samedi 20 avril 2013

Guillaume-François Marion du Mersan, fils de Joseph Marion du Landa “notaire, procureur, sénéchal de Peillac.

Cette page ne concerne pas directement Glénac, mais fait suite à une page précédente créée sur la famille Marion de la Sante de Glénac, et prolonge à travers les Marion du Landa de Peillac les informations sur ces familles.

Guillaume-François Marion du Mersan

Guillaume-François est le plus jeune des fils de Joseph Marion du Landa, notaire, procureur, sénéchal de Peillac et de Lucrèce Reignard.

Des treize enfants de Joseph Marion du Landa, (notaire, procureur de la juridiction du comté de Rieux à Peillac et procureur fiscal du brossay (Saint-Gravé), Sénéchal de Catelan), deux d'entre eux ont laissé "des traces" : Pierre (1699-1746) devenu notaire royal à Redon, et surtout Guillaume-François (1718-1801).




Acte de baptême de Guillaume François Marion le 4 août 1718 à Peillac
Il ne prendra le nom Marion du Mersan que beaucoup plus tard après avoir acheté les Terres de Mersan
Ce dernier né le 4 août 1718 à Peillac a pour parrain Guillaume Le Maignan et marraine Françoise Hervieux, femme de Florent Joannou, notaire, avocat et procureur. Entre 1718 et 1751, peu d'informations sur son personnage avant l'âge de 33 ans, mais cette même année, le retrouve commissaire de l'armée française auxiliaire près du roi de Golconde et agent général de France au Dekkan (Inde). A-t-il eu comme son frère aîné Pierre, une formation notariale, qui lui a permis ultérieurement cette nomination de “commissaire“ ? A-t-il eu ce poste par recommandation de tel ou tel autre relation ? S'est-il engagé dans la marine avant ou au moment de la guerre de sept ans (1756-1763) ? S'est-il engagé dans la Compagnie des Indes qui, à partir de 1720 a été au mieux de sa prospérité ? Les relations que son père entretenaient avec les familles de la Landelle dont certains membres ont été capitaine de vaisseaux de la Compagnie des Indes, ont-elles influencer pour une quelconque nomination ou recommandation ?  On ne peut rien affirmer de manière certaine. Seulement évoquer ces quelques hypothèses.

On trouve sa trace sur une rôle d'armement de la Compagnie des Indes. Il a alors 28 ans. En mai 1748, Guillaume-François embarque à Nantes sur un navire de la Compagnie des Indes "le Marquis de Lassay". Le navire de 900 tonneaux, 28 canons/percé pour 42, de 146 personnes dont 8 officiers majors, 10 officiers mariniers, 5 officiers non mariniers, 69 matelots, 38 novices et volontaires, 16 mousses, est armé le 24 mai par le sieur Nicolas Bertrand à Nantes. Le capitaine d'armement est Pierre Viau. Il part pour Lorient où se poursuit l'armement avec nouvel embarquement de 28 hommes d'équipage, 27 passagers,et quelques débarquements. 235 personnes sont inscrites sur le rôle d'armement de Lorient. Soit 89 individus en plus. Départ de Lorient le 27 juillet pour l'Inde. Le navire passe au Brésil avant de débarquer Guillaume-François Marion le 12 mars 1749 à Pondichéry. Soit neuf mois et 18 jours de traversée.


Rôle d'armement du navire de la Compagnie des Indes "le Marquis de Lassay" en mai 1748 à Nantes pour les Indes (Pondichéry).
 Parmi les officiers-majors, figure Guillaume-François Marion du Mersan de Vannes, 28 ans, embarqué comme "écrivain".
La solde de 100 livres, correspond à une avance pour deux mois.

Il n'a pas de n° de matricule, car il ne fait pas parti des "gens de mer". Il a seulement le statut d'officier.
Rôle d'armement du "marquis de Lassay" en mai 1748 à Nantes

Rolle de l'Equipage du navire le Marquis de Lassay de Nantes du port 
de neuf cents tonneaux, armé de vingt huit canons, percé pour quarante deux
tirant d'eau chargé vingt pieds, & non chargé quinze pieds, deux ponts à deux
gaillards et appartenant à la Compagnie des Indes, armé à Nantes 
par le sr Nicolas Bertrand sous le commandement du S. Pierre Viau
pour aller à Lorient et aux Indes
avec deux mois d'avance, qui doivent courir du jour de la sortie ond. bâtiment de cette rivière.

Officiers Majors
• le sieur Pierre Viau de Nantes capitaine 43 ans,  400 livres
• François Sauvaget de Nantes  1er lieutenant 26 ans, 240 livres
• Jean René Siochan de Morlaix 2e lieutenant 32 ans, 180 livres
• Nicolas Allard de Nantes 1er enseigne 22 ans, 150 livres
• Jean Olivier du pavillon de nantes 2e enseigne 19 ans, 100 livres
• François Marion du Mersan de Vannes écrivain 28 ans, 100 livres
• le Révérend Père Ambroise Gullugher, religieux dominicain, aumônier, 90 livres
• Jacques Girard de Fontenay le Comte 25 ans, chirurgien, 120 livres
_____________________________________________________  soit : 1380 livres

Officiers Mariniers
• Jean Le Ray de Ste-Marie, contremaître 25 ans, 110 livres
• François Burgault de St-Malo, second maître, 110 livres
• Pierre Pillard de St-Jagu, second maître, 90 livres
• Charles Cointreau de Paimbeuf, patron de chaloupes 28 ans, 106 livres
• Michel Richard de Paimbeuf, charpentier, 30 ans, 120 livres
• Etienne Tertou de St-Malo, maître calfat, 110 livres
• Maturin Tournerie de Nantes, maître voilier, 22 ans, 90 livres
• Jean Baptiste Girard de Fontenay le Comte 17 ans, second chirurgien, 50 livres
• Louis la Pomeraye d'Apremont en Poitou, pilotin 23 ans, sans solde
• Estienne Lagrange de Nantes, pilotin 22 ans, sans solde
_______________________________________________________ soit : 786 livres

Officiers non mariniers
• François Rochefort de St-Servan, 35 ans, cuisinier, 80 livres
• Pierre Dufau de Cognac en Saintonge, 23 ans, boulanger, 60 livres
• René Pigouleau de Bourgueil en Anjou, 24 ans, boulanger, 54 livres
• Jean Marias de Nantes, 28 ans, armurier, 80 livres
• Julien Hamel de St-Malo, armurier, 40 livres
________________________________________________________ soit 314 livres

Matelots
1° - département de Nantes
• Estienne Ferrand de Nantes, 23 ans, 92 livres
• Charles Audé de Nantes, 29 ans, 92 livres
• René l'Evesque de Vertou, 32 ans, 106 livres
• Louis Billard de Nantes, …….., 92 livres
• Laurent Dumoulin de Nantes, 22 ans, 96 livres
________________________________________________________ soit 478 livres

• Mathieu Tournerie de Nantes, 23 ans, 80 livres
• Martin Belluau de Saumur, 24 ans, 92 livres
• Julien Guingamp de Paimbœuf, 22 ans, 90 livres
• François Miret de Nantes, 22 ans, 80 livres
• Ange de Thores de Nantes, 24 ans, 92 livres
• Jean Bourriau du Pellerin, 25 ans, 90 livres
• Julien Douain de Nantes, 27 ans, 90 livres
• François Pesneau de Paimbœuf, 30 ans, 90 livres
• Nicolas Bourdin de Paimbœuf, 33 ans, 84 livres
• Joseph Gruaud de paimbœuf, 24 ans, 80 livres
• François Plegé de la Plaine, 24 ans, 90 livres
• Pierre Baconnais de la Plaine, 23 ans, 90 livres
• Noël Papin du Clion, 28 ans, 92 livres
• Joachim David des Moutiers, 22 ans, 80 livres
• Julien Drouet du Clion, 24 ans, 92 livres
• Honoré Crochet de Ste-Marie, 26 ans, 90 livres

2° - de Noirmoutier & de Saint-Gilles
• Joseph Barbier de Noirmoutier, 36 ans, 92 livres
• Jean Bounineau de St-Gilles, 22 ans, 90 livres
• Jacques Chotard de Noirmoutier, 26 ans, 92 livres
_______________________________________________________ soit 2154 livres

• François Baugé de Noirmoutier, 28 ans, 92 livres
• Pierre Baugé de Noirmoutier, 20 ans, 64 livres

3° - département de Saint-Malo
• Philippe Doucet de St-Malo, 23 ans, 90 livres
• Gilles Deslandes de St-Malo, 29 ans, 90 livres
• François Le Corps de St-Malo, 36 ans, 86 livres
• Jacques Moraux de St-Malo, 45 ans, 84 livres
• Jean Jambon de St-malo, 27 ans, 80 livres
• Guillaume Jouaud de St-Malo, 35 ans, 80 livres
• Allain Juhel de St-Malo, 30 ans, 80 livres
• François Bethfer de St-Malo, 26 ans, 80 livres
• Barthélémy Blanchandin de St-Malo, 30 ans, 80 livres
• Pierre pellan de St-Malo, 31 ans, 80 livres
• René Le Breton de St-Malo, 24 ans, 80 livres
• jean Amiot de St-Malo, 21 ans, 80 livres
• François pépin de St-Malo, 20 ans, 80 livres
• Pierre Le Duc de St-Malo, 22 ans, 80 livres
• Joseph Fredache de St-Malo, 25 ans, 80 livres
• Julien bauchet de St-Malo, 29 ans, 80 livres
• Jean Trichet de St-malo, 26 ans, 80 livres
• Pierre Le bret de St-Malo, 24 ans, 76 livres
_______________________________________________________ soit 3776 livres

• Jean Tessier de St-Malo, 21 ans, 76 livres
• Jean Chevalier de St-Malo, 37 ans, 76 livres
• Henri Lemaux de St-Malo, 18 ans, 72 livres
• François Chantoisel de St-Malo, 19 ans, 66 livres
• Olivier Bidau de St-Malo, 34 ans, 60 livres
• Louis Botterel de St-Malo, 26 ans, 60 livres
• Julien Guillouas de St-Malo,…….., 54 livres
• Toussaint Sambon de St-Malo, 20 ans, 60 livres
• René Le Duc de St-Malo, 23 ans, 80 livres

4° - département de Vannes
• Jean Le Rouzic de vannes, 32 ans, 58 livres
• Pierre Le Bihan de Vannes, 21 ans, 48 livres
• Jacques Fomat de Vannes, 18 ans, 28 livres
• Joseph Gohebel de Vannes, 37 ans, 50 livres
• Philbert Couchet de Vannes, 20 ans, 32 livres
• Jean Rivalain de vannes, 39 ans, 48 livres
• Joseph Gravée de vannes, 22 ans, 40 livres
• Laurent Clouarec de Vannes, 26 ans, 58 livres
• Vincent Stephan de vannes, 24 ans, 56 livres

5° - département de Quimpert
• Paul Michel de Quimpert, 21 ans, 50 livres
_______________________________________________________ soit 4848 livres

• Hervé Bolloré de Quimpert, 30 ans, 60 livres
• Yves Normand de Quimpert, 22 ans, 50 livres
• Louis Guezenec de Quimpert, 17 ans, 40 livres
• Michel Guezenec de Quimpert, 33 ans, 60 livres
• Daniel Goura de Quimpert, 24 ans, 36 livres
• Jacques Craon de Quimpert, 20 ans, 50 livres

Novices
• Hilaire Blanchet de St-Hilaire des Bois, 30 ans, 36 livres
• Maturin André de St-Hilaire des Bois, 26 ans, 36 livres
• Jean Chaillou de Bretignolle, 20 ans, 40 livres
• Estienne Goho de St-Julien de Concelles, 20 ans, 36 livres
• Pierre Berthon de Mésangé, 18 ans, 30 livres
• Jean Gealay d'Angers, 21 ans, 50 livres
• Pierre Bacher d'Angers, 20 ans, 50 livres
• Pierre tartouay de Nantes, 31 ans, 64 livres
• Jean Taurin de la Haye Fouacière, 22 ans, 36 livres
• jean le page de Villevesque, évêché d'Angers, 23 ans, 50 livres
• Joseph Pesneau de Vertou, 16 ans, 40 livres
• Pierre Dugast de Nantes, 19 ans, 36 livres
• Pierre Avril de Ronçay en Anjou, 22 ans, 48 livres
_______________________________________________________ soit 5696 livres
• Jean Merlet de nantes, 19 ans, 52 livres
• Jacques Babonneau de Nantes, 22 ans, 66 livres
• René Giraudais de nantes, 23 ans, 80 livres
• Nicolas Rozeau de nantes, 22 ans, 80 livres
• Pierre Dugenay de nantes, 18 ans, 60 livres
• Pierre Pechard de nantes, 32 ans, 52 livres
• Jean Velopé de nantes, 18 ans, 24 livres
• Michel Chatelier de Basse-Goulaine, 23 ans, 70 livres
• Maturin Redureau de la Chapelle Basse-Mer, 21 ans, 72 livres
• Charles Delahaye de St-Pierre de Plinguin, 27 ans, 60 livres
• Josias Le Boloche de Paimbeuf, 24 ans, 60 livres
• François Felain de Machecoul, 20 ans, 40 livres

département de Saint-Malo
• François Poins de St-Malo, 21 ans, 36 livres
• Pierre Brunel de St-Malo, 19 ans, 18 livres
• Jean Renaud de St-malo, 18 ans, 36 livres
• Olivier Bezard de St-malo, 22 ans, 24 livres
• Louis Merdrignac de St-Malo, 21 ans, 20 livres
• Julien Labbé de St-Malo, 19 ans, 30 livres
• François Saunier de St-malo, 19 ans, 16 livres
_______________________________________________________ soit 6592 livres

département de vannes
• Louis Le Port de Locmariaquer, 20 ans, 24 livres
• Julien Dréan de Carnac, 17 ans, 24 livres
• Laurent Lhermite de vannes, 17 ans, 26 livres
• Louis Le Fort de Vannes, ……………, 00 livres (double employ)
• Julien Drian de Vannes, 17 ans, 00 livres (double employ)
• Estienne Le Bedesque de Vannes, 18 ans, 24 livres

département de Quimper
• Jean Caradec de Quimpert, 19 ans, 24 livres
_______________________________________________________ soit 6714 livres

Mousses
• Eugenne Mazure de rennes, 12 ans, 18 livres
• Pierre Le Roy de Nantes, 14 ans, 12 livres
• Philippe Glau de saumure, 13 ans, 12 livres
• Julien Sellier du Bourg Diré, 16 ans, 12 livres
• Jean Charrizer de Nantes, 15 ans, 18 livres

département de Saint-Malo
• Marc Duval de St-Malo, 14 ans, 12 livres
• Jacques Stot de St-Malo, 14 ans, 12 livres
• François Dohier de St-Malo, 16 ans, 12 livres
• Jean François de St-Malo, 14 ans, 12 livres
• Guillaume Saunier de St-Malo, 17 ans, 12 livres
• Eustache Dogué de St-Malo, ……., 12 livres
________________________________________________________ soit 144 livres

• Jean David de St-Malo, …………, 24 livres

département de Vannes
• Jacques Carriau de Vannes, 15 ans, 14 livres
• Louis Le Blevenec de vannes, 15 ans, 12 livres

département de Quimper
• Jean Le Pape de Quimper, 14 ans, 15 livres
• René Danilo de Fougeray, ………., 16 livres
________________________________________________________ soit 225 livres

Matelots obéis au présent Rolle
Levée de Vannes

• Joseph Legrouec de Plouharnel, 22 ans, 40 livres

Levée de Dinan
• Allain Juhel de Plouer, 30 ans, 00 livres (double emploie étant porté ci-devant)

Levée de vannes
• Vincent Stephan de Quiberon, 24 ans, 00 livres (double emploie étant porté ci-devant)
_________________________________________________________ soit 40 livres

Récapitulation du présent Rolle
• 8 officiers                            1380
• 10 officiers Mariniers              786
•  5 officiers non Mariniers        314
• 69 matelots
• 38 novices et volontaires       6754
• 16 mousses                             225
                            

• 146 personnes  _____________ 9459 livres (pour deux mois d'avance)

_________________________________________________________________________________




Le tableau ci-dessous montre les liens familiaux et les relations de Guillaume-François Marion du Mersan.













En 1751, il est âgé de 33 ans. Il se lie d'amitié avec Charles Joseph Patissier de Bussy. Cette rencontre va être déterminante pour les années à venir.





Charles Joseph Patissier de Bussy, marquis de Castelnau


Charles Joseph Patissier de Bussy, a perdu son père jeune et n'a pour tout bien que son blason. Il a un frère "Bouchard“ (1725-1757) que l'on retrouvera faire une transaction en 1756 pour Charles Joseph, et une sœur "Magdeleine Sophie" que l'on retrouvera également à propos d'un certain "Chandernagor".

Charles-Joseph part "chercher fortune“ aux Indes. Il s'engage dans un brève carrière militaire dans la Compagnie des Indes Orientales (vers 1730 à 1735). En 1736 il part aux  Isles de France (Ile Maurice) et de Bourbon (la Réunion) participe à la défense tout en entreprenant des activités commerciales. En 1746, il se joint à l'escadre (sous le commandement de Bertrand-François Mahé de la Bourdonnais, gouverneur général des Mascareignes pour le comte de la Compagnie des Indes), chargée de reprendre Madras aux Anglais. Cette ville sera prise aux Anglais, fin 1746. Il sera resté dix ans aux îles.
Arrivé à Pondichéry, il rencontre le gouverneur Dupleix qui ne veut plus le laisser partir et lui confie de plus en plus de responsabilité dans la guerre contre les Anglais qui suit la prise de Madras. Ce qui devait n'être qu'un séjour de quelques mois en Inde, se transforme en mission dont on ne voit pas la fin. et Bussy reporte toujours son retour aux Isles. Il y a cependant des fonds importants et divers intérèts, qu'il est forcé de confier à ses amis resté aux Isles, ce qui explique que ces principaux destinataires à ses lettres, sont Messieurs de Ballade (qui deviendra gouverneur de la Réunion en 1748), de Molerre et Le Clair à l'Isle de France. Il aura des des courriers d'affaires échangés avec la France, notamment avec le frère de Dupleix, M. Baquencourt, tout au long de la période. Après la signature du traité d'Aix-la-Chapelle, le blocus anglais cesse et l'activité commerciale reprend en Inde. Bussy ne perd pas une occasion de commercer et de mener ses affaires. Mais cela ne l'empêche pas d'être ruiné lors du traité de paix de 1748.



Jusqu'en 1760, il combattra les Anglais avec Joseph François Dupleix et plus tard avec Arthur de Lally-Tollendal. Durant cette période il acquiert des distinctions de chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis en 1751 et est promu lieutenant-colonel en 1752.
Bussy est à la fois un homme de guerre et de commerce, se battant contre les Anglais aux côtés de Dupleix, mais prenant soin de ménager les Directeurs de la Compagnie des Indes qui voient d'un mauvais œil tous ces conflits armés. Les victoires sont qualifiées "bonne pour la nation et favorables aux intérèts de la Compagnie". Après que Dupleix fut destitué de son poste, il continue à occuper un rôle important pour la présence française en Inde, et ce sont ses interventions et sa connaissance de la politique indienne qui permettent d'assurer pendant longtemps, la suprématie française dans le Dekan.

Lettre de 1759 envoyée par de Bussy à Roth (syndic de la Cie des Indes à Lorient), à propos de ses relations conflictuelles avec Lally-Tollendal (commissaire du roi, syndic de la Cie des Indes, commandant général de tous les établissements français aux Indes orientales)

Dans cette lettre, de Bussy évoque l'indisposition de Lally à son égard, à la suite de l'échec du siège de Madras en 1758, et se justifie. Accusé par Lally de lui avoir refusé son secours et son appui en ne "payant pas les Marattes" afin qu'ils se rangent du côté des Français, Bussy rappelle qu'il a versé 2 lak 1/2 "pour racheter sa tête et distribuer à ses sipayes", sur ses fonds propres. Qu'il a également payé les travaux des tranchées et de sape engagés pour la défense de Madras.
Lally dénigre Bussy en le soupçonnant de manœuvres pour décourager "tout le monde", et d'intrigues auprès des "Messieurs du conseil".
Bussy évoque ses états de service auprès de la Cie depuis 1736. Lally va jusqu'à laisser penser que Bussy complote contre son autorité et l'accuse de traître.
En adressant ce courrier à Roth, de Bussy espère que celui-ci sera un recours "bienveillant" pour contrebalancer les accusations du Comte de Lally, auprès de la Cour devant un procès qui s'annoncera plus tard en 1764. Lally sera condamné à la décapitation le 3 mai 1766 pour avoir trahi les intérèts du roi.
A Pondichéry le 30 mars 1759

Monsieur.

Je me trouve bien à plaindre moy même d'avoir à faire usage
de vos bontés contre quelqu'un pour qui vous devez par mille
endroits vous intéresser plus que pour moy. Cecy ne m'empêche pas
Monsieur, d'y recourir dans un cas tel que celui vous il sayit.
Vous serez, Monsieur, assez instruit au Bureau de la
Compagnie de ce qui se passe ici, et nommément de l'indisposition
de M. le Comte de Lally à mon égard. après le malheureux
s…….. du siège de Madras, il m'a choisie pour en jeter
le tort sur moy. Il l'a à la vérité, jette aussi sur d'autres ; mais
c'est à moy qu'il semble se fixer.

Durant ce siège, les anglais ont appelé les marates à
leur secours. Ils sont arrivés lorsque M de Lally venoit
d'abandonner ce siège, et il à craint de les avoir sur les bras.
Je luy avois annoncé la chose il y a quatre, ou cinq mois, en
le sollicitant de les prévenir, comme cela se pouvoir faire
alors. Il n'en tint compte, et quand il à vû se vérifier ce que
je lui avois dit, il en à conclu que ce n'était que les effets de
mes intrigues, et que j'avons appellé les marates contre luy.
Ces Marates cependant, Monsieur, ne se sont déclarés encore
pour aucun parti. Ils marchandent entre nous, et les
Anglais, et il ne tient qu'à de l'argent pour les mettre de
nôtre côté. Je vois parfaitement bien que Mr. le Comte de Lally

Mr Roth syndic de la Compagnie des Indes/


voudroit que j'y fournisse ; c'est ou tendent  les plaintes qu'il
fait hautement qu'il ne trouve en moy ni lumières, ni secours.
Mais je suis hors d'état de fournir ceux qu'il désire? En partant
d'Aurengabad je lui fit passer un lak et demie, et de mes
propres fonds, c'est à dire, d'argent emprunté à mon propre nom.
Je lui aportois un autre lak qu'il m'a mis dans la nécessité
de distribuer à mes Sipahis pour racheter ma tête, en me
rappellant au Dekan avec aussi peu de précaution qu'il la 
fait. Tout ce qui m'a rësté, je l'ay employé au siège de
Madras, soit pour m'a dépensse, soit pour animer le travail
de la tranchée et de la sape, et je suis réduis aux emprunts.
Encore si j'avons du crédit, l'emploiÿerois-je de tout mon cœur
pour le bien des affaires et le salut de la colonie ; mais c'est
ce qu'il tâche aussi de me faire perdre autant qu'il peut, en
faisant dire aux Maquils étrangers qu'il ne faut faire
aucun compte de moy, que je n'étois il y à quelques jours
qu'un petit officier au service des marchands, et qu'il vient
de me créer officier du Roy.  j'omets bien d'autres traits
en ce genre.
J'ose avancer, Monsieur, que l'armée entière, sauf en
excepter qui que ce soit, rendre témoignage à l'ardeur
dont je me suis acquitté au service sur le pied d'abord de
volontaire dans une Compagnie de grenadiers, ensuite
faisant les fonctions de chef de Brigades à la place de
M. le Comte d'Estaing fait prisonnier. Quand on à tenû
un conseil pour délibérer si l'on donneroit un assaut à
la place, ou la brèche étoit faite, j'ay opiné l'un des premiers
pour l'affirmative, et je puis ajouter que tous les soldats ne
demandaient autre chose. Cependant M. de Lally prétend
aujourd'hui que j'ai manœuvré dans l'armée pour décourager
tout le monde.
Il prétend avec le même fondement que m'étant fait
transporter à Pondichéry pour cause de maladie, peu de
jours avantt la levée du siège, j'ai ameuté tout le conseil
contre luy, envié de le forcer à me céder le commandement
de l'armée. Cecy est fondée, Monsieur, sur une démarche
que Messieurs du Conseil ont faite, sans m'a participation.
Ces Messieurs voyant qu'il nous restait encore assez de forces
pour être supérieurs à nôtre ennémy, même après l'arrivée
du secours que l'Escadre lui avoir aporté, que le principal 
étoit de pourvoir à la sûreté de la récolte, que M. de Lally
avoir jusques là laissé piller sauf s'en embarrasser, que je
pouvois avoir plus essayé qu'un autre pour traiter avec les
Marates, et qu'il falloir faire suivre un plan de campagne
qui nous conservât le pais, et nous mit à même de
lever quelqu'argent sur les Paléagark auprès des
quels ils jugeaient que j'aurois plus de crédit que ceux
qui leur étoient inconnus : ces Messieurs, dis-je, ont
sur tout cela écrit à M. le Comte de Lally pour le prier de
prévenir de ses préventions contre moy, et luy proposer
de m'employer. Il y en à eû assez pour qu'il aperçut dans
cette proposition un complot contre son autorité, et
par conséquent contre l'autorité du Roy. Me voila selon  
luy, coupable au premier chef, et quoi qu'il m'ait nommé

ces jours passés pour être membre du comité secret qu'il
à formé, je n'en suis pas moins, à ses yeux, un traître
qu'il se propose de faire connoître comme tel à la Cour, et
à la Compagnie. Vous serez instruit, Monsieur, plus en
détail par les lettres, et par ses mémoires. C'est là ou je
prend la liberté de vous renvoiÿer, et je ne veux d'autres
pièces pour mon jugement, avec un juge comme vous. Je
crois pouvoir dire, sans hésiter, que vous y découvrirai
plus qu'il ne faut pour ma justification.
Pardonnez moy, Monsieur, la peine que vous
fera, sans doute, ma lettre. J'espère que vous ne me
l'imputerez pas. Puis-je me taire dans le cas màlheureux 
ou je me trouve ? Et à qui puis-je mieux avoir recours qu'à vous ?
J'espère aussi que vôtre amour pour la justice, et vôtre zêle
pour le bien des affaires contrebalanceront en mà faveur
ce que M. le Comte de Lally mérite d'ailleurs de préférence 
au dessus de moy.
On ne peut rien ajouter à l'attachement et au profond
respect avec lesquels je suis.

Monsieur.

Vôtre très humble et très
obeïssant serviteur   . /.

Signé : Bussy
Charles-Joseph Patissier de Bussy, marquis de Castelnau
1720-1785
mort à Pondichéry
Marion du Mersan et de Bussy-Castelnau se rencontrent aux Indes et se lient d'amitié

Journal du marquis de Bussy (1781-1783) 
pendant son second séjour en Inde

Il commence au jour de départ de Paris le 13 novembre 1781 et se termine le 29 mars 1783, douze jours après l'arrivée aux Indes. De Bussy s'embarque à Cadix le 4 janvier 1782 sur le Saint-Michel. Il arrive au Cap et y reste trois semaines, puis part pour l'Ile de France (île Maurice) où il arrive la 31 mai 1782. Mais il souffre de "goutte" et d'un début de scorbut et choisit de séjourner quelques temps à Port-Louis.Il ne se réembarquera que le 18 décembre, arrive à Trinquemalé (Ceylan) le 10 mars 1783 où il rencontre Dupleix. Il débarque enfin à Porto-Novo le 16 mars dans une région ruinée et dévastée par les luttes entre Haïder-Ali et les Anglais. Le mérite de Bussy, ce furent les tractations avec les Anglais, les Hollandais et les divers princes de l'Inde, tout en ayant eu à gérer une "reprise en main" des troupes, et de l"administration générale de l'armée dans des contrées où règne le désordre et l'anarchie.

...En ce temps là, nous dit-il, l'esprit de cupidité et de rapines y était fort avancé; tous les états et tous les individus y étaient gagnés de la funeste manie de vouloir faire une prompte fortune par quelques voies que ce pût être; pour bien gouverner le pays, il faudrait changer l'esprit des colons et les tourner vers l'économie et l'agriculture, de façon qu'on pût se passer des secours du Cap et de Madagascar; il faudrait expulser tous les brouillons et cabaleurs qui y sont en très grand nombre ; il faudrait empêcher les déprédations de toutes espèces qui s'y commettent tous les jours d'une manière scandaleuse ; il faudrait enfin simplifier l'administration trop compliquée dans toutes ses parties, et surchargée de sujets dont le nombre ne sert qu'à augmenter l'embarras et les dépenses. N'est-il pas criant de voir des chefs venir dans cette île, y rester trois ou quatre ans et s'en retourner avec 14 ou 1.500.000 francs ? Il est odieux de voir de simples trésoriers et caissiers revenir en France avec 2 ou 3 millions de biens, qu'ils n'ont pu acquérir qu'au détriment du bien public... 
(p. XIX - p. 35/417)

Le 24/08/1782

...Le soir du même jour je suis revenu à ma campagne d'autant plus fatigué que j'avois été obligé de faire un usage forcé de mes bras, devenus depuis six semaines le siège de ma maladie. Une humeur de goutte vague, compliquée avec celle de rhumatismes, après avoir couru d'une épaule à l'autre, se sont enfin fixées dans les avant-bras, et m'ont comprimé les muscles au point de m'ôter presque entièrement l'usage de mes mains. Cette situation a déterminé la Faculté à me faire un exutoir au bras droit dont, l'effet a été d'ôter les douleurs ; et pour atténuer l'humeur et en faciliter la sortie, ils ont ordonné en même tems des bains locaux de vapeurs qui m'ont préparé aux embrocations de savon et d'eau vulnéraire que l'on fait depuis douze jours.. Je ne m'aperçois point encore dans les poignets d'aucun 

progrès résultat de ces remèdes. Je sens bien que dans une maladie chronique telle que la mienne, c'est gagner beaucoup si elle n'augmente pas par l'intempérie de cette saison, et surtout par les inquiétudes et le chagrin de voir que depuis près d'un an que je suis parti de France, je ne suis encore qu'à moitié chemin du théâtre de nos opérations.

Une affection scorbutique s'étant manifestée, la Faculté a ordonné les bouillons de tortue dont je fais usage depuis six jours... (p.79 - p. 123/417)




1er septembre 1782

...L'intempérie de la saison et la nécessité de donner les soins les plus suivis à la guérison de l'affection scorbutique dont je suis attaqué, m'a fait quitter la campagne et revenir au Port où il fait plus chaud. J'y continue l'usage des bouillons de tortue, et je suis strictement le régime et les remèdes prescrits pour détruire cette maladie, et recouvrer l'usage de mes bras que j'ai perdu par un rhumatisme scorbutique et goûteux en même tems... (p. 95 - p. 138/417)


5 octobre 1782
... Les affaires n'exigeant plus ma présence au Port-Louis, et n'y laissant que des détails d'artillerie, suivis exactement par les personnes que j'en ai chargées, obligé d'ailleurs d'attendre des nouvelles d'Europe et surtout de l'Inde, pour pouvoir déterminer ma marche ultérieure, je me suis rendu à Monplaisir, maison de campagne de l'Intendant, pour y jouir d'un air salubre, et donner des soins plus suivis à ma santé. Je ne me serais pas encore décidé à ce parti, si je n'eusse trouvé dans le quartier des Pamplemousses un chirurgien qui n'étant plus attaché au service du Roi, et maître de son tems, et peut me donner tout celui que demandent les secours dont j'ai besoin. Au moien de quoi j'ai la satisfaction de n'avoir enlevé aux hôpitaux ni chirurgien dont il reste aujourd'huy fort peu en santé, tandis que le nombre des malades est encore de 1800, affectés d'autant plus dangereusement que la plupart le sont de rechute, et qu'épuisés par la première maladie, ils retournent à l'hôpital avec si peu de forces à oposer au mal, qu'il est fort à craindre qu'ils ne sucombent... (p. 138 - p. 181/417)

6 au 18 octobre 1782  

...J'ai lieu d'être très satisfait de l'effet du repos et des remèdes auxquels je me suis livré pendant ces treize jours. Le scorbut diminue sensiblement. Mes forces augmentent de même, et encore quelque tems de ce régime, je suis en état de partir et d'agir comme à mon départ de France, à l'usage des mains près dont le progrès est très lent.


15 octobre 1782

étoit mort à l'hôpital, depuis le mois de Juillet dernier, 369 tant soldats que matelots, et dans le même tems 79 tant noirs que négresses du Roy, emploiés au Port Total... 448 morts. (p. 139 - p. 182/417)





Carte des principaux lieux, provinces, villes, Peuples, influences,  liés au parcours du marquis de Bussy pendant ses deux séjours en Inde entre 1736-1760 et 1781-1785 



Marion du mersan et Dupleix


Dans la correspondance de Dupleix gouverneur général des établissements français de l'Inde, à différentes reprises, apparaît le nom de Marion du Mersan. Cela tient au fait que ce dernier, envoyé de Bussy, était commissaire des armées auxiliaire puis agent général de France au Dekkan. Une thèse de doctorat sur l'histoire coloniale française, publiée en 1901 de Prosper Cultru, "Dupleix, ses plans politiques, sa disgrâce" à travers quelques pages évoque ces personnages de Marion du Mersan et de Bussy. 

Pour  l'année 1755, dans le catalogue des manuscrits de Dupleix, alors gouverneur général des établissements français dans l'Inde, apparaît une correspondance de Joseph-François Dupleix écrite en juin 1755 à bord du “Duc d'Orléans“ pendant la traversée du Cap à Lorient et adressée à Guillaume François Marion du Mersan (lettre 60-83)




Quelques extraits :

chapitre X (p.232)

note 1 : De là sans doute la croyance qu'il (Chanda-Sahib -Nabab prisonnier suite à la guerre avec les Hindous et la prise de Madras, et libéré par les marattes avant son arrivée en Carnate) n'était pas libre encore et l'erreur du conseil de Pondichéry. - Fr., f. 70-122. Relation de la guerre des Français dans l'Inde contre les Mogols, de 1746 à octobre 1751. Cette relation très précise, faite sur les pièces de la correspondance de Dupleix et des officiers, et même sur des pièces en persan, doit être celle à laquelle Dupleix faisait travailler le sieur Marion du Mersan (guillaume François) et pour laquelle Kerjean (Jacques Desnos de Kerjean,Beau-frère de Dupleix) lui envoyait des cahiers de relations (Dupleix à Kerjean, 11 septembre 1751. Arch de versailles, E. 3748, f. 90).




chapitre XIV (p. 370)

Après avoir lu les mémoires, le prince de Conti se déclara l'admirateur de Dupleix, Machault lui-même vit qu'il s'était laissé égarer par Silhouette et envoya à M. de Mirepoix des instructions plus dignes que celles qu'avait emportées Duvelaër. Il n'est pas jusqu'aux directeurs qui n'aient changé d'opinion. Duvelaër souhaitait maintenant que les projets de Dupleix pussent réussir. Ce changement était dû en partie au marquis de Conflans, arrivé au commencement de 1754. M. d'Armentières, son cousin, avait donné le premier mouvement. Lally-Tollendal, qui déjà en 1752 avait remis ds observations sur la guerre des Indes au contrôleur général, eut de longues conversations avec Marion du Mersan, envoyé de Bussy, et fit un mémoire qu'il présenta chez Mme de Pompadour, chez le comte d'Argenson, chez Machault, chez M. de Seychelles et chez le maréchal de Richelieu. Ce mémoire (qui existe encore) fit le plus grand effet. Il rendait pleine justice à Dupleix. D'autre part, Conti et Soubise étaient ennemis de Noailles, qui protégeait Silhouette, son ancien secrétaire ; le maréchal de belle-Isle avait été gagné par un marché avantageux qu'il venait de conclure avec Dupleix, qui cherchait une terre pour la faire ériger en marquisat. Il y avait donc maintenant un parti puissant, favorable au disgracié.

Dès le mois de mai 1754, le ministère expédia aux Indes la frégate "la Fière", avec des ordres nouveaux qui infirmaient ceux de Silhouette. Malheureusement elle ne parvint à Pondichéry que le 19 décembre, deux mois après le départ de Dupleix. Godeheu, sans défiance, lut les ordres en plein conseil. Le ministre ordonnait que Dupleix et Godeheu se concilieraient pour lui fournir les éclaircissements nécessaires. “Il eût bien voulu, dit Bausset, témoin oculaire, en racontant la scène à Dupleix, ne pas avoir prononcévotre nom, mais il n'était plus temps et nous avons jugé que le ministre et la Compagnie ont dû être bien étonnés de vous voir“.




chapitre XIV (p. 346-348)

...Quand aux officiers et aux employés, ils eurent part dans des proportions un peu moindres que le chef et sa famille aux libéralités de nos obligés. Papiapoullé à lui seul régissait trente-deux aldose appartenant à des employés. "Nos messieurs, qui sont à Aurangabad, écrit Dupleix, ont fait des fortunes immenses, Vincens (fils de sa femme, enseigne d'infanterie) possède au moins deux lakhs, et Bussy et Kerjean de 4 à 5 lakhs (1 lakh = 100.000 roupies). Ces fortunes sont aussi extraordinaires que vraies. Elles consistent en bonnes espèces sonnantes et rendues dans la colonie, où il est entré depuis un an des richesses immenses."

Dupleix répétait souvent qu'il envoyait les gens à Masulipatam "pour faire leurs petites affaires", et les officiers le remerciaient par des lettres collectives de leur faire joindre à l'honneur des richesses considérables. Le capitaine Godeville avait gagné 40.000 l. en un an, bien qu'il ne pillât point, suivant encore les préjugés d'Europe et blâmé pour cela par Bussy. Mainvil et Goupil, deux capitaines avaient reçu, à leur arrivée en Dekhan, 25.000 roupies chacun et n'étaient pas contents. On leur donna 300 cipayes sur lesquels ils gagnaient 2.000 roupies par mois. Ils ne les payaient pas et se firent pourtant donner un billet de 40.000 roupies pour avances faites par eux à leurs cipayes. Ils écrivirent un jour au gouverneur de Masulipatam, Moracin, de lever pour eux sur la province 100.000 roupies au nom du nabab et d'en garder 25.000 pour lui. Bussy, heureusement, intervint et fit cesser ces exactions. Le jeune Vincens reçoit à Haiderabad 100.000 roupies en une seule fois ; Kerjean, le même jour, en reçoit autant. Mais le divan les accuse tous deux d'avoir pris l'argent de force : eux prétendent que c'est un don du nabab. De mars à octobre 1751, kerjean fit parvenir à Pondichéry 380.000 roupies.

Quand à Bussy, il passa en un an de la pauvreté à l'opulence. Outre les dépenses de sa suite qui étaient énormes (rien que la table emportait 100 roupies par jour), il exigea 400.000 roupies de Mousafer-Sing pour s'engager à le suivre jusqu'à Haiderabad. Le 10 juillet 1751 il avait déjà fait passer 300.000 roupies à Masulipatam, ce qui représentait seulement l'augmentation obtenue de Salabet-Sing pour rester à son service. Il obtint, en outre 80.000 roupies pour aller jusqu'à Aurangabad. Il avait donc, sans compter les navets (présents), les serpeaux et les profits, comme il disait, touché, de janvier à juillet 1751, 780.000 roupies. Dupleix trouvait que c'était exagéré et qu'on aurait dû n'exiger rien pour aller jusqu'à Aurangabad.

Bussy fit acheter à cette époque, en France, par le neveu de Dupleix (Jacques Desnos de Kerjean), une terre d'une valeur de 800.000 livres. Mais une part de ses gains fut employée de son consentement par Dupleix, à qui il les adressait, et perdue dans le désastre du gouverneur.

On peut facilement conjecturer l'effet que produisirent en France les récits venus de l'Inde. Personne ne songea d'abord à celer ces énormes bénéfices, pas même Dupleix. Plus tard, il est vrai, mis en défiance, il refusa de dire ce que les officiers recevaient des Maures. On peut deviner sans peine que bien des exactions furent commises tant en Dekhan qu'en Carnate. Les officiers inférieurs firent comme leurs chefs. Le bruit des malversations tolérées par Dupleix et l'inobservation des ordonnances relatives au jaguars (pensions) motivèrent de la part de la Compagnie des reproches fort sérieux et un rappel aux règlements. On ne réfléchit pas à paris qu'il était difficile à Dupleix, l'eût-il voulu, d'empêcher le pillage dans le pays où se faisait la guerre et dans les conjonctures où il état.




Chapitre XIV (p. 368)

…Les précautions absurdes prises contre la famille de Dupleix s'étendaient à ses alliés et amis, à Saint-Paul, son beau-frère, bien inoffensif, à son secrétaire, à Marion Dumersan qui n'était pas même son ami, à Bussy et à kerjean qui passaient aussi pour avoir acquis des richesses immenses.




Rappelons à propos de Dupleix, qu'il s'est marié à Jeanne Albert de castro dont la fille, Marie Françoise gertrude Vincent dite "Chonchon" née d'un précédent mariage, a été fiancée avec Charle-Joseph de Bussy. Et, suite au discrédit jeté sur Dupleix en 1754 qui sera remplacéen 1756 par Thomas Arthur de Lally-Tollendal, de Bussy, se retrouva en procès contre Dupleix à qui il avait financé sur ses propres fonds certaines dépenses des troupes de l'armée française pour en couvrir les dépenses. Pendant cette même période, de Bussy fait paraître un mémoire qui expose ses créances sur la Compagnie des Indes et qui sera publié en 1764. Il fait également paraître un second mémoire en 1766 contradictoire à celui que Lally-Tollendal présente lors de l'instruction de son procès où de Bussy-Castelnau est mis en cause lors de ses actions militaires en Inde française. Le procès s'achévera en innocentant de Bussy-Castelnau de toutes les accusations portées à son encontre par Lally-Tollendal. Ce dernier sera condamné le 5 mai 1776 à la peine capitale pour trahison des intérèts du roi de France. Il est exécuté le 6 mai en place de grève.

Dupleix passera dix années à plaider contre ce discrédit et contre la Compagnie des Indes, à la quelle il réclamait 13 millions de livres, qu'il avait avancée pour son service. Mais celle-ci, refuse de reconnaître ses responsabilités.Le gouvernement ne veut rien faire pour un homme qu'il persiste à regarder comme un aventurier ambitieux. Dupleix meurt dans l'oubli, la misère et l'humiliation le 10 novembre 1763 à Paris, sans avoir pu se faire rendre justice.



Su les conseils de Dupleix, le marquis de Bussy imite le luxe du Commandant général. “Il se plaît, dit sir Mutakherin, à mêler la pompe asiatique à l'élégance française. Il porte des habits de brocart, couverts de broderies, un chapeau galonné... des souliers de velours noir richement brodés. Quand il se laisse voir en public, c'est au fond d'une immense tente haute de trente pieds, assez vaste pour contenir six cents hommes. Il est alors assis sur un fauteuil orné des armes du roi de France, et placé sur une estrade élevée, couverte elle-même d'un tapis brodé en velours cramoisi ; à droite et à gauche, mais sur des chaises, on voit une douzaine de ses principaux officiers. A l'entrée de la tente se tiennent la garde européenne et la garde hindoue. La table était toujours servie en vaiselle plate, à trois ou quatre services. Il montait pendant les revues un magnifique éléphant, tandis qu'une troupe de poètes et de musiciens le précédait, chantant ses louanges et les récents exploits des Français ou bien de vieilles ballades guerrières“
(Dupleix ou les Français aux Indes Orientales - A. Clarin de la Rive)








Plan de la ville de Pondichéry au XVIIIe siècle



de Bussy-Castelnau et le bailli de Suffren
Pierre-André de Suffren né le 17 juillet 1729 et mort le 8 décembre 1788 à Paris, était vice-amiral. Il a toujours fait l'objet de nombreuses controverses et, parmi les officiers de marine, beaucoup le détestaient, le surnommant même “le gros calfat“ 
Portrait de Suffren dressé par William Hickey, administrateur des indes orientales anglaises, retenu prisonnier à bord du "Héros“.




“De tenue et de tournure bizarres, il avait plus l’apparence d’un boucher anglais, trapu et vulgaire, que d’un Français de qualité. Haut de cinq pieds cinq pouces (1m65), très corpulent, les cheveux rares sur le dessus du crâne, mais plus nombreux sur les côtés et l’arrière. Bien qu’il fût tout à fait gris, il n’usait ni de poudre ni de pommade ; ne portait pas de boucles et avait une courte queue de trois ou quatre pouces attachées par un vieux bout de fil (bitord). Il portait une paire de vieux souliers dont il avait coupé les sous-pieds, une culotte de toile bleue déboutonnée au genou. Des bas de coton ou de fil, pas des plus propres, lui pendaient sur les jambes ; ni habit ni cravate ; sa chemise de tissu grossier trempée de sueur était ouverte au cou, et les manches étaient retournées au-dessus du coude“
Suffren est très critique pour ne pas dire plus, de la nomination par de castries du marquis de Bussy comme commandant des armées de terre et de mer.

...lorsqu'après plusieurs années passées dans l'oubli de nos plus chers intérêts, ceux de l'Inde, par l'ineptie du vieux Maurepas, qui ignorait leur importance, le cabinet songea enfin à porter la guerre en Asie, à l'hésitation qu'il y mit, et qui fut une faute grave, il commit encore celle de jeter les yeux sur M. de Bussy, qui se laissa éblouir par le grade de lieutenant-général auquel on l'éleva, et par le bâton de maréchal qu'on lui laissa entrevoir comme récompense. Ce vieillard goutteux oublia que les vingt deux années passées dans le repos, au milieu de ses immenses richesses (4), lui avaient ôté son énergie et affaibli ses talents; (p. 252)

...il ne comprit pas non plus qu'il lui serait impossible de soutenir la célébrité qu'il avait acquise autrefois. On l'investit des pouvoirs les plus étendus, et non seulement il commandait aux forces réunies de terre et de mer, mais encore il avait la direction de l'armée navale. Consulté, en sa qualité de généralissime, par le maréchal de Castries, sur le départ des convois , le ministre, qui n'était pas marin, suivit à la lettre les conseils du marquis, et divisa les forces au lieu de les réunir. Ces deux généraux de terre, qui pouvaient s'entendre à diriger des mouvements de troupes sur le continent, prirent les dispositions les plus désastreuses pour nos expéditions maritimes asiatiques.

(4) Prisonnier en 1759, il était repassé en France, où il reçut le surnom de Bussy-Butin ; on voulait le distinguer d'un autre Bussy dit Rogotin, à cause qu'il était contrefait, et encore du fameux courtisan Bussy-Rabutin



...Les hommes et les choses n'étaient plus les mêmes. Lui, personnellement, n'était plus le lieutenant-colonel de Bussy gouvernant le Dekcan sous le nom du Soubab-Salabut-Jong, qui l'appelait son génie militaire ; ce Bussy qui tenait la puissance anglaise en échec dans les Circars ; ce Bussy que le présomptueux Lally voyait comme un rival de gloire dangereux : ce Bussy n'était plus qu'un vieillard incapable, vaniteux et maladif; au lieu de se retremper, il s'était consumé dans vingt-deux ans de repos au milieu de ses richesses. Il eût fallu à ce général des personnes au fait de la politique nouvelle des puissances belligérantes, et des militaires capables de le diriger dans les opérations stratégiques. Le corps d'armée du comte d'Offelize pouvait lui fournir des officiers instruits, dans l'expérience desquels il eût dû chercher un appui ; mais, dès en débarquant, il témoigna une injuste prévention contre eux. M. le comte d'Offelize lui-même, à qui l'ancienneté donnait le second rang dans l'armée, appelé par son grade au conseil, fut abreuvé de mauvais procédés de la part de ce chef orgueilleux. M. de Bussy semblait s'attacher à repousser particulièrement ses avis, et s'oubliait souvent jusqu'à employer des expressions inconvenantes envers cet homme de mérite.(p. 273)



...Nous avons laissé M.de Bussy s'abandonnant au repos dans son camp de Mangicoupan, et livrant les intérêts de la France, la vie de nos soldats et l'honneur de nos armes, a une foule d'intrigants qui se prétendaient fort versés en diplomatie, et qui ne déployèrent que des ruses et des finesses dont le résultat devait amener là ruine de notre armée. (p. 285)



...Mais, atteint de la goutte (1), M. de Bussy, qui avait dû jadis sa grande réputation plutôt aux ruses de la politique et à sa bravoure personnelle qu'à ses talents militaires, préféra rester à Mangicoupan, s'y retrancher, et publier que son intention était uniquement de se tenir sur la défensive. Une pareille mesure fut inexplicable ; elle parut inspirée par la folie. Celte faute de laisser l'ennemi maître de la campagne fut regardée comme la source des malheureux événements qui s'ensont suivis, et qui faillirent causer la perte des Français danscette partie du monde. (p. 287)



(1) M. de Bussy, resté valétudinaire, mourut à Pondichéry en janvier 1785,âgé de soixante-sept ans.


Lettre de M. le marquis de Castries à M. le Bailli de Suffren.

Versailles, 6 avril 1785.



N'ayant eu, Monsieur, aucune nouvelle de M. de Bussy depuis le mois de juillet de l'année dernière, et plusieurs avis venus indirectement, me donnant les plus vives inquiétudes sur le dépérissement de sa santé, j'ai cru devoir prendre les ordres du Roi, pour le cas où mondit sieur de Bussy serait mort, ou viendrait à manquer avant l'exécution du traité définitif. S. M. a senti la nécessité d'y pourvoir et de prévenir les inconvénients qui pourraient résulter du partage de l'autorité, et jugeant ne pouvoir mieux placer sa confiance qu'entre vos mains, au défaut, de M. de Bussy, elle vous donne le commandement en chef dé ses forces et de ses établissements au-delà du Cap de Bonne-Espérance, avec les mêmes pleins pouvoirs qu'elle avait accordés, à mon dit sieur de Bussy.

Et elle ordonne que ledit cas prévu arrivant, vous soyez reconnu, par qui il appartiendra, comme commandant en chef, sans autre ordre de sa part que la présente lettre. J'enverrai, par la frégate du Roi la “Surveillante“, les ordres de S. M. à ce sujet, à l'De-de-Françe et au Cap de Bonne-Espérance.

(Ârch. de la Mar.) (p. 410)




le marquis de Bussy se voit désavoué et son commandement des armées en Inde française, confiée par ordre de sa majesté Louis XVI et par simple lettre, au bailli de Suffren. 






En quelle année Marion du Mersan est-il revenu des Indes ? 
Avant 1770 et sans doute à partir de 1754-1756..

En juillet 1759, Guillaume François Marion du Mersan et Magdeleine Sophie de Bussy (sœur du marquis de Bussy) et dite "mademoiselle" recueillent à Paris, un jeune Hindou d'une douzaine d'années, surnommé "Bengale". Il reçoit de la dite "mademoiselle" une éducation religieuse et fut baptisé le 6 octobre 1760, en l'église de Plou (Cher), sous le nom de Charles François Chandernagor. Il fut attaché au service de "mademoiselle" de Bussy, sa marraine. Quand au parrain, ce pourrait être Guillaume François Marion du Mersan, ou Charles Joseph de Bussy, mais ce n'est pas explicite sur l'acte de baptême, puisque par une dérogation épiscopale, Charles François fut baptisé sans parrain. Remarquons seulement que son prénom emprunte à de Bussy et à Marion du Mersan.

Charles François Chandernagor (dit Bengale)

Né vers 1748 en Inde. Lorsqu'il se marie en 1780, il est majeur et maître de ses droits, cuisinier au château de la Bonnardière, dans la paroisse de Saint-Pierre d'Exideuil. Il a visiblement reçu une belle éducation ainsi qu'en témoigne le soin de sa signature.Il vit entre le château de Castelnau à Plou,entre Bourges et Issoudun et à Paris, où de Bussy possède un hôtel, d'abord rue de Richelieu, puis rue des Francs-Bourgeois. Apparemment, il suit sa marraine Magdeleine Sophie de Bussy dans tous ses déplacements, moitié filleul, moitié laquais exotique - un peu comme le Zamor de Madame du Barry. Grâce à sa marraine, il sut lire et écrire. il asquit des livres "utiles" : antiphonaire, missel et livres de cuisine. Charles-François Chandernagor deviendra cuisinier-maître d'hôtel en 1780 dans un famille noble du Poitou, au château de la Bonnardière.
Il se marie avec Marie-Anne Pontenier d'une famille en vue de Civray (Poitou), fille d'un garde-forestier du château de la Bonnardière. Ils auront six enfants dont trois seulement atteindront l'âge adulte : Anne née en 1781, Antoine Marcellin né en 1786, Antoine né en 1790.
Seul ce dernier fera souche. Il s'engagera dans les guerres napoléoniennes, sera blessé lors de la campagne de Russie et restera handicapé. Il aura treize enfants.


...la famille tomba vite dans l’indigence. Cependant, grâce aux Bussy, les Chandernagor avaient reçu en héritage à la fois la liberté et un minimum d’instruction : tous surent lire et écrire, et s’attachèrent à conserver les souvenirs familiaux, y compris le sabre d’Antoine et sa médaille de Sainte-Hélène. Les garçons cherchèrent leur pain où ils purent. La famille s’établit un temps dans la région d’Agen. Puis mon arrière grand-père, artisan coutelier, revint s’établir dans le Poitou, dans la même petite ville où s’était marié autrefois son aïeul Charles-François. Mon père, lui, s’établit dans la Creuse à la suite de son mariage. En tout cas, ces « métis » (du fait des mariages intra familiaux, mon père est encore un “quarteron“, comme l’était Alexandre Dumas), ces “métis“ n’osèrent monter jusqu’au nord de la Loire et jusqu’au brevet des collèges qu’au bout de deux siècles de présence en France… 

(extrait d'un article de Françoise Chandernagor dans la revue l'Histoire - 2003)

André Chandernagor né en 1921 à Civray (Vienne), homme politique, député de la Creuse, (1958-1981) ministre des Affaires européennes (1981-1983), président de la Cour des comptes ((1983-1990), sa fille Françoise Chandernagor, ancienne élève de l'ENA, membre du Conseil d'Etat en 1969 membre de l'Académie Goncourt et écrivain, 
sont des descendants du dit “Bengale“.

Acte de baptême dans la paroisse de Plou entre Issoudun et Bourges (Cher) de Charles-François Chandernagor dit "Bengale"
jeune Indien de 12 à 13 ans, recueilli à Paris par la charité de messire François Dumersan et demoiselle de Bussy comme un pauvre orphelin qui ne sçait les noms des père mère ny de sa famille, cathécumène depuis quinze mois...





Acte de mariage de Charles François Chandernagor le 30 octobre 1780 à Saint-Pierre d'Exideuil
John Law (1671 - 21/03/1729) Aventurier, banquier et économiste, ministre du royaume de France.Il est nommé Contrôleur Général des Finances le 5 janvier 1720, puis Surintendant des Finances. Après spéculation à la hausse  du duc de Bourbon et du prince de Conti, le système Law, fait banqueroute en mars 1720. John Law, ruiné, s'enfuit et se réfugie à Venise en décembre 1720. Il y meurt le 21 août 1729.



En 1760 dans la paroisse de Plou, Camus, le curé célèbre sept mariages dans la chapelle domestique du château de Castelnau appartenant au marquis de Bussy. Cette cérémonie eut lieu en présence de personnalités et à la fin de l'acte on trouve ceci :
"tous lesquels mariages au nombre de sept ont été célébrés en la présence 
• haut et puissant seigneur Charles Joseph de Bussy, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, brigadier des armées du Roy, marquis de castelnau et du Coudray, St Genais, seigneur des sept paroisses susdites

en la présence :

• d'illustre dame Mélanie Artémise de Choiseul (épouse de Charles-Joseph de Bussy, marquis de Bussy)

• damoiselle marie magdeleine victoire sophie de Bussy (sœur du marquis de Bussy)

et de leur noble compagnie

• messire François du Marsan (Guillaume-François Marion du mersan, ami du marquis de Bussy)

• Jean François Xavier de Boisserrole (époux de Jeanne Law, nièce de John Law le Financier)

• Marie Elisabeth Jeanne Law de Boisserrole (épouse de Jean François Xavier de Boisserrole)

• le marquis de Bussy (Charles Joseph de Bussy)

• de Choiseul, marquise de Bussy (Mélanie Artémise de Choiseul, épouse du marquis de Bussy)

• Law de Boisserrole (Elisabeth-Jeanne, épouse de Jean François Xavier de Boisserrole)

• Boisserrole de Bussy

du Mersan (Guillaume François Marion du mersan)

acte des sept mariages célébrés dans la chapelle domestique du château de Castelnau en 1760
Y apparaît entre autre la signature de Elisabeth Jeanne Law,
nièce du financier d'origine écossaise John Law décédé à Venise 33 ans avant en 1729.







En 1771, Marion de Mersan est propriétaire du château de Surville, près de Montereau, et qu'il vend au comte de Lannoy. Ce château devenu historique depuis qu'il a reçu la visite de Napoléon en février 1814 lors d'un épisode de la guerre contre les Autrichiens et les Wurtembergeois. Ce sera l'une des dernières victoire de Napoléon.
Château de Surville, démoli en 1950


C'est sans doute pendant cette période (entre 1756 et 1771) qu'il écrit une chanson pour être chantée le jour des réjouissances, à l'occasion de la naissance de monseigneur le Dauphin (louis né en 1754) : “L'Arquebusade“. Chanson éditée par Jean-Baptiste-Paul Valleyre, imprimeur libraire en 1782.

Guillaume François Marion du Mersan a également écrit  un “Manuel du chasseur et des garde-chasse" dont une seconde édition a été faite en 1821. Il y est décrit comme ancien capitaine des chasses (peut-être du duc de Montmorency). L'ouvrage contenant le précis des ordonnances et des Lois non abrogées ; les derniers règlements des Grands-Veneurs ; les Ordonnances de Police, etc., sur le port d'armes, la chasse, la pêche, la louveterie ; les formules des procès-verbaux qui doivent être dressés par les Garde-chass, forestiers et champêtres ; suivi d'un Vocabulaire des termes de vénerie, de fauconnerie, de pêche et de chasse, extraits des meilleurs auteurs.

Il est également l'auteur d'une chanson de chasse, écrite en 1770 “Tontaine, Tonton“ pour le château de La Brosse, qui appartenait au duc de Montmorency.

Mes amis, partons pour la chasse :

Du cor j'entends le joyeux son. Tonton, tonton, Tontaine, tonton.

Jamais ce plaisir ne nous lasse,

Il est bon en toute saison. Tonton, Tontaine, tonton.



À sa manière chacun. chasse,

Et le jeune homme et le barbon. Tonton, tonton, Tontaine, tonton.

Mais le vieux chasse la bécasse,

Et le jeune un gibier mignon. Tonton, Tontaine, tonton.



Pour suivre le chevreuil qui passe

Il parcourt les bois, le vallon. Tonton, tonton, Tontaine, tonton.

Et jamais, en suivant sa trace,

Il ne trouve le chemin long. Tonton, Tontaine, tonton.



A l'affût le chasseur se place,

Guettant le lièvre ou l'oisillon. Tonton, tonton, Tontaine, tonton.

Mais si jeune fillette passe,

Il la prend : pour lui tout est bon. Tonton, Tontaine, tonton.



Le vrai chasseur est plein d'audace ;

Il est gai, joyeux et luron. Tonton, tonton, Tontaine, tonton,

Mais, quelque fanfare qu’il fasse,

Le chasseur n'est pas fanfaron. Tonton, Tontaine, tonton.



Quand un bois de cerf l'embarrasse,

Chez sa voisine, sans façon, Tonton, tonton, Tontaine, tonton.

Bien discrètement il le place

Sur la tête d’un compagnon. Tonton, Tontaine, tonton.



Quand on a terminé la chasse,

Le chasseur se rend au grand rond. Tonton, tonton, Tontaine, tonton,

Et chacun boit à pleine tasse

Au grand saint Hubert, son patron. Tonton, Tontaine, tonton.



Guillaume-François Marion du Mersan se marie le 6 avril 1779. Il est alors âgé de 60 ans, et sa femme Marie-Françoise Darmezin de la Barre a seulement 21 ans.

Ils demeurent à Paris, (paroisse du Roulle) mais font des séjours au château de Castelnau, à Plou, où d'ailleurs naîtra Théophile leur premier enfant le 4 janvier 1780.

Marion du Mersan et sa femme Marie-Françoise on habité sur la paroisse du Roule

Château de Castelnau à Plou dans le Cher (entre Issoudun et Bourges)
Acheté 600.000 livres en 1756 par Bouchard pour son frère Charles-Joseph de Bussy alors en Inde.
Guillaume-François Marion du Mersan y fera plusieurs séjours. Son premier fils Théophile y naîtra et sera baptisée le 4 janvier 1780

L'épouse de Guillaume-François Marion du Mersan : Jeanne "marie-Françoise Darmezin née en 1758 a comme grand'mère maternelle Louise Pannetier (1683-1725) dont la sœur, Jeanne Marie Louise s'est mariée  le 16 juin 1705 à Paris avec Nicolas Duchesne (1663-1748).
Ce même Nicolas Duchesne a un fils, Antoine-Anthelme (1708-1794) marié le 22 février 1746 à Versailles, à Jeanne Louise Thierry. Ce sont les oncle et tante de "Marie-Françoise" Darmezin.
Antoine-Nicolas Duchesne, leur fils né le 7 octobre 1747, se marie le 21 janvier 1777 à Versailles à Luce Menjaud. C'est le cousin issu de germain de "Marie-Françoise" Darmezin.
Le père de "Marie-Françoise“ est décédé en 1762, alors qu'elle avait quatre ans. Sa mère est morte après 1778. 
Félicité Duchesne, sœur d'Antoine-Anthelme ainsi que ce dernier ont sans doute été les "tuteurs"
C'est d'ailleurs auprès d'eux que Guillaume-François Marion du Mersan sollicite par courrier des entrevues pour demander la main de Marie-Françoise, leur pupille, orpheline de père.


En témoignent ces deux lettres en 1775
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de Guillaume-Francois Marion du Mersan à Antoine-Anthelme Duchesne (tuteur avec sa sœur Félicité Duchesne, de Marie-Françoise Darmezin, demoiselle de La Mare)

“Vous êtes trop galant homme est trop éclairé, Monsieur, pour ne pas connaître à quoi oblige la loi du dépôt. En effet vous prouvez que vous en êtes vigoureux observateur par l'extrême circonspection et la conduite scrupuleuse que vous observez dans l'affaire qui concerne votre jeune parente, dépôt très précieux sans doute. Un secret confié en est un aussi qui impose les plus strictes obligations. Une bonne preuve que je vous crois incapable de les violer, c'est que je vous ai laissé, entre les mains, les indications qui vous peuvent mettre sur la voie pour prendre sur mon compte les informations les plus exactes ; Quoi qu'il ne convienne pas de faire, à cet égard, la
moindre démarche ni la moindre question, jusqu'à ce que Mademoiselle votre soeur (Marie-Anne Félicité Duchesne) ait pris une résolution. J’ai à vous demander, Monsieur, ainsi qu'à elle, une grâce que je ne crois pas de nature à être refusée ; car quand je serais un ange de ténèbres transformé en ange de Lumière, Mademoiselle Duchesne n'aurait rien à craindre de
mes ruses infernales ; Puisque je me borne à vous demander une entrevue et des éclaircissements en présence d'une personne qui puisse m'exorciser et mettre en fuite l'esprit tentateur, s'il s'avisait de la couler dans notre petit chapitre, comme il fait en beaucoup d'autres. Il n'est pas que Mademoiselle votre soeur n'ait une entière confiance dans son confesseur ou tout autre ecclésiastique dont les lumières lui soient connues.
C'est cette personne que je demande pour arbitre. Vertueuse et pieuse au point que l'est Mademoiselle votre soeur, voudrait-elle prendre sur son compte le sort de sa jeune parente, et pour ce monde et pour l'éternité peut-être. L'un et l'autre dépendant beaucoup du caractère avec qui on lui fera former ce lien redoutable que la mort seule peut rompre ? Mademoiselle Duchesne, ce qu'à Dieu ne plaise, ne peut elle pas être enlevée avant que d'avoir procuré un établissement convenable à cette parente qu'elle aime si tendrement et trop peut-être, puisque l'attachement qu'elle a pour elle me paraît le plus grand obstacle à mes visées, dans la crainte mal fondée que je ne lui enlève sa pupille pour la confiner dans une province. 
Que je crains qu'elle ne tombe entre les
mains de quelqu'un qui, je l'ose dire, par sa façon de penser et sa conduite méritera beaucoup moins que moi de l'obtenir, et la rendra certainement moins heureuse, fut-il mille fois plus riche et beaucoup plus jeune. Vous connaissez les motifs qui seuls m'y ont fait penser. Cela seul, aux yeux d'un homme aussi pénétrant que vous, Monsieur, et de votre caractère, vaut mieux que tous les renseignements possibles et les témoignages d'un (illisible ) entier. Je vous prie donc de bien peser la demande que je vous fais et de juger si, d'après la règle des procédés et d'une conscience délicate, Mademoiselle votre soeur, et vous, pouvez refuser de vous y prêter. Je ne puis me le figurer : mais si, contre mon attente, Mademoiselle Duchesne y avait quelques répugnance, je vous conjure de m'accorder un moment d'entretien soit aux Thuileries, ou partout ailleurs, de m'indiquer le jour et l'heure qui vous sera le plus commode ; pourvu que ce ne soit pas mercredi, ayant ce jour-là du monde à dîner chez moi. Si, avant notre conversation, vous rencontrez les personnes que vous avez déjà questionnées à mon sujet, j'exige, croyant en avoir le droit, que vous leur parliez de facon qu'ils ne croient pas que j’ai des vues personnelles, ce qui vous est d'autant plus facile que vous direz l'exacte vérité en leur déclarant que je vous ai présenté l'ami pour qui j'avais porté la parole. Le reste va de suite, et vous êtes le maître de leur communiquer ce que vous pensez étranger du succès de mes démarches et de mes négociations. Pour moi, je ne cessais de vous
répéter et, quel qu'en soit la suite, que je me féliciterai toujours d'avoir fait votre connaissance : mais, j’en serais bien fâché si les précautions excessives de Mademoiselle votre soeur ne me permettent pas de la cultiver ainsi que la sienne que je sais apprécier, quoique je sois prêt à vous donner ma parole d'honneur si elle
m'admettait dans votre société, je me conduirais de facon que Mademoiselle de La Marre (Marie-Françoise Darmezin) ignorerait, toute sa vie, de quoi il a été question, si elle ne pouvait l'apprendre que de moi. Si je suis forcé de renoncer à mes prétentions, j'en aurai un regret inexprimable quoi qu'il me paraisse impossible de rien ajouter à ma vive douleur ; je sens que Mademoiselle Duchesne y mettrait le comble si elle était assez injuste pour m'interdire votre société et m'ôter la satisfaction de vous témoigner par mes assiduités, tout le cas que j'en fais ainsi que les sentiments avec lesquels je serai toute ma vie, Monsieur.

Votre très humble et très obéissant serviteur.“

du Mersan

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Autre lettre de Guillaume-Francois Marion du Mersan à Antoine-Anthelme Duchesne

“Il m'est impossible de partir pour la Bresse avant que de vous avoir parlé, Monsieur ; et vous ne me refuserez pas, sans doute, cette petite satisfaction après avoir eu la bonté de plaider ma cause auprès de Mademoiselle votre soeur ; procédé généreux dont j'aurai uneéternelle reconnaissance.
J'oubliais de vous dire, Monsieur, que voulant me conformer aux intentions de Mlle Duchesne, qui sont pour moi des ordres respectables, je passai hier, auprès d'elle et de Mlle de La Marre (Marie-Françoise Darmezin) sur la terrasse des esparins, sans les saluer, feignant de ne pas les apercevoir. Il y avait un abbé avec elles ; il est bienheureux cette abbé ; je lui
adressai à voix basse cette apostrophe connue : non tibi invides : sed mihi de les
Vous conviendrez, Monsieur, qu'il est également embarrassant de dire du bien ou du mal de soi-même ouvertement et en son propre nom. Le Moi ou le Je ne me répugnent pas moins qu'au célèbre Pascal. Peut-on se louer sans paraître fat et impudent, peut-on se déprécier sans paraitre un Tartuffe et se rendre suspect d'une fausse modestie ? Prendre son ami pour truchement n'a pas de moindres inconvénients. Il ne peut se résoudre à révéler les défauts de son commettant, quelque permission oumême quelque ordre qu'on lui en ait donné ; se figurant que se savoir manquer à l'amitié et trahir la cause dont il s'est chargé. Quelle que soit la liaison et la confiance
de deux amis, l'un peut-il jamais assez connaître la facon de penser et de sentir de l'autre pour la bien rendre et en répondre ? Est-il en état de satisfaire à des questions imprévues ? Je n'ai point imaginé de meilleurs expédients pour prévenir tous ces embarras que de prendre moi-même le rôle de mon ambassadeur, bien 
décidé à m'en acquitter loyalement et je crois l'avoir fait. Je n'ai rien avancé pour ou contre moi dont je n'offre et ne sois privé à donner des preuves évidentes. Après ce que je viens de dire, il est inutile d'ajouter que le jeune homme sexagénaire que j'ai proposé n'est autre que le Sr du Mersan. L'absent de 47 ans est un parent de M. de la Morlais, bon gentilhomme Breton, mon intime ami, qui, à son retour, se mettra sur les rangs si vous le jugez a propos. Vous voyez, Monsieur, que j'ai d'abord parlé pour moi et vous ne pouvez y trouver à redire, sachant avec tout le monde ce que prescrit la charité bien ordonnée. Si le Sr du Mersan ne vous paraît pas un parti acceptable, il n'en sera ni
surpris, ni humilié. Ne vous faites donc aucune peine de le lui annoncer en lui renvoyant ses paperasses et ses lettres sous une enveloppe bien cachetée, non par votre domestique mais par un savoyard auquel il remettra un billet pour vous en accuser la réception ; Vous protestant d'avance que plein de vénération pour vous, Monsieur, 
et votre vertueuse famille, il serait enchanté de procurer à Mademoiselle de La Marre un établissement digne d'elle, et qu'il s'en occupera sérieusement. Si vous ne croyez pas devoir rompre trop pécipitamment et que vous songiez à faire des informations ultérieures, je vous prie de les suspendre jusqu'à ce que nous ayons concerté des moyens de concilier les ménagements que je souhaiterais et les éclaircissements qu'exigent les intérêts de Mademoiselle votre parente. Vous voudrez bien, Monsieur, me dispenser de terminer par la formule ordinaire une lettre qui ne l'est pas afin que ma signature ne vous apprenne pas mon nom plutôt qu'il ne faut. Cette omission vous exemptera la peine de tourner le feuillet.“

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Lettre d'Anthoine-Anthelme Duchesne à Madame Darmezin (Antoinette Ménétrier), mère de Marie-Françoise

Paris, jeudi 15 octobre 1778

Ne croyez point, ma chère cousine, que ma soeur et moi nous ayons cherché à établir la Marre. Elle est encore assez jeune. Rien ne pressait. C'est un évènement singulier qu'il est bon, en ce moment, de vous apprendre. Il y a deux ans qu'un inconnu fut demander à ma soeur (Félicité Duchesne) un rendez-vous, où il proposa un de ses amis qui avait trois mille livres de rentes. Il en fit un portrait si peu flatteur qu'il eut bientôt son 
congé. Il y a un mois que nous étions à Versailles et qu'on apporta à ma soeur une lettre de M. du Mersan qui revenait à la charge et proposait deux partis pour la jeune personne. Cet acharnement tenant, dit-il, de l'obstination était fondé sur la vertu, les talents et surtout l'excellente éducation qu'elle avait reçus. Il disait les partis plus considérables que le premier. Arrivé à Paris, j’allais voir M. du Mersan qui ne me dit pas alors le nom d'un de ses amis. Il vint me voir le lendemain. Ma soeur, seule avec moi, se trouva à l'entrevue. Nous demandâmes le nom et nous ne pûmes encore l'obtenir. Il vint encore deux fois me voir, moi seul, et comme il m'avait trouvé un jour occupé à faire de petits vers, que je lui ai lu, dans l'intervalle des visites il en a fait de forts jolis, car il 
a beaucoup d'esprit, il n'a vu jusqu'à présent que les gens du plus haut parage. Enfin, à la quatrième visite, il me laissa une lettre cachetée et me dit : voilà la lettre de mon ami, vous la lisez à votre aise.
Nous soupçonnions déjà, ma soeur et moi que son ami c'était lui-même. Et je vis dans cette lettre que nous ne nous étions pas trompés, c'était M. du Mersan lui-même. C'est alors que nous avons fait de premières informations qui, lui étant fort favorables, lui ont fait demander avec insistance de voir la demoiselle et d'être recu dans la maison. Nous n'avons rien voulu précipiter. Nous avons demandé dix jours pour vous prévenir sur votre consentement, pour faire de dernières informations, et avant de le quitter nous avons été chez M. Rendu, notaire, lui, mon fils, et moi dresser un projet d'article que vous trouverez ci-joint.
Depuis votre lettre écrite, nous avons sondé la jeune personne qui s'en doutait déjà, qui vient de voir trois de ses jeunes amies s'établir, et nous avons reconnu que non seulement elle n'en était pas éloigné, mais qu'elle en mourait d'envie. L'âge ne l'effarouche pas, il est noble, il a de l'esprit, elle se flatte de vivre heureuse avec lui 
et se promet d'avoir tous les égards et les complaisances nécessaires. Je le souhaite mais La Marre n'est rien moins que démonstrative et se cabrerait si elle était contrariée. Au reste, nous croyons devoir consentir et nous attendons votre dernier avis qui nous décidera. J'agirai pour vous, Madame, comme pour moi.
Je voudrais qu'elle restât dans notre voisinage, elle ne parait point effarouchée de la Bretagne*, pourvu qu'elle passe seulement trois mois à Paris. Sa vanité personnelle est flattée, son instinct la conduit, et son ambition la séduit. Voilà son portrait actuel. Elle considère ni le passé, ni l'avenir, elle ne voit qu'un présent flatteur et de 
belles robes.


Nous pensons la tante Darmezin (Monique), ma soeur et moi, quoi que le prétendu ne demande rien, qu'il est séant de lui faire un trousseau de linge de corps seulement et nous lui en donnons un de 1200 livres. Mon fils et ma bru comptent lui faire un présent utile, une plisse et un manchon. Le Monsieur fera le reste... il dit avoir dix mille livres d'argent comptant et il a soixante dix mille livres de bons biens. Ce n'est pas une fortune, mais nous croyons qu'il faut profiter d'un avantage qui se rencontre rarement. Il lui donne exactement la moitié de son bien s'il n'y a pas d'enfant ; et avec 1750 livres une femme seule a de quoi vivre en communauté avec une femme de chambre, ou en province a son ménage si l'âge le lui permet.

Voilà où s'aboutit l'éducation que Mlle Duchesne a faite. On lui préfère un étranger, mais cet étranger est un mari. C'est l'ordre de la nature et elle y souscrit comme moi. Nous eussions seulement désiré plus de démonstration de regrets. C'est un sacrifice que nous partageons avec vous comme tenant lieu, l'une à l'autre, 

de père et de mère, les filles les abandonnent pour aller avec leur mari. C'est la loi et les prophètes : soumettez vous comme nous a cette loi.

* le père de Guillaume-François, Joseph Marion est seigneur du Landa (paroisse de Peillac du comté de Rieux, dans le Morbihan) et sénéchal du Catelan.




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Lettre de Marie-Françoise Darmezan à Antoine-Nicolas Duchesne (son cousin issu de germain)

...peut-être fin 1778




A Monsieur



Monsieur Duchesne



Je ne veux pas, cher cousin, laisser partir ces Messieurs sans lettre pour vous. Quoique je me flatte d'avoir le plaisir de vous voir le premier jour de l'an, je veux vous prévenir en vous souhaitant une très bonne année et 

bonne santé. Je ne crois pas avoir besoin de vous demander votre amitié, vous m'en avez donné tant de preuves 

que je ne peux douter de l'avoir. Je vous en demanderai donc seulement la continuation. Enfin, voilà donc tous d'accord. M. du Mersan vient tous les jours à la maison depuis la signature du contrat et ma tante a la bonté de le retenir souvent à souper. Ce jour, des illuminations nous a donné le temps d'avoir une conversation  

particulière ensemble ; mon oncle l'a même faite à dessein de sorte que nous avons été de la maison jusqu'au bout de la terrasse de l'eau, tête à tête, sans qu'il y parut. Mon oncle donnait le bras à Mme et Mlle de Vernon, et moi je le donnais à M. du Mersan. Vous entendez bien que ma tante était pas car elle n'aurait pas été contente. Adieu, cher cousin, portez-vous bien, aimez moi toujours un peu, et soyez sûr du plus parfait retour.

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Lettre de Marie-Françoise Darmezin à Félicité Duchesne ; oblitéré à Bourges

Du 22 mai 1780




“Depuis que je n'ai eu l'honneur de vous écrire, très chère, j'ai eu un terrible assaut à soutenir. Je me suis trouvée seule à Castelnau pendant assez de temps, M. du Mersan étant aller voir un bien de campagne qu'on lui avait dit pouvoir lui convenir.

Et, du lendemain de son départ, mon fils (Théophile) est tombé très dangereusement malade ; les convulsions ont été si violentes que nous l'avons cru mort. Il a été fort longtemps en danger, mais très heureusement il s'en est tiré. Tout cela a été occasionné par les dents, car dès qu'elles ont été percées, il a toujours été de mieux en mieux. Jugez, chère tante, combien ma position était fâcheuse, mon fils à la mort, et son père absent.

Vous croyez bien que depuis que je suis séparée de vous, mes regrets sont de ne pouvoir pas partager avec vous, chère tante, tous les événements qui me peuvent arriver. Mais je connais trop la tendresse de votre coeur 

pour avoir voulu vous mander mon chagrin avant qu'il soit fini. Cependant, je vous dirai, chère tante, que vous l'avez augmenté car je joignais, à toutes les inquiétudes, celle de votre santé ainsi que celle de mon oncle. Je vous avais cependant bien prié de ne pas me laisser si longtemps sans me donner de vos nouvelles, et qu'un mot me tranquilliserait..../...

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Lettre de Marie-Françoise darmezin à Antoine Nicolas Duchesne ; oblitéré à Bourges

Du 17 juillet 1780




Je disais dans ma dernière lettre, mon cher cousin, que je ne tarderai pas à vous écrire mais quelque contretemps et surtout un fâcheux accident qui m'a fort alarmée m'en a empêchée jusqu'à pésent.

Il y a près de quinze jours, qu'au milieu de la nuit, je fus réveillée par des efforts violents que faisait M. du Mersan qui semblait prêt d'étouffer, faute de pouvoir respirer. La crise passée, il se plaignait d'un déchirement de poitrine et d'une grande oppression. Ses attaques, plus ou moins violentes, ont duré plus de huit jours et ne revenaient que la nuit quand il dormait et le jour quand il s'assoupissait. Ces efforts étaient quelquefois si violents qu'il rendait du sang, quoique le meilleur médecin du canton qui a passé ici deux jours ait été témoin de deux accès. Il a avoué de bonne foi qu'il ne connaissait pas bien ce genre de maladie et qu'il n'en avait pas eu d'exemple ; il a pourtant de l'expérience et, à près de soixante dix ans.
Heureusement cela va beaucoup mieux depuis quatre jours, il ne lui reste qu'une grande faiblesse, une toux sèche qui lui tiraille la poitrine. Il est sans doute inutile de vous parler du chagrin et des inquiétudes que cela m'a donnée. Que ma cousine se suppose à ma place et, dans toutes les mêmes circonstances, vous pourrez, tous deux, juger de ce que j'ai éprouvé. Ah, si j'avais été si enchantée de mon mariage qu'on l'a imaginé, comme votre autre lettre me l'a donné à entendre, ce que je vois, et l'avenir que je prévois, m'auraient bien corrigée. Mais comment aurai-je été si enchantée d'un établissement dont M. du Mersan, avant comme après le mariage, m'a toujours parlé lui-même désavantageusement, et pour sa fortune, et pour le genre de vie qu'il se proposait, et même pour son caractère qu'il disait sujet à de fréquents accès de la plus noire mélancolie.
Ce que vous me dites de ma tante dans votre dernière lettre ajoute beaucoup à mes chagrins. Je regardais comme une augmentation de malheur, dans la circonstance où je me trouve, l'éloignement de ma famille. Je me flattais que j'aurais tiré beaucoup de consolation de ma Tante et de mon Oncle, et je vois par le peu que vous me dites que ces préventions sur mon compte ne sont pas dissipées. Je crois que je peux dire préventions car vous me connaissez assez et je me suis expliquée avec vous assez clairement depuis et avant mon mariage pour que vous puissiez répondre que je n'ai jamais eu une facon de penser différente de celle que l'attachement et la reconnaissance que je lui dois m'avait inspirée. J'ai eu le malheur de ne me pas bien faire entendre ; enfin elle a cru que je n'avais point du tout de regrets de la quitter, et voilà ce qui lui a fait dire que j'étais dans le plus grand enchantement de me marier.
Malheureusement, elle ne m'a jamais permis de m'expliquer la dessus qu'à demi car, je vous l'avoue, j'aurais sacrifié tout pour ne lui pas causer de chagrins. Je croyais que ma tante voulait faire pour moi ce que font toutes les mères qui sont enchantées de bien établir leurs enfants. Je ne vous cacherai pas que de savoir que je lui ai coté du chagrin me trouble beaucoup et m'a empêchée jusqu'a` présent de goûter en paix des fruits de mon établissement. Que le caractère et les procédés de M. du Mersan m'ont fait trouver beaucoup plus heureux qu'il ne me l'avait annoncés. Si enfin elle revient sur mon compte quelle que soit ma situation, je me croirais heureuse, espérant que la santé de M. du Mersan se rétablira par les soins que j'en aurai et que je l'engagerai à en prendre lui-même, l'amitié qu'il me témoigne et sa tendresse pour notre enfant pourront lui rendre la moins insupportable qu'elle ne lui paraissait quand il se livrait à la solitude et à sa mélancolie.
J'ai profité de son sommeil pour vous écrire cette longue lettre parce que je pourrai bien ne pas trouver un moment libre pour l'achever et la cacheter. J'embrasse bien tendrement ma chère cousine et vos chers enfants, 
et vous prie de me croire avec les sentiments inviolables avec lesquels je suis votre tès humble servante Darmezin du Mersan.
Je vous prie, mon cher cousin, nous ne me pas oublier auprès de mes Tantes et de mon Oncle à qui je n'écrirai que les mêmes choses si j'en avais le moment.
A propos de mes Tantes, comment m'a-t-on fait un crime d’en nommer une par son nom, comme le fait Mme Duchesne en m'écrivant pour les distinguer. Mais on est prévenu contre moi, et tout est mal pris ; mais c'est pour moi une consolation de savoir que vous et ma cousine, qui me connaissez bien, jugez mieux de mes sentiments.


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Les Duchesne sont de nobles bourgeois de Paris dont jean né en 1569 est qualifié de "Maître serrurier". Son fils Denis élevera cette maison de serrurerie à son apogée (en 1628, il exécute et pose aux frais du Cardinal de Richelieu la grille de fer de la Place Royale - place des Vosges actuelle - et les balcons du Louvre). La serrurerie continuera jusqu'à la mort d'Antoine, fils aîné de Denis, en 1728. en 1691, à la mort de Mme Duchesne, la maison échoit pour 1/3 chacun à Nicolas et ses deux sœurs. En 1734, celles-ci vendent leur part à Nicolas (chef de famille en 1729 suite au décès de son neveu), époux de Jeanne Marie Louise Pannetier. En 1705, il obtient la charge de Prévost des Bâtiments du Roi, sous les ordres du marquis d'Antin, directeur et ordonnateur général des bâtiments du Roi, et s'installe dans un logement à l'hôtel de Seignelay, rue de l'Orangerie à Versailles. Indépendamment de cette résidence à versailles, les prévôts des bâtiments du roi ont un logement à Paris. Ainsi, vers 1711, Nicolas Duchesne ser paroissien de St-germain l'Auxerrois et sera logé aux Tuileries, pavillon de Flore, à l'entresol.
A la suite d'arrangements de famille, Madeleine Leroux son épouse, recueille l'usufruit de la maison Duchesne et en donne la nue-propriété à son fils Antoine-Anthelme lors de son mariage en 1746. La maison est située à Paris à l'angle de la rue du Roi de Sicile et de la rue Pavée, quartier Saint-Antoine, paroisse Saint-Paul.

Antoine-Anthelme après avoir passé onze années consacrées aux études latines et grecque et aux droits cicil, canon et français, est reçu avocat et exerce chez Me Bévière, procureur au Châtelet jusqu'en juillet 1728, année où il se met à l'architecture. Mais cela demeurera sans suite. Il suivra ce qu'il avait commencé et se disposa à devenir Prévôt des Bâtiments après son père.

Pressé par des sollicitations de son entourage de demander ou d'acheter des lettres d'anoblissement, il répond ceci :
"Je remercie Dieu, ajoute-t-il, de n'avoir pas la vanité de commencer ma race noble en achetant ou en sollicitant des lettres d'anoblissement. En restant dans ma bourgeoisie parisienne de trois cents ans, j'ai épargné à mon fils devenu noble et fils d'anobli, le désespoir de ne pas voir ses deux fils nouveaux gentilshommes."
et crée ce texte...

"Monter du tiers au deux est un mauvais parti,

Mieux vaut ancien bourgeois que nouvel anobli.

En tors siècles et plus, nul parent ne peut être

Assez ambitieux pour vouloir être prêtre.

Les Duchesne ont été constamment bonnes gens,

Respectant leurs aïeux, chérissant leurs enfants,

Aimant tous le travail ; ni moines ni moinesses

N'a fait profession par crainte de détresse.

Ils ont vécu contents, des plus grands estimés,

Et parmi leurs égaux, distingués, même aimés.

D'abord, par deux longs baux ils furent locataires,

Puis, mettant sous sur sous, furent propriétaires.

Mes aïeux sont tous nés dans la même maison,

Sur le même terrain, j'ai fait nouveau pignon ;

N'ayant que vingt cinq ans, j'ai bâti pour mon père

Et pro, après sa mort, faire un sort à ma mère.

Sur le terrain précieux, que le Roi m'a donné,

J'ai terrassé neuf ans, j'ai bâti, j'ai planté ;

Du patrimoine, j'ai réparé l'ornière

Qu'avait fait, à l'excès, le cruel ministère ;

Je me suis mis au pair, le tout pour mes enfants

Afin qu'ils puissent mettre un morceau sous leurs dents…

Ce temps fâcheux passé, Monsieur de Saint Antoine

Retiré chez sa sœur, vit plus content qu'un moine."



Sans être architecte, Antoine-Anthelme s'occupa néammoins de construire quelques maisons et de former quelques jardins entre 1734 et 1745. En 1744, Antoine fait le portrait de son père Nicolas et au pastel celui de sa cousine maternelle Monique Darmezin et cultive l'art de la peinture en amateur et celui de l'architecture par goût. Mais le métier de prévôt et ses fonctions de police du fait des infractions aux ordonnances de voirie et des déprédations sans cesse croissantes, ne lui plaît qu'à moitié.

Antoine-Anthelme épouse le 22 février 1746 Jeanne-Louise Thierry. Leur fils Antoine-Nicolas naît le 7 octobre 1747, mais sa mère meurt des suite de couche le 12 octobre 1747. Antoine-Anthelme ne se remaria pas et consacra beaucoup de temps à l'éducation de son fils partageant son temps entre sa charge d'avocat en Parlement sa charge de Prévôt affecté au château de versailles et les cours de botanique qu'il enseigna en 1761, à Trianon. Antoine-Nicolas découvre le jardinage et s'intéresse plus particulièrement aux fraisiers. Il suit les cours et leçons d'herborisation de Bernard et Antoine-laurent de Jussieu. 

En 1764, Antoine-Nicolas Duchesne publie le “Manuel de Botanique“ dans lequel il répertorie et rassemble une nomenclature des plantes qu'on trouve dans les campagnes des environs de paris suivant l'utilité dont elles sont pour l'homme, pour la nourriture, la médecine, par rapport aux arts, concernant la décoration des jardins.








Appelé par le roi Louis XV, Antoine Nicolas Duchesne lui présente personnellement, le 6 juillet 1764, en même temps que son Manuel, un pot de fraises dont les fruits sont des spécimens de la baie chilienne (chiloensis de Fragaria) de taille et beauté extraordinaires. En 1765, Antoine-Nicolas féconde le fraisier du Chili en lui associant le Caperon et présente la fraise à Louis XV.
En 1767, Antoine-Nicolas obtient son baccalauréat et en 1768, sa licence. Il prête serment d'avocat en parlement de Paris le 14 mars. Sont présents à cette séance, son père, marie-félicité, sa tante, Monique Darmezin, sa tante à la mode de bretagne, et marie-Françoise Darmezin de la Mare, sa cousine issue de germain âgé de dix ans (qui se mariera plus tard en 1779 à Guillaume-François Marion du Mersan).

En 1770, il publie “l'Almanach du jardinier prévoyant“ qui deviendra par la suite “Le bon jardinier“. IL publie également son “Catalogue raisonné des plantes, arbres et arbustes“ dont on trouve des graines, des bulbes et du plan chez le sieur Andrieux, marchand grainier, fleuriste et botaniste du roi (fondateur de la maison de graine Vilmorin).



En 1776, Antoine-Anthelme Duchesne donne sa démission de Prévôt des bâtiments du Roi dont le directeur et ordonnateur général est à cette époque M. d'Angiviller. Il en obtient la transmission de sa charge à son fils Antoine-Nicolas qui prête serment le 1er avril 1777. Il perçoit un traitement de 3000 livres avec un logement à Paris, un à Versailles, un pied à terre à marly, et un habit complet et un chapeau brodé d'or de l'uniforme des gardes à ses ordres,pour le commissionnaire employé au service.
En 1776, paraît “Histoire naturelle des fraisiers“. L'ouvrage est présenté à l'Académie royale des sciences. Linné cite avec éloge cet ouvrage. Plus tard, en 1786, Antoine-Nicolas publie son “Essai sur l'histoire naturelle des courges“ dans la nouvelle encyclopédie, articles de botanique par le chevalier de Lamarck. Ces deux ouvrages, sont accompagnés de plus de tois cent dessins exécutés par Antoine-Nicolas.

Antoine-Nicolas, se marie avec Luce Menjaud le 21 janvier 1777, en l'église Saint-Louis de Versailles. Il auront cinq enfants dont Guillaume né le 7 juin 1785 à Versailles et dont le parrain est Guillaume-François Marion du mersan, écuyer.
A cette époque, les couples Antoine-Niccolas Duchesne/Luce menjaud et Guillaume-François Marion du mersan/Marie-Françoise Darmezin semblent assez proches. Ils se rencontrent à Paris ou Versailles et ce d'autant qu'ils ont des enfants de même âge. Jean Duchesne, né en 1779, et Théophile Marion du mersan né en 1780, dont Antoine-Nicolas, dans une lettre à son père, dit ceci “les deux petits cousins sont enchantés l'un de l'autre et mademoiselle grande - Luce née en 1778 - s'accomode souvent très bien de leur société“ et aussi... “pendant le mauvais temps, notre grand'cousine - Marie-Françoise Darmezin - a donné, à sa nièce, leçon de confitures que nous partageons avec elle“.


De plus, dans un courrier à son père, du 7 décembre 1782, Antoine-Nicolas écrit ceci :

“Et, à propos de commis qui ne disent points de nouvelles, je veux vous parler de la paix. On assure ici que M. de Vergenne doit arriver cette nuit pour rapporter le traité signé. On en dit même pour principaux articles. L'indépendance des Etats unis, la liberté de la mer compris celle de la pêche de Terre-Neuve. Dunkerque rédigée de la clause vexatoire et, au contraire, Pondichéry fortifié pour nous aux frais des anglais : toutes les colonies restituées respectivement, Mahon pareillement rendu, et Gibraltar enfin cédé aux Espagnols. Et, quant à la guerre de terre que les querelles entre les trois empires méditerranéens faisaient craindre, on espère que cette pacification des puissances atlantiques est propre à la faire éviter. Dieu le veuille!“

La fréquentation et des discussions avec Guillaume-François Marion du mersan, ancien commissaire des armées françaises auxiliaire près du roi de Golconde, ami du marquis de Bussy "nabab" du Dekkan en Inde, ne sont sans doute pas étrangères à ces commentaires sur la guerre d'indépendance américaine.



En outre, Guillaume-François Marion du Mersan est parrain d'un fils du couple (Guillaume Duchesne né le 7 juin 1785).


Dans un courrier à son père du 8 juin 1785, antoine-Nicolas écrit ceci :



“...L'enfant a tété trois fois très courageusement et il a dormi le reste du temps quoiqu'il ne soit rien moins que faible et engourdi comme petit jean ; aussi, est-ce un gros Guillaume.

De le faire, Guillaume n'était pas un embarras ; mais ce n'en a pas été un petit de le rendre le filleul de M. Dumersan...“




A la suite des journées d'émeute de Versailles les 5 et 6 octobre 1789, Antoine-Nicolas Duchesne est inscrit comme garde national de Versailles du département de Seine et Oise. Il a alors 43 ans. 

Sa cousine Darmezin, qui demeure à Saint-Germain, est inquiète pour lui et lui écrit ceci le 7 février 1790 :

Tu ne doutes pas, mon cher ami, que je me fais toujours dans l'inquétude par rapport à toi, craignant qu'il ne t'arrive quelque chose fâcheux dans tes gardes. Mais je l'aurais était bien davantage si j'avais su tout ce qui s'est passé et dont tu me fais le détail. Mais tu ne m'en dis pas le sujet. Mon imagination va trotter bien davantage par
la suite car je croirai toujours te voir environné de tumulte.
Si tu ne me donnes souvent de tes nouvelles, il faut avouer que la populace de Versailles est bien méchante. Ménage-toi bien, mon cher ami, et ne t'expose pas trop vis-à-vis cette canaille qui ne met aucun frein à sa fureur. Te voilà donc encore avec une nouvelle charge de commissaire qui t'enlève bien du temps pour manier la plume et ton crayon. Mais il faut céder à la force et se rendre utile car la nécessité le demande. Tout ce que je crains, c'est que tu ne sois souvent importuné chez toi par tous tes protégés et qu'ils ne te fassent quelque esclandre. Je suis étonné que l'on ait ôté cette partie aux curés, il me semble que c'était convenable qu'ils en fussent chargés comme dans la primitive église. Ce n'est pas Messieurs que je ne crois que vous ne vous acquittiez très bien de vos fonctions, je vous rends toute la justice que vous méritez, mais je trouve que cela ôte la confiance que l'on doit avoir dans ses pasteurs.“


La charge de prévôt des Bâtiments fut supprimée par la Révolution. Antoine-Nicolas Duchesne est au chômage. Il sympathise tout d'abord avecles buts révolutionnaires mais l'anarchie du 20 juin 1792 lui fait prendre conscience de l'horreur et du fanatisme qui a mené à la décapitation du roi. Duchesne refuse de soutenir le clergé qui a juré allégeance à la Constitution Civile.. Il fait partie des noms inclus dans la liste des suspects condamnés pour la guillotine et c'est seulement la réputation de ses travaux scientifiques qui le sauvent de la décapitation.

Quand des jours plus tranquilles arrivent, Duchesne devient enseignant dans une “l'école centrale de Versailles“ précurseur des lycées. Il est nommé professeur d'histoire naturelle, puis devient directeur. Il termine sa carrière comme censeur du lycée de Versailles et est admis à la retraite en 1808. l'Université Impériale lui accordera le grade de Docteur le 22 mai 1810.

Antoine-Nicolas Duchesne meurt le 18 février 1827, 12 rue Neuve des petits Champs à Paris.

Une plante vivace tapissante, originaire du sud de l'Asie, appartenant à la famille des rosacées, “Duchesnea indica“ a été dédiée à Nicolas Duchesne.





Antoine-Nicolas Duchesne prévôt des Bâtiments du roi, botaniste
 fils de Antoine-Anthelme

cousin "issu de germain" de Marie-Françoise Darmezin, épouse de Marion du Mersan
on aperçoit à droite le "fameux" fraisier

Ces personnages de la famille Duchesne échangeront une nombreuse correspondance que l'on peut retrouver sur le site de Raphaël Vialard : 
http://gw5.geneanet.org/rvialard?lang=fr;pz=margaux+france+marie+aimee;nz=durrleman;ocz=0;p=10+enfants;n=marion
dans un document .pdf intitulé "Au pré de mon arbre".





Quelques extraits à propos du mariage de "Marie-Françoise" Darmezin et de Guillaume-François Marion du Mersan
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Anthoine-Anthelme Duchesne (oncle par alliance de Marie Françoise Darmezin) écrit :

“La nouvelle mariée est toute gonflée, ce n'est pas qu'elle soit grosse au moins, elle est, dis -je, toute gonflée d'avoir reçu et rendu la visite de la Duchesse de Montmorency et celle de la Marquise de Folleville, Mlle de Mazarin qui a épousé le neveu du comte de Bussy. Elle a deux robes nouvelles, une mousseline rayée bleue, et une perse, tout cela est beau, mais ton mari vaut mieux, ma chère fille. .../...

Ils font une dépense qu'ils ne peuvent pas soutenir longtemps. De plus, je suis las, moi-même, de ses impertinences vis-à-vis notre société qui le déteste. C'est un fou qui ne sait pas se conduire et qui ne sait que son caprice. Je te prie, ma fille, de ménager ma sœur et de ne point marquer trop d'empressement pour ce magot et sa petite sotte de femme. Elle reviendra à nous quand l'illusion sera passée. Nous serons assez bon pour la recevoir quant elle aura besoin de nous, ce qui pourrait bien ne pas tarder. Adieu, ma chère amie, à demain.“
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Depuis l'été 1779, Guillaume François Marion du Mersan et son épouse, séjournent au château de Castelnau en  compagnie de Madame la marquise de Folleville (Catherine Charlotte Sophie de Bussy, fille de Bouchard de Bussy, mariée à Antoine Charles Gabriel de Folleville) et ses enfants, et de « Mademoiselle », Madeleine Sophie de Bussy, sœur du marquis de Bussy, pour laquelle Guillaume François avait certaines affinités...
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Une lettre du 12 octobre (sans année) de Marie-Françoise Darmezin à Antoine Nicolas Duchesne (son cousin issu de germain) ; oblitérée à Issoudun


Marie-Françoise Marion du Mersan semble habiter Bourges, mais elle n’en a pris ni le ton, ni la manière. Elle révèle que c’est la naissance de Luce Thérèse ( née le 17 mai 1778, fille de Antoine-Nicolas Duchesne qui lui a donné envie de se marier. Elle demande si l'on marie Mlle de Vernon, et Mlle Gaigne.
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lettre de Marie-Françoise Darmezin à Félicité Duchesne ; oblitéré à Bourges

Du 22 mai 1780

"Depuis que je n'ai eu l'honneur de vous écrire, très chère, j'ai eu un terrible assaut à soutenir. Je me suis trouvée seule à Castelnau pendant assez de temps, M. du Mersan étant aller voir un bien de campagne qu'on lui avait dit pouvoir lui convenir. Et, du lendemain de son départ, mon fils est tombé très dangereusement malade ; les convulsions ont été si violentes que nous l'avons cru mort. Il a été fort longtemps en danger, mais très heureusement il s'en est tiré. Tout cela a été occasionné par les dents, car dès qu'elles ont été percées, il a toujours été de mieux en mieux. Jugez, chère tante, combien ma position était fâcheuse, mon fils à la mort, et son père absent."

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Une lettre du 17 juillet 1780 de Marie-Françoise Darmezin à Antoine Nicolas Duchesne ; oblitéré à Bourges




"Je disais dans ma dernière lettre, mon cher cousin, que je ne tarderai pas à vous écrire mais quelque contretemps et surtout un fâcheux accident qui m'a fort alarmée m'en a empêchée jusqu'à présent.

Il y a près de quinze jours, qu'au milieu de la nuit, je fus réveillée par des efforts violents que faisait M. du Mersan qui semblait prêt d'étouffer, faute de pouvoir respirer. La crise passée, il se plaignait d'un déchirement de poitrine et d'une grande oppression. Ses attaques, plus ou moins violentes, ont duré plus de huit jours et ne revenaient que la nuit quand il dormait et le jour quand il s'assoupissait. Ces efforts étaient quelquefois si violents qu'il rendait du sang, quoique le meilleur médecin du canton qui a passé ici deux jours ait été témoin de deux accès. Il a avoué de bonne foi qu'il ne connaissait pas bien ce genre de maladie et qu'il n'en avait pas eu d'exemple ; il a pourtant de l'expérience et, à près de soixante dix ans.


proposait, et même pour son caractère qu'il disait sujet à de fréquents accès de la plus noire mélancolie.
Ce que vous me dites de ma tante dans votre dernière lettre ajoute beaucoup à mes chagrins. Je regardais comme une augmentation de malheur, dans la circonstance où je me trouve, l'éloignement de ma famille. Je me flattais que j'aurais tiré beaucoup de consolation de ma Tante et de mon Oncle (Antoine-Anthelme Duchesne & Jeanne-Louise Thierry), et je vois par le peu que vous me dites que ces préventions sur mon compte ne sont pas dissipées. Je crois que je peux dire préventions car vous me connaissez assez et je me suis expliquée avec vous assez clairement depuis et avant mon mariage pour que vous puissiez répondre que je n'ai jamais eu une façon de penser différente de celle que l'attachement et la reconnaissance que je lui dois m'avait inspirée. J'ai eu le malheur de ne me pas bien faire entendre ; enfin elle a cru que je n'avais point du tout de regrets de la quitter, et voilà ce qui lui a fait dire que j'étais dans le plus grand enchantement de me marier. Malheureusement, elle ne m'a jamais permis de m'expliquer la dessus qu'à demi car, je vous l'avoue, j'aurais sacrifié tout pour ne lui pas causer de chagrins. Je croyais que ma tante voulait faire pour moi ce que font toutes les mères qui sont enchantées de bien établir leurs enfants. Je ne vous cacherai pas que de savoir que je lui ai causé du chagrin me trouble beaucoup et m'a empêchée jusqu'à présent de goûter en paix des fruits de mon établissement. Que le caractère et les procédés de M. du Mersan m'ont fait trouver beaucoup plus heureux qu'il ne me l'avait annoncés. Si enfin elle revient sur mon compte quelle que soit ma situation, je me croirais heureuse, espérant que la santé de M. du Mersan se rétablira par les soins que j'en aurai et que je l'engagerai à en prendre lui-même, l'amitié qu'il me témoigne et sa tendresse pour notre enfant pourront lui rendre la moins insupportable qu'elle ne lui paraissait quand il se livrait à la solitude et à sa mélancolie.
Heureusement cela va beaucoup mieux depuis quatre jours, il ne lui reste qu'une grande faiblesse, une toux sèche qui lui tiraille la poitrine. Il est sans doute inutile de vous parler du chagrin et des inquiétudes que cela m'a donnée. Que ma cousine se suppose à ma place et, dans toutes les mêmes circonstances, vous pourrez, tous deux, juger de ce que j'ai éprouvé. Ah, si j'avais été si enchantée de mon mariage qu'on l'a imaginé, comme votre autre lettre me l'a donné à entendre, ce que je vois, et l'avenir que je prévois, m'auraient bien corrigée. Mais comment aurai-je été si enchantée d'un établissement dont M. du Mersan, avant comme après le mariage, m'a toujours parlé lui-même désavantageusement, et pour sa fortune, et pour le genre de vie qu'il se

J'ai profité de son sommeil pour vous écrire cette longue lettre parce que je pourrai bien ne pas trouver un moment libre pour l'achever et la cacheter. J'embrasse bien tendrement ma chère cousine (Luce Menjaud) et vos chers enfants (Luce-Thérèse née le 15/05/1778 et jean né en 1779), et vous prie de me croire avec les sentiments inviolables avec lesquels je suis votre très humble servante Darmezin du Mersan.

Je vous prie, mon cher cousin, nous ne me pas oublier auprès de mes Tantes et de mon Oncle à qui je n'écrirai que les mêmes choses si j'en avais le moment.

À propos de mes Tantes, comment m'a-t-on fait un crime d’en nommer une par son nom, comme le fait Mme Duchesne en m'écrivant pour les distinguer. Mais on est prévenu contre moi, et tout est mal pris ; mais c'est pour moi une consolation de savoir que vous et ma cousine, qui me connaissez bien, jugez mieux de mes sentiments."
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Une lettre du 20 février 1781 de Marie-Françoise Darmezin à Antoine Nicolas Duchesne ; oblitéré à Bourges




"J'ai voulu attendre pour vous répondre, cher cousin, que j'eusse suivi le conseil que vous me donnez.

.../...


Je suis toujours surprise que vous ne voyez pas que la seule chose qui affecte ma pauvre tante est la séparation. Elle était accoutumée à moi, m'avait donné toute sa confiance pour ce qui regardait son ménage, et ce changement là lui a été très cruel. Vous avez été témoin de l'aigreur qu'elle a eu vis-à-vis de moi dès les premières propositions de mon mariage. Certainement, je n'avais pas encore eu de tort ; le seul que je pense avoir dans son esprit était de croire que j'acceptais le parti qu'elle me proposerait. Je me trouverais bien heureuse si je savais pouvoir faire quelque chose qui lui rende la vie moins insupportable ; ce serait pour moi une consolation dont j'ai vraiment besoin. Je n'ai pas celui de vous redire à quel point je l'aime ; vous en avez été témoin assez souvent.

J'ai peine à vous pardonner, cher cousin, de me laisser aussi longtemps dans l'inquiétude, les nouvelles que vous me donniez étaient assez alarmantes pour me faire savoir le mieux, s'il y en a comme je l'espère. Vous savez que je ne peux en avoir que par vous. Ainsi, je vous supplie, aussitôt ma lettre reçue, de vouloir bien m'en donner de très détaillés. Dites moi si elle est obligée de garder le lit, et si elle sort.

Vous me demandez ce qu'il y a eu entre mon oncle et moi. Vous n'avez donc guère de mémoire car je vous l'ai mandé tout du long, et même j'ai été très étonnée de ce que vous ne m'avez pas répondu à cet article là. Peut-être avez-vous encore la lettre, je ne veux pas vous en dire davantage.

M. du Mersan se propose tous les postes de vous écrire et est toujours fâché de n'en pas trouver le temps. Il est bien sensible des choses tendres que vous me dites pour lui, comme sûrement, quelque jour il aura un moment, il vous en témoignera lui-même sa reconnaissance..."

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Marie-Françoise Darmezin dans une lettre du 20 mars (1781 ?) à Antoine-Nicolas Duchesne, écrit ceci


"...Vous avez raison de me dire que je suis dans la magnificence. Il est certain que quand je quitterai Castelnau pour aller... je ne sais où, je trouverai bien à déchanter. Beau château, superbe parc contenant 360 arpents, grande chère, grand nombre de domestiques, des voitures aux ordres des personnes qui n'en ont pas, bonne compagnie, voilà ma position actuelle...“


En 1781, le marquis de Bussy, lui, a déjà quitté Castelnau pour un second séjour en Inde. La famille Marion du Mersan quitte le château de Castelnau et Mademoiselle de Bussy dans le courant de l'année et rentre à Paris, où ils habiteront rue Saint-Pierre entre celle du Calvaire et le Pont-aux-Choux.





En 1795, alors que sa famille est inquiétée par la Terreur et que son père est ruiné, Théophile, qui a pris goût au théâtre en apprenant à lire dans Racine et Molière, trouve un emploi auprès d'Aubin-Louis Millin de Grandmaison, conservateur du Cabinet des médailles et antiques de la Bibliothèque nationale.

Avec son collègue Théodore-Edme Mionnet, futur membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, Théophile met au point un nouveau système de classification des médailles par ordre géographique et chronologique, travail qui lui vaut d'être nommé conservateur adjoint du Cabinet des médailles en 1842.


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Cahier de lettres d'affaires appartenant à Mr de Bussy. L'an 1748
Collection manuscrite de 57 lettres rédigées par Charles-Joseph Patissier, Marquis de Bussy-Castelnau, gouverneur de Pondichéry dans le golfe de Bengale. La première lettre, datée du 24 octobre 1746, suit de très près la prise de Madras par Mahé de la Bourdonnais (7-9 septembre 1746), et la dernière, datée du 15 octobre 1749, est écrite un an après la signature du Traité d'Aix-la-Chapelle qui met fin à la guerre de sucession d'Autriche et oblige Dupleix à rendre Madras aux Anglais.

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Manuscrit proposé à la vente pour 8000 €























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