé par le 90e (bataillon Gaubert) et vient cantonner à Montchiet et à Barincourt. La relève est terminée à 23h30, sans incident. Cantonnements : Barincourt - EM - Cie HR - CM 68e - 1er et 2e bataillons. Montchiet : 3e bataillon. Arrivée dans les différents cantonnements à 3h30 environ. Pertes : néant
mardi 28/09/1915
Mêmes cantonnements qu'à l'arrivée. Emploi du temps - repos et nettoyage armes et effets. Pertes : néant
Le 28 septembre, le régiment est relevé. Mais, plus au nord, avivé par notre offensive, la bataille s'est rallumée et, le 29 septembre, la 17e D.I. vole au secours des Anglais qui viennent de prendre Loos et qui, sévèrement éprouvés, tiennent avec peine.
mercredi 29/09/1915
Mêmes cantonnements que le 28/09. Emploi du temps - travaux de propreté. Renforts perçus : 230 hommes de troupe.
Le régiment est enlevé en autobus à 24h - l'embarquement a lieu à la sortie de Barincourt - 1er Btn et Cie HR - 2e Btn et Cie Mses - 3e Btn
Le régiment débarque le 30/09 à 10h environ entre Nœux-les-Mines et Mazingarhe. vu cantonné tout entier à Bully. Pertes : néant
jeudi 30/09/1915
Le régiment cantonne à Bully. emploi du temps à la disposition des capitaines de Cie. Pertes : néant
vendredi à samedi 1er au 2/10/1915
Le régiment reste dans ses cantonnements, toute la journée. Le matin, reconnaissance du secteur de Loos par le colonel, les chefs de Bataillons et les commandants de Cie. À 18h le régiment va relever dans le secteur de Loos, Les Anglais. Les 2e et 3e Btn sont en ligne - le 1er Btn est en réserve à l'entrée de Loos. - travaux d'aménagements des tranchées, création d'abris.
activité de l'artillerie allemande : très vive toute la nuit et tout le jour. bombardements intenses avec des pièces de tous calibres sur le village.
activité de l'artillerie française : assez vive, tir de réglage par le 75. Quelques coups trop courts sont arrivés sur les tranchées de 1ere ligne.
Mines : néant - Pertes : 2 blessés par obus (p. 52)
Et, le 1er octobre,
la 17e division relève la 47e D.I. anglaise ; le régiment tient ses positions à l'est de Loos et la cote 70 au sud-est.
samedi à dimanche du 2 au 3/10/1915
Le régiment est toujours aux tranchées.
Evènements importants : néant. Activité de l'infanterie allemande : nulle. activité de l'infanterie française : travaux d'aménagements des tranchées, construction de boyaux et d'abris. activité de l'artillerie allemande : très vive, bombardement du village et des tranchées de 1ere ligne avec du canon de tous les calibres.
activité de l'artillerie française : ordinaire, tir trop court à 2 reprises. Les coups tombent sur nos tranchées de 1ere ligne
Mines : néant - Pertes : 1 blessé par obus (p. 53)
dimanche à lundi du 3 au 4/08/1915
Le régiment est aux tranchées
Evènements importants : néant. Activité de l'infanterie allemande : nulle. activité de l'infanterie française : patrouille en avant du front pour déterminer autant que possible la ligne des tranchées ennemies. Voir l'état des défenses accessoires ennemies et recueillir des renseignements sur l'ennemi. activité de l'artillerie allemande : très vive mais inférieure à celle manifestée les jours précédents? tirs avec obus de tous les calibres.
activité de l'artillerie française : normale? Encore quelques coups courts sur nos 1eres lignes par le 75.
Mines : néant - Pertes : 9 blessés par obus (p. 54)
lundi à mardi du 4 au 5/10/1915
Le régiment est toujours aux tranchées.
Evènements importants : néant. Activité de l'infanterie allemande : nulle. activité de l'infanterie française : patrouille sur le front. activité de l'artillerie allemande : inférieure à celle ldes jours précédents. obus de tous les calibres.
activité de l'artillerie française : ordinaire par le 75. Liaisons imparfaites
Mines : néant - Pertes : tué par obus 1, blessés par obus 4 (p. 54)
Le régiment est relevé au cours de la nuit du 5 au 6/10/1915 par le 125e et va cantonner aux Brebis.
Relève terminée sans incident à 23h.
mardi à mercredi du 5 au 6/10/1915
Le régiment est cantonné aux Brebis. Emploi du temps à la disposition des commandants de compagnie
Le 1er Btn part à 17h pour allure cantonner à la Fosse Bracquemont près de Nœux-les-Mines.
Arrivées : chef de bataillon aspirant
Pertes : néant
jeudi 7/10/1915
Le régiment cantonne aux Brebis et à Bracquemond. Emploi à la disposition des commandants de compagnie. Remise au commandant de Salvador à Barly, de la croix d'officier de la légion d'honneur.
Pertes : néant
vendredi 8/10/1915
Le régiment va cantonner à Ruitz où il prend les locaux laissés libres par le66e - mouvement terminé à 7h.
Itinéraire - Saint-en-Goële (par le passsage à niveau de Bully) Hersin - Barluis
heure de départ : le Btn Berthelon (1er) a dépassé Barlin à 6h. Le Btn Romary (3e) a quitté les Brebis à 4h (heure de l'église). Le Btn Petit (2e) idem à 4h15. La Cie Msses à 4h30, La Cie Hr à 4h40
Chaque Btn et Cie de Mses suivis de leurs voitures à vivres et à bagages et cuisines roulantes.
TC1 et TC2 de l'EM et de la Cie HR -groupés sous le cet du chef artificier, départ 5h
Le cantonnement de Ruitz sera préparé par 1 officier du Btn Berthelon (1er).
Départ des campements et de la garde de police (1 section du 3e Btn) à 2h. Emploi du temps : nettoyage du cantonnement et travaux de propreté. Pertes : néant.
samedi 9/10/1915
Le régiment accupe le cantonnement de Ruitz. Emploi à la disposition des chefs de bataillon. Pertes : néant.
dimanche 10/10/1915
Le régiment va cantonner à Barlin. Mouvement du régiment : ordre de marche - groupe de commandement, C HR, 3e Btn, 2e Btn, 1er Btn, CM 68e, TC
La tête du 3e Btn a franchie le passage à niveau (sortie E. de Ruitz). Arrivée à Ruitz à 5h45. emploi du temps : installation au cantonnement et nettoyage. Pertes : néant.
Renfort arrivé : 6 sergents, 21 caporaux, 54 soldats
lundi 11/10/1915
Le régiment va cantonner à Barlin. (obsèques du lieutenant-colonel Alguier). Emploi à la disposition des chefs de bataillon. Pertes : néant.
mardi 12/10/1915
Le régiment va cantonner à Barlin. Emploi à la disposition des chefs de bataillon. Pertes : néant.
mercredi 13/10/1915
Le régiment va cantonner à Barlin. Emploi à la disposition des chefs de bataillon. Le lieurenant-colonel inspecte à 8h le 2e Btn (Petit) sur un emplacement à proximité de barlin. Pertes néant.
renfort arrivé : 1 caporal, 18 soldats
jeudi 14/10/1915
Le régiment va cantonner à Barlin. Emploi à la disposition des chefs de bataillon. Le lieurenant-colonel inspecte à 8h le 3e Btn, emplacement à proximité du cantonnement. À l'issue de cette inspection le lieut-colonel remet les décorations ci-après :
croix de guerre : citation à l'armée - 3e Btn - sous-lieutenant Chapoton, sergent Thierry, soldat Duval
citation au corps d'armée - adjudant Dupland
Pertes : néant
vendredi 15/1915
Le régiment va cantonner à Barlin. Emploi à la disposition des chefs de bataillon. Le lieurenant-colonel inspecte à 8h le 1er Btn, emplacement à proximité du cantonnement. À la fin de l'inspection le lieut-colonel remet les décorations suivantes :
croix de guerre : citation à l'armée : capitaine Brusley, capitaine Drouet (4e) Windrif (3e) et Poupard (Mses 68e)
citations au CDA - Hungault soldat 2e cl. (2e) Aubert soldat 2e cl. (4e)
citation à la Division : Lambrecht sous-lieutenant
citation à la Brigade : Brien, capitaine, Bernard soldat 2e cl., Vincent sergent, Noël soldat 2e cl. (4e Cie), Regnac soldat 2e cl. (1er), Martin (Cie Mses 68e) soldat 2e cl.
Pertes : néant
samedi 16/10/1915
Le régiment va cantonner à Barlin. Emploi à la disposition des chefs de bataillon. Pertes : néant
dimanche 17/10/1915
Le régiment va cantonner à Barlin. Emploi à la disposition des chefs de bataillon. Pertes : néant Emploi à la disposition des chefs de bataillon. Pertes : néant
lundi 18/10/1915
Le régiment va cantonner à Barlin. Préparatifs de départ, le régiment va cantonner à : Les Brebis (EM, Cie HR, CM 68, CM Br33, 1er et 3e Btn), à Bracquemont (2e Btn) au lieu et place du 66e
Mouvement par Btn, la Cie Hr est rattachée au 1er Btn, la Cie M 68 rattachée au 3e Btn, le CM Br 33 fait son mouvement isolément.
Btn Romary (3e) et Btn Petit (2e) - itinéraire : chemin de terre de barlin à Petit Sains par la cote 50 et la Fosse 2 (où le 2e Btn disloquera) cimetière des Bully-les-brebis. 3e Btn : départ 16h - 2e Btn : départ 16h45
Btn Berthelon (1er) itinéraire - Hersin, Fosse 2 de Nœux, Petit Sains, cimetière de Bully-les-brebis. Départ : 16h15
TC - suivant leur Btn
TR - resté à Barlin
campements-cantonnements des Brebis et de Bracquemont reconnus par un officier des 3e et 2e Btn - départ des campements et des gardes de police (fournies aux brebis par le 3e Btn) à 14h
Arrivée dans les deux cantonnements à 19h environ.
Pertes : néant
AdjudantTuillet renvoyé sur le dépôt
Renforts - Aspirant Philippon, arrivé du dépôt mobile
du mardi au mercredi 19 au 20/10/1915
Le régiment cantonne aux Brebis et à Bracquemont
Le 68e relève le 135e dans le sous-secteur sud de Loos
Tranchées de 1ere ligne : Btn Berthelon (1er) relève le III/135, Btn Romary (3e) relève le I/135, 1ere Cie du Btn Petit (2e) relève la Cie du II/135
La CM 68 relève sur tout le front la CM 135
2 sections de CM Br 33 relève les 2 sections de la CM 36 qui sont établies à l'extrémité droite du secteur.
Réserve - le Btn Petit relève les 3 Cies du II/135
Itinéraire : mouvements exclusivement par les boyaux : boyaux du centre et boyau du sud prolongé par la sape 7 (pour la Cie de 1ere ligne du 2e Btn. Les 2 Cies de la CM Br 33 et la section de droite de la CM 68)
Guides : 4 guides par Cie, 1 par section de Mses se trouveront à partir de 19h à la sortie E des corons du Maroc
Relève terminée à 0h15 - sans incident
évènements importants : néant
activité de l'infanterie allemande : travaux dans leurs tranchées
activité de l'infanterie française : exécution des travaux d'aménagement, création d'abris
activité de l'artillerie allemande : quelques coups sur le village, bombardement des tranchées de 1ere ligne
activité de l'artillerie française : ordinaire , tirs de réglages au 75 et avec du lourd
Mines : néant
Pertes - tués : par balles 1, par obus 4 = 5
Pertes - blessés : par balles 1, par obus 4 = 5
mercredi au jeudi du 20 au 21/10/1915
Le régiment est aux tranchées dans le s/secteur de Loos.
En raison des craintes que le commandement a éprouvées au sujet d'une attaque allemande, le Btn de réserve (Petit), laissant une Cie en place à porté les 6e, 7e Cies sur leurs emplacements prévus en cas d'attaque (ligne de défense des abords du village) qui sont : pour une Cie, lisière de l'enclos, gauche au chemin conduisant de l'église de Loos à la Carrière. Pour une Cie, tranchées de réduit dit "des quatre maisons".
Elles ont gagné leurs emplacements pour 20h - à 6h30 elles regagnent leurs emplacements habituels de réserve.
évènements importants : néant
activité de l'infanterie allemande : nulle, sauf quelques coups de fusil de jour et une fusillade continue pendant la nuit
activité de l'infanterie française : travaux d'organisation défensive
activité de l'artillerie allemande : tirs avec obus de différents calibres sur les tranchées de 1ere ligne, bombardement répété du village avec obus d'artillerie lourde, coups semblant venir de l. b. du Bois Hugo
activité de l'artillerie française : tirs exécutés par le 75 ; notre artillerie lourde a tiré 2 coups trop courts, qui sont tombés en arrière des tranchées du Btn de droite.
Mines : néant
Pertes - tués : par balles 1, par obus 2 = 3
Pertes - blessés : par balles 11, par obus 2 = 13
jeudi au vendredi du 21 au 22/10/1915
Le régiment occupe toujours les tranchées du s/secteur sud de Loos
Au cours de la nuit, en vue de regrouper au centre du secteur, la CM Br 33, les 1ere et 2e sections de la CM Br 33 remplacent les 2 sections de gauche de la CM 68 et réciproquement, la 4e section de la CM Br 33 remplace la section de droite de la CM B 90, placée sur le crassier et réciproquement. le mouvement s'est effectué sans incident.
Travaux d'aménagement et d'organisation du s/secteur
100 hommes sont mis à disposition du génie, pour le creusage d'un boyau à l'est du cimetière à 150m derrière le puits.
évènements importants : néant
activité de l'infanterie allemande : 1°) paraît travailler beaucoup à renforcer ses défenses accessoires. 2°) quelques courtes fusillades pendant la nuit. En outre, une forte patrouille a été poussée sur le front de la 3e Cie (au sud de la route de Lens-. Elle a été dispersée à coups de fusil, par nos travailleurs.
activité de l'infanterie française : 1°) des patrouilles ont été poussées en avant du front au N et au S de la route de Lens et ont constaté que l'ennemi travaillait à ses défenses accessoires. 2°) travaux ont fait l'objet d'un c.r. spécial ; ils sont poursuivis de jour, dans la mesure du possible (travaux d'assaissinement des boyaux).
activité de l'artillerie allemande : 1°) tir de bombardement sur le village vers 18h. 2°) tir sur les tranchées au S de la route de Béthune vers 21h (projectile de 105). 3°) salves fréquentes de 77sur le village et ses abords entre 7h30 et 9h (direction du tir : Cité St-Edouard). 4°) violent tir de bombardement (projectiles de 210) direction : Fosse 10bis, sur les abords de la Carrière et le talus N puis sur le Crassier et la partie S du village.
activité de l'artillerie française : 1°) de 23h à 1h : tir sur le Crassier double. 2°) sur la tranchée Guénot : tir de 16 à 17h et de 11h à 11h15. 3°) un tir de démolition davait être effectué à 13h sur la maison ruinée de la route de Lens. (9 d.b. allemand). Ce tir a été ajournée sur la demande de l'officier d'artillerie venu dans les tranchées pour les raisons suivantes : a) proximité trop grande de l'objectif, par rapport à nos lignes, pour un tir qui devait être réglé par le Cdt de la batterie et non par l'observateur de la tranchée. b) incertitude des communications téléphoniques en raison du violent bombardement qui régnait alors
Mines : néant
Pertes - tués : par balles 1, par obus 5 = 6
Pertes - blessés : par balles 1, par obus 1 = 2
Remarques : les pertes quotidiennes sont lourdes : 15 tués et 20 blessés, en moins de 3 jours. Il y a urgence à améliorer et à créer des abris. J'insiste pour avoir le plus tôt possible les 1000 rondins et les 1000 planches demandées depuis 2 jours.
vendredi au samedi du 22 au 23/10/1915
Le régiment tient toujours les tranchées, dans le s/secteur sud de Loos.
évènements importants : néant
activité de l'infanterie allemande : 1°) coups de fusil isolés tirés par des guetteurs et quelques tirs de mitrailleuses pendant la 1ere partie de la nuit sur nos travailleurs 2°) grande activité comme travail sur tout le front particulièrement aux abords du saillant de la Pépinière.
activité de l'infanterie française : 1°) en raison des travaux, il n'a pas été envoyé de reconnaissance mais seulement des patrouilles de protection. 2°) travaux (c.r. déjà envoyé)
activité de l'artillerie allemande : 1°) vers 17h, tirs de quelques obus de gros calibre (direction du tir Fosse 11) a incendié les ruines d'une maison dans la partie S.O. du village. Vers 10h, tir de 77 fusant sur la même partie du village et sur les tranchées au S.O. (même direction que le précédent). À la même heure, tir de 150 sur les tranchées immédiatement au N. de la route de Lens. (direction de tit nettement parallèle à cette route, c.à.d. Fosse 12). Entre 12h et 14h, bombardement du village avec des obus de gros calibre (probablementt du 210) qui a achevé de mettre en bas les ruines du clocher. En même temps; bombardement du crassier et du chevalement avec du 150 fusant (direction exacte non repérée). Nota - parmi les obus de 77 tirés sur nos tranchées de 1ere ligne, 1 est tombé près du P.de C. allemand en face du saillant S. de la Pépinière ; il a détermine le lancement d'une fusée verte.
activité de l'artillerie française : tir de l'artillerie de campagne sur la tranchée Guénot et tir de l'artillerie lourdeur des objectifs inconnus.
Mines : néant
Pertes - tués : par balles 0, par obus 0
Pertes - blessés : par balles 3, par obus 1
samedi au dimanche du 23 au 24/10/1915
Le régiment tient toujours les tranchées, dans le s/secteur sud de Loos.
évènements importants : néant
activité de l'infanterie allemande : comme les jours précédents : tir de guetteurs pendant le jour et quelques courtes tirailleries pendant la nuit, activité de l'infanterie française : employée toute entière aux travaux dont le compte-rendu a été envoyé ce matin
activité de l'artillerie allemande : à 21h, bombardement des tranchées de lisière N. de la Pépinière (projectiles de 88 ? direction Fosse 12). à 23h, bombardement assez violent des tranchées de 1ere ligne en avant de la carrière (projectiles de 105, même direction). Pendant la nuit, à plusieurs reprises, salves de 77 fusant sur les abords O. du village. Vers 4h, bombardement avec du 150 de l'enclos (abords du P?C. du chef de Btn) (direction Bois Hugo). Entre 8 et 10h, tir sur les tranchées aux abords de la route de Lens (105 -direction Fosse 11). À partir de midi, bombardement du village avec du 210 (direction Cité St-Auguste). Vers 14h, tir de 150 sur les tranchées de soutien de la route de Lens (tir de revers, direction St-Auguste et Bois Hugo. A exécuté sur ma demande
activité de l'artillerie française : 1°) vers 24h, un tir de représailles sur les tranchées ennemies en avant de la Pépinière. 2°) vers 13h, un tir d'artillerie lourde a été demandé sur les batteries signalées au N. de St-Auguste.
Mines : depuis 2 jours, la Cie du saillant de la pépinière entend des bruits suspects en avant de son P. de C. Un s/officier du génie a constaté ces bruits qui pourraient indiquer une sape amllemande dont il y aurait lieu de demander au génie d'exercer une surveillance
Pertes - tués : par balles 1, par obus 5
Pertes - blessés : par balles 3, par obus 5
dimanche au lundi du 24 au 25/10/1915
Le régiment tient toujours les tranchées, dans le s/secteur sud de Loos.
évènements importants : néant
activité de l'infanterie allemande : l'infanterie allemande a très peu tiré. Elle paraît s'employer activement à l'entretien et surtout à la réfection de ses tranchées (bruit pieux enfoncés) qui s'éboulent comme les nôtres.
a) porté uniquement sur les travaux dont c.r. a été fourni ce matin.
activité de l'artillerie allemande : de 16h à 17h30, violent bombardement sur la tranchée du talus (Cie de soutien du secteur de la Pépinière), 14 obus de 150 sont tombés à proximité immédiate de la tranchée (sans résultat- toujours même direction : au nord de la Cité St-Auguste. b) nouveau bombardement pendant la nuit sur le même point. c) vers 9h, tir de 77 sur les tranchées de 1ere ligne de la Pépinière direction Fosse 12. d) de 10h à 11h30, bombardement avec du 210 sur les lisières S. et S.O. du village. e) à 14h, bombardement avec du 210 (direction à l'est de la côte 70) et du 150 (direction Fosse 12) sur le centre de Loos et sur les tranchées de soutien (abords de l'enclos).
activité de l'artillerie française : s'est manifesté à 3 reprises par des tirs dont il n'a pas été possible de discerner les objectifs et par suite d'apprécier les effets.
Mines : néant
Pertes - tués : par balles 0, par obus 1
Pertes - blessés : par balles 2, par obus 2
lundi au mardi du 25 au 26/10/1915
Le régiment tient toujours les tranchées, dans le s/secteur sud de Loos.
Dans la nuit du 25 au 26/10, le régiment fournit une Cie de travailleurs au Génie
évènements importants : néant
activité de l'infanterie allemande : aucune activité particulière. Toutefois, tirailleriez un peu plus fréquente que les jours précédents pendant la 1ere partie de la nuit.
activité de l'infanterie française : entièrement absorbée par les travaux d'aménagement et d'entretien des tranchées près abîmées par la pluie de la veille.
activité de l'artillerie allemande : activité plus marquée que les jours précédents (temps clair). Entre 18 et 19h, tir de 150 sur la partie S. du village. Pendant la nuit, tir de 77 sur les travailleurs de la sape d'encerclement. L'activité de l'artillerie n'a pas cessé pendant toute la journée. les principales directions de tir sont toujours les mêmes. En particulier, la présence de pièces de 150 dans la direction du Bois Hugo est confirmée par un certain nombre de coups dont la direction a pu être exactement repérée dans les maisons du village. Cette artillerie a tiré constamment depuis ce matin, réglée, semble t-il par dracken qui est resté en l'air la plus grande partie de la journée dans cette direction.
activité de l'artillerie française : grande activité de notre artillerie, surtout dans le s/secteur de gauche et sur les tranchées au pied du crassier
Mines : néant
Pertes - tués : par balles 2, par obus 6
Pertes - blessés : par balles 0, par obus 0
Matériel : 1°) une certaine quantité de matériel français a été ramassée et sera emportée en arrière lors de la relève par les soins du corps. 2°) une grande quantité de caisses de grenades anglaises a été rassemblée auprès du P.S. (sortie O. du village). Il serait désirable que les Anglais soient invités à venir l'enlever.
Le régiment a été relevé dans la nuit du 26 au 27/10/1915 par le 125e dont il est venu occuper les cantonnements : Les Brebis - EM, C HR, CM 68e, 1er Btn et 3e Btn. Corons du Maroc - 2e Btn.
Cantonnement des brebis préparé par M. Pradeau. Les campements partiront des tranchées à 15h -gardes de police à l'arrière au cantonnement (1er Btn-
Guides : un par section pour toutes les Cies rendus pour 18h15 à l'entrée du boyau du centre (sortieE. du Maroc)
Les Btn relèvent dans l'o/o et aux heures suivantes les Btn du 68e RI : II/125 relève III/68 18h30 - I/125 relève I/68 19h30 - III/125 relève II/68 20h30 - la 12e Cie 125 relève la 8e du 68.
Mouvements du 125e
II/125 centre - boyau des écoles - boyau de l'enclos.
I/125 entièrement par le boyau du S. - du boyau du cimetière et de Fosse 11
III/125 les 3 Cies de réserve par le boyau du S. et sape 7
Mouvement et itinéraire inverse pour les Btn du 68e
Relève terminée à 27h.
le 68e était dans les tranchées depuis la nuit du mardi 19/10 (soit une semaine)
mercredi 27/10/1915
Arrivée approximative aux cantonnements à 1h20 environ. Le régiment reste dans ses cantonnements. Emploi du temps à la disposition des commandants de Cie? Nettoyage, soins de propreté corporelle.
Pertes - tués : par balles 0, par obus 0
Pertes - blessés : par balles 0, par obus 2
jeudi 28/10/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des commandants de Cie. travaux de propreté et d'entretien, douches pour le 1e Btn
Pertes - tués : par balles 0, par obus 4 (au Maroc)
Pertes - blessés : par balles 0, par obus 4
vendredi 29/10/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des commandants de Cie. travaux de propreté et d'entretien, douches pour le 3e Btn
Pertes - tués : par balles 0, par obus 0
Pertes - blessés : par balles 0, par obus 0
samedi 30/10/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des commandants de Cie. travaux de propreté et d'entretien, douches pour le 2e Btn
Pertes - tués : par balles 0, par obus 0
Pertes - blessés : par balles 0, par obus 0
Remise de la croix de chevalier de la légion d'honneur au commandant Berthelon par le général d'Urbal
Remise de la croix de guerre au sergent Méponte
dimanche 31/10/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn, travaux de propreté, douches pour la CM Br33.
Renforts : 1 sergent, 2 capitaines et 74 soldats plus 3 sergents, 1 caporal-fourrier et 2 capitaines
Pertes : néant
lundi 1/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Le régiment va cantonner à :
Ruitz - EM, C HR, CM 68, 1er et 2e Btn
Fosse 7 : 3e Btn, CM Br 68
Cantonnements préparés - Ruitz par le capitaine Brusley, Fosse 7 par le lieutenant Naudin
Campements et gardes de police (Ruitz 1er Btn) partent à midi. Mouvement par bataillon, avec échelonnement des Cies jusqu'à Petit-Sains et pour le Btn Petit, fractionnement jusqu'à la section.
Itinéraaire - cimetière de Bully - Petit-Sains - Bracquemont - Les Fours à Chaux (S.O. de Nœux les Mines) - Barlin. horaire - 1er Btn présentera sa tête au cimetière de Bully à 14h15, 3e Btn à 14h45, 2e Btn à 15h15. C HR et CM 68 rattachées au 1er Btn. CM Br 33 au 3e BTn. Cuisines roulantes groupées par Btn partent à 12h30 et gagnent directement les cantonnements. Voitures à V. et B. suivent leur Btn. Toutes les autres voitures sous le commandement du chef artificier partent des brebis à 16h.
TR reste à Barlin. Le capitaine Modot passe au 68e RI.
Arrivée dans les cantonnements à 17h30 environ
pertes : néant
mardi 2/11/1915
Le régiment occupe les cantonnements de Ruitz et la Fosse 7 - travaux d'aménagement et de nettoyage du cantonnement. pertes : néant
mercredi 3/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn,
À 13h, la CM Br 33 quitte la Fosse 7 pour venir cantonner à Ruitz
pertes : néant
jeudi 4/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn,
pertes : néant
vendredi 5/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Préparation à la prise d'armes. Douches pour la Cie HR et la CM 68.
Prise d'armes - rassemblement du régiment sur un terrain situé à la lisière N.E. du bois des Clercs (1500m. S. de Maisnil-les Ruitz) pour 13h45.
Tenue de campagne sans havresac. Drapeau à 12h45 - (4e Cie)
Devant le régiment rassemblé, lecture des citations obtenues par le régiment à la suite des combats de septembre
Remise de ma médaille militaire à l'adjudant Charrier
Remise de la croix de guerre aux militaires dont les noms suivent :
pour citation à l'ordre de la brigade : adjudant Gaudron (7e), adjudant Rouillé, sergent Dubreuil, Gatard (6e), Girard CM Br33, caporaux Bouin (6e), Drouhin CM Br33, soldats Pasquier, Brunet (6e) Chevrier CM Br33
pour citation à l'ordre du régiment : sergents Deborde, Larcher, bernard (3e), Borgeais (6e), caporaux Bonnet, Guérin, Simonneau, Léger (C HR), soldats Dulac, Hyvernat, Lacroix (3e), Perrin, Moine, Ypert, Ricci (7e), Joyet (C HR) Perrochon (1er), Reynaud (2e)
Remise de la brisque d'ancienneté au militaires dont les noms ont paru à l'o/o du régiment n° 200 par les chefs devant le front de chaque Btn et par les commandants de Cie pour les C HR, CM 68, CM Br 33
Pertes : néant
samedi 6/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn. Tir d'instruction, douches pour le 1er Btn. Pertes : néant
dimanche 7/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn. Tir, douches pour le 2e Btn. Pertes : néant
8/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn. Tir, douches pour le 3e Btn. Pertes : néant
mardi 9/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn. Tir, douches pour la CM. Pertes : néant
mercredi 10/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn. Tir, douches pour la C HR et la CM 68 l'après-midi. À 9h30 sur un terrain situé à 200 O. du cimetière de Ruitz devant le régiment rassemblé en fer à cheval, dégradation militaire du soldat Ferdonnet ….. de la 9e Cie
Pertes : néant
jeudi 11/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn. Tir, douches pour le 1er Btn. Pertes : néant
vendredi 12/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn. Douches pour le 2e Btn. Pertes : néant
Arrivée : M; Aumenier, lieutenant affecté à la 8e Cie
samedi 13/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn. Douches pour le 3e Btn. Pertes : néant
Arrivée : Mr. Cochet d'Hattecourt, s/lieutenant affecté à la 4e Cie
dimanche 14/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de Btn. Douches pour la CM Br 33 et pour les officiers. Pertes : néant
2 photographies aériennes
reconnaissance du 20/12
pilote : caporal Naud
observateur : lieutenant Ayral
9e corps d'armée 21/12/1915
Le lieutenant Ayral au colonel commandant le 68e régiment d'infanterie
J'ai l'honneur de vous adresser ci-inclus une épreuve d'un cliché pris le 20 décembre au matin en aéroplane. On distingue sur cette photographie les diverses lignes de tranchées françaises et allemandes et leurs boyaux de communication.
Sur le côté gauche de l'épreuve on voit la partie sud-est du bois de Nonne-Bosscher et la ferme Verbeek. La corne sud-ouest du bois deu Polygone se trouve exactement au milieu du bord supérieur. L'échelle est un peu plus grande que 1/10000e
signé : Ayral
(p. 71/76)
secteur de Vlamertingh -St-Jean
Zomebeke = Broodseinde
(p. 72/76)
lundi 15/11/1915
Le régiment occupe les mêmes cantonnements. Il va dans la soirée remplacer dans ses cantonnements le 32e.
EM, C HR, CM 68, CM Br33, 1er et 2e Btn : les brebis
3e Btn : Bracquemont
Mouvement par Btn - C HR et CM 68 rattachées au 1er bataillon - CM Br33 rattachée au 2e Btn (la section détachée à la Fosse 2 a été relevée à 16h.
Itinéraire - Barlin, Four ç Chaux S.O. de Nœud, Petit-Sains, cimetière de Bully
heure de départ : passage à niveau de Ruitz : tête du 1er Btn à 15h, 2e Btn à 16h, pont du chemin de fer au N. de Barlin : 3e Btn à 16h15, suivis de leur TC2 et voiture médicale
TC1 sous le commandement du chef-artificier Bézion
Campements - les Brebis par un officier du 2e Btn (garde de police) - Bracquemont par un officier du 3e Btn
Départ à midi
Arrivée dans les cantonnements entre 17h30 et 18h30
(p. 75/76)
Manque la feuille 15 et la feuille 30
le 26/11/16
le lieutenant-colonel commandant le 68e RI
fin du 1er registre
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registre du 16/11/1915 au au 10/07/1916
mardi au mercredi du 16 au 17/11/1915
Le régiment occupe les cantonnements des brebis et Bracquemont. Il relève le 135e RI dans le s/secteur sud de Loos.
I/68 à la place du III/135 (secteur route de Lens)
II/68 à la place du II/135 (secteur de la Pépinière)
III/68 à la place du I/135 (3 Cies en réserve à Loos, 1 Cie en réserve, 1 peloton au PC de la Brigade, 1 peloton ancienne ligne anglaise
Départ - (2e) Btn Petit 19h - CM Br33 19h15 - Btn Berthelon (1er) 20h CM 68 20h45 - Btn Normand (3e). Passage au pont de chemin de fer 500m E. de Graney 21h
Itinéraire - bataillons échelonnés au départ par Cie utilisent à partir du maroc les boyaux du centre et du sud (2e Btn boyau du sud et boyau du centre, 1er Btn boyau du sud, 3e Btn boyau du sud et boyau du centre, entrée dans le boyau du sud en face de la cheminée de la Fosse 5
Guides - 1 par section pour toutes les unités - rendus à l'entrée du boyau du sud en face de la cheminée de la Fosse 5
Relève terminée sans incise,t à 23h30
Evènements importants : néant
Activité de l'infanterie allemande : faible. Quelques coups de fusil ont été tirés sur la barricade du chemin creux Loos, Fosse 12, ainsi que vers le saillant S.O. de la Pépinière (tir à démolir sur les parapets. En outre sur ce dernier point, quelques grenades ont été échangées sur le poste d'écoute.
Activité de l'infanterie française : s'est manifesté sur un seul point, par des tirs (p.1/116)
systématiques, sur la barricade allemande du chemin Loos, Fosse 12, démolie partiellement hier par l'artillerie française afin de gêner les travailleurs allemands occupés à la rétablir.
Activité de l'Artillerie allemande : tir de 150 paraissant destiné à répondre aux batteries françaises établies au N. de la Fosse 5 - direction de tir Fosse 14. Entre 13 et 14h, tir de 150 sur le chevalement et les abords de l'enclos. vers 15h, même tir que celui signalé au …..
Activité de l'Artillerie française : rafales de 75 sur les tranchées allemandes en avant de la Fosse 12, et tir de l'artillerie légère non observés.
Mines : néant
Pertes : néant
Demande : le commandant du s/secteur signale le mauvais état d'un grand nombre des grenades constituant l'approcusionement du s/secrteur et demande qu'on envoie d'urgence un gradé du génie, pour les vérifier et faire enlever celles qui ne sont plus utilisables.
mercredi 17 au mardi 23/11/1915
le régiment tient toujours les tranchées du s/secteur Sud de Loos
mardi au mercredi du 23 au 24/11/1915
le régiment tient toujours les tranchées du s/secteur Sud de Loos
le régiment a été relevé par le 125e dans la nuit du 23 au 24/11 et cantonne aux brebis et à bracquemont.
le lieutenant-colonel Somon, nommé chef d'Etat Major du 9e Corps d'Armée, quitte le régiment le 24/11, à la même date, le lieutenant-colonel Douce prend le commandement.
du jeudi 25/11/1915 au mardi 7/12 29/11/1915
le régiment occupe les mêmes cantonnements
du mardi 30/11/1915 au mardi 7/12/1915
le régiment est cantonné à Ruitz et à la Fosse 7
mercredi 8/12/1915
la relève du 4e régiment mixte de Zouaves-Tirailleurs par le régiment a eu lieu dans la 2e partie de la nuit du 7 au 8/12/1915
du mercredi du 8 au 14/12/1915
le régiment tient toujours les tranchées dans le secteur de la 152e Division
mardi au mercredi du 14 au 15/12/1915
le régiment tient toujours les tranchées dans le secteur de la 152e Division. Dans la 2e partie de la nuit, le régiment est relevé par le régiment colonial. Relève terminée à 6h45 sans incident.
jeudi 16/12/1915 au lundi 20/12/1915
le régiment occupe les cantonnements des brebis et bracquemont
mardi 21/12/1915
le régiment occupe les cantonnements des brebis et bracquemont.
Le 68e relève le 125e RI dans la nuit du 21 au 22/12/1915
mercredi 22/12/1915
le régiment tient toujours les tranchées du s/secteur sud de Loos
jeudi 23 au vendredi 24/12/1915
le régiment tient toujours les tranchées du s/secteur sud de Loos.
Matériel : depuis 2 jours, les demandes de claies, planches, sacs à terre n'ont pas reçu satisfaction. Sous les obus et sous la pluie, les boyaux et les tranchées s'écroulent et tous les efforts faits pour les relever restent vains faute de revêtement. Cette situation ne peut pas durer. On a rien reçu non plus pour les sacs de ciment.
vendredi 24 au lundi 27/12/1915
le régiment tient toujours les tranchées du s/secteur sud de Loos
mardi 28 au mercredi 29/12/1915
le régiment tient toujours les tranchées du s/secteur sud de Loos
Evènements importants : les allemands ont montré une certaine activité aux abords de la maison isolée près du saillant de la Pépinière. Ils semblent y établir des abris et emplacements de mitrailleuses.
Jusqu'au 28 décembre, le régiment va tenir ce secteur de Loos, jouant avec des difficultés formidables d'organisation, pataugeant à nouveau dans la boue, il connaîtra des repos fréquents dans la région des Brebis. Le 28 décembre, le régiment est relevé ; il embarque en autos et débarque à Heuchin où il reste au repos jusqu'au 7 janvier.
A cette date, un nouvel embarquement en autos et le voici dans la région de Mesnil-lès-Ruitz.
mercredi 29 au jeudi 30/12/1915
le régiment tient toujours les tranchées du s/secteur sud de Loos. Dans la nuit du 28 au 29/12, le régiment a été relevé par le 135e et est venu occuper les cantonnements ci-après :
les Brebis : EM, 1er Btn, 2e Btn, C HR, CM 68, CM Br 68
Bracquemont : 3e Btn
vendredi 31/12/1915
Le régiment est cantonné dans les localités de Heuchin, Fief, Boy aval, Fontaine les Boulans
1916
samedi 1/01/1916
Le régiment est cantonné dans les localités de Heuchin, Fief, Boy aval, Fontaine les Boulans.
Le commandant Romary prend le commandement du régiment.
dimanche 2/01/1916
Le régiment est cantonné dans les localités de Heuchin, Fief, Boy aval, Fontaine les Boulans.
lundi 3/01/1916
Le régiment est cantonné dans les localités de Heuchin, Fief, Boy aval, Fontaine les Boulans.
mardi 4, mercredi 5, jeudi 6, vendredi 7/01/1916
Le régiment est cantonné dans les localités de Heuchin, Fief, Boy aval, Fontaine les Boulans.
A cette date, un nouvel embarquement en autos et le voici dans la région de Mesnil-lès-Ruitz.
Bois en Hache
Le 8 janvier, le 68e est en réserve au Bois de Noulette, près d'Aix-Noulette, dans le secteur fameux de Notre Dame de Lorette et du Bois en hache. Le 10 janvier, il relève dans le secteur le 1er Chasseurs. Pas de boyaux : de l'eau, de la boue et un terrain qui, depuis le début de 1915, est sans cesse pilonné ; et, jointes à cela, des luttes incessantes qui vont coûter de grosses pertes au régiment.
Le dispositif est le suivant : un bataillon en ligne, un bataillon en soutien et un bataillon en réserve ; dispositif qui permettra de nombreuses relèves et donnera au régiment le repos nécessaire pour tenir ce secteur jusqu'au 15 février, date à laquelle il est relevé.
samedi 8/01/1916 au lundi 10/01/1916
Le régiment est cantonné à Ruitz et Maisnil les Ruitz
mardi 11/01/1916 au vendredi 14/01/1916
Le 1er Btn est toujours aux tranchées, les 2 autres sont cantonné à Ruitz et Maisnil les Ruitz
samedi 15/01/1916
Le 1er Btn a été relevé dans la nuit par le 2e Btn. le 1er Btn est venu occuper les baraques à Coupigny. Le 3e Btn s'est posté dans les baraques du Bois de Noulette
dimanche 16/01/1916
Le 2e Btn tient toujours les tranchées. les 2 autres Btn occupent les mêmes emplacements.
lundi 17/01/1916
Le 2e Btn tient toujours les tranchées. les 2 autresBtn occupent les mêmes emplacements.
mardi au mercredi du 18 au 19/01/1916
le 2e Btn a été relevé cette nuit par le 3e Btn. Le 2e Btn rentre à Coupigny. Le 1er Btn vient à Bois de Noulette
mercredi au jeudi du 19 au 20/01/1916
Le 3e Btn tient toujours les tranchées du s/secteur sud du Bois en Hache. les 2 autres Btn occupent les mêmes emplacements.
jeudi au vendredi du 20 au 21/01/1916
Le 3e Btn tient toujours les tranchées du s/secteur sud du Bois en Hache. les 2 autres Btn occupent les mêmes emplacements.
vendredi au samedi du 21 au 22/01/1916
Le 3e Btn tient toujours les tranchées du s/secteur sud du Bois en Hache. les 2 autres Btn occupent les mêmes emplacements.
Le 1er Btn du 90e relève au cours de la nuit le 3e Btn du même régiment
samedi au dimanche du 22 au 23/01/1916
Le 3e Btn tient toujours les tranchées du s/secteur sud du Bois en Hache. les 2 autres Btn occupent les mêmes emplacements.
dimanche au lundi du 23 au 24/01/1916
Le 3e Btn tient toujours les tranchées du s/secteur sud du Bois en Hache. les 2 autres Btn occupent les mêmes emplacements.
lundi au mardi du 24 au 25/01/1916
Le 3e Btn tient toujours les tranchées du s/secteur sud du Bois en Hache. les 2 autres Btn occupent les mêmes emplacements.
mardi au mercredi du 25 au 26/01/1916
Le 1er Btn tient toujours les tranchées du s/secteur sud du Bois en Hache. les 2 autres Btn occupent les mêmes emplacements.
(p. 30/116)
…mardi au mercredi du 8 au 9/02/1916
Divers : grande activité des avions français après-midi aujourd'hui 9/02. On remarque toujours un biplan M.F. volant à très faible hauteur au-dessus du secteur. L'artillerie ennemie ne lui tire pas dessus. De temps en temps une mitrailleuse de la région en face PC4 semble lui envoyer quelques rafales, ce qui ne le gêne en rien. Aujourd'hui la présence de cet avion n'a pas coïncidé avec un tir ennemi sur la région de Noulette.
…Lundi au mardi du 21 au 22/02/1916
Les unités occupent toujours les mêmes cantonnements. Emploi du temps à la disposition des chefs de bataillon. "lancement de grenades".
Le 1er Btn se porte aujourd'hui à Estrée-Cauchie, le 2e Btn se porte aussi à Cambligneul. Les CM 68 1 et 2 seportent à Estrée
Cote 140
Le 22 février, il se porte dans la région d'Estrée-Cauchy et le 23, il prend les lignes à la cote 140. A la boue qu'il faut citer comme le plus rude ennemi dans ce secteur du Nord sans cesse martelé, viennent s'ajouter la neige et la glace.
Depuis la fameuse course à la mer, le régiment avait vécu dans ces secteurs d'Artois et de Belgique où s'était affirmé la résolution de passer coûte que coûte, où s'était concentrée la lutte d'usure. Le 9e corps y a toujours donné la pleine mesure de ce qu'on attendait de lui ; il a étayé de façon glorieuse la mémorable résistance des Anglais.
Une nouvelle et formidable bataille venait de s'allumer aux portes de Verdun, le 9 mars, les Anglais relevaient le régiment qui allait se préparer à de nouveaux combats. Le 15 mars, le 68e arrive au repos dans la région de Bergues, Saint-Pol, Malo-les-Bains où il vécut un séjour particulièrement goûté dans une région souriante et hospitalière.
…mercredi 15/03/1916
Le lieutenant-colonel Douce quitte le commandement du régiment. le lieutenant-colonel Odent le prend.
Le régiment embarque en chemin de fer pour se rendre dans la région de Dunkerque.
Le 3e Btn par à 6h5
le 1er Btn, EM par à 9h
le 2e Btn part à 12h
les CM partent à 15h
la C HR part à 15h
Cantonnements - Malo-les-Bains (EM, C HR, TC, TR, 3e Btn) - Coudekerque 2e Btn, St-Pol-sur-mer 1er Btn, CM)
Verdun (15 avril 1916 – 6 mai 1916)
Dans les premiers jours d'avril, le régiment embarqua pour la région de Ferrières (Oise) où l'instruction est poussée activement durant une quinzaine.
Le 13 avril,
le régiment embarque à Dompierre, débarque le 14 à Givry-sur-Argonne, cantonne deux jours à Labeycourt, un jour à Vaubécourt, prend le 18 les camions à Rembercourt,
Loos débarque le même jour à Blercourt et bivouaque au Bois Saint-Pierre au sud-est de Dombasle- en Argonne, pendant que les officiers vont reconnaître le secteur de la cote 304.
Le 19 avril,
le régiment se met en marche, et, sous un bombardement continu et violent qui cause des pertes, va prendre position dans le secteur reconnu la veille.
Les journées du 20 et 21 avril se passent sous de violentes rafales. Le 22, à 6 heures, l'artillerie ennemie redouble de violence, et une attaque qui débouche à 14 heures est repoussée. Le bombardement s'accroît de minute en minute, des rafales de 210 et de 150 arrivent par six et douze à la fois sans parler des 105 et des 77. Les deux bataillons en ligne (le 2e et le 3e bataillons) autour de la cote 304 et du Bois d'Eponge (200 mètres nord de 304) subissent de grosses pertes ; le 1er bataillon en réserve à Esnes n'est point épargné : 210 et 380 y tombent à chaque instant.
Laissons parler un peu le rapport du commandant BERTHELON, commandant du premier bataillon, éloquent dans sa précision. "Journée du 3 mai. – Le bombardement dure toute la journée avec une intensité qui atteint parfois 30 à 35 coups à la minute dans un rayon de 100 mètres carrés. Le 3 au soir, les pertes de ces quatre jours se chiffrent : pour le premier bataillon, à 150 hommes tués ou blessés et 40 hommes disparus sous les éboulements. La proportion des tués est de 50%. La journée du 3 coûte à elle seule 160 hommes, la 3e compagnie notamment a 38 tués ; le bombardement continue toute la nuit avec un ralentissement dans l'intensité."
Entre-temps, toutes les dispositions ont été prises.
Le 23 avril,
même bombardement que la veille ; l'ennemi qui voit nos travaux d'aménagement les détruit méthodiquement et ne cesse le pilonnage sur un point que lorsqu'il est sûr qu'il ne reste plus rien ; la 5e compagnie repousse une attaque allemande et fait 30 prisonniers.
Le lendemain 24,
la situation ne change pas : l'artillerie reste très violente, l'infanterie calme. Le soir le 168e vient relever avec 1 bataillon en ligne et 1 à Esnes.
Du 25 au 29 avril,
repos au Bois Saint-Pierre. Le 29 au soir, le 1er et le 3e bataillons prennent les lignes à 304 ; le 2e vient en réserve à Esnes. La journée du 30 se passe assez calme, sauf un bombardement de cinq heures avec 150 et 105. Le 1er, nouveau bombardement d'une durée de quatre heures avec intensité plus grande sur la ligne de soutien.
La nuit du 1er au 2 mai,
travaux intenses de notre part, nous portons des postes de mitrailleuses en avant de nos premières lignes. Dans la journée du 2, l'ennemi détruit systématiquement les travaux exécutés la veille. La nuit du 2 au 3 se passe à réparer les dégâts et à faire de nouveaux travaux. Le 3 mai, le bombardement commence à 11 heures. Soldats du 87e RI dans une tranchée pendant les combats de la cote 304 à Verdun en avril-mai 1916 |
Entre-temps, toutes les dispositions ont été prises.
Dès le 3 mai,
au soir, le 2e bataillon renforce les unités de 1ere ligne: à droite, la 7e monte en renfort du 90e. La 5e se place derrière le 3e bataillon du régiment sur les pentes sud de 304. La 6e est en réserve au P.C. du colonel sur la pente sud aux Ouvrages Blancs (depuis abri Odent).
Le commandant BERTHELON dit : " Nuit du 3 au 4 mai. – La 1ere compagnie désignée pour renforcer la 4e très éprouvée, ne peut réunir que 28 hommes équipés de fusils marchant bien, 2 pièces de mitrailleuses ont été détruites. La plupart des survivants ont leurs armes brisées ou enterrées. "
Journée du 4 mai
Le tir redouble d'intensité qui va jusqu'à dépasser celle de la veille. Les obus soulèvent une poussière qui empêche toute observation. La fumée et la poussière forment un nuage épais.
Vers 9 heures, le commandant du P.C. voisin me téléphone qu'il envoie un pigeon voyageur pour attirer l'attention du commandement sur la situation qui paraît s'aggraver. Je lui dis que c'est mon avis et que nous devons nous attendre à une attaque. Quelques instants après, un obus de gros calibre tombe sur la sortie praticable du P.C., la bouche et coupe en même temps les communications téléphoniques ; la communication ne peut être rétablie, car la terre du boyau de sortie était retenue par un fort treillage métallique qui forme une solide armature que ne peuvent rompre les pinces du téléphoniste.
"Nous restons dans cette situation jusqu'au moment où l'artillerie ennemie cesse son tir. J'entends quelques coups de fusil et, comprenant qu'une attaque se déclenche, je fais sortir par un trou formant cheminée, les trois fusées dont je dispose." L'attaque allemande s'est en effet déclenchée vers 14 heures sur des flots de fantassins.
Cote 304 où le 68e RI prit part aux combats |
Cote 304 - le 4 mai 1916 On voit les positions des 32e,77e et 66e RI(de la 18e DI) et celles des 68e et 90e RI (de la 17e DI) |
Voici à titre d'exemple la situation du 1er bataillon : En première ligne : - à gauche, compagnie d'HATTECOURT (16 hommes), une section de la première, la section LAMBRECHT. - au centre la compagnie BERTEAUD (45 hommes) - à droite la compagnie GAUDUCHON (65 hommes). En deuxième ligne, - trois sections de la compagnie PERSIN encadrées par deux sections de mitrailleuses. Ces îlots furent rapidement débordés, entourés, la résistance fut aussi longue qu'elle pouvait l'être. A la 4e compagnie, l'adjudant FAURE fut tué. A la 2e compagnie, le sous-lieutenant TETARD fut tué. Le sergent CONFOLENS se couche sur une mitrailleuse pendant le bombardement, pour que les mottes de terre ne l'empêchent pas de fonctionner. Mais l'ennemi se rendit bientôt maître du terrain, il envahit par infiltration les pentes nord et nord-est de 304. La fumée est telle qu'on ne peut voir de l'arrière ce qui se passe aux premières lignes ; elles sont d'ailleurs absolument isolées, aucun moyen de communication n'étant possible. A la tombée de la nuit, l'ennemi est signalé vers le poste de secours du 1er bataillon ; il commence à monter vers la crête. La situation est très critique dans cette nuit du 4 au 5; vers 3 heures du matin, le lieutenant- colonel ODENT rassemble les débris des 5e et 6e compagnies et, dans un effort suprême, essaie vainement de rétablir la situation. A peine a-t-il fait 80 mètres que le vaillant chef de corps est tué d'une balle dans la tête; le capitaine TERRIER enlève le groupe et pousse la contre-attaque, il est mortellement atteint. Pendant ce temps, les éléments du 268e montent péniblement en terrain découvert sous un marmitage extrêmement serré. Le terrain est organisé avec les éléments épars du 268e, du 90e et du 68e qui tiennent jusqu'au milieu du jour.
ORDRE GÉNÉRAL N°205
Le général commandant le 9e corps d'armée cite à l'ordre du corps d'armée :
Le 68e régiment d'infanterie
"Les 4 et 5 mai 1916, en dépit d'un bombardement de pièces de gros calibre d'une violence inouïe qui se prolongea pendant 30 heures, les 1er et 3e bataillons ont tenu leurs tranchées, sans reculer, jusqu'à l'attaque ennemie. Le 2e bataillon, réduit à deux compagnies formant réserve, sous la conduite personnelle du lieutenant-colonel ODENT commandant le régiment, a contre-attaqué, avec les survivants, pour reprendre les tranchées tombées au pouvoir de l'ennemi.
Au cours de cette contre-attaque, le vaillant chef de corps a été mortellement frappé."
Au Q.G., le 5 juin 1916.
Le général commandant le 9e C.A.
Signé : général PENTEL.
La Champagne (Mai – Septembre 1916)
Après Verdun, le régiment est mis au repos dans la région de Bar-le-Duc. Après quelques renforts, l'exercice reprend : le 1er bataillon s'entraine à Mussey, les 2e et 3e à Mognéville.
Vers le 15 mai,
le régiment embarque et va s'installer aux environs de Sainte-Menehould (Chaudefontaine et Argers) où il continue ses exercices. Le 30 mai, après une journée en camions, il prend secteur en Champagne, devant Saint- Hilaire-le- Grand. Le secteur de Champagne est calme ; à peine s'il y tombe quelques obus par jour, à heures fixes. Pourtant l'activité de nos patrouilles semble inquiéter l'ennemi qui, peu à peu, devient plus nerveux. Des combats à la grenade s'engagent souvent aux postes les plus avancés.
La 14e escouade de la 5e compagnie, sous le commandement du caporal TOURATIER, mérite la citation suivante : "S'est particulièrement fait remarquer par son audace et sa ténacité les 14 juillet et 22 août 1916, a eu à soutenir des combats assez vifs à la grenade et a toujours maintenu ses positions."
Et le héros de cette escouade est le soldat PARÉ Alfred.
Le 19 juillet,
le lieutenant HASSENFUSS et 50 volontaires de la 9e compagnie réussissent pourtant à pénétrer par surprise dans le saillant du bois F, constatent qu'il n'y a pas d'appareil à gaz et ramènent 50 prisonniers. Le 20, l'ennemi se venge par un formidable bombardement de torpilles et d'obus de gros calibre sur le 1er bataillon, de 9 heures à 19 heures. A la suite du coup de main du 19, une rectification des lignes est jugée possible : il s'agit de réduire le saillant. A tour de rôle, les bataillons, qui vont au repos au camp Berthelot, sont exercés sur un terrain préparé d'après les renseignements fournis par la photographie aérienne et les déclarations de prisonniers. Mais le mois d'août se passe et la relève arrive dans la première quinzaine de septembre sans que le saillant Aït été attaqué. Le régiment est enlevé en camions et va au repos au sud de Châlons (Coupetz, Saint-Quentin- sur- Coole), puis, de là, se rend à pied au camp de Mailly. Les exercices sont à peine repris que la division embarque en chemin de fer pour la Somme, où la bataille se livre depuis le mois de juillet. Après quelques jours de repos près d'Amiens (Bovelles, Revelles, Fluy) des camions emmènent le régiment à Fouilloy, près de Corbie (8 octobre)
1917
LA SOMME (Octobre 1916 – janvier 1917)
Sailly – Saillisel
Dans la longue série des combats auxquels le régiment a pris part au cours de la campagne, Sailly–Saillisel représente l'une des périodes les plus pénibles. Six mois après les tragiques journées de Verdun, le régiment, et en particulier le 1er bataillon, allait revoir des journées de lutte d'une âpreté et d'une violence inouïes. Dans les plaines labourées par la mitraille, couvertes de boue et de cadavres, ils furent sublimes, les soldats qui venaient prendre leur part de gloire dans les batailles de la Somme, où l'ennemi, puissamment retranché, défendait désespérément chaque pouce de terrain et opposait à nos attaques la résistance de ses troupes d'élite.
... Combles et Maurepas, enlevés de haute lutte par nos prédécesseurs, ne sont plus que des décombres. L'immense plaine ondulée que jalonnent Sailly–Saillisel, Combles, Le Transloy et Morval, sous les pluies d’automne et le piétinement des légions de combattants, est devenue un champ de boue.
La première ligne ennemie est constituée par la tranchée de Bukovine.
Pendant cette période du 26 au 31 octobre, pas de combats à proprement parler ; mais des opérations de détails rendues particulièrement difficiles par un bombardement incessant, par un pilonnage systématique de nos lignes et de nos travaux et par l'état d'exténuement des hommes privés de sommeil, de nourriture, d'eau et transformés en véritables blocs de boue. Malgré cela, tous les travaux sont exécutés à l'entière satisfaction du commandement.
26 au 31 octobre
C'est dans ce cadre que vont se dérouler les dures journées du 26 au 31 octobre et du 4 au 8 novembre 1916. Après un séjour d'une dizaine de jour dans la région de Corbie (8 – 20 octobre), le régiment gagne la ferme de Bronfay où il stationne jusqu'au 26 octobre, ensuite par Maricourt, Hardecourt, Maurepas, Combles, il vient prendre les lignes aux lisières nord de Sailly–Saillisel, appuyé à droite à la route de Bapaume où il se trouve en liaison avec le 8e bataillon de chasseurs à pied, et à gauche avec le 90e R.I. dont les lignes se dirigent vers l'ouest. La première ligne ennemie est constituée par la tranchée de Bukovine.
Pendant cette période du 26 au 31 octobre, pas de combats à proprement parler ; mais des opérations de détails rendues particulièrement difficiles par un bombardement incessant, par un pilonnage systématique de nos lignes et de nos travaux et par l'état d'exténuement des hommes privés de sommeil, de nourriture, d'eau et transformés en véritables blocs de boue. Malgré cela, tous les travaux sont exécutés à l'entière satisfaction du commandement.
le 29 octobre,
Le lieutenant-colonel DOUCE, le général LASSON, le général LANCRENON, déclarent dans des lettres de félicitations adressées au lieutenant CHATEAU, que la possession du village de Sailly–Saillisel est assurée contre toute tentative de l'ennemi grâce aux judicieuses dispositions qu'il a prises en dépit des difficultés créées par l'ennemi. La ligne est à 200 mètres et parallèle à la tranchée de Bukovine, la progression est en certains points, supérieure à 1 kilomètre. Chaque nuit, des combats ont lieu entre les lignes. Le 29 octobre, le lieutenant PHILIPPEAUX se heurte à une patrouille ennemie, lui livre combat et ramène cinq prisonniers. Dans la nuit du 30 au 31 octobre, le 1er bataillon, exténué de fatigue, se rend au repos dans les baraquements de la ferme de Bronfay inconfortablement installés et soumis sans cesse à des bombardements. Le 4 novembre, dans la nuit, le 1er bataillon recomplété monte en ligne par une pluie battante et va s'intercaler entre le 3e bataillon du régiment à droite et un bataillon du 90e à gauche. Pas un point de repère, des guides qui perdent leur chemin, et ce n'est qu'aux premières lueurs du jour que le bataillon est en place.
5 novembre
L'ennemi qui aperçoit les mouvements effectués au petit jour déclenche un tir de barrage d'une rare intensité. Le capitaine TROUPEAU circule quand même entre les différentes fractions de sa compagnie, s'assurant que chacun est bien en place et prêt à l'action, il est grièvement blessé.
11 h 10. – C'est l'attaque avec comme objectif la tranchée de Bakovine, puis le village de Mesnil-en-Arrouaise. D'un seul élan les bataillons passent à l'assaut dans un terrain bouleversé par les obus et complètement détrempé par les pluies; le commandant TARRIT et son officier adjoint, le sous-lieutenant PLEINEMAISON, marchent à l'attaque derrière la première vague, excitant l'ardeur des combattants.
Malheureusement, de nombreuses mitrailleuse que notre artillerie n'a pu atteindre se révèlent et prennent à partie les premières vagues d'assaut. En même temps, un intense barrage se déclenche sur les fractions de réserve. Quelques éléments avancés franchissent la route de Château-Thierry à Bapaume.
Hélas ! les mitrailleuses clouent impitoyablement les héroïques poilus et les obligent à se terrer. Le commandant TARRIT est grièvement atteint au poumon par une balle de mitrailleuse et se traîne dans un trou d'obus ; au même instant le sous- lieutenant PLEINEMAISON est tué par une balle au front.
Et les actes d'héroïsme se succèdent. Le commandant TARRIT ensanglanté et torturé dicte des ordres au soldat Lannes GERAUD. Le sous-lieutenant LEROY est blessé à la main par une balle ; pendant que son ordonnance lui fait un pansement sommaire, il se sert de sa main libre pour tirer sur l'ennemi; c'est à ce moment qu'une balle le blesse à mort. Le sous-lieutenant REILHAC, de la 1e compagnie, entraîne superbement sa section sous le feu le plus meurtrier et dépasse les éléments les plus avancés de la ligne. Il tombe mort à proximité de l'ennemi. Le caporal BESSE enlève la section et la porte au-delà de la route ; il est tué à bout portant. On en saurait passer sous silence le modeste colombophile SUBLARD, marchant à sa place avec la liaison du bataillon, il suit la progression, impossible sous les feux les plus violents, son panier à pigeons sur le dos. SUBLARD continue son chemin. Enfin, grièvement blessé lui-même, il ne consent à quitter la ligne de feu qu'après avoir passé ses pigeons en consigne et expliqué le mécanisme de l'envoi des messages. DUFOUR Augustin, de la 11e compagnie, s'est trouvé dans les hasards du combat, avec la 1e compagnie. Il aperçoit, à 50 mètres en avant de la ligne, l'adjudant ROBIN, blessé à la jambe. N'écoutant que son courage, il y court sous les rafales des mitrailleuses, panse son chef de section, revient à la tranchée pour chercher de nouveaux paquets de pansements et donne des soins à d'autres blessés. GOUSSEN, de la 1e compagnie, va, à dix reprises différentes, chercher des blessés en avant de la ligne. La journée tire à sa fin, mais la tâche n'est pas finie. A droite, la 9e compagnie monte en renfort du 8e Chasseurs très éprouvé ; elle subit de grosses pertes au cours de ce mouvement. Un nid de mitrailleuses ayant été identifié au point 800, ordre est donné de l'attaquer à 16 h 45. Mais de nouveau des mitrailleuses non détruites arrêtent la progression et jettent la mort dans nos rangs.
Les journées des 6, 7, et 8 novembre,
bien que n'ayant été marquées par aucune attaque, n'en restent pas moins extrêmement pénibles. L’ennemi, craignant nos retours offensifs et disposant sur ce point d'une artillerie formidable, harcèle les premières lignes et les réserves de tirs incessants et meurtriers. Les intempéries, la boue, la faim, la soif, le manque de sommeil, tout s'acharne sur nos hommes qui donnent malgré tout le plus bel exemple d'endurance. On peut dire qu'ils résistent jusqu'à l'extrême limite de leurs forces.
Quand dans la nuit du 8 novembre, la relève est enfin arrivée
Les fantômes qui glissent furtifs dans la nuit au milieu des éclatements d'obus, n'ont plus figure humaine ; ce sont des êtres hâves, amaigris, hirsutes et couverts des pieds à la tête de cette affreuse boue de la Somme avec laquelle ils ont formé corps pendant ces rudes journées.
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Repos et période de secteur (novembre 1916 – janvier 1917)
Après la dure période de la Somme, les 1er et 2e bataillons, ainsi que l'état-major du régiment, sont au repos dans la région de Thieulloy-l'Abbaye, Vraignes et Gouy-l'Hopital. Seul le 3e bataillon reste en secteur pour nettoyer le champ de bataille.
Le 19 décembre,
on reprend en camions-autos, la direction des lignes vers Cléry-sur-Somme, et on débarque à Suzanne.
Le secteur de Cléry est relativement calme ; la grande distraction est la chasse aux canards qui abondent sur les marais. Le seul endroit véritablement dangereux est la presqu'île d'Omiécourt, où d'ailleurs aucun évènement important n'est à signaler. Le secteur est à peine aménagé. Le régiment y construit des tranchées, des boyaux, des abris ; bref, il est tout à fait en état lorsque les Anglais viennent l'occuper le 22 janvier 1917.
Janvier-avril 1917
Les deux mois suivants sont consacrés à des travaux de défense dans la zone avancée du camp retranché de Paris. Le régiment cantonne à la lisière de la forêt de Villers-Cotterêts, à Coeuvres et Dommiers. A cette époque, on ne pouvait prévoir le rôle que ces organisations devaient jouer en 1918, lors de la dernière ruée allemande : l'ennemi se trouva arrêté par les travaux auxquels le régiment avait collaboré du 29 janvier au 6 mars 1917, et il ne put, en dépit de ses efforts, dépasser le village de Coeuvres.
En mars,
le régiment gagne par étapes (6-16 mars) par Silly-la-Poterie, la Ferté-sur-Jouare, Villenauxe, Le camp-de Mailly, où pendant douze jours (16-28 mars) il est entraîné à la guerre de mouvement. Le 28 mars, on se met en route, allégé de tous les bagages, pour revenir dans l'Aisne par Fère- Champenoise, Mareuil-en Brie et Brouillet (15 avril).
L'offensive du 16 avril 1917 (Hurtebise)
Le 16 avril,
à deux heures du matin, par une pluie battante et des routes encombrées, on quitte Brouillet pour se rapprocher du front ; le régiment fait partie de l'armée de poursuite qui doit exploiter les succès d'une grande offensive sur le Chemin des Dames. On arrive péniblement à Romain dans la journée. Les routes étant de plus en plus encombrées, il faut prendre à travers champ dans une boue dont on s'arrache difficilement.
On bivouaque sous la pluie.
Le 17 avril,
à 2 heures, la marche reprend sur Guyencourt. Dans la nuit du 17 au 18, le 3e bataillon gagne le bois de Beaumarais, les deux autres bataillons vont à Concevreux, Chaudardes et Roucy. Du 17 avril au 2 juin, les bataillons se succèdent dans le secteur : route de Cambrai à Châlons (n° 44) – bois en T – bois de l'Enclume (face est).
Le secteur est à organiser et l'artillerie ennemie est très violente partout, en particulier sur l'arrière. On étudie les moyens d'attaquer le bois de l'Enclume qu'on sait fortement organisé, mais, dans toute cette période, le 68e ne fait pas d'action importante.
Le 22 mai,
un groupe d'attaque de la 22e compagnie, ayant à sa tête le sous-lieutenant SEGUIN, est chargée d'enlever une barricade dans ce même boyau, à 200 mètres environ de la tranchée de l'Enclume occupée par l'ennemi. Cette opération, destinée à faire une diversion au moment d'une attaque importante à gauche par la 18e D.I., réussit parfaitement et sans aucune perte.
Le mois de juin
se passe au repos à Brécy, Beuvardes, Courpoil. Le 23 et le 30, les chefs de bataillon vont reconnaître le secteur du coté d'Hurtebise (chemin des Dames).
Le 2 juillet,
le régiment s'embarque en camions pour Beaurieux, et de là, gagne à pied le bois de Moulin-Rouge. Le lendemain, il y a deux bataillons en ligne : à droite, le 3e bataillon occupe le front à Eperon d'Ailles – ferme d'Hurtebise ; à gauche, le 1er bataillon occupe le quartier Y (monument d'Hurtebise, caverne du Dragon). La liaison des deux bataillons se fait au Doigt d'Hurtebise (2e compagnie). Tout d'abord, l'activité de l'ennemi ne se manifeste guère que par son artillerie, dont on sent la violence croître de jour en jour ; les barrages sont très fréquents. Puis il risque des patrouilles ; dans la nuit du 8 au 9, il tente un coup de main sur le Doigt, un autre sur la caverne du dragon ; il n'obtient pas de succès, mais nous inflige des pertes assez sérieuses.
Le sergent BROSSET, de la C.M.1, blessé grièvement, crie à ses hommes: "Surtout, ne les laissez pas passer !".
Dans la nuit du 9 au 10 juillet,
la 3e compagnie subit un autre assaut dans la Caverne du Dragon ; le capitaineTROUPEAU se défend avec acharnement et finit par mettre en fuite de forts détachements ennemis.
Le sous-lieutenant BLET, blessé mortellement, dit à ceux qui l'entourent : "Je peux mourir, j'ai fait mon devoir."
C'est au cours d'un épisode de cette offensive qu'Eugène Chevalier sera blessé à Hurtebise à l'épaule gauche, à la hanche, à la fesse, au nez, au front et au coude droit par éclats d'obus.Il sera évacué sur ambulance 4/9 S.P. 64 le 27 juillet 1917 et se retrouvera à l'hôpital aux armées n° 3 à Beauvais le 28 juillet. Il rejoindra les armées le 22 septembre 1917
C'est au cours d'un épisode de cette offensive qu'Eugène Chevalier sera blessé à Hurtebise à l'épaule gauche, à la hanche, à la fesse, au nez, au front et au coude droit par éclats d'obus.Il sera évacué sur ambulance 4/9 S.P. 64 le 27 juillet 1917 et se retrouvera à l'hôpital aux armées n° 3 à Beauvais le 28 juillet. Il rejoindra les armées le 22 septembre 1917
En haut à gauche, les tranchées Hurtebise et en dessous, le village de Hurtebise où passe le Chemin des Dames |
secteur Hurtebise et Craonnelle en juillet 1917 |
ORDRE DE L'ARMÉE N°291
Le Général commandant la Xe armée cite à l'ordre de l'armée :
La 3e compagnie du 68e régiment d'infanterie, sous les ordres du capitaine TROUPEAU.
"A tenu pendant six jours une partie du front du secteur d'Hurtebise soumise presque sans cesse à un très violent bombardement, attaquée à plusieurs reprises par l'ennemi ; notamment dans la soirée du 9 juillet 1917, a, sous l'habile et énergique direction de son chef, le capitaine TROUPEAU, repoussé toutes les attaques de fractions ennemies et conservé toutes les positions confiées à sa garde."
Le 10 juillet au matin,
les deux bataillons en ligne sont relevés par le 90e et vont à Maizy où ils sont en réserve pendant six jours. Dans la nuit du 16 au 17, ils remontent : le 3e bataillon est en première ligne sur le front occupé par les deux bataillons dans la période du 3 au 10.
Le 1er bataillon est en réserve de régiment au Village Nègre, avec une compagnie (1ere) dans la caverne du Dragon, en réserve de bataillon de première ligne.
L'activité de l'ennemi est de plus en plus grande ; à chaque heure du jour, il déclenche des barrages, la nuit, il cherche à approcher nos lignes ; nos obus V.B. lui infligent des pertes. Le 2, le 3e bataillon est relevé par le 90e pour retourner à Maizy, mais en cours de route, il est arrêté au Moulin-Rouge.
Il y subit pendant quatre jours et quatre nuits de violents bombardements par obus de tous calibres, particulièrement le 24 juillet où des rafales entretenues d'obus à gaz rendent la situation pénible. En 2e ligne, le 1er bataillon est très éprouvé.
Dans la nuit du 24 au 25 juillet,
l'ennemi fait un simulacre d'attaque. le 25, le premier bataillon
En 2e ligne, est alerté vers 14 heures : 2 compagnies avec le commandant TAILLADE montent dans le Quartier Y avec le 3e bataillon du 90e. Le 2e bataillon qui est à Maizy en réserve de C.A. est alerté à 12 h et se trouve à 16 h 30 au Village Nègre et à la Creute de la Somme, en réserve de secteur à la disposition du 90e.
Dès lors, le régiment est complètement disloqué et son histoire, pendant la bataille d'Hurtebise, se confond avec celle des régiments en ligne. Il faudrait pouvoir noter tous les actes, individuels et collectifs, qui ont illustré cette période pénible entre toutes ; mais le cadre de ce récit oblige à les passer sous silence, dans une brève nomenclature des faits les plus saillants.
La bataille du 26 au 29 juillet
Le 25 juillet,
à 18 h 30, le bombardement ennemi commence très violent, sur nos première et deuxième positions et se poursuit au cours de la nuit. A la faveur du trouble que ce bombardement cause chez nous, un groupe ennemi ayant parcouru la Courtine d'Iéna d'ouest à est sans rencontrer personne, vient vers 4 heures du matin barrer l'entrée sud de la Caverne du dragon et jeter des grenades dans le P.C. Yonne où il blesse mortellement le commandant TAILLADE.
Ce dernier fait preuve d'une abnégation admirable, rassemble ses agents de liaison et leur dit :
"voici comment meurt un officier, je meurs content."
La situation est critique : des éléments de la 1ere compagnie avec de forts contingents du 3e bataillon du 90e se sont barricadés dans la Caverne du Dragon où le sous-lieutenant SEGUIN organise la défense ; une section de la 2e compagnie, après avoir combattu dans la tranchée de la Creute et fait des prisonniers, est prisonnière à son tour.
ORDRE DE L'ARMÉE N°297
Le Général commandant la Xe armée cite à l'ordre de l'armée :
La 7e compagnie du 68e régiment d'infanterie, sous les ordres du capitaine de FRAGUIER
Le 26 juillet 1917,
"sous les ordres du capitaine de FRAGUIER, modèle de bravoure et de courage, a lutté énergiquement toute la journée contre des forces supérieures et. malgré de lourdes pertes en officiers et en hommes, n'a pas cédé un pouce de terrain et a enrayé la marche de l'ennemi."
Pendant ce temps, dans le secteur du 2e bataillon, la 7e compagnie qui contre-attaque est entourée complètement, et, sous la conduite du capitaine de FRAGUIER, se dégage après un furieux corps à corps et regagne la tranchée française. Le lieutenant BARBEL est tué à bout portant par des Boches qui font mine de se rendre.
Le 68e avait encore un bataillon au Moulin-Rouge (le 3e). Le 26, à 4 heures du matin, ce bataillon est alerté et vient prendre les emplacements de couverture des artilleries; les pionniers du régiment vont, peu après, renforcer à Oulches une section de la 10e compagnie.
A midi, le 3e bataillon passe à la disposition du 290e, et le soir, il s'établit sur le front compris entre le monument et la ferme d'Hurtebise, dans un terrain bouleversé par les obus et où les tranchées n'existent plus. A ce moment, les trois bataillons sont en ligne.
Pendant trois jours, le régiment contient sans cesse des attaques et mène des contre-attaques sans perdre un pouce de terrain. Le 3e bataillon, le seul groupé sous le commandement de son chef, le commandant BOISSIER, repousse une formidable attaque le 27 à 10 heures ; le soir même, il appuie une attaque du 290e.
Le 28 juillet,
on profite du calme pour mettre un peu d'ordre dans les unités et, vers 19 h 30, à la faveur d'une attaque menée par le 7e colonial, deux sections de la 9e compagnie progressent jusqu'à la tranchée de Saintes; mais bientôt ces deux sections, fortement bousculées et bien mal appuyées, sont obligées de reculer.
Le 28 au soir, le 3e bataillon a 120 pertes ce qui ne l'empêche pas, le 29 à 3 h 50, d'attaquer de nouveau et de reprendre la tranchée de Saintes, d'où il est chassé vers 6 heures par un retour offensif à la grenade. Il est relevé seulement le 31 juillet et va rejoindre les deux autres qui ont quitté les lignes, le premier dans la nuit du 27 au 28, le 2e, dans celle du 29 au 30.
Et le 3e bataillon mérite à la sortie de ce rude secteur l'éloquente citation suivante :
ORDRE DE L'ARMÉE N°297
Le Général commandant la Xe armée cite à l'ordre de l'armée :
Le 3e bataillon du 68eRégiment d'infanterie, sous les ordres du commandant BOISSIER. "Après une période passée dans le sous-secteur d'Hurtebise, est remonté deux jours après et n'a cessé de combattre pendant les journées des 26, 27, et 29 juillet 1917. Grâce aux mesures ordonnées par un chef énergique, le commandant BOISSIER, a arrêté toutes les attaques de l'adversaire, l'a repoussé en certains points et n' pas cédé de terrain malgré des pertes assez lourdes."
Au Q.G., le 26 août 1917.
Le Général commandant la Xe armée.
Signé : DUCHESNE.
Encore une fois, le 68e venait de connaître la bataille défensive dans son âpreté, dans ces efforts incessants qu'aucun succès palpable n'encourage. Mais il avait tenu ce coin précieux de sol français qu'on lui avait donné à tâche de défendre ; fidèle en cela à sa glorieuse tradition.
Quelques jours dans la région de Château-Thierry, et le régiment a repris son allure gaie en se reposant des fatigues de la période précédente.
Le 6 et le 7 août,
on embarque en chemin de fer pour la Lorraine. Au Q.G., le 5 juin 1916.
Le général commandant le 9e C.A.
Signé : général PENTEL
1918
La Lorraine (6 août 17 – 29 mars 1918)
Repos
La quinzaine suivante se passe agréablement sur les bords de la Moselle et du Madon à Pulligny, à Autrey, Voinémont et Ceintrey, et lorsqu'il est question de monter en secteur, chacun est heureux de faire la guerre dans un pays où l'accueil a été si cordial.
Le 23 août,
des camions emmènent le régiment à Azerailles, Gélacourt, Brouville, Hablainville et Ogéviller.
Secteur
Le 25 août,
le 2e bataillon relève un bataillon du 53e R.I. à Notre-Dame-de-Lorette, et le 26, le 1er occupe le Bois Banal. Le 5 septembre,
on descend un peu plus au sud pour aller occuper le secteur de Pexonne (1er bataillon),Badonviller (2e bataillon) et Vacqueville (3e bataillon).
Le 14 septembre,
le régiment se trouve engagé de la façon suivante : état-major à Pexonne, un bataillon au C.R. chasseurs, un au C.R. de Neuviller et un au Village Nègre. C'est une guerre toute nouvelle où la ruse a plus de part que la force brutale de l'artillerie ; la troupe est répartie dans les C.R. placés sur les points importants du terrain, entre lesquels il y a à peine quelques réseaux de fil de fer ; on prend les avant-postes comme dans la guerre de rase campagne et on se couvre par des rondes et des patrouilles en terrain découvert.
Le secteur est calme ; l'ennemi ne semble pas avoir d'intention agressive. Un coup de main du sous-lieutenant COTTE (12 octobre) sur le saillant de Hongrie nous apprend qu'il y a peu de monde en ligne ; mais cette ligne est bien organisée. Cependant, ses faibles effectifs font bonne garde ;
le 19 novembre,
un coup de main de la 6e compagnie sur le saillant de Bohême échoue, et, le 22, le sous-lieutenant RAVILLY est tué au cours d'une reconnaissance. De temps en temps, nos patrouilles font des prisonniers.
Comme l'année précédente en champagne, on projette une opération de grande envergure sur le saillant de la Barbiche. La 10e compagnie va même à l'arrière faire des répétitions sur un terrain préparé à l'avance, mais quitte le secteur sans l'avoir tentée.
Période de travaux d'instruction
4 janvier au 26 février,
Pendant l'hiver, le régiment coopère à la défense du Grand Couronné de Nancy et va dans la région de Bayon (Neuviller, Saint-Rémimont, Crévéchamps) recevoir l'instruction en vue de la guerre de mouvements (27 février – 18 mars).
19 mars,
A peine revenu dans la région de Faulx-Saint-Pierre, il va s'embarquer à Jarville (29 mars) pour la Picardie, où la bataille fait rage depuis le 20.
La bataille de Picardie (31 mars – 18 avril 1918)
Le régiment quittait la Lorraine, le cœur serré à la lecture des victoires boches. Une fois de plus, telle une vague, l'armée allemande déferlait sur notre sol. En passant à Noisy-le-Sec, nous entendons les obus de la Grosse Bertha qui vont sur Paris accomplir leur stupide et sinistre besogne. Après un faux débarquement, nous arrivons à Conty: nous défilons sur des routes encombrées par le défilé lamentable de ces braves gens qui fuient l'envahisseur et la rage serre les cœurs. Le Bosquel, Saint-Soffieu, Rumigny sont des cantonnements où nous restons seulement quelques jours. Le Boche a repris sa ruée sur Amiens ; Moreuil, Morisel on été enlevés après une âpre résistance de nos troupes.
Le 4 avril,
à 1 heure de l'après-midi, nos hommes sont alertés : par la ferme de la Mouche le régiment gagne les hauteurs qui, à l'est de Guyencourt, Rémiencourt dominent la vallée de la Noye. Les canons tonnent pendant que les trains tout allumés passent devant eux et que là-haut sur le plateau, notre infanterie se défend pied à pied.
10 heures du soir. – Les hommes n'ont pas mangé, la pluie tombe à torrents, la nuit est venue, trouée seulement par la lueur des éclatements. Le 68e R.I. prend à sa charge une partie du secteur et nous allons prendre contact avec des éléments que nous ignorons, amis ou ennemis.
Le régiment se heurte à une ligne composée d'hommes de la 30e D.I. et de la 2e D.C.P., il s'installe à cheval sur la route d'Ailly-sur Noye à Moreuil, à hauteur de la ferme Mon-Idée, le 3e bataillon couvrant Rouvrel. Le jour se lève sur un secteur calme. 2 heures.- Les bataillons se rassemblent à Rouvrel où l'ordre d'attaque leur est donné. L'artillerie divisionnaire a à peine le temps de se masser, les instants sont comptés, il faut encore une fois de plus coûte que coûte affirmer en attaquant que le boche ne passera pas.
Eugène Chevalier a été blessé à Rouvrel le 16 avril 1918 par éclats d'obus à la cuisse droite et au mollet gauche |
16 h 30. – Le régiment part à l'attaque comme à la manœuvre, avec un alignement impeccable, les commandements retentissent que n'étouffent pas les rares éclatements d'obus. Mais en plein jour le régiment s'avance comme à la parade sur un véritable tapis de billard dominé par la position étagée de la ferme Anchin et de la cote 104.
Les mitrailleuses se mettent à crépiter, le 3e bataillon avance quand même. Les 1er et 2e bataillons en soutien continuent leur progression. Les pertes sont rudes, 1500 mètres ont été franchis et l'attaque est obligée de s'arrêter. Le capitaine LANGLOIS commandant le 3e bataillon est blessé mortellement après avoir réalisé des prodiges de crânerie.
Le lieutenant-colonel ROSSET qui progressait avec le bataillon de tête, est blessé d'une balle au coude. Tués : les lieutenants DACHEVILLE, ROLLE, BLOCH, tué ce Saint-Cyrien entraîneur d'hommes qu'était le capitaine AUMENIER.
"Adoré de sa troupe", dit la citation ; beaucoup l'ont pleuré ce soir mémorable de Rouvrel.
La nuit tombe ; la circulation est impossible sur un terrain uniformément plat que balaient sans répit les mitrailleuses ennemies. Le 3e bataillon, qui a subi de grosses pertes, est relevé le 6, mais reste alerté. Le 7, l'ennemi tente une contre-attaque qui est arrêtée par nos feux de mousqueterie et de mitrailleuses. ferme g
10 et 15 avril
A partir de ce moment, le régiment organise et tient le secteur, et il coopère à toutes les attaques tentées sur la et à la grande opération de la 18e D.I. (18 avril) sur le bois Sénécat qui est pris.
Le 19 avril,
il est relevé, gagne à pied la région de Santelie et Dargies (21) et embarque à Granvilliers le 24 pour aller prendre un repos bien gagné à L'Isle- en Rigault et Robert- Espagne (25 avril – 6 mai) Les quinze jours de Picardie ont coûté 5 officiers, et 70 hommes tués, 11 officiers et 360 blessés.
mai-juillet 1918
Période de secteur Chauvoncourt – Les Paroches
Le moment est trop critique pour permettre des repos prolongés ; dès le 6 mai, le régiment embarque à Robert-Espagne pour aller occuper un secteur en face de Saint Mihiel. A Maizey et à Rouvrois, les 2e et 3e bataillons relèvent des américains ; opération délicate mais qui se passe sans incident.
Le secteur est très calme. Pourtant, l'ennemi qui ne voit plus devant lui les uniformes kakis de nos prédécesseurs, tente un coup de main dans la nuit du 18 au 19 mai. Ce coup de main est exécuté sur la 3e section de la première compagnie, par un groupe de troupe de choc de 100 hommes, menés par trois officiers, la section de la 1ere est de 23 hommes. C'est un échec complet, l'ennemi laisse entre nos mains 2 officiers dont 1 tué, 1 sous-officier, une mitrailleuse et un important matériel. Le soldat PIQUET a été admirable d'héroïsme, il a tiré avec son fusil-mitrailleur jusqu'à ce que les boches arrivent sur lui, il a fusillé à bout portant un officier allemand qui lui disait de se rendre et est allé se faire tuer au barrage de grenadiers. Le 3e bataillon relevé dans la nuit du 24 au 25 mai par le 78e B.T.S., va, après un repos à Courouvre, prendre un secteur en face de Chauvroncourt. Il n'y a aucun incident à signaler, et, à ce moment, le régiment est relevé pour prendre une part plus active à la grande contre-offensive finale qui s'est déclenchée vers le 15 juillet.
le 28 juillet,
Il embarque à Ligny-en-Barrois, arrive à Verberie, le 29, prend les camions, le 31, stationne à Puisieux le 1er août et commence la poursuite le 2.
La bataille du Soissonnais (2 août – 18 septembre)
La Vesle (2 – 11 août)
Le vendredi 2 août,
par une pluie torrentielle, le régiment part de Puisieux à 18 heures et marche toute la nuit sans pause, sur un chemin détrempé, se glissant avec peine au milieu des convois qui circulent dans les deux sens. Dès la ferme de Vertefeuille, l'aspect du pays dénote un champ de bataille récent : c'est à peine si on a eu le temps de déblayer la route et de ranger sur le bord les cadavres, les tanks et les arbres déracinés.
L'ennemi recule, talonné par des écossais qui sont fatigués, décimés par l'ypérite et que nous dépassons. Il faut rendre hommage à cette glorieuse division écossaise de Buzancy. Le général disait :
" Je demande la relève car je n'ai plus personne." Nous avons élevé un monument à leurs morts et nous y avons fait graver ces mots : " Ici fleurira toujours le glorieux chardon d'Ecosse parmi les roses de France."
Les 1er et 2e bataillons, précédés d'une patrouille du 7e hussards marchent vers le nord-est, passent Ambief, le ravin de Croutelle, Dhuizy, Serches, et s'arrêtent, épuisés par une longue étape et une chaleur torride, devant la ligne Ciry-Salsogne / Sermoise, que l'ennemi interdit par un tir nourri d'obus de tous calibres et d'obus à ypérite.
Le 4 août,
nous perdons la station de Ciry-Salsogne, mais elle est reprise le 6 par une section de la 2e compagnie et une section du 54e R.I. Le 7, l'ennemi veut la reprendre mais, arrêté par nos feux, il se venge par un tir d'obus à ypérite qui cause de grosses pertes sur toutes les troupes qui occupent le ravin de Serches (3e bataillon, C.H.R.).
Le 11 août,
le régiment relevé va à Villemontoire et dans le bois de Concrois, puis dans la nuit du 11 au 12, à Villers-Cauterets, et, dans celle du 12 au 13, dans la région de Rétheuil où il est renforcé par le 78e bataillon de tirailleurs sénégalais (commandant GATEAU)
Montécouvé (18 août – 7 septembre)
Dès le 18 août
au soir, le régiment reprend sa part dans la poursuite ; le 19, il passe l'Aisne entre Trosly- Breuil et Berneuil ; le 20, sous un soleil de plomb, il traverse en colonne double, le plateau de Morenval, le village de Moulin-sous-Touvent, séjourne autour de la ferme Puiseux et passe la nuit entre Autrèches et Vassens.
Le 21 août
au petit jour, il reprend sa marche mais doit s'arrêter à la lisière nord de Vassens, l'ennemi résistant vers la cote 160. Le 22, le régiment se trouve à la hauteur des régiments de 1ere ligne ( 208e et 110e R.I.) et avance difficilement sur le plateau entre les fermes de Loire et de Bonnemaison.
A 16 h 30, le 2e bataillon manœuvre autour de cette dernière ferme, qu'il dépasse à 18 heures, mais il est contraint de se terrer sous les rafales de mitrailleuses ;
le 23 août,
devant avancer à tout prix, il progresse par infiltration au nord-est de la ferme, le B.T.S. avançant par bonds au sud. Dans la soirée le 1er et le 2e bataillons passent en première ligne. Les 6e et 7e compagnies s'emparent de la voie ferrée de Crécy-au-mont et s'y établissent.
Passant plus loin, la 6e compagnie s'empare d'un réduit organisé situé au-delà de la voie ferrée et prend possession d'un important matériel (M.W. mitrailleuses et F.M.) Mais une mitrailleuse boche est encore en action à 80 mètres et crible de balles les occupants de l'ouvrage : le lieutenant PRIVAT est tué. Le sergent DUBREUIL Léonce, n'écoutant que son courage, saute sur une des mitrailleuses conquises, la met en batterie pour contre-attaquer et museler la pièce qui fait rage.
Il est tué d'une balle en pleine tête au moment où sa pièce entre en action. De 18 heures à 19 heures 30, la 2e compagnie résiste à deux contre-attaques, et ne se replie qu'à la 3e entre la voie ferrée et la chaussée Brunehaut dans une tranchée (Tranchée Bastringue). Le 24, l'ennemi attaque à 5 h 30 sans succès, mais harcèle nos lignes, tandis que ses avions nous interdisent tout mouvement. Le 25, après une nuit agitée, la garde attaque sur tout le front de la division ; le 68e a devant lui le 2e régiment. La 1ere compagnie de B.T.S. sauve la situation sur le front du 2e bataillon par une contre- attaque vigoureuse. A 10 h, la 17e D.I. attaque à son tour : le régiment atteint une ligne sensiblement à mi-chemin entre la route Juvigny-Crécy et la voir ferrée et, à la faveur de la nuit, on organise le terrain ; la 11e compagnie repousse un coup de main. Le 28 au soir, le régiment passe en réserve de la 17e D.I.
Le 29 au petit jour,
le 90e et le 335e attaquent. Le 68e en ligne se met en route pour occuper les emplacements de départ du 90e, mais l'attaque a été arrêtée dès les premières minutes par les mitrailleuses et les obus à gaz. Le lieutenant-colonel ROSSET est frappé mortellement, à la tête du 68e qui marche en deux colonnes sur le plateau balayé par les balles. Il faut se terrer et subir toute la journée un bombardement des plus violents, au cours duquel les obus à gaz ne furent pas ménagés.
La belle citation du colonel ROSSET dit, dans sa sobre élégance, ce qu'était ce chef : "Le 29 août, alors qu'il entraînait une fois de plus son beau régiment à l'attaque, a été mortellement blessé laissera un souvenir ineffaçable au 68e R.I. auquel il a toujours donné un superbe exemple de toutes les vertus militaires." Quarante-huit jours de bataille, voilà l'effort que les soldats du 68e venaient de fournir, mais ils avaient eu l'honneur de deux belles victoires : La Vesle, Montécouvré.
La première palme accrochée était chèrement gagnée ; la citation mesurait éloquemment l'effort fourni.
Les unités ci-après de la 17e D.I seront citées à l'ordre de la 10e armée pour les combats d'août 1918, avec les motifs suivants : 68e régiment d'infanterie "Brillant régiment qui a donné depuis le début de la campagne quantité de preuves d'esprit de discipline et de sacrifice le plus élevé et qui, partout où il a été engagé, a su se faire redouter de l'ennemi. Au cours des combats des 22, 23 et 24 août 1918, sous l'énergique impulsion de son chef le lieutenant colonel ROSSET, a poursuivi vigoureusement l'ennemi, refoulant les éléments avancés. Malgré une résistance acharnée, s'est emparé d'une position importante que l'adversaire avait ordre de défendre à tout prix ; l'a conservée en dépit des contre-attaque les plus violentes, faisant de nombreux
prisonniers de 3 régiments d'infanterie, 4 bataillons de chasseurs et 1 régiment de la Garde."
L'Ailette (9 – 12 septembre)
Dans la nuit du 9 au 10 septembre,
le 68e qui n'est plus renforcé par le 78e B.T.S. va occuper le secteur de Courson – Bois de Quency – Bois Mortier, sa droite appuyée à l'Ailette. Le 1er et le 3e bataillon sont en ligne le long de la voie ferrée de Laon à Chauny, très bombardée dans une pleine inondée ; le 14, ils participent à une attaque générale et progressent jusqu'au Bois de Mortier où la 3e compagnie fait des prisonniers et résiste à une contre-attaque.
Le 335e, à droite à l'Ailette, a en soutien le 2e bataillon du 68e qui a pris position le 13, dans la vallée au nord du Mont des Singes.
Le 14 septembre,
le 2e bataillon continue l'attaque et subit là de fortes pertes. Pendant trois jours, les trois bataillons sont violemment bombardés et leur effectif diminue sensiblement chaque jour. La fatigue est extrême.
Le régiment, relevé dans la nuit du 18 au 19, gagne le ravin de Saint-Léger, embarque en camions le 20 et arrive le même jour dans la région de Chantilly ( Montefontaine-Thiers) où il doit prendre son repos et se reformer, ayant perdu, depuis le 2 août, 122 tués et près de 600 blessés.
20 septembre – 8 octobre
On profite du repos pour distraire la troupe par des jeux, des représentations cinématographiques et pour l'initier à la manœuvre avec des tanks. D'autre part, le régiment est réorganisé sur des bases nouvelles : les 3e compagnies de chaque bataillon sont supprimées et remplacées chacune par une compagnie du 78e bataillon de tirailleurs sénégalais.
A la date du 26 septembre, l'effectif du régiment est de : 53 officiers, 183 sous-officiers, 2 221 caporaux et soldats (C.I.D. non compris).
Le 9 octobre, des camions-autos conduisent le régiment à Serches-Jury, où il cantonne jusqu'au 13. A cette date, la Xe armée contraint l'ennemi à reculer au-delà de Laon : le régiment, ayant quitté Serches à 5 h 30, arrive vers 14 h à Chavignon et Urcel, où il cantonne dans les ruines pendant une semaine.
Le 16, c'est la musique du 68e qui prête son concours à la municipalité de Laon pour recevoir le Président de la République et le Président du Conseil. Le 22 octobre, cantonnement à Mons-en-Laonnois – Laniscourt et, le 23, à Barenton-Bugny.
La Souche (24 octobre – 5 novembre)
Le 24 octobre,
le régiment part pour prendre les lignes sur le front Froidmont – ferme Luvry (bords de la Souche) Dans la nuit, les trois bataillons sont en ligne, avec mission de franchir le canal au petit jour. Mais l'ennemi, fortement organisé sur la rive nord et pourvu de nombreuses mitrailleuses, empêche la mise en place des passerelles et interdit toute progression.
Le 25 octobre,
à 14 h 15, seul, un bataillon (le 2e) franchit le canal au nord-ouest de Brazicourt, et peut se maintenir dans quelques boqueteaux de la rive nord. Le sergent BERTAUD de la 10e compagnie est blessé grièvement lors d'une reconnaissance des passerelles qu'il effectue seul en plein jour.
Jusqu'au 28 inclus, nos attaques continuent en liaison avec le 335e agissant à notre droite, le 90e à notre gauche. Mais nos efforts sont brisés par la résistance opiniâtre de l'ennemi, qui a deux centres fortement organisés, la sucrerie du nord de Froidmont, la ferme d'Attencourrt. Il est également pourvu d'artillerie de tous calibres et bat fréquemment nos lignes et l'arrière.
Dans la nuit du 28-29 octobre,
la D.I. de droite (59e) étend son front. Le régiment n'a plus qu'un bataillon en ligne (le 1er à la ferme Luvry) et deux en réserve. Dans la nuit du 31 octobre – 1er novembre, le 1er bataillon est relevé par le 232e R.I. et passe en réserve. Par contre, le 3e bataillon relève en ligne à Froidmont, le 90e R.I.
Du 29 octobre au 4 novembre,
période sans action d'infanterie. L’ennemi ne cesse de harceler nos lignes et nos batteries, particulièrement le 3 et le 4. Tout à coup, son action cesse complètement dans la nuit du 4 novembre, vers deux heures du matin. Les patrouilles envoyées au petit jour par le 3e bataillon vers la sucrerie constatent que l'ennemi a abandonné le contact et bat en retraite. La cote 117, la cote 136, Toulis et Attencourt, la ferme de Tombelle sont successivement occupés.
La Serre (5 et 6 novembre)
Le 1er bataillon est en première ligne, le 3e en soutien, le 2e à la disposition de l'I.D. Le 1er bataillon est arrêté le soir devant les fermes Dornicourt et Richemond (rive sud de la Serre) qui sont enlevés le 6 au petit jour.
Poursuite finale
A ce moment, la Serre est franchie sur des passerelles de fortune ; Gilly, la ferme Labry, la ferme de Blanche, Hary, sont occupés. Depuis la ferme de Richemond où nous avons délivré les premiers civils, les troupes sont accueillies avec beaucoup d'enthousiasme.
6 et 7 novembre
La Brune. Pendant la nuit, le 3e bataillon occupe la ferme de la Grande Feuillée, après un combat engagé par des soldats allemands portant la Croix-Rouge, puis s'établit à la ferme de la Tortue et aux lisières du village d'Hary (est et nord) La pluie ne cesse de tomber, le ravitaillement ne peut arriver par suite des destructions opérées par l'ennemi sur les routes et les ponts.
Les troupes sont très fatiguées.
Le Thon (7 et 9 novembre)
Le 7 novembre,
le régiment, resté seul à l'avant-garde de la D.I., a mission d'aller s'établir sur le Thon, à Martigny (10 km sud-est d'Hirson) Le bois du Mont, Baucigny, Jeante - la-Ville, Besmont, sont successivement occupés par le 2e bataillon opérant à droite ; Harcigny, Plomion, la Sablonière, la Cour des Bauches, la Rue Grande- Jeanne, par le 3e bataillon à gauche.
L'ennemi, fortement organisé sur la rive nord du Thon, nous arrête par ses feux violents de mitrailleuses en avant des villages de Martigny et de Leuze. Le sous-lieutenant TOURAINE est tué en entraînant ses hommes ans les vergers de Leuze.
Pendant la nuit et la journée du 8 novembre,
nos efforts pour atteindre la rive du Thon se heurtent à la même résistance opiniâtre de l'ennemi qui nous fait des pertes sensibles.
La nuit suivante, l'ennemi harcèle violemment nos lignes par ses mitrailleuses, quelque peu par son artillerie, et de violentes explosions ont lieu dans ses lignes et arrières. C'est le signal de sa retraite. En effet, son action cesse tout à coup, et nos patrouilles, au petit jour, constatent que le contact est de nouveau rompu par lui.
Le Thon est atteint et traversé, Martigny et Leuze occupés ; nos éléments continuent en direction de Bellevue qu'ils dépassent. Le régiment est alors relevé (le 9 novembre, vers 12 heures) et la D.I. le même soir. Ainsi, à l'avant-veille de la signature de l'armistice, le régiment combattait en première ligne, sans avoir eu une minute de repos depuis le 24 octobre, avec un effectif considérablement amoindri du fait de l'ennemi et surtout du fait des intempéries que les Sénégalais supportaient avec peine, mais qu'ils ont supporté jusqu'au bout.
Le séjour dans l'eau sur les bords de la Souche, les marches sous la pluie, les embûches de l'ennemi, un ravitaillement irrégulier, ont rendu particulièrement difficiles ces derniers jours de guerre, qui ont valu au régiment une seconde citation à l'ordre de l'armée.
Ordre général
A la date la date du 20 décembre, sous le n° 27972, le maréchal de France commandant en chef les armées de l'Est, écrit ce qui suit : " J'ai décidé, à la date de ce jour, que les unités ci-dessous de la 17e division d'infanterie, seraient citées à l'ordre de la Xe armée avec les motifs suivants :
68e régiment d'Infanterie
"A réussi, le 25 octobre 1918, sous l'énergique commandement du lieutenant-colonel BURTSCHELL, à franchir de vive force et sous un feu violent, la Souche que l'ennemi voulait interdire à tout prix ; a maintenu une solide tête de pont malgré les contre-attaques. A séjourné toute une semaine sur un terrain inondé et, réparant sans arrêt les passerelles constamment coupées, a réussi par un effort incessant à déterminer la retraite de l'ennemi, qu'il a suivi jusqu'au 9 novembre et bousculé au delà de la Serre, de la Brune et du Thon sans lui laisser le moindre répit et lui faisant de nombreux prisonniers."
La fourragère a été accrochée au drapeau du 68e à Ems sur la rive droite du Rhin : nul ne pouvait rêver plus belle apothéose ! Cet historique est une longue page de gloire. L'effort fourni par le 68e est remarquable dans sa continuité, admirable dans sa puissance ; il n'est point de secteurs défensifs où ne se soient prodiguées ses qualités, il n'est point de coin pénible où il n'Aït contribué à rétablir la situation.
Les bords fameux de l'Yser, les clochers d'Artois, la boue de la Somme, les vergers de la Picardie, les derniers contreforts de l'Ile de France, le Chemin des Dames, la Champagne crayeuse, les coteaux de Verdun, et la calme et souriante Lorraine : voilà les coins du sol de France où gisent ses morts.
Des dates jalonnent l'effort dans ces quelques pages ; elles sembleraient fastidieuses au profane, elles seront éloquentes au soldat, et les quelques mots jetés à côté des faits et qui claironnent l'effort, ne sont pas de trop. Dans ces pages-là, les vivants ont peu de places réservées et, lorsque leurs noms y paraissent, c'est que la gloire les a immuablement consacrés.
Les morts, malheureusement, n'y sont pas tous mais les dernières lignes seront pour honorer leur mémoire. Soldats sublimes de la lignée des GOUSSEN, des PIQUET, des SUBLARD.., tranquilles gars de France tombés au hasard de la bataille, enlisés quelquefois dans la boue de Verdun ou de la Somme : morts en criant des mots que la gloire n'a pu saisir ; officiers de la lignée des de KERGARADEC, ODENT, AUMEUNIER, ROSSET, TAILLADE, de FRAGUIER, qui fûtes dans votre conscience supérieure, dans la manifestation glorieuse de votre valeur, les véritables piliers du magnifique moral de ce régiment, les victoires dont nous nous enorgueillissons, c'est à vous que nous les devons ; et notre espoir est de sentir que, lorsqu'un pays possède, latentes, des vertus pareilles, il peut affirmer qu'il vivra.
(Référence : IMPRIMERIE BERGER- LEVRAULT, NANCY–PARIS-STRASBOURG)
Je découvre votre superbe travail autour d'Eugène Chevalier. Permettez moi de vous féliciter.
RépondreSupprimerJ. Charraud
Permettez-moi également de vous féliciter, pour votre blog "indre 1418", et de vous remercier pour les infos sur le 90e et le 68e RI, que j'ai pu ainsi consulter et qui m'ont servi de base pour alimenter ma recherche autour de Eugène Chevalier.
SupprimerJ'ai presque espéré y trouver une photo de lui parmi les nombreux clichés que vous avez montré et analysés, mais hélas rien le concernant.
Bravo pour votre "voyage au long cours"
Pourquoi Eugène Chevalier ainsi qu'un de ses cousins : Pierre-marie se sont-ils retrouvé incorporés dans ce régiment de l'Indre, alors que la plupart des conscrits de Glénac pour la même période l'ont été plutôt dans des régiments "bretons" dont Vannes, Vitré, Rennes, Nantes, Brest... ?
J'ai particulièrement savouré la lecture de vos infos concernant "Désiré Teinturier" à propos des combats autour de Steenstraat, Lizerne, Het-Sas, Bœsinghe... parce que, j'ai pu mettre en parrallèle son parcours et celui de deux autres bretons : celui de Vincent Salpin (pour mémoire, sergent pendant la mission Marchand (Congo-Nil) au Haut-Oubangui et dans le Bahr-el-Ghazal avec de Tonquedec) sergent puis lieutenant au 73e RIT, mort le 11/11/1914 en sortant d'une tranchée vers Het-Sas et celui de Aymar de Tonquedec (né à Glénac, lieutenant au cours de la mission Marchand dans le Bahr-El-Ghazalen 1898) chef de bataillon au 79e RIT, lieutenant-colonel au 73e RIT. Tous les deux, ont été confrontés de près aux opérations menés dans la zone d'Ypres entre octobre 1914 et mai 1915.
Cordialement.
jean Claude Michaud